Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV, un retour sur la semaine du 27 novem­bre au 3 décem­bre 2016. Il s’ag­it de l’émis­sion régulière en langue française, que vous trou­verez aus­si ici, chaque semaine.

Vidéo et texte en français

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Les gros titres :

  • MINBIJ — Pour­suites des combats
  • ALEP — Les habi­tants d’Alep-Est se réfugient à Cheikh Maqsoud
  • Oppo­si­tion poli­tique — Encore de nou­velles arrestations
  • BAKUR– Les droits bafoués d’un Peuple
  • HPG-YJASTAR — Résistance
  • TURQUIE — Pro­jets du gouvernement
  • BAŞUR — Les agres­sions de la Turquie se poursuivent
  • EUROPE — La mobil­i­sa­tion ne faib­lit pas
  • AHMET TÜRK — « Nous devons vivre ensemble»
  • Quels sont les idéaux de la révo­lu­tion kurde ? — Nou­veau film, nou­veau livre

MINBIJ
POURSUITE DES COMBATS

Les troupes d’invasion turques pour­suiv­ent leurs assauts sur les vil­lages autour de Min­bij. D’autres attaques ont égale­ment été lancées par le Daesh.

Dimanche dernier, les mil­i­taires turcs qui envahissent le nord de la Syrie ont lancé une attaque sur les vil­lages de Seb­w­er­an et de Girhoyek, à l’ouest de Minbij.

Les com­bat­tants du con­seil mil­i­taire de Min­bij ont défendu leurs posi­tions et de nom­breux sol­dats turcs ont fui en aban­don­nant leurs armes.

Dès le lende­main matin, lun­di, c’était le Daesh qui attaquait les posi­tions des com­bat­tants du con­seil mil­i­taire de Min­bij, à hau­teur des vil­lages de Til Hozan et de Kesra. Les avions de la coali­tion inter­na­tionale sont inter­venus pour bom­barder les assail­lants. 30 mem­bres de daesh ont été tués.

Après les attaques du Daesh, c’étaient à nou­veau les sol­dats turcs qui repre­naient mar­di l’initiative des attaques, accom­pa­g­nées de toutes les ban­des armées qui les accom­pa­g­nent. A coup de mis­siles Katyusha, le vil­lage d’Olaşa situé à 30 km à l’ouest de Min­bij a été bombardé.

Après la con­tre-attaque des troupes du con­seil mil­i­taire de Min­bij, il y a eu 37 tués par­mi les ban­des armées qui sou­ti­en­nent les sol­dats turcs.

On a aus­si appris que deux com­bat­tants des brigades inter­na­tionales enrôlés auprès du Con­seil mil­i­taire de Min­bij ont été tués. Il s’agit de Michael Israël, un com­bat­tant améri­cain orig­i­naire de Cal­i­fornie et d’Anton Leschek, un com­bat­tant d’origine allemande.

Avant de mourir sous les bombes turques, Anton Leschek avait affir­mé qu’il avait rejoint le con­seil mil­i­taire de Min­bij parce que la guerre au Roja­va et dans le nord de la Syrie sig­nifi­ait beau­coup pour lui : les gens qui habitent là n’acceptent pas la cru­auté, l’esclavage et la ter­reur. Je sou­tiendrai donc, dis­ait-il, cette révo­lu­tion démoc­ra­tique jusqu’à la fin.

ALEP
LES HABITANTS D’ALEP-EST SE RÉFUGIENT À CHEIKH MAQSOUD

Le régime syrien mène une vaste offen­sive avec son allié russe pour repren­dre le con­trôle de la ville d’Alep. De nom­breux civils fuient les bom­barde­ments et se réfugient dans le quarti­er kurde de cheikh Maqsoud.

A Alep, 6.000 réfugiés en prove­nance des quartiers de Bostan­başi, de Hay­deriye, de Hillok, de Şeyh Faris, de Şeyh Xudur et de Sax­ur sont arrivés dans le quarti­er kurde de Cheikh Maqsoud.

