Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV. Un retour sur la quin­zaine du 30 jan­vi­er au 4 févri­er 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trou­verez ici, chaque semaine.

Vous pou­vez égale­ment vision­ner séparé­ment les quelques vidéos inclus­es dans le texte com­plet du journal.

Vidéo complète du journal francophone et textes en français

Gros titres

  • LA GRANDE MARCHE : Lib­erté pour Öcalan — un statut pour le Kurdistan
  • ROJAVA : Un tra­vail diplomatique
  • ROJAVA : La révo­lu­tion des femmes
  • VERS RAQQA : Sécuris­er et réor­gan­is­er les vil­lages libérés
  • BAB : Une région dévastée par les forces turques
  • BAKUR-KURDISTAN DU NORD : Géno­cide politique
  • PROCÈS EN COURS : La jus­tice, jou­et de l’exécutif 
  • ET DANS LES PRISONS ? : L’horreur, la tor­ture et la mort
  • KURDISTAN :Vers un nou­veau con­grès national
  • VERS RAQQA : La troisième phase mil­i­taire est lancée

LA GRANDE MARCHE
STATUT POUR LE KURDISTAN- LIBERTÉ POUR ÖCALAN

Un groupe de 70 per­son­nes issues de 13 pays a entre­pris ce mer­cre­di une grande marche, une marche qui les mèn­era en 10 jours depuis la ville de Lux­em­bourg jusqu’à Stras­bourg. En même temps, d’autres march­es, plus cour­tes, ont eu lieu cette semaine dans plusieurs villes des Pays-Bas, d’Allemagne et de France. Les marcheurs dénon­cent l’enfermement du leader kurde Abdul­lah Ocalan et ils revendiquent un statut offi­ciel pour le Kurdistan.

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Comme l’a expliqué Adem Uzun, du KNK, le con­grès nation­al kurde, c’est la pre­mière fois qu’une marche réu­nis­sant des citoyens provenant du monde entier s’organise pour réclamer la lib­erté d’Abdullah Ocalan. Et en effet, ces marcheurs provi­en­nent d’Argentine, de France, d’Espagne, du Brésil, du pays basque, de Cat­a­logne ou encore du Portugal.

Dans chaque ville tra­ver­sée, ils ren­con­treront les représen­tants de la vie asso­cia­tive, les respon­s­ables syn­di­caux et les élus locaux.
Ces marcheurs dénon­cent les pra­tiques arbi­traires et illé­gales qui ont lieu en Turquie, et ils rap­pelleront aux instances européennes leurs pro­pres critères et leurs pro­pres normes démoc­ra­tiques. Par­mi les insti­tu­tions qui seront inter­pelées, il y a le con­seil de l’Europe, le comité européen pour la préven­tion de la tor­ture et l’Union européenne.

Les man­i­fes­tants dénon­cent aus­si les con­trats d’armements passés entre dif­férents pays européens et la Turquie, des con­trats signés après le coup d’Etat du 15 juil­let et la répres­sion de l’opposition menée par le régime d’Erdogan.

Mais partout ailleurs dans le monde, et notam­ment en Alle­magne, en Suisse, en Bel­gique, en Grèce, au Cana­da, en Aus­tralie et au Japon, des march­es se tien­nent depuis le pre­mier de ce mois jusqu’au 15.

A Paris, une marche de trois jours et de 50 kilo­mètres s’est ter­minée devant le par­lement français. Les représen­tants de la marche ont pu remet­tre aux députés un dossier reprenant l’ensemble de leurs reven­di­ca­tions et réex­pliqué la sit­u­a­tion dra­ma­tique que la Turquie tra­verse aujourd’hui.

A Ham­bourg, la police alle­mande a exigé au lende­main de la ren­con­tre de la chancelière Angela Merkel avec le prési­dent turc Erdo­gan, que les man­i­fes­tants rangent leurs dra­peaux et retirent leurs tee-shirts à l’effigie d’Ocalan.
Les man­i­fes­tants ont néan­moins pour­suivi leur marche en résis­tant aux injonc­tions de la police.

