Voici les “chroniques de la révolution kurde”, présentées par Ronahi TV. Un retour sur la quinzaine du 30 janvier au 4 février 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine.
Vous pouvez également visionner séparément les quelques vidéos incluses dans le texte complet du journal.
Vidéo complète du journal francophone et textes en français
Gros titres
- LA GRANDE MARCHE : Liberté pour Öcalan — un statut pour le Kurdistan
- ROJAVA : Un travail diplomatique
- ROJAVA : La révolution des femmes
- VERS RAQQA : Sécuriser et réorganiser les villages libérés
- BAB : Une région dévastée par les forces turques
- BAKUR-KURDISTAN DU NORD : Génocide politique
- PROCÈS EN COURS : La justice, jouet de l’exécutif
- ET DANS LES PRISONS ? : L’horreur, la torture et la mort
- KURDISTAN :Vers un nouveau congrès national
- VERS RAQQA : La troisième phase militaire est lancée
LA GRANDE MARCHE
STATUT POUR LE KURDISTAN- LIBERTÉ POUR ÖCALAN
Un groupe de 70 personnes issues de 13 pays a entrepris ce mercredi une grande marche, une marche qui les mènera en 10 jours depuis la ville de Luxembourg jusqu’à Strasbourg. En même temps, d’autres marches, plus courtes, ont eu lieu cette semaine dans plusieurs villes des Pays-Bas, d’Allemagne et de France. Les marcheurs dénoncent l’enfermement du leader kurde Abdullah Ocalan et ils revendiquent un statut officiel pour le Kurdistan.
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Comme l’a expliqué Adem Uzun, du KNK, le congrès national kurde, c’est la première fois qu’une marche réunissant des citoyens provenant du monde entier s’organise pour réclamer la liberté d’Abdullah Ocalan. Et en effet, ces marcheurs proviennent d’Argentine, de France, d’Espagne, du Brésil, du pays basque, de Catalogne ou encore du Portugal.
Dans chaque ville traversée, ils rencontreront les représentants de la vie associative, les responsables syndicaux et les élus locaux.
Ces marcheurs dénoncent les pratiques arbitraires et illégales qui ont lieu en Turquie, et ils rappelleront aux instances européennes leurs propres critères et leurs propres normes démocratiques. Parmi les institutions qui seront interpelées, il y a le conseil de l’Europe, le comité européen pour la prévention de la torture et l’Union européenne.
Les manifestants dénoncent aussi les contrats d’armements passés entre différents pays européens et la Turquie, des contrats signés après le coup d’Etat du 15 juillet et la répression de l’opposition menée par le régime d’Erdogan.
Mais partout ailleurs dans le monde, et notamment en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Grèce, au Canada, en Australie et au Japon, des marches se tiennent depuis le premier de ce mois jusqu’au 15.
A Paris, une marche de trois jours et de 50 kilomètres s’est terminée devant le parlement français. Les représentants de la marche ont pu remettre aux députés un dossier reprenant l’ensemble de leurs revendications et réexpliqué la situation dramatique que la Turquie traverse aujourd’hui.
A Hambourg, la police allemande a exigé au lendemain de la rencontre de la chancelière Angela Merkel avec le président turc Erdogan, que les manifestants rangent leurs drapeaux et retirent leurs tee-shirts à l’effigie d’Ocalan.
Les manifestants ont néanmoins poursuivi leur marche en résistant aux injonctions de la police.
ROJAVA
TRAVAIL DIPLOMATIQUE
Le travail diplomatique en faveur de la reconnaissance du Rojava et du projet fédéral pour la Syrie du nord se poursuit. Des nouveaux bureaux de représentation du Rojava vont s’ouvrir en Europe et aux États-Unis.
Sinam Mohamad est la représentante de l’administration autonome du Rojava. Elle se félicite du travail d’information concernant le projet fédéral du nord de la Syrie accompli par les différents bureaux de représentation du Rojava qui ont déjà été ouverts en France, en Suède, aux Pays-Bas et en Allemagne.
Ces différents bureaux sont la voix à l’étranger du Rojava. Ils représentent les institutions révolutionnaires, le pays et la société auprès des parlements, des organisations non-gouvernementales et des acteurs de la société civile en Europe.
De nouveaux bureaux devraient, a affirmé Sinam Mohamad, prochainement s’ouvrir en Europe et à Washington.