Alors que les asay­ish, les policiers kur­des de Cheikh Maq­soud, aident les réfugiés à rejoin­dre en toute sécu­rité leur quarti­er, les ban­des armées du Con­seil Nation­al Syrien pour­suiv­ent leurs bom­barde­ments. 6 civils ont été tués ce lun­di et de nom­breux autres ont été blessés. Ven­dre­di, 5 autres civils péris­saient sous les tirs de morti­er du con­seil nation­al syrien.

Suite à l’accord con­clu entre la Turquie et la Russie con­cer­nant Bab et Alep, les mem­bres des ban­des armées qui tra­vail­laient pour la Turquie sont redé­ployés sur Bab, et doivent aban­don­ner Alep. Les vivres en prove­nance de la Turquie sont coupées pour les fac­tions qui refusent de se soumet­tre au marchandage con­clu entre la Russie et la Turquie et qui n’acceptent pas de quit­ter Alep est.

OPPOSITION POLITIQUE
ENCORE DE NOUVELLES ARRESTATIONS

Les arresta­tions d’élus se pour­suiv­ent dans le Kur­dis­tan du nord, sous occu­pa­tion turque.

Chaque semaine, ce sont des dizaines de per­son­nes qui pren­nent le chemin des prisons.

Dimanche dernier, 6 étu­di­ants uni­ver­si­taires étaient arrêtés lors de raids menés sur leurs domi­ciles, dans la région d’Adiyaman. On est tou­jours sans nou­velle de leur sort.

Mar­di, c’était le tour des deux co-bourgmestres de Malaz­girt à pren­dre le chemin de la prison de Muş. Halis Coşkun et Mem­nune Söyle­mez ont été arrêtés sur base de leur « appar­te­nance à une organ­i­sa­tion terroriste ».

A Van, le tri­bunal du dis­trict d’Erçis a con­damné 32 des 51 per­son­nes qui avaient été arrêtées le 17 novem­bre. Les juges ont fondé leur déci­sion sur des témoignages anonymes et sur des témoignages arrachés sous la torture.

Ven­dre­di, c’est à Urfa que les opéra­tions d’élimination de l’opposition poli­tique se sont pour­suiv­ies : 24 per­son­nes ont été arrêtées dans des raids menés sur leurs domi­ciles. Le co-bourgmestre de Halfeti, Mustafa Bayram, est par­mi les per­son­nes arrêtées, et il y a avec lui plusieurs con­seillers municipaux.

47 co-bourgmestres sont donc actuelle­ment en prison, et 35 cura­teurs de l’Etat AKP ont été désignés pour les remplacer.

Rap­pelons aus­si qu’à côté de tous ces respon­s­ables poli­tiques attachés à leurs munic­i­pal­ités, le pou­voir AKP main­tient tou­jours en prison 10 députés du par­ti nation­al HDP. Les deux co-prési­dents du par­ti, Figen Yük­sekdag et Sela­hat­tin Demir­taş, sont en cel­lule d’isolement.

Sur l’ensemble du pays, le par­ti HDP avait réu­ni les suf­frages de 6 mil­lions 57.506 électeurs lors des élec­tions du 7 juin 2015, soit 13,2% des voix.

Erdo­gan avait alors recon­vo­qué les électeurs aux urnes lors d’une cam­pagne élec­torale mar­quée par les atten­tats meur­tri­ers et la reprise des hos­til­ités con­tre le mou­ve­ment kurde. Le HDP avait mal­gré le cli­mat de peur encore recueil­li 10,76% des voix le 1 novem­bre 2015.

Comme l’a rap­pelé mar­di dans un cour­ri­er Sela­hat­tin Demir­taş depuis sa prison, tous ceux qui veu­lent que la République turque se démoc­ra­tise sont qual­i­fiés d’ennemis internes, de ter­ror­istes et de traitres.

BAKUR- KURDISTAN DU NORD
LES DROITS BAFOUÉS D’UN PEUPLE

Les élus du Bakur sont envoyés en prison et rem­placés par des cura­teurs à la sol­de de l’AKP. Les villes sont détru­ites, des jour­nal­istes sont assas­s­inés et pour ter­roris­er la pop­u­la­tion, le régime dis­tribue des licences de port d’armes à tous les mem­bres de l’AKP et aux gardes de villages.