ROJAVA
TRAVAIL DIPLOMATIQUE

Le tra­vail diplo­ma­tique en faveur de la recon­nais­sance du Roja­va et du pro­jet fédéral pour la Syrie du nord se pour­suit. Des nou­veaux bureaux de représen­ta­tion du Roja­va vont s’ouvrir en Europe et aux États-Unis.

Sinam Mohamad est la représen­tante de l’administration autonome du Roja­va. Elle se félicite du tra­vail d’information con­cer­nant le pro­jet fédéral du nord de la Syrie accom­pli par les dif­férents bureaux de représen­ta­tion du Roja­va qui ont déjà été ouverts en France, en Suède, aux Pays-Bas et en Allemagne.

Ces dif­férents bureaux sont la voix à l’étranger du Roja­va. Ils représen­tent les insti­tu­tions révo­lu­tion­naires, le pays et la société auprès des par­lements, des organ­i­sa­tions non-gou­verne­men­tales et des acteurs de la société civile en Europe.

De nou­veaux bureaux devraient, a affir­mé Sinam Mohamad, prochaine­ment s’ouvrir en Europe et à Washington.

*

Con­cer­nant la réu­nion d’Astana, cette réu­nion organ­isée par la Russie, l’Iran et la Turquie pour ten­ter de résoudre la crise syri­enne, Sinam Mohamad a éval­ué les avancées, ou plutôt les reculs, enreg­istrés par les autorités d’Ankara.

A Astana, la Turquie a dû lâch­er ses alliés de la pré­ten­due oppo­si­tion syri­enne d’Istanbul qu’elle entrete­nait jusqu’alors. Doré­na­vant, la place de la Turquie dans la poli­tique syri­enne se réduit à néant. Le régime d’Erdogan n’a plus rien à dire con­cer­nant l’avenir de son voisin du sud. Le représen­tant de l’armée syri­enne libre, le chef de l’armée de l’Islam, Mohamed Alloush, avait égale­ment ten­té de faire inscrire les unités kur­des d’auto-défense YPG sur la liste des organ­i­sa­tions ter­ror­istes. Cette demande a été rejetée. Et sitôt la con­férence d’Astana ter­minée, la Russie a immé­di­ate­ment invité le représen­tant du PYD, Khalid Issa, à Moscou.

Il sem­ble que cette fois-ci, les kur­des seront enfin invités à la con­férence de Genève IV, prévue pour le 28 févri­er. Les dis­cus­sions prélim­i­naires menées à Moscou ont porté sur le pro­jet de con­sti­tu­tion pour la Syrie, ain­si que sur le pro­jet de fédéral­isme démocratique.

L’objectif de Ser­guei Lavrov, le min­istre russe des affaires étrangères, est de réu­nir une oppo­si­tion syri­enne qui soit à la fois unie et qui représente toutes les parties.

*

Ronahi TV Ilham EhmedDu côté améri­cain, la co-prési­dente du con­seil démoc­ra­tique syrien, le MSD, Ilham Ehmed, a ren­con­tré à Wash­ing­ton les représen­tants de la nou­velle admin­is­tra­tion Trump peu avant la con­férence d’Astana.

L’ancien envoyé spé­cial d’Obama pour la coali­tion con­tre le Daesh, Brett Mc Gurk, est un des rares à être resté en place dans la nou­velle admin­is­tra­tion. C’est une bonne nou­velle pour les unités kur­des, qui le con­nais­sent bien et avec qui les con­tacts sont positifs.

Enfin, Ilham Ehmed a affir­mé que l’administration Trump pro­je­tait de con­tin­uer à soutenir mil­i­taire­ment et poli­tique­ment l’administration autonome du Roja­va dans son com­bat con­tre le Daesh.

