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Le con­fédéral­isme démoc­ra­tique, cadre idéologique organ­isant la société du Roja­va, présente les car­ac­téris­tiques d’un sys­tème judi­ci­aire post-révolutionnaire.

Des cen­taines de mil­liers de man­i­fes­tants sont descen­dus dans les rues à tra­vers les États-Unis et au-delà, en réponse à l’as­sas­si­nat de George Floyd par la police. Les man­i­fes­tantEs de Min­neapo­lis, New York, Los Ange­les et de dizaines d’autres villes qui récla­maient jus­tice ont été con­fron­téEs à une vio­lence poli­cière extrême, qui a fait aus­si des morts et  blessés.

Les qua­tre policiers respon­s­ables du meurtre de Floyd ont depuis été inculpés, mais ce n’est qu’après des jours d’émeutes et de protes­ta­tions que la jus­tice a été con­trainte d’a­gir. D’autres policiers ont été licen­ciés ou sus­pendus en réponse à leur com­porte­ment vio­lent et crim­inel envers des man­i­fes­tants paci­fiques, mais là encore, seule­ment après que leurs actions aient été enreg­istrées par les caméras et aient provo­qué un tol­lé social impor­tant. De nom­breux autres cas de bru­tal­ité poli­cière ne sont pas enreg­istrés, la grande majorité des policiers ne faisant face à aucune sanc­tion pour leurs actions.

Un slo­gan très répan­du lors des man­i­fes­ta­tions est “Pas de jus­tice, pas de paix”, ce qui soulève la ques­tion essen­tielle de savoir com­ment un sys­tème poli­tique fondé sur une his­toire sanglante de supré­matie blanche, de cap­i­tal­isme et de colo­nial­isme peut un jour instau­r­er une jus­tice véri­ta­ble et sig­ni­fica­tive. Cer­tains récla­ment des réformes de la police. D’autres deman­dent la redis­tri­b­u­tion des fonds. D’autres encore sou­ti­en­nent que l’abo­li­tion de la police est la meilleure option, mais beau­coup de gens — même à gauche — ont du mal à imag­in­er la via­bil­ité d’un tel système.

Protéger le quartier

Pour­tant, un tel sys­tème existe déjà au Roja­va, la région autonome d’au­to-admin­is­tra­tion de la Syrie du Nord. À Roja­va, les forces Asay­ish (forces de sécu­rité intérieure) et HPC (forces de défense civile) tra­vail­lent ensem­ble dans une rela­tion sym­bi­o­tique pour assur­er la sécu­rité de la communauté.

Les Asay­ish tra­vail­lent en tant que con­trôleurs de la cir­cu­la­tion, arrê­tent les crim­inels, pro­tè­gent les vic­times de vio­lence domes­tique, ser­vent de gar­di­ens de sécu­rité dans les prin­ci­paux bâti­ments admin­is­trat­ifs et con­trô­lent la cir­cu­la­tion des per­son­nes et des biens d’un can­ton à l’autre. Les HPC, en revanche, sont des per­son­nes for­mées à la sécu­rité de base qui ne patrouil­lent que dans leur pro­pre quarti­er. L’ob­jec­tif de ces deux forces est explicite­ment de pro­téger la pop­u­la­tion con­tre les men­aces extérieures telles que les forces ter­ror­istes. C’est tou­jours le HPC qui pro­tège un quarti­er, jamais les Asay­ish. Les Asay­ish pro­tè­gent la ville tan­dis que le HPC pro­tège la com­mu­nauté. Les deux organ­i­sa­tions ont un quo­ta d’au moins 40 % de femmes, si ce n’est plus.

Grâce à cette méth­ode alter­na­tive, les pos­si­bil­ités d’in­stituer des hiérar­chies de pou­voir et d’au­torité sont con­sid­érable­ment réduites. Le peu­ple se pro­tège. Les forces de sécu­rité pro­tè­gent les per­son­nes avec lesquelles elles vivent et inter­agis­sent quo­ti­di­en­nement dans le quarti­er. Cette prox­im­ité garan­tit que les infrac­tions ne se pro­duisent que rarement. Lorsqu’elles se pro­duisent, les com­munes de quarti­er activent immé­di­ate­ment les mécan­ismes com­mu­nau­taires de jus­tice, d’hon­neur et de restauration.

