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Pour cet arti­cle, nous priv­ilé­gions l’in­stan­ta­néité de l’in­for­ma­tion. Nous savons que nos lec­tri­ces et lecteurs nous excuseront pour les coquilles, les fautes et les tour­nures ‘exo­tiques’ de nos cama­rades qui se char­gent des tra­duc­tions… Le texte sera cor­rigé ultérieurement.
Mer­ci de votre com­préhen­sion. Nous n’en voudrons pas à la presse main­stream, qui a les yeux tournés vers Man­ches­ter, de repro­duire ces informations…


Quelques images pour les archives de la mémoire col­lec­tive. Inter­ven­tions et arresta­tions en photos.…
Images red­outa­bles recueil­lies sur les réseaux sociaux.

Le 22 mai • Interventions et arrestations

A 12h30 Esra, la com­pagne de Semih, et sa mère Sul­tan Öza­kça, déclar­ent : “Si la grève de la faim fait autant peur, nous l’en­ta­mons à par­tir d’aujourd’hui.”

Image extraite de la vidéo de la déc­la­ra­tion.

Les inter­ven­tion de la police com­men­cent.… Il y en aura trois au total.

Veli prend un forte charge de gaz pro­jetée à courte dis­tance directe­ment dans les yeux, et dans le four­gon de la police… Ensuite, pen­dant ‑au moins- 25 min­utes (la durée de la vidéo) les per­son­nes en arresta­tion, dont Semih, sa com­pagne Esra et sa mère, Veli et d’autres, seront enfer­mées dans le four­gon encore empli de gaz lacry­mogène. Ils frap­pent sur les parois et deman­dent “d’ou­vrir au moins l’aéra­tion”. Esra asth­ma­tique, a fait un malaise.

Et cela se passe en direct, devant les yeux de mil­liers de personnes.

Les inter­ven­tions de la police se poursuivent.

L“espace de résis­tance” des grévistes est isolé par des bar­rières. Le mon­u­ment aux Droits de l’homme est donc aus­si en garde-à-vue…


Des députés arrivent sur les lieux, en sou­tien. Ils ten­tent un sit-in aux pieds du mon­u­ment… sans pou­voir échap­per à  la police. Voici la vidéo :

Finis­sons la journée sur une bonne note. Le réal­isa­teur Ken Loach et la direc­trice de Sex­teen Films Rebec­ca O’Brien ont envoyé un mes­sage de sou­tien à Nuriye Gül­men et Semih Öza­kça :

Nous envoyons notre sou­tien et salu­ta­tions à Nuriye et Semih, vic­times du pou­voir Erdo­gan et de ses médias silen­cieux. Nos poli­tiques doivent égale­ment fournir des efforts pour que les reven­di­ca­tions de Nuriye et Semih, qui deman­dent jus­tice et démoc­ra­tie aboutis­sent rapidement.”

Le 23 mai • Suites…

Acun Karadağ a été libérée dans la nuit pour des raisons de san­té. Les 14 per­son­nes dont Nuriye et Semih mis­es en garde-à-vue hier, sont tou­jours gardées en déten­tion. Acun déclarait à sa sor­tie que les autorités annonçaient que les gardes-à-vue pour­raient dur­er jusqu’à 4 jours et que Nuriye et Semih expri­maient que dans ce cas, ils cesserait l’ab­sorp­tion d’eau sucrée.

Pen­dant le procès, “Maman Kezban”, la mère de Veli Saçılık arrêtée hier, trainée au sol, et qui a reçu des coups de pieds à la tête, a été “éloignée de l’au­di­ence”, sor­tie du Palais de jus­tice. Dans la vidéo ci-dessous, elle exprime avec douleur, que la répres­sion de l’E­tat dure depuis très longtemps.


Petit rappel pour mieux comprendre : 
En octobre 2000, 1915 prisonniers et prisonnières politiques ont entamé une grève de la faim, dans 41 prisons, pour protester contre le système carcéral (Prisons dites “type F”) à cellules individuelles et pratiques d’isolement. Une opération a été menée par dix mille forces de sécurité, simultanément dans 20 prisons, le 19 décembre 2000, pour faire cesser les grèves de la faim et avait fait 32 morts, dont 2 militaires et 30 détenuEs, des centaines de blesséEs. 2203 personnes avaient été arrêtées lors des protestations. 8 plaintes de “viol par utilisation de matraque” avaient été portées. Après l’opération, 18 locaux d’associations, centre culturels et partis avaient été perquisitionnés. Cette opération s’appelait ironiquement “Retour à la vie”.…
Lors de l’opération menée dans la prison de Burdur, une pelleteuse qui essayait de détruire le mur de la prison, avait arraché le bras de Veli Saçılık.

