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Cette fièvre mesurable chez une per­son­ne atteinte par le coro­n­avirus m’en rap­pelle une autre, et surtout les mots qui l’ac­com­pa­g­nent “la planète brûle”.

Plus de 180 pays brû­lent de fièvre en effet, et la sacro sainte économie mon­di­ale de Marché est grip­pée. Secteurs indus­triels à l’ar­rêt ou à bas bruit, échanges de marchan­dis­es en attente, trans­port aérien réduit à l’essen­tiel, extrac­tion de matières pre­mières qui pro­duit du stock… Il faudrait des lignes pour décrire secteur par secteur de l’é­conomie cap­i­tal­iste, pour détailler ce que les milieux financiers appel­lent “la plus grande cat­a­stro­phe depuis 1929”. Bref, une décrois­sance sanitaire.

Le Monde s’est-il effon­dré pour autant ? Assiste-t-on à un col­lap­sus mondial ?

Les sociétés humaines sont capa­bles de résilience, et les exem­ples sont vis­i­bles par mil­liers dans plus de 150 pays. Même des secteurs agroal­i­men­taires de pro­duc­tion inten­sive qui d’or­di­naire abon­dent les sur­pro­duc­tions mon­di­ales et le gaspillage, du fait de la con­cur­rence, trou­vent des débouchés locaux ou régionaux par exem­ple. Des indus­tries de ser­vices mon­trent leur car­ac­tère non essen­tiel tan­dis que d’autres appa­rais­sent comme biens com­muns. Le tourisme de masse con­finé en hôtels de luxe est à l’ar­rêt, ou encalminé en paque­bot de croisière au large des côtes… Là encore, ce ne sont que quelques exem­ples qui saut­ent aux yeux.

Ce que ma généra­tion qual­i­fi­ait de “société de con­som­ma­tion” en 1968 et qui n’est que son organ­i­sa­tion cap­i­tal­iste mon­di­al­isée appa­raît encore davan­tage grotesque sur cer­tains écrans, lorsqu’une pub­lic­ité pour des biens inutiles appa­raît, parce déjà pro­gram­mée et payée…

Dans le confinement généralisé, toute routine d’évidence peut être questionnée.

A l’in­verse, la peur fait stock­er, et le papi­er toi­lette devient un bien qu’on se dispute.

Cette crise san­i­taire donne à observ­er un ralen­tisse­ment fort du grand démé­nage­ment du Monde. Elle inquiète ouverte­ment lorsqu’il s’ag­it des pro­duc­tions de molécules phar­ma­ceu­tiques, et d’autres, comme des pièces essen­tielles… Au point que des Min­istres de cette économie là, sai­sis d’une fièvre soudaine, par­lent de “néces­saires sou­verainetés”.

Mais, si j’ai titré sur la température, ce n’est pas pour développer à nouveau sur l’organisation capitaliste, mais pour mettre en parallèle la crise sanitaire et la crise climatique.

Pourquoi la pre­mière, qui au final fera un nom­bre de vic­times humaines moin­dre que celles de pandémies passées ou en cours, a‑t-elle mis à genoux une mon­di­al­i­sa­tion heureuse, et pourquoi toutes les prévi­sions sur l’é­tat du Monde faites par les sci­en­tifiques pour l’a­vant fin de siè­cle, avec à la clé une désor­gan­i­sa­tion totale de la planète et une remise en cause des sociétés humaines, de la bio­di­ver­sité, bref de la vie même, n’in­quiè­tent-elles pas.

De som­mets en som­mets sur le Cli­mat, la réponse est la même : “on ne peut arrêter le sys­tème”. Les alter­na­tives seraient homéopathiques, pour ne pas désta­bilis­er le Monde… Crois­sance verte et Marché sous vert.

Il serait amu­sant de repren­dre les dis­cours sur le Covid 19 tenus en jan­vi­er un peu partout, du bas en haut de l’échelle politi­ci­enne, et de rem­plac­er épidémie, coro­n­avirus, fièvre, par change­ment cli­ma­tique. La ques­tion des émis­sions de CO2 deviendrait une “grip­pette”.

Le fait que l’ap­pari­tion des nou­veaux virus et leur trans­mis­sion dans la chaîne biologique à l’homme ait un lien direct et avéré avec les pro­fonds change­ments et destruc­tions de la bio­di­ver­sité ne peut non plus être nié. Ce néga­tion­nisme n’est pas de mise non plus lorsqu’il s’ag­it des con­séquences de la pré­da­tion cap­i­tal­iste sur l’aug­men­ta­tion de la fièvre planétaire.

Il n’y aura pour les généra­tions futures, ni masques ni con­fine­ments pour par­er à la catastrophe.

Nous obser­vons pour­tant que cela n’ef­fleure guère les ten­ants d’un “monde d’après” qui serait redé­mar­rage du monde d’a­vant, mais atten­tion… en mieux !

à suiv­re…


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Daniel Fleury
REDACTION | Auteur
Let­tres mod­ernes à l’Université de Tours. Gros mots poli­tiques… Coups d’oeil politiques…