Les chances qu’un groupe étab­lisse un mono­pole sur ce proces­sus sont davan­tage réduites par l’en­cour­age­ment de tous les mem­bres de la com­mu­nauté à par­ticiper à un sys­tème de listes. Tout le monde peut se porter volon­taire. Cela inclut explicite­ment les per­son­nes âgées, qui doivent assumer davan­tage de respon­s­abil­ités du fait que la plu­part des jeunes hommes et femmes se bat­tent en pre­mière ligne dans la guerre con­tre Daesh. Les femmes sont par­ti­c­ulière­ment actives dans la pro­tec­tion civile. Rien ne restau­re et ne ren­force l’âme d’une com­mu­nauté trau­ma­tisée et déchirée par la guerre plus que de voir les matri­arch­es d’un quarti­er se tenir avec assur­ance aux coins des rues en bran­dis­sant des fusils AK-47 pour la pro­tec­tion de la pop­u­la­tion. Ces images n’in­spirent pas la peur et la ter­reur ; elles inspirent la con­fi­ance, la fierté, la dig­nité, le respect de soi et l’ap­par­te­nance à une communauté.

L’é­colo­gie sociale de ce sys­tème est pro­tégée par la pro­mo­tion de la par­tic­i­pa­tion des femmes, un pro­fond respect pour le mul­ti­cul­tur­al­isme et la recon­nais­sance du car­ac­tère sacré de la nature. Il ne suf­fit pas de créer des insti­tu­tions alter­na­tives sans faire d’im­por­tants efforts édu­cat­ifs pour défaire les hiérar­chies patri­ar­cales, sociopoli­tiques, économiques et cul­turelles. Ce sys­tème est établi grâce à des efforts con­certés de démoc­ra­ti­sa­tion, d’é­d­u­ca­tion et de dés­ap­pren­tis­sage au sein de la société. C’est la seule façon d’obtenir un change­ment sig­ni­fi­catif, à long terme, et organique.

Afin de réé­du­quer la société, les habi­tantEs de Roja­va entrent dans des académies pour des péri­odes d’un, deux ou même trois mois. Cela se fait de manière bénév­ole mais implique égale­ment des insti­tu­tions gou­verne­men­tales. Par exem­ple, le min­istère de l’é­d­u­ca­tion forme des groupes d’une trentaine d’en­seignantEs pour entr­er dans les académies. Durant ce proces­sus, les tra­vailleuses et tra­vailleurs con­tin­u­ent d’être rémunéréEs. Les femmes qui ont des enfants peu­vent les emmen­er et béné­fici­er d’une garde d’en­fants gra­tu­ite, car elles passent des semaines à appren­dre les devoirs civiques, les droits démoc­ra­tiques, la libéra­tion des sex­es, la dura­bil­ité écologique, l’his­toire du cap­i­tal­isme et bien d’autres choses encore.

Dans les académies, tout le monde par­ticipe au net­toy­age quo­ti­di­en, à la cui­sine et à la ges­tion du cen­tre édu­catif. Cette coex­is­tence com­mu­nau­taire est encour­agée comme un effort con­scient pour réor­gan­is­er et refor­muler la société. Ces per­son­nes retour­nent ensuite dans leurs com­mu­nautés et rejoignent les Asay­ish, le HPC, ain­si que les com­munes, les coopéra­tives et les con­seils locaux.

Contre toute forme de hiérarchie

Cepen­dant, avant que l’étab­lisse­ment de ce sys­tème ne soit pos­si­ble, il fal­lait dévelop­per une idéolo­gie alter­na­tive qui four­nisse un mod­èle pour une société idéale et démoc­ra­tique. Le sys­tème de Roja­va est basé sur le con­fédéral­isme démoc­ra­tique, une théorie dévelop­pée par le leader kurde Abdul­lah Öcalan et inspirée par l’é­colo­gie sociale de Mur­ray Bookchin.