Quand un élu du par­ti DBP est envoyé en prison, il est rem­placé par une per­son­nal­ité proche du pou­voir. A Bitlis, le gou­verneur Ahmet Çinar a ain­si pu s’installer dimanche dernier dans le fau­teuil de Hüseyin Olan, actuelle­ment en prison.
Ven­dre­di, c’était le gou­verneur de dis­trict, Son­er Kir­li, qui repre­nait le may­orat de la ville de Malaz­girt, après l’arrestation de Halis Coşkun.

A Van, l’usurpateur local, le gou­verneur Ibrahim Taşya­pan, a annon­cé en une seule semaine à 364 employés munic­i­paux qu’ils per­daient leur emploi. Toutes ces per­son­nes sont ren­voyées sur la seule base de rap­ports de la police.

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Et puis, pour intimider la pop­u­la­tion, les mem­bres de l’AKP et les gardes de vil­lage peu­vent main­tenant se promen­er dans les villes du Kur­dis­tan du nord avec des armes à la cein­ture. Selon cer­tains rap­ports, les mem­bres de l’AKP reçoivent, en plus de la licence de port d’arme, les armes en elles-même.

Les gardes de vil­lage dépen­dent admin­is­tra­tive­ment du Gou­ver­norat, et mil­i­taire­ment, du com­man­de­ment de la gen­darmerie. Ils sont aujourd’hui, selon les chiffres offi­ciels, 53.000, aux­quels il faut rajouter 40.000 autres gardes de vil­lages qui sou­ti­en­nent de façon volon­taire l’état turc. Depuis, 1990, l’association des Droits de l’homme IHD a recen­sé 183 assas­si­nats per­pétrés par ces gardes. En mai 2009, à Bilge, près de Mazidag, ils avaient assas­s­inés 44 per­son­nes, dont 7 enfants.

C’est dans ce con­texte que le jour­nal­iste de KNN, Şukri Amediye, vient d’être retrou­vé mort dans un vil­lage proche d’Amadiya. Il avait dis­paru depuis 4 jours.

HPG-YJASTAR
RÉSISTANCE

Les com­bat­tants kur­des des unités de la guéril­la pour­suiv­ent leurs opéra­tions de sab­o­tage con­tre les élé­ments de l’armée turque qui quadrillent le Bakur. Cette semaine encore, il y a eu plusieurs dizaines de morts par­mi les troupes d’occupation turques.

Lun­di, le cen­tre des média des unités HPG annonçait que plusieurs actions mil­i­taires menées entre le 23 et le 27 novem­bre à Amed, à Hakkari et à Sir­nak avaient con­duits à la mort de 11 sol­dats de l’armée turque.

Et ce ven­dre­di matin, une opéra­tion menée con­tre les sol­dats déployés sur la colline de Koor­dine, dans le dis­trict de çukur­ka, avait fait 34 morts par­mi les troupes d’occupation. De nom­breuses armes ont aus­si été saisies. Mal­heureuse­ment, les com­bat­tants de la lib­erté devaient aus­si déplor­er la perte de 15 des leurs, sur les zones d’opération de Hakkari, de Mardin et de Sirnak.

Pour Murat Karay­i­lan du comité exé­cu­tif du PKK, l’AKP d’Erdogan, le par­ti ultra­na­tion­al­iste MHP et le réseau Ergenekon, qui est tris­te­ment célèbre pour ses escadrons de la mort, ont con­clu une alliance con­tre le mou­ve­ment kurde pour la lib­erté. Il faut donc être con­séquent, explique Karay­i­lan, dans la réponse faite aux occupants.

TURQUIE
PROJETS DU GOUVERNEMENT

Le Con­seil nation­al de la Sécu­rité de Turquie s’est réu­ni ce mer­cre­di pour dis­cuter des dif­férents pro­jets à men­er tant sur le ter­ri­toire qu’à l’étranger. Des arresta­tions d’espions en Europe ont aus­si per­mis de décou­vrir d’autres pro­jets, qui auraient dû rester plus dis­crets, d’assassinats à com­met­tre en Europe.

Le rap­port ren­du pub­lic de la dernière réu­nion de l’année du con­seil nation­al de la sécu­rité, en Turquie, éval­ue le pro­jet d’invasion du nord de la syrie et de l’Irak.