VERS RAQQA
SÉCURISER ET RÉORGANISER LES VILLAGES LIBÉRÉS

L’offensive des forces démoc­ra­tiques syri­enne pour libér­er la ville de Raqqa est entrée dans une phase de con­sol­i­da­tion des posi­tions acquis­es. L’objectif avant de repren­dre le chemin de la ville de Raqqa est de démin­er les zones afin de per­me­t­tre à la pop­u­la­tion de ren­tr­er chez elle et de se repren­dre en main. On doit aus­si pou­voir accueil­lir les nou­veaux réfugiés qui arriveront à la reprise des combats.

Ahmad Sexo est le co-prési­dent du TEV­dem, le mou­ve­ment pour une société démoc­ra­tique, du can­ton de Kobani.

Sa mis­sion est de fournir de l’aide aux vil­lages libérés par les forces mil­i­taires de l’opération »colère de l’Euphrate », cette opéra­tion qui s’est fixée pour objec­tif la libéra­tion de la ville de Raqqa.

Il faut, explique-t-il, tout d’abord rou­vrir des boulan­geries. Il faut aus­si créer de nou­veaux con­seils de vil­lage. Des nou­veaux lieux sécurisés doivent aus­si être mis en place pour accueil­lir tous les réfugiés.

Toutes ces mis­sions sont assurées par le TEV­dem, en col­lab­o­ra­tion avec les forces démoc­ra­tiques syriennes.

Les habi­tants des vastes régions libérées jusqu’à présent au nord et à l’ouest de Raqqa sont heureux d’accueillir leurs libéra­teurs. Ils doivent sans plus tarder appren­dre à pren­dre leur sort en main, à tra­vers ces con­seils de vil­lage, ces insti­tu­tions qui sont le fer de lance de la démoc­ra­tie directe mise en place dans le cadre du pro­jet fédéral de la Syrie du nord.

La respon­s­abil­ité du TEV­dem est énorme : il n’y a aucun sou­tien des organ­i­sa­tions inter­na­tionales pour aider à la recon­struc­tion et pour pour­voir à l’alimentation de ces habi­tants libérés ; et il y a aus­si des vil­lages très isolés, dif­fi­ciles d’accès, qui n’ont tou­jours pas pu être secourus.

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Lors des mis­sions de sécuri­sa­tion des zones libérées, les com­bat­tants des forces démoc­ra­tiques syri­ennes ont décou­vert un camp d’entrainement du Daesh à Cabar al Gar­bi, à l’ouest de Raqqa. Dans ce camp, dis­simulé par des treil­lis, 30 tentes accueil­laient les mem­bres de Daesh pour leur for­ma­tion mil­i­taire et idéologique. Les doc­u­ments sai­sis indiquent que l’âge des recrues va de15 à 30 ans.

Ronahi TV BabBAB
UNE RÉGION DÉVASTÉE PAR LES FORCES TURQUES

A Bab, les forces armées turques ten­tent sans suc­cès de repren­dre la ville au Daesh. Les Bom­barde­ments et les mas­sacres de civils se suc­cè­dent, sans que les forces armées turques ne parvi­en­nent à avancer. Et au sud de Bab, les forces du régime avancent…

Impos­si­ble pour les forces armées turques de pénétr­er dans la ville de Bab. En même temps, que l’armée turque est blo­quée depuis plus de 160 jours au même endroit, après avoir per­du des dizaines de sol­dats, les forces du régime remon­tent depuis le sud vers la ville pour empêch­er qu’elle ne tombe entre les mains des troupes turques et de leurs alliées locaux.

Les forces du régime ont ain­si repris ce lun­di les vil­lages autour d’Al Mady­on­ah et la colline de Maser­feh, à 11 kilo­mètres seule­ment de la ville.

Alors, les sol­dats turcs se rabat­tent sur les civils : O.S. du vil­lage de Bersaya, a été kid­nap­pé par les sol­dats turcs et leurs alliés de l’armée syri­enne libre. Il a été tor­turé pen­dant plusieurs jours avant d’être relâché.