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Concernant la réunion d’Astana, cette réunion organisée par la Russie, l’Iran et la Turquie pour tenter de résoudre la crise syrienne, Sinam Mohamad a évalué les avancées, ou plutôt les reculs, enregistrés par les autorités d’Ankara.
A Astana, la Turquie a dû lâcher ses alliés de la prétendue opposition syrienne d’Istanbul qu’elle entretenait jusqu’alors. Dorénavant, la place de la Turquie dans la politique syrienne se réduit à néant. Le régime d’Erdogan n’a plus rien à dire concernant l’avenir de son voisin du sud. Le représentant de l’armée syrienne libre, le chef de l’armée de l’Islam, Mohamed Alloush, avait également tenté de faire inscrire les unités kurdes d’auto-défense YPG sur la liste des organisations terroristes. Cette demande a été rejetée. Et sitôt la conférence d’Astana terminée, la Russie a immédiatement invité le représentant du PYD, Khalid Issa, à Moscou.
Il semble que cette fois-ci, les kurdes seront enfin invités à la conférence de Genève IV, prévue pour le 28 février. Les discussions préliminaires menées à Moscou ont porté sur le projet de constitution pour la Syrie, ainsi que sur le projet de fédéralisme démocratique.
L’objectif de Serguei Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, est de réunir une opposition syrienne qui soit à la fois unie et qui représente toutes les parties.
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Du côté américain, la co-présidente du conseil démocratique syrien, le MSD, Ilham Ehmed, a rencontré à Washington les représentants de la nouvelle administration Trump peu avant la conférence d’Astana.
L’ancien envoyé spécial d’Obama pour la coalition contre le Daesh, Brett Mc Gurk, est un des rares à être resté en place dans la nouvelle administration. C’est une bonne nouvelle pour les unités kurdes, qui le connaissent bien et avec qui les contacts sont positifs.
Enfin, Ilham Ehmed a affirmé que l’administration Trump projetait de continuer à soutenir militairement et politiquement l’administration autonome du Rojava dans son combat contre le Daesh.
VERS RAQQA
SÉCURISER ET RÉORGANISER LES VILLAGES LIBÉRÉS
L’offensive des forces démocratiques syrienne pour libérer la ville de Raqqa est entrée dans une phase de consolidation des positions acquises. L’objectif avant de reprendre le chemin de la ville de Raqqa est de déminer les zones afin de permettre à la population de rentrer chez elle et de se reprendre en main. On doit aussi pouvoir accueillir les nouveaux réfugiés qui arriveront à la reprise des combats.
Ahmad Sexo est le co-président du TEVdem, le mouvement pour une société démocratique, du canton de Kobani.
Sa mission est de fournir de l’aide aux villages libérés par les forces militaires de l’opération »colère de l’Euphrate », cette opération qui s’est fixée pour objectif la libération de la ville de Raqqa.
Il faut, explique-t-il, tout d’abord rouvrir des boulangeries. Il faut aussi créer de nouveaux conseils de village. Des nouveaux lieux sécurisés doivent aussi être mis en place pour accueillir tous les réfugiés.
Toutes ces missions sont assurées par le TEVdem, en collaboration avec les forces démocratiques syriennes.
Les habitants des vastes régions libérées jusqu’à présent au nord et à l’ouest de Raqqa sont heureux d’accueillir leurs libérateurs. Ils doivent sans plus tarder apprendre à prendre leur sort en main, à travers ces conseils de village, ces institutions qui sont le fer de lance de la démocratie directe mise en place dans le cadre du projet fédéral de la Syrie du nord.
La responsabilité du TEVdem est énorme : il n’y a aucun soutien des organisations internationales pour aider à la reconstruction et pour pourvoir à l’alimentation de ces habitants libérés ; et il y a aussi des villages très isolés, difficiles d’accès, qui n’ont toujours pas pu être secourus.
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Lors des missions de sécurisation des zones libérées, les combattants des forces démocratiques syriennes ont découvert un camp d’entrainement du Daesh à Cabar al Garbi, à l’ouest de Raqqa. Dans ce camp, dissimulé par des treillis, 30 tentes accueillaient les membres de Daesh pour leur formation militaire et idéologique. Les documents saisis indiquent que l’âge des recrues va de15 à 30 ans.