La déc­la­ra­tion stip­ule qu’il est fer­me­ment recom­mandé que le PKK, le PYD et les YPG ne soient jamais tolérés dans le nord de la Syrie et dans la région de Sen­gal en Irak. Le Con­seil Nation­al de la Sécu­rité affirme que tous les moyens seront mis en œuvre à cette fin. La Turquie, est-il dit, est prête à col­la­bor­er sur cette ques­tion avec les dif­férents pays de la région ain­si qu’avec les autres pays qui exer­cent une influ­ence sur la région.

En ce qui con­cerne l’Irak, la déc­la­ra­tion recon­nait que la Turquie se pré­pare à envahir mil­i­taire­ment le Kur­dis­tan du sud, situé sur le ter­ri­toire irakien, et que les opéra­tions qui s’y déroulent déjà se poursuivront.

En ce qui con­cerne l’invasion du ter­ri­toire syrien, le com­mu­niqué du Con­seil Nation­al de la Sécu­rité stip­ule que les manœu­vres de l’opération « Boucli­er de l’Euphrate » se poursuivront.

On ne per­me­t­tra pas, affir­ment les respon­s­ables turcs de la sécu­rité nationale, aux ter­ror­istes du PKK-PYD et YPG d’ouvrir un cor­ri­dor de la ter­reur dans la région de Shehba.

En ce qui con­cerne les manœu­vres poli­tiques et mil­i­taires à l’intérieur du ter­ri­toire turc, elles sont elles aus­si amenées à se poursuivre.

En atten­dant, les manœu­vres turques dans le nord de la syrie se heur­tent à la déter­mi­na­tion des forces démoc­ra­tiques de Syrie. Tant à Raqqa qu’à Min­bij et à Bab, les pro­jets turcs sur le sol syrien restent au point mort.

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Et puis, on a décou­vert cette semaine que des pro­jets d’assassinats à exé­cuter sur le sol européen étaient échafaudés à Ankara. Par­mi les per­son­nes à assas­sin­er, il y avait notam­ment le co-prési­dent du PYD, Sal­ih Mus­lim. Les ser­vices secrets de deux pays européens ont eu con­nais­sance de ces pro­jets. La per­son­ne qui devait assas­sin­er Sal­ih Mus­lim est liée aux ser­vices secrets turcs, bien qu’elle ne soit pas d’origine turque ou syrienne.

Immé­di­ate­ment après que le pro­jet eut été éven­té, les autorités d’Ankara ont lancé un man­dat d’arrêt à l’encontre du co-prési­dent du PYD.

Les respon­s­ables de la coali­tion inter­na­tionale con­tre Daesh ont pris con­nais­sance de ces pro­jets d’assassinats fomen­tés par les autorités turques et elles ont aver­ti Ankara qu’il fal­lait renon­cer à de pareils projets.

Depuis les assas­si­nats de Sakine, Rojbin et Ley­la en jan­vi­er 2013 à Paris, les respon­s­ables kur­des en Europe s’attendent à d’autres ten­ta­tives d’assassinats dans l’avenir.

BAŞUR-KURDISTAN DU SUD
LES AGRESSIONS DE LA TURQUIE SE POURSUIVENT

Déro­geant à toutes les règles du droit inter­na­tion­al, les avions turcs sur­v­o­lent le ter­ri­toire irakien pour y bom­barder des vil­lages kur­des. La pop­u­la­tion est ulcérée. Des man­i­fes­ta­tions ont encore eu lieu cette semaine à Xurmatu.

Les habi­tants du vil­lage de Banikê, dans la région de Hef­tanin, en Irak, ont été bom­bardés par des avions turcs le 21 novem­bre. Per­son­ne n’a été blessé ou tué dans cette frappe aéri­enne, mais de nom­breuses maisons et des jardins ont été détru­its. Pour les vil­la­geois, ces attaques n’ont pour seul objec­tif que de les forcer à l’exil s’ils veu­lent éviter la mort.

La nuit de dimanche passé, une nou­velle vague d’avions et de drones turcs sont venus bom­barder le vil­lage de Bukriska et la zone de Karox, dans la région de Qandil.