Les bâti­ments de la ville de Bab sont bom­bardés ; mer­cre­di, une mosquée du VIIème siè­cle a été touchée par les bombes turques.
ronahi tv bab
Cette mosquée du dis­trict de Bezaa avait été con­stru­ite sous le règne d’Umar ibn al Khat­tab et restau­rée sous l’empire ottoman.

Mer­cre­di tou­jours, les avions turcs tuaient 7 civils lors d’n bom­barde­ment. Les corps des mal­heureux sont restés coincés sous les décom­bres de leur mai­son familiale.

Ces vio­lences répétées con­tre les habi­tants des vil­lages autour de Bab provo­quent de nou­velles vagues de réfugiés. 1450 habi­tants de Bab sont arrivés dans le can­ton kurde d’Afrin pour se met­tre à l’abri same­di dernier.

ROJAVA
LA RÉVOLUTION DES FEMMES

La révo­lu­tion du Roja­va, ce n’est pas seule­ment une affaire mil­i­taire. C’est aus­si et surtout un com­bat pour l’émancipation des femmes. Les « com­munes de femmes » se réu­nis­sent, et elles imposent leurs objec­tifs politiques.

A Shedad­di, ce pre­mier févri­er, une nou­velle mai­son des femmes a ouvert ses portes. Wel­i­da Boti, la représen­tante du con­grès des femmes « Yek­i­tiya star » du can­ton, a rap­pelé que cette nou­velle mai­son des femmes célébrait les femmes du pays. Grâce à la philoso­phie d’Ocalan, a‑t-elle affir­mé, les femmes, dès le début de la révo­lu­tion du Roja­va, ont com­bat­tu con­tre la bar­barie des gangs, mais pas seule­ment : elles ont aus­si com­bat­tu con­tre le sys­tème esclavagiste qui se trou­vait en elles-mêmes.

Lors de la réu­nion du comité de coor­di­na­tion des femmes, le 26 jan­vi­er, une réu­nion qui rassem­ble les déléguées des comités et des maisons de femmes des trois can­tons du Roja­va, la sit­u­a­tion des femmes dans les trois can­tons a été analysée.

Et par­mi les pro­jets que les femmes veu­lent implé­menter dans la poli­tique du Roja­va, il y a le sou­tien aux habi­tants de la région de She­h­ba, si cru­elle­ment touchée par l’offensive de la Turquie.

Les femmes veu­lent aus­si met­tre en place des con­seils de la jus­tice pour les femmes dans les trois cantons.

Elles ont aus­si décidé de soutenir le pro­jet de la fédéra­tion du nord de la Syrie. Une cam­pagne spé­ciale aura lieu pour célébr­er la journée inter­na­tionale de la femme du 8 mars, et enfin, des nou­veaux moyens seront injec­tés pour enquêter sur les cas de crimes qui con­cer­nent des femmes, en même temps que l’on se penchera sur les caus­es de ce prob­lème de la vio­lence con­ju­gale pour y trou­ver des solutions.

*

Les nou­velles lois des­tinées à pro­téger les femmes sont égale­ment appliquées dans les camps de réfugiés, comme dans le camp de Robar et de Shah­ba, dans le can­ton d’Afrin.

Dans chaque camp, une réu­nion spé­ciale organ­isée par le comité des femmes a per­mis de rap­pel­er aux hommes que les femmes ont tous leurs droits et d’expliquer aux femmes com­ment elles peu­vent les défendre.

Weat Alo, un réfugié du camp de Robar, a ain­si affir­mé que les hommes ne doivent pas se dress­er sur le chemin des femmes, et qu’il faut les laiss­er choisir elles-mêmes de ce qui con­vient le mieux pour leurs pro­pres affaires.

Hay­at Muhamad, une réfugiée arabe du même camp Robar, a affir­mé qu’elle était très con­tente que la polyg­a­mie soit inter­dite ; elle n’accepte pas qu’un homme se remarie plusieurs fois, qu’elles que soient les raisons, et elle est recon­nais­sante envers les autorités qui appliquent dans le camp des réfugiés ces nou­velles lois qui pro­tè­gent les femmes.