L’une des valeurs fon­da­men­tales du con­fédéral­isme démoc­ra­tique est une approche anti-hiérar­chique des struc­tures com­mu­nales et de la coex­is­tence. Pour que ce sys­tème anti-hiérar­chique fonc­tionne, il doit essen­tielle­ment être fondé sur la pro­mo­tion active de l’é­gal­ité entre les proces­sus eth­niques, religieux et déci­sion­nels. Cette approche com­mence par la dif­fi­cile tâche de pro­mou­voir la libéra­tion et la par­tic­i­pa­tion des femmes dans l’ensem­ble de l’e­space pub­lic. Un quo­ta de 40 à 60 % de par­tic­i­pa­tion des femmes existe dans toutes les struc­tures admin­is­tra­tives et décisionnelles.

Le sys­tème de coprési­dence de Roja­va exige que tous les postes de direc­tion soient occupés par un homme et une femme. Ce sys­tème est basé sur la recon­nais­sance fon­da­men­tale que les insti­tu­tions poli­tiques ayant un haut degré de par­tic­i­pa­tion des femmes ont ten­dance à être plus inclu­sives et démoc­ra­tiques par nature. Selon Öcalan :

La mesure selon laque­lle la société peut être trans­for­mée en pro­fondeur est déter­minée par l’am­pleur de la trans­for­ma­tion atteinte par les femmes. De même, le niveau de lib­erté et d’é­gal­ité des femmes déter­mine la lib­erté et l’é­gal­ité de toutes les sec­tions de la société. Ain­si, la démoc­ra­ti­sa­tion des femmes est déter­mi­nante pour l’étab­lisse­ment per­ma­nent de la démoc­ra­tie et de la laïc­ité. Pour une nation démoc­ra­tique, la lib­erté des femmes est égale­ment d’une grande impor­tance, car une femme libérée con­stitue une société libérée. Une société libérée con­stitue à son tour une nation démocratique”.

L’idéolo­gie du Roja­va tente de sub­ver­tir tout ce que nous savons sur l’É­tat, la paix, la libéra­tion et la coex­is­tence ; elle est explicite­ment con­tre les hiérar­chies de toutes formes. Depuis l’avène­ment de l’É­tat-nation au XVI­Ie siè­cle, les minorités divisées et colonisées vivent sous un régime arti­fi­ciel et sou­vent autori­taire. Ce sys­tème d’ex­clu­sion, vio­lent et hiérar­chique enseigne que la diver­sité est l’an­tithèse du patri­o­tisme et de l’u­nité nationale. La diver­sité doit être sac­ri­fiée sur l’au­tel sanglant de l’É­tat-nation avec son idéolo­gie d’une langue, d’un dra­peau, d’une iden­tité et d’un mythe national.

Grâce à ce sys­tème, les peu­ples opprimés, dépos­sédés et apa­trides, en sont sou­vent venus à croire que la libéra­tion ne peut se faire qu’en ayant leur pro­pre État indépen­dant. Ce proces­sus, cepen­dant, con­duit naturelle­ment à l’op­pres­sion d’autres minorités qui se trou­vent à l’in­térieur des fron­tières de cet État. Grâce au mod­èle rad­i­cal de con­fédéral­isme démoc­ra­tique de base, un mod­èle alter­natif émerge dans lequel les haines pri­mor­diales et les cli­vages eth­no-religieux étab­lis de longue date peu­vent être abor­dés. À Roja­va, le con­fédéral­isme démoc­ra­tique réu­nit une riche mosaïque de cul­tures et de reli­gions en une société enrichie qui prospère grâce à la diver­sité, plutôt que de l’effacer.

Beau­coup ont fait l’er­reur de dire que le con­fédéral­isme démoc­ra­tique impli­quait que toutes les expres­sions de l’i­den­tité nationale doivent être effacées — que tous les “nation­al­ismes” kurde, arménien, assyrien, yézi­di­en et autres ne doivent pas être exprimés. Il s’ag­it d’une per­spec­tive pro­fondé­ment ori­en­tal­iste et euro­cen­trique. Deman­der à une Yezi­di de cess­er d’être Yezi­di ou à une Kurde de cess­er d’être kurde ne ferait que servir les forces impéri­ales et géno­cidaires établies sur l’ef­face­ment des minorités pro­fondé­ment opprimées.

