Français | Castellano Rojava Azadî 

J’avais entre­pris en 2016, de défrich­er à grands traits, à par­tir d’un cer­tain nom­bre d’ar­ti­cles, d’ou­vrages et de “con­férences”, ce qui con­stitue un des socles intel­lectuels qui prési­da à la propo­si­tion poli­tique con­nue et résumée sous le nom de “Con­fédéral­isme démoc­ra­tique” par Öcalan, autant pour moi même, que pour ten­ter d’en faire partager l’essen­tiel. Je reviens donc clore pro­vi­soire­ment cette série.

Les réflex­ions fran­coph­o­nes m’ont sem­blé rares, hormis dans les milieux de l’ex-dernière Inter­na­tionale pub­liant encore, ou les héri­tiers de Bookchin, alors qu’elles sont plus nom­breuses en langue anglaise. L’om­niprésence de l’idéolo­gie de l’E­tat-nation et la glo­ri­fi­ca­tion de la révo­lu­tion française y sont sans doute pour beau­coup dans cette paresse fran­coph­o­ne à gauche, à sor­tir des dogmes, et inven­ter d’autres futurs sor­tant des ornières de la sociale démoc­ra­tie col­lab­o­ra­trice avec le vieux monde.


 

Le sur­gisse­ment d’une pen­sée poli­tique que l’on peut qual­i­fi­er de “sociale, écol­o­giste et lib­er­taire” dans sa démarche, au Moyen-Ori­ent, et la façon dont elle guide un proces­sus démoc­ra­tique au Roja­va (Nord Syrie) n’est pas tombé du ciel, ou sor­ti du cerveau d’un homme providentiel.

Cette pen­sée poli­tique a tra­ver­sé plus qu’un siè­cle, et ali­men­té des expéri­ences his­toriques dont les plus con­nues sont par­mi d’autres, la Com­mune de Paris, la révolte de Kro­n­stadt, les ten­ta­tives de révo­lu­tion sociale des anar­chistes espag­nols, et plus près de nous les “proces­sus soci­aux et poli­tiques” de l’en­tité mex­i­caine du Chiapas.

Chaque fois, dans des con­textes extrême­ment dif­férents, il s’est agi d’une remise en cause rad­i­cale des rap­ports de dom­i­na­tion en crise, et d’une volon­té de les éradi­quer dans les formes de pou­voirs économiques, poli­tiques, et soci­aux, en cas­sant entre autre la forme poli­tique cen­tral­isée de l’E­tat-nation, con­struc­tion his­torique empoi­son­née dev­enue qua­si universelle.
La réflex­ion sur la crise écologique, les divi­sions eth­niques et/ou religieuses, la dom­i­na­tion patri­ar­cale remise en cause a, au fil de l’his­toire et des expéri­ences sociales, com­plété cette pen­sée depuis presque deux siècles.

La pen­sée sociale, écol­o­giste, fémin­iste et lib­er­taire est dis­per­sée entre nom­bre de groupes et courants, fort peu transna­tionaux, et passe aujour­d’hui pour par­tie le plus clair de son temps à remâch­er les échecs de l’his­toire et rebâtir des “plans sur la comète”, alors que sous ses yeux, l’hu­man­ité réin­vente des utopies utiles et néces­saires pour la vie des Peu­ples et des per­son­nes qui la com­posent. Le proces­sus en cours au Roja­va est de celles là, et mérit­erait qu’on lui porte un autre intérêt que de sim­ple­ment s’ex­tasi­er par procu­ra­tion sur des “uni­formes” de com­bat­tantEs. Fort heureuse­ment, la réflex­ion s’or­gan­ise enfin et donne lieu à d’ex­cel­lentes pub­li­ca­tions comme celles, abor­d­ables, que j’indique ci-dessous.

Et il est logique égale­ment que tant en France (ZAD), qu’en Alle­magne, en Grèce, les lieux en lutte “auto­gérés” tour­nent leur regard vers “l’au­tonomie” en marche du Roja­va, en marge des struc­tures poli­tiques des gauch­es “insti­tu­tion­nelles” qui regar­dent ailleurs ou rabâchent un catéchisme sur les Etats-nation.

Je m’en tiendrais donc, comme pour les arti­cles précé­dents, aux analy­ses et réflex­ions issues du courant poli­tique de “l’é­colo­gie sociale et lib­er­taire” le plus vivant et le plus pro­duc­tif, et qui a influ­encé durable­ment le mou­ve­ment kurde, via son leader aujour­d’hui tou­jours otage du régime turc.

Mais comme je ne vois pas l’in­térêt de plagi­er tel ou telle auteur, par­mi les lec­tures que j’ai pu par­courir, je me con­tenterai de vous inciter à lire à tête reposée les deux arti­cles que nous allons partager sur Kedis­tan : “Les idéaux de Bookchin fleuris­sent au Roja­va”, par Vin­cent Ger­ber (Ecolo­gie Sociale.ch).

Et, pour ne pas être en reste avec un courant qui a encore des réflex­es poli­tiques transna­tionaux : “Pourquoi peut-on par­ler de “Com­mune au Roja­va””, par Alex de Jong.

Ces deux textes seront prochaine­ment disponibles aus­si en langue kurde.

On lira égale­ment avec bon­heur le dernier livre de Pierre Bance, “Un autre futur pour le Kur­dis­tan”  Munic­i­pal­isme lib­er­taire et con­fédéral­isme démoc­ra­tique, aux Edi­tions Noir & Rouge.

Bonnes lec­tures.


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Daniel Fleury
REDACTION | Auteur
Let­tres mod­ernes à l’Université de Tours. Gros mots poli­tiques… Coups d’oeil politiques…