BAKUR-KURDISTAN DU NORD
GÉNOCIDE POLITIQUE

La décap­i­ta­tion de toute forme d’opposition en Turquie se pour­suit. Parce qu’il mène la cam­pagne du non au change­ment de con­sti­tu­tion, le par­ti HDP est la cible de toutes les attaques. Avec le ref­er­en­dum pour le change­ment de con­sti­tu­tion, il s’agit entre autre pour le prési­dent Erdo­gan de se met­tre à l’abri de toutes pour­suites judi­ci­aires der­rière une con­sti­tu­tion mod­i­fiée pour son plus grand profit.

Géno­cide poli­tique : l’expression est forte. Et pour­tant, le terme de “géno­cide poli­tique” est employé par l’opposition démoc­ra­tique en Turquie. Il pour­rait ici sus­citer des con­tro­ver­s­es. En Turquie, il fait sens. [Lire aus­si “Géno­cide poli­tique” dit l’opposition démoc­ra­tique]

L’opposition démoc­ra­tique en Turquie n’est pas dans la reven­di­ca­tion de “recon­nais­sance” de géno­cide pour elle- même.
La sim­ple util­i­sa­tion du terme “géno­cide” en Turquie appelle à cette remise en cause du “roman nation­al­iste” [Lire aus­si “L’invention de la turcité”]

Dans le cadre de ce géno­cide mené con­tre toute forme d’opposition poli­tique, on relèvera cette semaine l’arrestation des deux députés du par­ti HDP, Ayhan Bil­gen et Mer­al Daniş Beş­taş.

Ils ont été enfer­més à la prison de Silivri. Mais le même jour où ces deux députés étaient enfer­més, les autorités turques relâchaient un autre otage poli­tique, le député Baluken.

Cet échange de pris­on­niers traduit, pour les com­men­ta­teurs poli­tiques, un jeu poli­tique mené à l’intérieur de la coali­tion AKP-MHP, pour la con­sol­i­da­tion des sou­tiens des groupes ultra­na­tion­al­istes lors du ref­er­en­dum con­sti­tu­tion­nel d’avril.

*

A côté des députés du par­lement turc, il y a aus­si tous ces élus locaux, dans les villes et vil­lages du Kur­dis­tan du nord. Suite au coup d’Etat du 15 juil­let, les élus du par­ti DBP sont arrêtés, con­damnés, et rem­placés par des cura­teurs à la sol­de du pouvoir.

ronahi tv

Cette semaine, Ser­hat Çiçek, le co-bourgmestre de Gökçe­bag, a été arrêté avec son frère lors d’un raid à domi­cile ce mer­cre­di matin.

Dans le dis­trict d’Agri, à Tutak, c’est le co-bourgmestre Firat Ozturk, ain­si que deux autres respon­s­ables du par­ti HDP, qui ont été jugés et empris­on­nés ce lun­di. Sans sur­prise, et sans orig­i­nal­ité, les autorités judi­ci­aires turques évo­quent leur appar­te­nance à une organ­i­sa­tion terroriste.

A Elazig, les deux co-bourgmestres de la munic­i­pal­ité de Karakoçan, Burhan Koca­man et Cen­net Ayik ont sim­ple­ment été démis de leurs fonc­tions pour être aus­sitôt rem­placés par un cura­teur, le gou­verneur de district.

A Adana, mar­di matin, ce sont 13 mem­bres du par­ti HDP qui ont été arrêtés lors d’une rafle poli­cière. Ven­dre­di, nou­velle rafle à Adana, 22 autres per­son­nes ont été arrêtées pour leur mes­sages postés sur les réseaux sociaux.

Mer­cre­di, la co-prési­dente du par­ti DBP pour la région de Van, Sev­inç Şek­er, a elle aus­si été arrêtée à son domicile.