BAB
UNE RÉGION DÉVASTÉE PAR LES FORCES TURQUES
A Bab, les forces armées turques tentent sans succès de reprendre la ville au Daesh. Les Bombardements et les massacres de civils se succèdent, sans que les forces armées turques ne parviennent à avancer. Et au sud de Bab, les forces du régime avancent…
Impossible pour les forces armées turques de pénétrer dans la ville de Bab. En même temps, que l’armée turque est bloquée depuis plus de 160 jours au même endroit, après avoir perdu des dizaines de soldats, les forces du régime remontent depuis le sud vers la ville pour empêcher qu’elle ne tombe entre les mains des troupes turques et de leurs alliées locaux.
Les forces du régime ont ainsi repris ce lundi les villages autour d’Al Madyonah et la colline de Maserfeh, à 11 kilomètres seulement de la ville.
Alors, les soldats turcs se rabattent sur les civils : O.S. du village de Bersaya, a été kidnappé par les soldats turcs et leurs alliés de l’armée syrienne libre. Il a été torturé pendant plusieurs jours avant d’être relâché.
Les bâtiments de la ville de Bab sont bombardés ; mercredi, une mosquée du VIIème siècle a été touchée par les bombes turques.
Cette mosquée du district de Bezaa avait été construite sous le règne d’Umar ibn al Khattab et restaurée sous l’empire ottoman.
Mercredi toujours, les avions turcs tuaient 7 civils lors d’n bombardement. Les corps des malheureux sont restés coincés sous les décombres de leur maison familiale.
Ces violences répétées contre les habitants des villages autour de Bab provoquent de nouvelles vagues de réfugiés. 1450 habitants de Bab sont arrivés dans le canton kurde d’Afrin pour se mettre à l’abri samedi dernier.
ROJAVA
LA RÉVOLUTION DES FEMMES
La révolution du Rojava, ce n’est pas seulement une affaire militaire. C’est aussi et surtout un combat pour l’émancipation des femmes. Les « communes de femmes » se réunissent, et elles imposent leurs objectifs politiques.
A Shedaddi, ce premier février, une nouvelle maison des femmes a ouvert ses portes. Welida Boti, la représentante du congrès des femmes « Yekitiya star » du canton, a rappelé que cette nouvelle maison des femmes célébrait les femmes du pays. Grâce à la philosophie d’Ocalan, a‑t-elle affirmé, les femmes, dès le début de la révolution du Rojava, ont combattu contre la barbarie des gangs, mais pas seulement : elles ont aussi combattu contre le système esclavagiste qui se trouvait en elles-mêmes.
Lors de la réunion du comité de coordination des femmes, le 26 janvier, une réunion qui rassemble les déléguées des comités et des maisons de femmes des trois cantons du Rojava, la situation des femmes dans les trois cantons a été analysée.
Et parmi les projets que les femmes veulent implémenter dans la politique du Rojava, il y a le soutien aux habitants de la région de Shehba, si cruellement touchée par l’offensive de la Turquie.
Les femmes veulent aussi mettre en place des conseils de la justice pour les femmes dans les trois cantons.
Elles ont aussi décidé de soutenir le projet de la fédération du nord de la Syrie. Une campagne spéciale aura lieu pour célébrer la journée internationale de la femme du 8 mars, et enfin, des nouveaux moyens seront injectés pour enquêter sur les cas de crimes qui concernent des femmes, en même temps que l’on se penchera sur les causes de ce problème de la violence conjugale pour y trouver des solutions.
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Les nouvelles lois destinées à protéger les femmes sont également appliquées dans les camps de réfugiés, comme dans le camp de Robar et de Shahba, dans le canton d’Afrin.
Dans chaque camp, une réunion spéciale organisée par le comité des femmes a permis de rappeler aux hommes que les femmes ont tous leurs droits et d’expliquer aux femmes comment elles peuvent les défendre.
Weat Alo, un réfugié du camp de Robar, a ainsi affirmé que les hommes ne doivent pas se dresser sur le chemin des femmes, et qu’il faut les laisser choisir elles-mêmes de ce qui convient le mieux pour leurs propres affaires.
Hayat Muhamad, une réfugiée arabe du même camp Robar, a affirmé qu’elle était très contente que la polygamie soit interdite ; elle n’accepte pas qu’un homme se remarie plusieurs fois, qu’elles que soient les raisons, et elle est reconnaissante envers les autorités qui appliquent dans le camp des réfugiés ces nouvelles lois qui protègent les femmes.
