Zehra Doğan, recevait déjà, l’année dernière, à la même époque, un prix “courage en journalisme”, aux Etats-Unis. Cette fois-ci, elle est récompensée au Liban par le prix du courage exceptionnel en journalisme, “Exceptional Courage in Journalism Award”, décerné tous les ans par la Fondation May Chidiac (MCF).
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La remise de prix s’est déroulé hier, le 11 octobre 2019, au Seaside Arena, à Beyrouth. A l’ouverture de la cérémonie, May Chidiac, Présidente de la fondation, a souligné la régression des droits de l’homme sur toute la planète, et le fait que la liberté de presse soit gravement atteinte en Amérique, en Asie et en Afrique. Elle a exprimé que les violations de la liberté d’expression existent également au Liban et que la presse ne peut agir librement. En notant qu’en Turquie les atteintes à la liberté d’expression et de presse battent des records, elle a ajouté “La Turquie est devenue une prison pour les journalistes. Celles et ceux qui ne sont pas en prison ne peuvent plus écrire. Et ne pas pouvoir informer librement est déjà comme être en prison. Mais il y a bien des journalistes qui résistent à ces conditions et Zehra en est une.”
Zehra Doğan est montée sur scène vêtue d’une robe traditionnelle. Elle s’est exprimée en kurde.
“Je vous remercie pour ce prix.
Quand j’étais en prison, avec une amie, prisonnière elle depuis 22 ans, et qui était venue à Beyrouth il y a 25 ans, avant d’être incarcérée, nous disions ” un jour nous regarderons le coucher du soleil à Beyrouth en écoutant Feyruz”. J’en suis sortie, mon amie, elle, est toujours en prison.
La Turquie est une prison. Tout le pays est une prison. Des centaines de journalistes, d’artistes, de politiciens, des milliers de défenseurEs de droits humains, sont en prison. La Turquie est un des pires pays dans le domaine de la liberté de la presse. Même aujourd’hui, nos amiEs journalistes ont été misEs en garde-à-vue. Pourquoi? Pour avoir publié des informations sur l’attaque contre le Rojava.
Il y a la guerre au Rojava. Au Rojava, les gens se font massacrer. Les enfants sont bombardés, tués. La Turquie attaque le Rojava.
J’ai vu dans les rues aujourd’hui que les populations de Beyrouth manifestaient en soutien au Rojava. Il y a également eu des déclarations de politiciens condamnant l’attaque du Rojava. Cela a rendu les Kurdes très heureux. En tant que peuple kurde, nous sommes attaqués depuis des années. Mais rappelez-vous, qu’aussi, nous résistons à cela depuis des années. On a résisté hier, on résiste aujourd’hui.
Le fait de recevoir un prix dans un moment comme celui-ci m’a beaucoup fait réfléchir. Ce prix ne m’appartient pas. Je ne peux pas le recevoir en personne. J’accepte ce prix au nom des Peuples du Rojava et je l’attribue à mes collègues journalistes qui sont à la recherche de l’information réelle au Rojava en ce moment.”
Lors de la remise de prix, Paul Conroy, photographe indépendant et correspondant de guerre, Zeina Yazigi, journaliste, Georges Leclère, Président de NATAS Emmy Academy ve LGMA, et David Ignatius, chroniqueur, ont également reçu des prix dans différents domaines.