Sig­nalons aus­si à Van la dis­pari­tion inquié­tante de Bedran Karayel. Ce mem­bre du ESP, le par­ti social­iste des opprimés a été arrêté mer­cre­di, et depuis, on est tou­jours sans nou­velle de lui ; il aurait été emmené, selon la police, au com­mis­sari­at de Iki Nisan, mais quand ses amis y sont allés pour s’assurer de son sort, on leur a répon­du qu’il ne s’y trou­vait pas.

Enfin, une bonne nou­velle : le co-bourgmestre d’Amed, Ahmet Türk, 74 ans et grave­ment malade, a pu quit­ter sa prison de Elazig, où il était retenu depuis 43 jours. Il ne peut cepen­dant pas quit­ter le pays.

PROCÈS EN COURS
LA JUSTICE, JOUET DE L’EXÉCUTIF

Les juges de Turquie ont bien du tra­vail avec les tombereaux quo­ti­di­ens de nou­veaux prévenus. Et les pro­cureurs ne s’embarrassent pas avec des détails : ce sont des procès poli­tiques, et pas des procès judi­ci­aires, comme le dénonce le com­mu­niqué du par­ti HDP après l’incarcération d’Ayhan Bil­gen et Mer­al Daniş Beştaş.

Dans son com­mu­niqué, le par­ti HDP exprime « qu’il est clair que la cam­pagne du référen­dum menée par l’alliance AKP-MHP cherche à intimider les députés avec des déten­tions illégales.

Le pou­voir judi­ci­aire et l’alliance Erdo­gan-AKP-MHP tra­vail­lent de façon syn­chro­nisée. Les procès ne sont pas judi­ci­aires, ils sont poli­tiques : la lev­ée de l’immunité par­lemen­taire des députés est une atteinte tant à la con­sti­tu­tion du pays qu’aux con­ven­tions démoc­ra­tiques internationales. »

Dans dif­férents tri­bunaux, on a pu pren­dre cette semaine encore la mesure du car­ac­tère dis­pro­por­tion­né des peines req­ui­s­es par les procureurs.

Con­tre Demir­tas, le pro­cureur pub­lic de Diyarbakir a req­uis une peine allant de 43 à 142 ans de prison. Con­tre la co-prési­dente, le pro­cureur de la 8ème cour pénale de Diyarbakir a réclamé de 28,5 à 82,5 années de prison. Ces lour­des peines sont exclu­sive­ment liées à leurs discours.

*

A la cinquième cour crim­inelle d’Urfa, la co-prési­dente Yük­sekdag a pris la parole depuis sa prison, avec un sys­tème de télé­con­férence, et a déclaré ceci : « Si une alliance saine avait été con­clue avec les Kur­des, le pays et la Syrie ne seraient pas dans cette sit­u­a­tion aujourd’hui. Le HDP a gag­né les élec­tions du 7 juin. C’est pour cela qu’ils veu­lent nous ter­roris­er. Si je suis aujourd’hui jugée pour ce crime, alors, le pre­mier min­istre d’alors, Davu­to­glu, les sous-secré­taires et le prési­dent doivent l’être aussi. »

Le député Mah­mut Togrul, qui par­tic­i­pait à la séance en tant que témoin, a pris la parole devant le tri­bunal après la séance. Il a affir­mé que ce sont là les pra­tiques de l’AKP pour net­toy­er le chemin qui mène au référendum.

Le député Fer­hat Encü était enten­du par la 4ème cour crim­inelle de Çorum. Les pro­cureurs reprochent à Encü d’avoir par­lé sur Hay­at Tv le jour où il a appelé des ambu­lances pour venir en aide aux vic­times des caves de l’horreur, à Cizré.

On reproche donc à Encü et à son col­lègue Faysal Sariy­ildiz de pro­mou­voir la haine et l’animosité entre les peu­ples. De tout ce procès, il n’émane qu’une seule cer­ti­tude a dit Encü, c’est que la plainte à notre encon­tre a été intro­duite par le cen­tre de com­mu­ni­ca­tion du pre­mier ministre.