En revanche, au Roja­va, le con­fédéral­isme démoc­ra­tique sig­ni­fie que toutes les cul­tures doivent vivre libre­ment, en exp­ri­mant la riche beauté de leurs anci­ennes tra­di­tions et de leurs couleurs les unes à côté des autres. Cela sig­ni­fie ressen­tir de la fierté dans son iden­tité alors que les mécan­ismes décen­tral­isés de coex­is­tence déman­tè­lent active­ment les hiérar­chies de pou­voir. Cela sig­ni­fie un respect explicite du mul­ti­cul­tur­al­isme, et non pas le fait de deman­der aux minorités eth­no-religieuses colonisées et opprimées de for­mer des “citoyen­netés” alter­na­tives en niant tout ce qu’elles ont lut­té pour préserv­er au cours des siè­cles d’as­sim­i­la­tion for­cée. Le Roja­va affirme que la diver­sité est l’épine dor­sale d’une nation démocratique.

Dans la pra­tique, cela sig­ni­fie que l’en­seigne­ment au Roja­va est dis­pen­sé dans les trois langues les plus répan­dues de la région : le kurde, l’arabe et le syr­i­aque. Les pan­neaux de rue sont trilingues. Les minorités, comme les Arméniens, béné­fi­cient d’une capac­ité de déci­sion sup­plé­men­taire et de sièges sup­plé­men­taires dans les con­seils afin de garan­tir que la règle de la majorité ne se fasse pas au détri­ment des minorités. Les églis­es précédem­ment détru­ites sont active­ment recon­stru­ites et ren­dues vis­i­bles, tan­dis que les fes­ti­vals mul­ti­cul­turels sont encour­agés. Les arts, la cul­ture, la musique et la lit­téra­ture de dif­férentes cul­tures sont présen­tés côte à côte. La diver­sité est pro­mue, soutenue, encour­agée, célébrée plutôt qu’­ef­facée ou redoutée.

Deux femmes des forces de défense civile (HPC). Pho­to par Hawzhin Azeez

Recréer un soi commun

Dans un sys­tème con­fédéral­iste démoc­ra­tique, les gens sont encour­agés à par­ticiper à la société civile afin que leurs intérêts et leurs besoins soient exprimés par des mécan­ismes autres que les posi­tions et préférences eth­no-religieuses. Cette réori­en­ta­tion civique ne fonc­tionne que lorsque les gens ne se sen­tent pas men­acés en rai­son de leur iden­tité cul­turelle. De cette façon, l’al­ié­na­tion, la frag­men­ta­tion et les angoiss­es colo­niales sont évitées, tan­dis que de nou­velles voies d’ap­par­te­nance et d’ex­pres­sion poli­tique sont créées. De même, la par­tic­i­pa­tion poli­tique et civique est encour­agée et atten­due. La dépoli­ti­sa­tion, l’a­p­athie et la non-impli­ca­tion sont con­sid­érées comme l’an­tithèse d’une société démocratique.

Ce sys­tème recrée donc le corps civique selon une psy­cholo­gie de la libéra­tion. Il déman­tèle la haine et l’op­pres­sion intéri­or­isées envers soi-même et les autres et démonte les pra­tiques colo­niales et cap­i­tal­istes de l’Autre. Il décon­stru­it, selon les mots d’E­d­uar­do Galeano, les “nobod­ies”. Les “nobod­ies” sont moins que l’Autre ; ce sont “les enfants de per­son­ne, les pro­prié­taires de rien… les nobod­ies, les nobod­ies, qui courent comme des lap­ins, qui meurent dans la vie, qui se font bais­er dans tous les sens”.

Pour qu’une idéolo­gie de libéra­tion réus­sisse, elle doit recréer un Moi, une per­son­ne à par­tir de celles et ceux qui ont été soumis­es à ces formes d’effacement.

Le Roja­va a‑t-il déman­telé toutes les formes de racisme, les struc­tures de classe, les préjugés sex­istes ou d’autres pra­tiques de dis­crim­i­na­tion ? Cer­taine­ment pas.

Mais il restruc­ture active­ment la société afin d’éviter et d’élim­in­er toute forme d’op­pres­sion dans la recherche d’une société véri­ta­ble­ment démoc­ra­tique. Il est impor­tant de ne pas idéalis­er le Roja­va, de l’en­vis­ager de manière rationnelle pour voir com­ment les choses fonc­tion­nent et d’ex­am­in­er ce qui ne fonc­tionne pas ou les mod­i­fi­ca­tions néces­saires. L’in­no­va­tion est tout aus­si essen­tielle pour éviter le dog­ma­tisme dans la réal­i­sa­tion d’une société juste et démoc­ra­tique. Selon les mots de Mur­ray Bookchin, “si nous ne faisons pas l’im­pos­si­ble, nous serons con­fron­téEs à l’im­pens­able”.