BAKUR-KURDISTAN DU NORD
GÉNOCIDE POLITIQUE
La décapitation de toute forme d’opposition en Turquie se poursuit. Parce qu’il mène la campagne du non au changement de constitution, le parti HDP est la cible de toutes les attaques. Avec le referendum pour le changement de constitution, il s’agit entre autre pour le président Erdogan de se mettre à l’abri de toutes poursuites judiciaires derrière une constitution modifiée pour son plus grand profit.
Génocide politique : l’expression est forte. Et pourtant, le terme de “génocide politique” est employé par l’opposition démocratique en Turquie. Il pourrait ici susciter des controverses. En Turquie, il fait sens. [Lire aussi “Génocide politique” dit l’opposition démocratique]
L’opposition démocratique en Turquie n’est pas dans la revendication de “reconnaissance” de génocide pour elle- même.
La simple utilisation du terme “génocide” en Turquie appelle à cette remise en cause du “roman nationaliste” [Lire aussi “L’invention de la turcité”]
Dans le cadre de ce génocide mené contre toute forme d’opposition politique, on relèvera cette semaine l’arrestation des deux députés du parti HDP, Ayhan Bilgen et Meral Daniş Beştaş.
Ils ont été enfermés à la prison de Silivri. Mais le même jour où ces deux députés étaient enfermés, les autorités turques relâchaient un autre otage politique, le député Baluken.
Cet échange de prisonniers traduit, pour les commentateurs politiques, un jeu politique mené à l’intérieur de la coalition AKP-MHP, pour la consolidation des soutiens des groupes ultranationalistes lors du referendum constitutionnel d’avril.
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A côté des députés du parlement turc, il y a aussi tous ces élus locaux, dans les villes et villages du Kurdistan du nord. Suite au coup d’Etat du 15 juillet, les élus du parti DBP sont arrêtés, condamnés, et remplacés par des curateurs à la solde du pouvoir.
Cette semaine, Serhat Çiçek, le co-bourgmestre de Gökçebag, a été arrêté avec son frère lors d’un raid à domicile ce mercredi matin.
Dans le district d’Agri, à Tutak, c’est le co-bourgmestre Firat Ozturk, ainsi que deux autres responsables du parti HDP, qui ont été jugés et emprisonnés ce lundi. Sans surprise, et sans originalité, les autorités judiciaires turques évoquent leur appartenance à une organisation terroriste.
A Elazig, les deux co-bourgmestres de la municipalité de Karakoçan, Burhan Kocaman et Cennet Ayik ont simplement été démis de leurs fonctions pour être aussitôt remplacés par un curateur, le gouverneur de district.
A Adana, mardi matin, ce sont 13 membres du parti HDP qui ont été arrêtés lors d’une rafle policière. Vendredi, nouvelle rafle à Adana, 22 autres personnes ont été arrêtées pour leur messages postés sur les réseaux sociaux.
Mercredi, la co-présidente du parti DBP pour la région de Van, Sevinç Şeker, a elle aussi été arrêtée à son domicile.
Signalons aussi à Van la disparition inquiétante de Bedran Karayel. Ce membre du ESP, le parti socialiste des opprimés a été arrêté mercredi, et depuis, on est toujours sans nouvelle de lui ; il aurait été emmené, selon la police, au commissariat de Iki Nisan, mais quand ses amis y sont allés pour s’assurer de son sort, on leur a répondu qu’il ne s’y trouvait pas.
Enfin, une bonne nouvelle : le co-bourgmestre d’Amed, Ahmet Türk, 74 ans et gravement malade, a pu quitter sa prison de Elazig, où il était retenu depuis 43 jours. Il ne peut cependant pas quitter le pays.
PROCÈS EN COURS
LA JUSTICE, JOUET DE L’EXÉCUTIF
Les juges de Turquie ont bien du travail avec les tombereaux quotidiens de nouveaux prévenus. Et les procureurs ne s’embarrassent pas avec des détails : ce sont des procès politiques, et pas des procès judiciaires, comme le dénonce le communiqué du parti HDP après l’incarcération d’Ayhan Bilgen et Meral Daniş Beştaş.
Dans son communiqué, le parti HDP exprime « qu’il est clair que la campagne du référendum menée par l’alliance AKP-MHP cherche à intimider les députés avec des détentions illégales.