Nazis, nazis… camp de nazis… C’est des nazis… Ils n’ont même pas honte. Je n’ai pas de pre­mier min­istre, ni d’E­tat. Quelle dif­férence avec les nazis ? La per­son­ne qu’ils arrê­tent n’a pas de bras; Il n’a pas de bras. Ca suf­fit main­tenant ! Ca suf­fit ! Qui a‑t-on tué, nous ? Ca suf­fit… [Cela dure] depuis des années comme un .…sang avec mon enfant. Il n’avait pas de mail­lot sur son dos, ils l’ont trainé sur le ven­tre… Qui sommes-nous ? Que sommes-nous ? Tu nous a descen­du de la mon­tagne ou quoi ? Ca suf­fit maintenant.
Ils m’ont don­né des coups de pieds sur ma tête. Je n’ai pas mal, je jure, à côté de la douleur que je ressens dans le coeur, [ce n’est rien]. Je n’ai pas mal.
Mon Veli… mon Veli… Vous lui avez déjà pris son bras, que voulez-vous lui pren­dre main­tenant ? Il lui pro­jet­tent du gaz dans les yeux, dans le four­gon ! Ah, ça suf­fit main­tenant… ça suf­fit maintenant.

Sous la men­ace d’une nou­velle inter­ven­tion, une con­férence de presse s’est tenue dans la rue Karan­fil, adja­cente à l’av­enue Yük­sel. Acun, libérée dans la nuit est présente. La police fait des annonces : “Ceux qui n’ont rien à faire ici, qu’ils cir­cu­lent, pour qu’on puisse faire la différence !”

…Et, inter­ven­tion, à nou­veau, pen­dant la con­férence de presse, avec util­i­sa­tion de balles en caoutchouc. Acun est par­ti­c­ulière­ment ciblée par les policiers. Ils font bien en effet, la “dif­férence”. En l’e­space que quelques min­utes, elle est cou­verte d’hématomes.

Une femme asth­ma­tique est vic­time d’un malaise dû la pous­sière provo­quée par les balles. Elle est hospitalisée.

Autour de 17h00 des équipes spé­ciales arrivent dans la rue Karan­fil et évac­uent la rue.

Ailleurs ?

Dans d’autres endroits, d’autres inter­ven­tions et arresta­tions se déroulent.

Par exem­ple dans l’av­enue Sakarya, une protes­ta­tion con­tre les purges et en sou­tien à Nuriye et Semih…

Des arresta­tions s’en­suiv­ent… Les per­son­nes mis­es dans le four­gon réus­sis­sent à pass­er un mes­sage par vidéo. Et le mes­sage n’est autre que “Lib­erté pour Nuriye et Semih !”

Par exem­ple à Istan­bul… Arresta­tions mus­clées à Beşiktaş …

Et Naz­ife Onay est arrêtée devant le cen­tre com­mer­cial Cevahir, son lieu de résis­tance, avec les deux cama­rades qui l’ac­com­pa­g­naient, dont un car­diaque.… Naz­ife, vic­time des purges, elle aus­si résiste depuis plusieurs jours et a vécu de nom­breuses garde-à-vue. Aujour­d’hui elle était là en sou­tien de Semih et Nuriye. Vous pou­vez lire son his­toire dans l’ar­ti­cle : “3 femmes, 3 résis­tances, toutes seules et debout

Aus­sitôt après. D’autres cama­rades repren­nent le “tour de garde”

A Kadıköy, la police men­ace la con­férence de presse…

Toujours en attente…

Il est 17h en Turquie, 18h en France. On attend tou­jours des nou­velles du tri­bunal devant lequel Nuriye et Semih comparaissent.

