Une pub­li­ca­tion de Pierre Bance faite à l’au­tomne 2017, bien sûr tou­jours dans l’ac­tu­al­ité. Les grandes manoeu­vres autour de la Syrie Nord en vue de pour­par­lers inter­na­tionaux ne pour­ront éviter ces poli­tiques proces­sus en cours au Kurdistan.

Cet arti­cle fait par­tie du dossier “Nation­al­ités et fron­tières” du dernier numéro de la revue Les Pos­si­bles du Comité sci­en­tifique d’At­tac (n°15, automne 2017). Il a donc été traité sous cet angle, par­ti­c­ulière­ment intéres­sant, au regard du Con­trat social de la Fédéra­tion démoc­ra­tique de la Syrie du Nord et son pro­jet de société sans État.

En voici l’in­tro­duc­tion (pdf à suiv­re en bas de page) :

Dans la mémoire des vain­cus, les Kur­des s’illustrent par une résis­tance ances­trale. Les fron­tières les sépar­ent, Ana­tolie et Mésopotamie sont leur terre. Les nation­al­ités les dis­tinguent, la cul­ture les unit. Les État-nations ne parvi­en­nent pas à les con­tenir, à les inté­gr­er de gré ou de force, pour­tant les Kur­des ne deman­dent qu’à vivre en paix dans le respect de leur iden­tité. Cer­tains se lamentent sur le sort du plus grand peu­ple sans État, sur com­ment l’introduire dans la com­mu­nauté inter­na­tionale pour faire cess­er l’injustice. Et voilà que, ren­ver­sant cette reven­di­ca­tion et les affres de l’histoire, igno­rant les bons usages de la diplo­matie et de la sci­ence poli­tique, à l’aube du 21e siè­cle, de sa prison dans l’île d’Imrali, le « chef », Abdul­lah Öcalan, dit aux Kur­des que l’É­tat-nation n’est pas la solu­tion de leur mal­heur, qu’un autre futur est pos­si­ble. Fron­tières et nation­al­ités seront ignorées pour con­stru­ire un monde nou­veau, non seule­ment pour les Kur­des, mais aus­si pour tous les peu­ples du Proche-Ori­ent, tous les peu­ples de la planète.

Au Roja­va, dans le Nord de la Syrie, les Kur­des ont enten­du le mes­sage. En 2012, l’effervescence de la révolte con­tre Bachar al-Assad, leur offre l’opportunité d’une révo­lu­tion dans la révo­lu­tion pour don­ner vie au pro­jet d’une démoc­ra­tie sans État. Mais cette ambitieuse aven­ture poli­tique doit faire face à bien des dif­fi­cultés intérieures et men­aces extérieures. Parce que « le Kur­dis­tan lib­er­taire nous con­cerne » (Michael Löwy), il faut con­naître ses fonde­ments idéologiques (I), puis com­pren­dre les ressorts des insti­tu­tions pro­to-éta­tiques mis­es en place dans une rela­tion inces­tueuse avec une société civile qui s’auto-organise (II). Les obser­va­teurs voient les Kur­des syriens comme d’intrépides guer­ri­ers, alors qu’ils sont davan­tage encore d’intrépides con­sti­tu­tion­nal­istes. Con­tre l’avis de tout le monde, ils se sont mis en marche, affran­chis des nation­al­ités et fron­tières, vers ce qu’ils appel­lent le con­fédéral­isme démoc­ra­tique, sys­tème fondé sur la com­mune autonome (III).

Sans nationalités ni frontières — P. Bance — Les Pos­si­bles — PDF

Image à la une : Ecole Poly­tech­nique d’Athènes, Grèce.

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