Le pouvoir judiciaire et l’alliance Erdogan-AKP-MHP travaillent de façon synchronisée. Les procès ne sont pas judiciaires, ils sont politiques : la levée de l’immunité parlementaire des députés est une atteinte tant à la constitution du pays qu’aux conventions démocratiques internationales. »
Dans différents tribunaux, on a pu prendre cette semaine encore la mesure du caractère disproportionné des peines requises par les procureurs.
Contre Demirtas, le procureur public de Diyarbakir a requis une peine allant de 43 à 142 ans de prison. Contre la co-présidente, le procureur de la 8ème cour pénale de Diyarbakir a réclamé de 28,5 à 82,5 années de prison. Ces lourdes peines sont exclusivement liées à leurs discours.
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A la cinquième cour criminelle d’Urfa, la co-présidente Yüksekdag a pris la parole depuis sa prison, avec un système de téléconférence, et a déclaré ceci : « Si une alliance saine avait été conclue avec les Kurdes, le pays et la Syrie ne seraient pas dans cette situation aujourd’hui. Le HDP a gagné les élections du 7 juin. C’est pour cela qu’ils veulent nous terroriser. Si je suis aujourd’hui jugée pour ce crime, alors, le premier ministre d’alors, Davutoglu, les sous-secrétaires et le président doivent l’être aussi. »
Le député Mahmut Togrul, qui participait à la séance en tant que témoin, a pris la parole devant le tribunal après la séance. Il a affirmé que ce sont là les pratiques de l’AKP pour nettoyer le chemin qui mène au référendum.
Le député Ferhat Encü était entendu par la 4ème cour criminelle de Çorum. Les procureurs reprochent à Encü d’avoir parlé sur Hayat Tv le jour où il a appelé des ambulances pour venir en aide aux victimes des caves de l’horreur, à Cizré.
On reproche donc à Encü et à son collègue Faysal Sariyildiz de promouvoir la haine et l’animosité entre les peuples. De tout ce procès, il n’émane qu’une seule certitude a dit Encü, c’est que la plainte à notre encontre a été introduite par le centre de communication du premier ministre.
Lors de ces évènements tragiques à Cizré, un étudiant de l’université, un dénommé Cihan Karaman, venait de perdre la vie suite à ses blessures, pendant que les forces de l’ordre turc les empêchaient de parvenir là où se trouvaient les victimes, et ce, malgré l’injonction de la cour européenne pour les droits de l’homme.
Encü a donc rappelé que ce n’étaient pas ses paroles qui devaient être jugées. Faire un procès pour ses paroles, c’est la preuve d’un spectacle judiciaire dément
ET DANS LES PRISONS ?
L’HORREUR, LA TORTURE ET LA MORT
Quelle est la situation dans les prisons turques ? La question méritait d’être posée, quand on sait que rien que pour l’année 2016, plus de 40 prisonniers malades sont morts dans leurs cellules.
C’est un rapport de l’IHD, l’organisation turque des droits de l’homme, qui l’affirme : rien que pour l’année 2016, 47 prisonniers malades sont morts dans leur prison.
Taylan Bekin, l’un des rapporteurs de ce rapport, pointe les mesures d’isolement, le manque de nourriture, le manque d’hygiène, le refus de traitements médicaux.
Dans la prison d’Edirne, là où se trouve enfermé Selahattin Demirtas, les détenus ont entamé une grève de la faim ce 17 janvier. Les gardes les insultent, procèdent à des fouilles corporelles répétées, saisissent tout ce qui permet de lire ou d’écrire.
Le co-président de l’association IHD a tenu à informer l’OMS, l’organisation mondiale de la santé, pour qu’enfin, on constate les mauvais traitements infligés aux prisonniers malades. [Lire aussi Prisons turques : L’OMS doit enquêter !]
D’après les chiffres mêmes du ministre turc de la justice, il y a dans les prisons turques 387 détenus qui souffrent de maladies graves ou chroniques. 114 de ces prisonniers sont atteints d’un cancer.
Et chaque jour qui passe, ces prisonniers malades, considérés comme des otages politiques, se voient privés de soins, et leur mal s’étend.
L’institut médico-légal qui procède aux examens de santé des détenus est entièrement dépendant des autorités. Aucun médecin indépendant ne peut consulter les prisonniers et documenter les cas de torture.