Lors de ces évène­ments trag­iques à Cizré, un étu­di­ant de l’université, un dénom­mé Cihan Kara­man, venait de per­dre la vie suite à ses blessures, pen­dant que les forces de l’ordre turc les empêchaient de par­venir là où se trou­vaient les vic­times, et ce, mal­gré l’injonction de la cour européenne pour les droits de l’homme.

Encü a donc rap­pelé que ce n’étaient pas ses paroles qui devaient être jugées. Faire un procès pour ses paroles, c’est la preuve d’un spec­ta­cle judi­ci­aire dément

ET DANS LES PRISONS ?
L’HORREUR, LA TORTURE ET LA MORT

Quelle est la sit­u­a­tion dans les pris­ons turques ? La ques­tion méri­tait d’être posée, quand on sait que rien que pour l’année 2016, plus de 40 pris­on­niers malades sont morts dans leurs cellules.

C’est un rap­port de l’IHD, l’organisation turque des droits de l’homme, qui l’affirme : rien que pour l’année 2016, 47 pris­on­niers malades sont morts dans leur prison.

Tay­lan Bekin, l’un des rap­por­teurs de ce rap­port, pointe les mesures d’isolement, le manque de nour­ri­t­ure, le manque d’hygiène, le refus de traite­ments médicaux.

Dans la prison d’Edirne, là où se trou­ve enfer­mé Sela­hat­tin Demir­tas, les détenus ont entamé une grève de la faim ce 17 jan­vi­er. Les gardes les insul­tent, procè­dent à des fouilles cor­porelles répétées, sai­sis­sent tout ce qui per­met de lire ou d’écrire.

Le co-prési­dent de l’association IHD a tenu à informer l’OMS, l’organisation mon­di­ale de la san­té, pour qu’enfin, on con­state les mau­vais traite­ments infligés aux pris­on­niers malades. [Lire aus­si Pris­ons turques : L’OMS doit enquêter !]

D’après les chiffres mêmes du min­istre turc de la jus­tice, il y a dans les pris­ons turques 387 détenus qui souf­frent de mal­adies graves ou chroniques. 114 de ces pris­on­niers sont atteints d’un cancer.

Et chaque jour qui passe, ces pris­on­niers malades, con­sid­érés comme des otages poli­tiques, se voient privés de soins, et leur mal s’étend.

L’institut médi­co-légal qui procède aux exa­m­ens de san­té des détenus est entière­ment dépen­dant des autorités. Aucun médecin indépen­dant ne peut con­sul­ter les pris­on­niers et doc­u­menter les cas de torture.

Une des détenues vis­itées par Keskin, Sibel Çapraz, doit vivre dans un milieu stérile. On la fait dormir juste à côté de la cuvette de la toilette.
Comme le déplore encore Keskin, les audits inter­na­tionaux sont très large­ment insuffisants.

Un détenu de la prison de Van, Adem Er, a témoigné par écrit de son quo­ti­di­en dans une let­tre adressée à IHD. Il est con­stam­ment frap­pé par les gardes. Cette prison est un véri­ta­ble cen­tre de tor­ture. Les détenus sont lais­sés dans des cel­lules froides, en plein hiv­er, alors que la tem­péra­ture extérieure descend jusqu’à moins 15.

Les détenus liés au PKK sont enfer­més avec des détenus du mou­ve­ment Gülen. Les insultes pleu­vent en per­ma­nence. Adem Er lance un cri : arrêtez cette cru­auté, maintenant !

KURDISTAN
VERS UN NOUVEAU CONGRÈS NATIONAL

Au Kur­dis­tan du sud, le Başur, le Tevgera aza­di, le mou­ve­ment pour la lib­erté, s’est réu­ni en con­grès ce mer­cre­di pour dis­cuter de l’avenir du Kur­dis­tan en général et de Sen­gal en par­ti­c­uli­er. 300 délégués en prove­nance des 4 par­ties du Kur­dis­tan étaient à Suleymanieh.

