Necmiye Alpay, linguiste et philosophe, docteure de l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense (1978) est détenue à la prison de femmes à Bakırköy à Istanbul avec Aslı Erdoğan.
Hier, elle aussi, comme Aslı, a été annoncée “libérée” pour être jugée plus tard, pour un des chefs d’accusation, et gardée incarcérée pour d’autres.
Necmiye a aussi un deuxième procès en cours. Ayant été rédactrice en chef, durant une journée, du journal lors des “gardes de soutien”, du quotidien Özgür Gündem, dans la période précédant sa fermeture par le gouvernement le 13 juin, elle est accusée de “propagande pour organisation terroriste”.
Necmiye est jugée dans ce procès avec İnan Kızılkaya le directeur d’édition du journal. Une peine de cinq ans de prison est demandée à leur encontre.
Si Necmiye n’était pas détenue par le procès où elle est jugé avec Aslı Erdoğan, elle comparaîtrait libre, pour ce deuxième procès.
Necmiye est passé ce 24 novembre, ce matin, devant le juge, ironie du sort, le lendemain de son 71ème anniversaire.
Dans sa défense, elle a confirmé qu’elle participait à la campagne de soutien, lancée au mois de mai 2016, “Rédacteur/trice en chef de garde pour 24 heures”, et souligné que son objectif n’était pas de commettre un crime, ni de faire de la propagande pour le terrorisme :
“Mon but n’est autre que de défendre la liberté d’expression. Ce dont il est question, n’est pas là … un crime, mais un procès de Voltaire. D’autant que, dans les 35 dernières années de ma vie, j’ai été témoin de l’importance vitale que les libertés de presse et d’expression représentent.”
L’audience s’est terminée, afin de compléter le dossier, par un renvoi au 14 février. Mais Necmiye se présentera devant les juges déjà le 29 Décembre, dans le cadre de procès où elle est jugée avec Aslı Erdoğan.
Une pétition pour la libération de Necmiye Alpay en ligne sur change.org a besoin de nos soutiens.
Dans ce procès concernant aussi les journalistes Ayşe Düzkan, Ragıp Duran ayant participé à la campagne du journal, en tant que “rédacteurs/trices en chef de garde”, les anciens Co-directeurs d’édition d’Özgür Gündem Hüseyin Aykol et İnan Kızılkaya, les avocats de la défense avaient demandé préalablement des délais supplémentaires, en exprimant que les locaux et le site Internet du journal Özgür Gündem, étant fermés, ils ne pouvaient atteindre les archives, et dans ces conditions les droits de la défense était “limités”.
L’audience de ce 24 novembre a été suivie par des députéEs, syndicalistes, et représentants des fédérations européennes et internationales des journalistes, ainsi que de Reporters Sans Frontières. Un groupe de féministes était également présent en soutien à Ayşe Düzkan, journaliste féministe.
Les procès ouverts à l’encontre d’autres “rédacteurs/trices en chef de garde” seront traités à des dates ultérieures. En totalité autour de 100 journalistes, auteurEs et intellectuelLEs avaient endossé ce rôle. Des procès ont été ouverts à l’encontre de 20 d’entre eux/elles. Erol Önderoğlu, représentant de Turquie de RSF, Şebnem Korur Fincancı, Présidente de la Fondation des Droits humains (TIHV) et auteur journaliste Ahmet Nesin, avaient été également miSEs en garde-à-vue et libéréEs pour comparaitre en liberté. Par ailleurs, un non lieu a été prononcé pour 9 autres personnes.
La loterie aux journalistes bat son plein, et l’on a pas fini d’en parler, comme de toutEs les autres prisonnièrEs politiques, élus, représentants, activistes et militants associatifs, si nombreu(ses), faut-il chaque fois le rappeler.