Fil­iz Ker­este­cioğlu, députée du HDP prend parole au sujet de Nuriye et Semih, au Parlement :

Il faut rap­pel­er que les deux enseignants deman­dent seule­ment à retrou­ver leur tra­vail. Cette ini­tia­tive peut désor­mais se trans­former en un “jeûne de la mort” [grève de la faim sans absorp­tion d’eau et sucre], parce qu’au­jour­d’hui ces per­son­nes peu­vent être envoyées en prison. Vis­i­ble­ment, les con­sciences sont réelle­ment pour­ries. Souhait­erait-on qu’ils meurent en prison ? Ils vont peut être envoy­er des per­son­nes qui sont en grève de la faim depuis 75 jours, qui n’ont même plus la force de marcher. Ils dis­ent eux-mêmes que face à un tel traite­ment ils arrêterait égale­ment l’eau et le sucre. Cela veut dire atten­dre la mort. La Turquie ne doit pas per­me­t­tre cela !”

Enfin des nou­velles du tribunal.

L’av­o­cat Selçuk Koza­ğaçlı annonce : Les inter­roga­toires sont ter­minés. Le tri­bunal fait une pause avant de délibérer.

Le tribunal a rendu son verdict :
Nuriye et Semih sont arrêtés !!!! 

Ils iront en prison.

Protes­ta­tions face aux déci­sion. En face du Palais de justice…Mais la police est arrivée en quelques minutes.…

nuriye et semih

cliquez pour agrandir

*

L’av­o­cat de Semih et Nuriye, a ren­du pub­lic, le doc­u­ment du ver­dict, en soulig­nant le motif de leur arrestation :

En résumé, ils sont donc accusés “d’être mem­bre d’or­gan­i­sa­tion ter­ror­iste et armée”, en l’oc­cur­rence DHKP‑C, et “pour­suite d’ac­tiv­ités au nom de cette organ­i­sa­tion”, et avec leurs pub­li­ca­tions sur les réseaux soci­aux, de faire de la “pro­pa­gande pour l’or­gan­i­sa­tion”… “con­tin­uer leur activ­ité avec insis­tance, mal­gré l’ou­ver­ture d’une enquête” sur ces accu­sa­tions… Le fait que les preuves néces­saires ne soient pas encore recueil­lies, ni le dossier com­plété, dans le cas où ils ne seraient pas empris­on­nés, ils met­traient en dan­ger le fonc­tion­nement de la jus­tice.……

Juste avant le ver­dict, Semih et Nuriye pas­saient leur message :

Semih : “Ces répres­sions, men­aces d’ar­resta­tion, empris­on­nements, prou­vent leur dés­espoir. Ils ne peu­vent pas nous enlever notre droit de deman­der notre tra­vail. Quoi qu’il se passe, nous garderons espoir et nous con­tin­uerons tou­jours à lut­ter jusqu’à la victoire.”

Nuriye : “Bon­jour, nous atten­dons la déci­sion. Ils n’ont rien trou­vé comme ques­tion à pos­er. La seule chose sur laque­lle ils nous ont ques­tion­nés, était nos pub­li­ca­tions sur les réseaux soci­aux, qui seraient à car­ac­tère ‘crim­inel’. Il n’y a pas eu d’autre ques­tion. Mais nous pen­sons qu’ils choisiront de nous empris­on­ner. Parce que l’or­dre doit venir du haut, c’est évi­dent. Je vais répéter une chose que je dis sou­vent : Même si vous entassez tout votre arse­nal devant une per­son­ne qui refuse de se pli­er, cela ne suf­fi­ra pas à la soumet­tre. Oui, ils peu­vent nous met­tre en prison aujour­d’hui, même s’ils n’ont aucun motif pour cela, nous le savons. Mais nous con­tin­uerons à refuser de nous pli­er, aus­si en prison. C’est pour cela qu’ils sont sans espoir. La résis­tance se pour­suiv­ra, pour nous, der­rière les murs. J’in­vite encore une fois, celles ceux qui sont dehors, à résis­ter. Nous allons bien, nous con­tin­uerons à être bien. Je vous salue toutes et tous et envoie mes amitiés.”

Sous les applaud­isse­ments, Nuriye et Semih ont quit­té le Palais de Jus­tice. Ils vont être incar­cérés pour ne pas déranger le fonc­tion­nement de la “Jus­tice”.

Mer­cre­di 24 mai : Des pro­cureurs turcs ont req­uis mer­cre­di jusqu’à 20 ans de prison à leur encontre…


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