Pour le co-prési­dent du Tevgera aza­di, Huseyin Kerkü­ki, le con­grès de Suley­manieh vise à dévelop­per l’unité nationale des kur­des dans le cli­mat de crise que tra­verse le Kur­dis­tan du sud.

Le KCK, l’union des com­mu­nautés kur­des, a envoyé une let­tre aux con­gres­sistes de Suley­manieh. Dans cette let­tre, le KCK affirme que des puis­sances régionales envahissantes, (la Turquie), défend­ent le statu quo hérité des accords de Lau­sanne, en 1923. Pour y par­venir, ces puis­sances étrangères ten­tent de dis­soudre les gains acquis par les Kur­des et de for­mer de nou­velles alliances. Erdo­gan et l’Etat turc ten­tent d’envahir économique­ment le Kur­dis­tan du sud. Et il faut savoir qu’Erdogan et l’AKP sont les représen­tants du mou­ve­ment poli­tique antikurde. Toute rela­tion avec eux servi­ra cet objec­tif. Dans un tel con­texte, explique le KCK, il faut ren­forcer l’unité.

En cette péri­ode, la reven­di­ca­tion prin­ci­pale de la pop­u­la­tion est la tenue d’un con­grès nation­al. Il faut par­venir à une paix intérieure et se pro­téger des attaques externes.

Quant à la ques­tion de Sen­gal, ce n’est pas un prob­lème de pou­voir. Ce n’est pas non plus une ques­tion de revenus entre Bag­dad et Hewler. Le dossier de Sen­gal est un prob­lème d’existence ou d’extinction. Avant les intérêts poli­tiques, il y a à Sen­gal un prob­lème de morale et de con­science. La solu­tion à ce prob­lème réside dans l’auto-détermination des habi­tants de Sen­gal. La pri­or­ité de Sen­gal, c’est de par­venir à assumer sa pro­pre défense. Ce n’est que comme cela qu’ils se défendront à l’avenir con­tre d’autres attaques et d’autres massacres.

Ce mes­sage a été relayé par les artistes kur­des présents au con­grès de Suley­manieh. Ces artistes insis­tent sur la néces­sité de réu­nir un con­grès nation­al kurde. Et pour les artistes, les organ­i­sa­tions et les par­tis qui ne se pli­eront pas à cette volon­té seront jugés coupables devant le tri­bunal de l’histoire.
Comme le résu­ment les artistes, les intérêts nationaux du Kur­dis­tan sont un fonde­ment, et pas une ques­tion d’intérêts par­ti­c­uliers et de coteries.

VERS RAQQA
LA TROISIÈME PHASE MILITAIRE EST LANCÉE

C’est hier matin, à 5h, que les com­bat­tants des forces démoc­ra­tiques syri­enne ont repris le chemin de Raqqa. Mais cette fois, ils sont par­tis depuis l’est de la ville, depuis la ville de Siluk.

C’est la troisième phase de l’opération mil­i­taire « Colère de l’Euphrate » qui vient de commencer.

En deux colonnes, depuis le vil­lage de Xiniz, près de Siluk et depuis le vil­lage de Bir Beha, dans la région de Mek­men, les com­bat­tants de la lib­erté sont repar­tis à l’assaut du Daesh.

En une mat­inée, les com­bat­tants ont déjà avancé de 11 kilo­mètres et pris le con­trôle du vil­lage de Bir Saada.

Les avions de la coali­tion sou­ti­en­nent les troupes au sol. En 15 frappes aéri­ennes, il y a eu de nom­breux abris du Daesh pul­vérisés, et avec eux, des mem­bres de l’organisation qui s’y trouvaient.

Au sol, les com­bat­tants avaient déjà abat­tu 10 mem­bres du Daesh lors de ces pre­mières heures de la troisième phase de l’opération colère de l’Euphrate.