Les jeunes de la ville de Xur­matu ont man­i­festé con­tre l’invasion mil­i­taire de la Turquie.

Hemin Barzan, du par­ti com­mu­niste de Xur­matu, a expliqué que cette présence mil­i­taire de l’État turc au Kur­dis­tan du Sud est un pro­duit du rêve ottoman. Les peu­ples du Kur­dis­tan du sud sont con­tre cette inva­sion et, affirme Hemin Barzan, l’histoire ne par­don­nera jamais les col­lab­o­ra­teurs kur­des qui aident la Turquie à envahir le sol du Başur.

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Plus à l’est dans le Başur, à Sen­gal, le com­bat­tant YBŞ Dilxwaz Girz­erik a témoigné de ce qui s’était passé en aout 2014, quand le Daesh est venu atta­quer les Ezidis.

7 mem­bres de la famille du com­bat­tant ont dis­paru : il ne sait tou­jours pas là où ils se trou­vent, ni s’ils sont tou­jours en vie. Girz­erik vient du vil­lage de Koço. Dans ce vil­lage, plus per­son­ne n’a jamais plus don­né signe de vie depuis cette date.

Et au plus fort des mas­sacres du Daesh, racon­te Girz­erik, alors qu’il n’y avait plus que de la douleur et du dés­espoir, les cama­rades des unités de la guéril­la, les HPG et ceux des unités d’autodéfense du Roja­va, les YPG, sont venus quand tous les autres les avaient abandonnés.

Ce sont ces sur­vivants du mas­sacre de Sen­gal d’aout 2014, comme Girz­erik, qui sont aujourd’hui ren­seignés sur les pro­jets du Con­seil Nation­al de la sécu­rité turc comme les prochaines cibles de l’attaque turque sur le sol irakien.

EUROPE
LA MOBILISATION NE FAIBLIT PAS

Les Kur­des d’Europe con­tin­u­ent de se mobilis­er pour con­sci­en­tis­er les citoyens européens aux drames et à l’injustice qu’ils subis­sent après le coup d’Etat réus­si d’Erdogan du 15 juillet.

Dans la ville alle­mande de Saar­brück­en, 800 man­i­fes­tants accom­pa­g­nés de représen­tants de la gauche alle­mande ont insisté dimanche dernier sur la néces­sité de retir­er le PKK de la liste des organ­i­sa­tions ter­ror­istes et de se mon­tr­er davan­tage sol­idaire avec la lutte du peu­ple kurde.

A Ham­bourg, une autre marche a eu lieu, qui s’est ter­minée devant les portes de la prison d’Holstenglacis. C’est là qu’est détenu le respon­s­able poli­tique kurde Bedret­tin Kavak, détenu en Alle­magne pour trois années sup­plé­men­taires après avoir déjà passé 24 ans dans les pris­ons turques. Pour jus­ti­fi­er son empris­on­nement, les juges alle­mands se sont référés à l’article 129b du code pénal alle­mand pour accuser Bedret­tin Kavak d’appartenance à une organ­i­sa­tion ter­ror­iste active à l’étranger.

Jeu­di, une nou­velle man­i­fes­ta­tion se déroulait à Franc­fort, pour dénon­cer la mise à l’index du PKK.

Sur le plan diplo­ma­tique, les respon­s­ables kur­des mul­ti­plient les ini­tia­tives. Les représen­tantes de la « com­mune des femmes », SARA, ont ren­du vis­ite au prési­dent du par­lement de Bav­ière, aux respon­s­ables de la CSU et à ceux du par­ti des verts. Les représen­tantes de SARA ont pu rap­pel­er aux respon­s­ables alle­mands la men­ace de mort qui plane sur les politi­ciens kur­des avec les pro­jets d’assassinat.

AHMET TÜRK
« NOUS DEVONS VIVRE ENSEMBLE »

Depuis la prison de Silivri où il est actuelle­ment détenu, Ahmet Türk, l’un des doyens du mou­ve­ment kurde a lancé un appel à la fra­ter­nité et à la paix.

« Ne perdez pas l’espoir, la lutte pour la démoc­ra­tie et pour la lib­erté ne peut se faire sans en pay­er le prix. Mais nous con­tin­uerons à lut­ter » a affir­mé depuis sa prison Ahmet Türk, le bourgmestre de la métro­pole de Mardin.

