Çayan Demirel, Ertuğrul Mavioğlu, deux cinéastes de Turquie, encourent de lourdes peines, parce qu’accusés de propagande terroriste, à propos de leur film “Bakur”, qui fut déjà interdit au festival d’Istanbul en 2015.
Traduction en relai d’un communiqué de Anoosh Gasparian, Coordonnatrice des relations extérieures du PEN America.
8 février 2018
NEW YORK - L’arrestation et le procès des cinéastes Çayan Demirel et Ertuğrul Mavioğlu, accusés de produire de la propagande terroriste, constituent une violation de leur liberté d’expression et de leurs droits artistiques et un autre exemple de la volonté du gouvernement turc de subvertir le processus judiciaire.
Les cinéastes Çayan Demirel et Ertuğrul Mavioğlu ont été accusés de “faire de la propagande pour une organisation terroriste” avec leur film documentaire “Bakur ” (Nord) et encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
Ertuğrul Mavioğlu a comparu devant le tribunal le 5 février 2018 pour livrer sa déposition, et seulement pour s’entendre dire, après des heures d’attente, que le juge n’avait pas le bon acte d’accusation. Çayan Demirel lui, devait comparaître devant le tribunal le 8 février 2018, mais a décidé de ne pas s’y rendre, étant donné son état de santé difficile, après une crise cardiaque. Les deux cinéastes devront attendre jusqu’au 29 mai pour défendre leur cause lors de leur prochaine audience, reportée ultérieurement.
“Bakur” a été filmé pendant le bref processus de paix entre la Turquie et le PKK. Quelques heures avant sa première au 34ème Festival International du Film d’Istanbul en mai 2015, “Bakur” avait été interdit de projection par le comité du festival, au nom du Ministère de la Culture, prétendument parce que le film n’avait pas de certificat d’enregistrement officiel.
“La campagne d’intimidation contre Çayan Demirel et Ertuğrul Mavioğlu et la criminalisation de leur travail est une violation flagrante des droits de l’homme”, a déclaré Julie Trebault, directrice du PEN America de Artists at Risk Connection (ARC). “C’est juste un autre exemple de la volonté du gouvernement turc de renverser le processus judiciaire et de limiter la liberté d’expression. PEN America appelle les autorités turques à abandonner les poursuites contre Çayan Demirel et Ertuğrul Mavioğlu, et à mettre un terme à la persécution généralisée d’artistes et de penseurs éminents en Turquie. ”
Cette affaire contre Demirel et Mavioğlu montre pour la première fois dans l’histoire récente de la Turquie, qu’une sanction sévère pourrait être imposée aux cinéastes, seulement pour leur travail, mettant potentiellement en danger l’avenir du cinéma et du documentaire en Turquie . La liberté artistique et la liberté d’expression en Turquie se sont détériorées à un rythme effréné depuis la tentative de coup d’État et la mise en place de l’état d’urgence en 2016. Des dizaines de journalistes, d’écrivains et de militants ont été arrêtés et plus de 180 organes de presse ont été fermés par décret présidentiel.
PEN America est dédié au soutien et à la protection des artistes turcs à risque. Il soutient entre autres en 2018 la journaliste et artiste Zehra Doğan , les acteurs de la société civile Ahmet et Mehmet Altan , et le journaliste Ahmet Şık .
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PEN America se situe à l’intersection de la littérature et des droits de l’homme pour protéger l’expression ouverte aux États-Unis et dans le monde entier. Nous défendons la liberté d’écrire, reconnaissant le pouvoir du mot pour transformer le monde. Notre mission est d’unir les écrivains et leurs alliés pour célébrer l’expression créative et défendre les libertés qui la rendent possible.
Vous pouvez visionner la version sous-titrée en anglais de Bakur, ICI
Image à la une : Une photo du 28 décembre 2017, prise devant le Palais de Justice de Çağlayan à Istanbul, lors de la déclaration de presse des cinéastes. Audience reportée ce jour, au 8 février 2018. Sur la banderole : “Le cinéma ne peut être jugé”