Une des détenues visitées par Keskin, Sibel Çapraz, doit vivre dans un milieu stérile. On la fait dormir juste à côté de la cuvette de la toilette.
Comme le déplore encore Keskin, les audits internationaux sont très largement insuffisants.
Un détenu de la prison de Van, Adem Er, a témoigné par écrit de son quotidien dans une lettre adressée à IHD. Il est constamment frappé par les gardes. Cette prison est un véritable centre de torture. Les détenus sont laissés dans des cellules froides, en plein hiver, alors que la température extérieure descend jusqu’à moins 15.
Les détenus liés au PKK sont enfermés avec des détenus du mouvement Gülen. Les insultes pleuvent en permanence. Adem Er lance un cri : arrêtez cette cruauté, maintenant !
KURDISTAN
VERS UN NOUVEAU CONGRÈS NATIONAL
Au Kurdistan du sud, le Başur, le Tevgera azadi, le mouvement pour la liberté, s’est réuni en congrès ce mercredi pour discuter de l’avenir du Kurdistan en général et de Sengal en particulier. 300 délégués en provenance des 4 parties du Kurdistan étaient à Suleymanieh.
Pour le co-président du Tevgera azadi, Huseyin Kerküki, le congrès de Suleymanieh vise à développer l’unité nationale des kurdes dans le climat de crise que traverse le Kurdistan du sud.
Le KCK, l’union des communautés kurdes, a envoyé une lettre aux congressistes de Suleymanieh. Dans cette lettre, le KCK affirme que des puissances régionales envahissantes, (la Turquie), défendent le statu quo hérité des accords de Lausanne, en 1923. Pour y parvenir, ces puissances étrangères tentent de dissoudre les gains acquis par les Kurdes et de former de nouvelles alliances. Erdogan et l’Etat turc tentent d’envahir économiquement le Kurdistan du sud. Et il faut savoir qu’Erdogan et l’AKP sont les représentants du mouvement politique antikurde. Toute relation avec eux servira cet objectif. Dans un tel contexte, explique le KCK, il faut renforcer l’unité.
En cette période, la revendication principale de la population est la tenue d’un congrès national. Il faut parvenir à une paix intérieure et se protéger des attaques externes.
Quant à la question de Sengal, ce n’est pas un problème de pouvoir. Ce n’est pas non plus une question de revenus entre Bagdad et Hewler. Le dossier de Sengal est un problème d’existence ou d’extinction. Avant les intérêts politiques, il y a à Sengal un problème de morale et de conscience. La solution à ce problème réside dans l’auto-détermination des habitants de Sengal. La priorité de Sengal, c’est de parvenir à assumer sa propre défense. Ce n’est que comme cela qu’ils se défendront à l’avenir contre d’autres attaques et d’autres massacres.
Ce message a été relayé par les artistes kurdes présents au congrès de Suleymanieh. Ces artistes insistent sur la nécessité de réunir un congrès national kurde. Et pour les artistes, les organisations et les partis qui ne se plieront pas à cette volonté seront jugés coupables devant le tribunal de l’histoire.
Comme le résument les artistes, les intérêts nationaux du Kurdistan sont un fondement, et pas une question d’intérêts particuliers et de coteries.
VERS RAQQA
LA TROISIÈME PHASE MILITAIRE EST LANCÉE
C’est hier matin, à 5h, que les combattants des forces démocratiques syrienne ont repris le chemin de Raqqa. Mais cette fois, ils sont partis depuis l’est de la ville, depuis la ville de Siluk.
C’est la troisième phase de l’opération militaire « Colère de l’Euphrate » qui vient de commencer.
En deux colonnes, depuis le village de Xiniz, près de Siluk et depuis le village de Bir Beha, dans la région de Mekmen, les combattants de la liberté sont repartis à l’assaut du Daesh.
En une matinée, les combattants ont déjà avancé de 11 kilomètres et pris le contrôle du village de Bir Saada.
Les avions de la coalition soutiennent les troupes au sol. En 15 frappes aériennes, il y a eu de nombreux abris du Daesh pulvérisés, et avec eux, des membres de l’organisation qui s’y trouvaient.
Au sol, les combattants avaient déjà abattu 10 membres du Daesh lors de ces premières heures de la troisième phase de l’opération colère de l’Euphrate.