La leçon essen­tielle du Roja­va est que les gens con­stru­isent déjà active­ment le monde alter­natif que d’autres essaient encore d’imag­in­er. Il est blessé et aban­don­né, mais il respire encore. Et il le fait, mal­gré le manque de sou­tien de la gauche inter­na­tionale, les inva­sions répétées, les annex­a­tions, la coloni­sa­tion, le net­toy­age eth­nique et l’u­til­i­sa­tion d’armes chim­iques illé­gales con­tre lui par la Turquie et ses forces ter­ror­istes auxiliaires.

L’in­hu­man­ité et la vio­lence que con­naît la com­mu­nauté noire aux États-Unis sont pro­fondé­ment choquantes et trau­ma­ti­santes pour quiconque a une con­science et pour celles et ceux qui souhait­ent con­stru­ire des com­mu­nautés basées sur le respect mutuel, l’hu­man­ité et la coopéra­tion. Pour qu’une telle société alter­na­tive puisse émerg­er dans des endroits comme les États-Unis, les révo­lu­tions des peu­ples dits du “Tiers Monde” doivent être con­sid­érées plus sérieuse­ment, ain­si qu’é­tudiées et imitées active­ment. Il faut tir­er des leçons, pos­er des ques­tions, échang­er des idées et met­tre en œuvre des change­ments nova­teurs adap­tés aux struc­tures sociopoli­tiques spé­ci­fiques d’une société donnée.

Toute l’é­colo­gie sociale de la société améri­caine a été per­tur­bée par la pau­vreté de masse, l’énorme iné­gal­ité des revenus, l’in­car­céra­tion mas­sive, le manque de soins de san­té et de loge­ments, la destruc­tion écologique et même l’eau potable empoi­son­née. L’ar­resta­tion et l’in­car­céra­tion du polici­er Derek M. Chau­vin aux côtés des trois autres policiers respon­s­ables du meurtre de George Floyd ne peu­vent être que des gestes sym­bol­iques en faveur de la “jus­tice”. La bru­tal­ité poli­cière est entremêlée de mul­ti­ples couch­es de vio­lence, d’op­pres­sion et d’in­jus­tice sys­té­ma­tiques qui s’en­tre­croisent. Rien d’autre que le ren­verse­ment de l’ensem­ble du sys­tème fondé sur une idéolo­gie anti-noir ne pour­ra jamais se rap­procher d’une jus­tice véri­ta­ble, durable et efficace.

En tant que Kur­des vivant au Moyen-Ori­ent, nous assis­tons à la mon­tée en puis­sance des com­mu­nautés noires et de leurs alliéEs à tra­vers les États-Unis. Nous accla­m­ons leur courage révo­lu­tion­naire, leur engage­ment inébran­lable en faveur de la jus­tice et leur désir de lib­erté. Leur cri pour la jus­tice résonne dans nos pro­pres cœurs qui bat­tent au rythme de la lib­erté refusée.

Bien que nos chaînes puis­sent paraître dif­férentes, les Kur­des et les NoirEs améri­cainEs sont finale­ment con­fron­téEs au même sys­tème oppres­sif qui con­tin­ue à nous tuer et à nous impos­er d’in­nom­brables formes de vio­lence. Avec Roja­va, nous essayons de mon­tr­er qu’un monde alter­natif est pos­si­ble. Main­tenant, la sol­i­dar­ité doit devenir le pont qui nous unit.

Hawzhin Azeez


Hawzhin Azeez est un uni­ver­si­taire, activiste et poète kurde.
Elle est tit­u­laire d’un doc­tor­at en sci­ences poli­tiques et rela­tions internationales.

Co-fon­da­trice du www.hevifoundation.org
Créa­trice de la page Face­book The Mid­dle East­ern Feminist


Pho­to à la Une : Hawzhin Azeez

Traduit par Rémy
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