Empris­on­né dans la même aile que le co-bourgmestre de Van, Bekir Kaya, Ahmet Türk a souligné que leur empris­on­nement est une déci­sion poli­tique sans fonde­ment objectif.

« La men­tal­ité du pou­voir en Turquie aujourd’hui ne vise pas seule­ment les Kur­des, mais aus­si tous ceux qui aspirent à la démoc­ra­tie et à la lib­erté et qui s’opposent à l’Etat.

Cette atti­tude con­duira le pays au désas­tre, aver­tit Ahmet Turk. Cette poli­tique ne sert les intérêts de per­son­ne. C’est toute la société turque qui est mise en état de choc.

Notre lutte, dit Ahmet Türk, est un com­bat pour l’honneur et pour les valeurs human­istes. Nous ne nous bat­tons pas unique­ment pour les kur­des, mais pour tous ceux qui récla­ment la démoc­ra­tie et la lib­erté. Nous sommes les frères des Turcs, et pas leurs enne­mis. Tous les gens qui habitent en ces lieux ont besoin les uns des autres. C’est pour cela qu’une poli­tique fondée sur la fra­ter­nité et la paix per­me­t­tra à cha­cun de gag­n­er. On n’obtiendra aucun résul­tat en se tuant entre nous. »

QUELS SONT LES IDÉAUX DE LA RÉVOLUTION KURDE ?
NOUVEAU FILM, NOUVEAU LIVRE

Pour expli­quer les enjeux de la révo­lu­tion kurde, un film tourné par un réal­isa­teur cana­di­en va bien­tôt paraitre sur les écrans. Un recueil de textes d’Ocalan vient aus­si d’être traduit en langue tamoule, la langue d’un peu­ple qui a subi, comme les Kur­des, l’injustice et l’oppression au Sri Lanka.

« Libér­er la vie », c’est le titre don­né à ce recueil de textes écrits par Abdul­lah Ocalan et traduit en langue Tamoule, une langue par­lée par près de 80 mil­lions de locu­teurs dans le monde.

L’histoire de la lutte des tigres Tamouls, c’est aus­si une his­toire d’hommes et de femmes épris de lib­erté et de jus­tice, en quête d’une auto-gou­ver­nance sur les ter­ri­toires qu’ils occu­pent sur l’ile du Sri Lanka.

Le mou­ve­ment tamoul, en guerre ouverte con­tre le régime cing­ha­lais entre 1983 et 2009, demandait l’autodétermination et la créa­tion d’un État, l’Îlam tamoul, dans le nord-est de l’île.

L’or­gan­i­sa­tion est placée sur la liste offi­cielle des organ­i­sa­tions ter­ror­istes par le Cana­da, les États-Unis, le Roy­aume-Uni et l’Inde.
Le 17 mai 2009, après avoir été encer­clés par l’ar­mée sri-lankaise dans le Nord-Est du pays, les séparatistes tamouls annonçaient qu’ils recon­nais­saient que la guerre civile du Sri Lan­ka était arrivée à son terme. Les com­bats ces­saient, après vingt-sept ans de conflit.
Le recueil est paru le 27 novem­bre. C’est la date anniver­saire de la fon­da­tion du PKK et c’est aus­si lejournée com­mé­mora­tive de toutes les vic­times du géno­cide per­pétré dans le pays des Tamouls.

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Au Cana­da, le réal­isa­teur Bran­don Gam­blen met les dernières touch­es à la réal­i­sa­tion de son film doc­u­men­taire sur la révo­lu­tion du Roja­va. Son film, inti­t­ulé « This is Kobani » sera pro­jeté au fes­ti­val du ciné­ma de Toron­to, le deux­ième plus grand fes­ti­val du monde, en mai.

Bran­don a expliqué que le plus grand obsta­cle à la réal­i­sa­tion de son film était la tra­ver­sée de la fron­tière, à cause de l’embargo imposé par la Turquie et le régime de Barzani. Ce que son film exprime, dit-il, c’est que les peu­ples peu­vent men­er une révo­lu­tion et con­stru­ire un nou­veau sys­tème, s’ils en ont la volonté.