J’ai appris que vous employiez aussi le même mot pour désigner deux choses différentes… la baisse du thermomètre et la suspension de quelque chose.
Et finalement, lorsque j’apprends qu’il y a comme un froid entre la Turquie et l’Europe, je trouve que ce mot valise convient.
Il y aurait donc un “gel provisoire” des négociations entre la Turquie et l’Union européenne. Enfin, une “recommandation” en ce sens aurait-été votée par le Parlement européen. Si il a autant d’importance que le nôtre, on imagine que ce vote va se perdre en route.
Mais quand même, ça fait chaud au coeur, de savoir que les crimes de notre Président s’appelleront désormais « mesures disproportionnées ». Je ne sais pas ce que cela donne dans votre langue, mais en turc, c’est joli , “orantısız kararlar”. Même qu’on en parlait déjà il y a quelques années, lorsque les jeunes se faisaient matraquer, gazer, arroser, tuer… au moment de Gezi “orantısız güç”. Mais c’est déjà aussi vieux que moi tout ça ! D’ailleurs j’ai souvenir qu’à l’époque, les “députés” européens trouvaient que toute cette violence des jeunes avaient un goût de “peuple sauvage”. Et que c’était disproportionné de réagir ainsi pour trois arbres et deux herbes dans un parc urbain.
L’arroseuse passe et d’un coup on voit la dureté du bitume…
Bref, qu’est-ce que ça va changer tout ça, dans les belles relations de toujours avec la grande Turquie ?
Côté réaction des guignols politiques ici, ça s’échaufferait plutôt. Tayyip avait déjà dit à l’avance que ce vote compterait “pour du beurre” (“fasülyeden”, pour des haricots).
Certains vont encore en profiter pour nous expliquer que du coup, ils augmentent les haricots des bocaux du carrefour, à cause de l’Europe.
“Les mesures répressives prises par le gouvernement turc attentent aux droits et libertés fondamentaux consacrés dans la Constitution turque, et portent atteinte aux valeurs démocratiques fondamentales de l’Union européenne.”
Là, c’est déjà un peu plus clair, le papier. Mais quand on lit la traduction, c’est un peu comme si l’Europe se plaignait que la Turquie allait lui gâcher ses belles valeurs qu’elle ne respecte plus elle-même. Et même si c’est mieux que rien, je ne peux pas m’empêcher de penser que cette situation, nous la subissons depuis des années, et en particulier depuis un an ; et qu’il aura fallu tant de morts, tant de souffrances, tant de gens emprisonnés encore, pour en arriver à une “recommandation”… Si cela pouvait faire que la Turquie soit enlevée de la liste des “Pays sûrs”, et qu’enfin on comprenne que son gouvernement joue un jeu qui met partout le feu aux poudres aux frontières, et tue sur la terre commune. Si cela pouvait faire que des gouvernements européens soutiennent et protègent toutes les personnes emprisonnées ici…
Et à ce sujet, je voulais faire un appel. Que ces messieurs dames qui ont voté dans votre Parlement, ouvrent les yeux sur nos prisons, et ouvrent leurs oreilles sur les bruits qui courent… Nos prisons pourraient bien devenir des lieux où on assassine.
Déjà, des cas de “suicides” sont recensés. La presse alliée du Président parle de mauvais climat dans les prisons surchargées, et justifie par exemple qu’on y réarme les gardiens davantage. D’ici que des “émeutes” y fasse des morts… Une sorte d’avertissement n’a-t-il pas été lancé par un officiel, selon une rumeur (il n’y a plus que ça qui sert d’informations), disant que s’il arrivait malheur à un dirigeant, le “peuple” irait dans les prisons pour “y pendre les prisonniers” ?
Hüseyin Kocabıyık : député de l’AKP d’Izmir, membre de la Commission de la défense nationale, et de la Commission d’enquête sur le coup d’Etat du 15 juillet : “Dans le cas d’un attentat ciblant les responsables de l’Etat, la nation fera une descente dans les prisons et pendra tous les membres de FETÖ et PKK.”
Devlet büyüklerine bir suikast halinde millet cezaevlerini basacak ve tüm fetöcüleri ve PKK’lıları asacak. Halk Arasında konuşulan bu.
— Hüseyin Kocabıyık (@hsyk35) 13 novembre 2016
Les députés européens pourrait bien être obligés de parler autrement que de “réactions disproportionnées”.
Rassurez-vous, je ne les mets pas tous dans le même panier. Il y en a qui sont venus ici, je le sais, et d’autres qui sont allés au Bakur… Mais ils sont si peu nombreux.
Peut être que ceux-là devraient au moins, dans leurs pays, user de toute leur influence, sans se contenter d’avoir des “majorités” sur une “recommandation”.
Je ne m’appelle pas comme votre poète Boris Vian, mais “je ne voudrais pas crever avant que… “.
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