En voilà une bonne !
“La Nation turque candidate au Prix Nobel de la paix pour avoir repoussé héroïquement la tentative de coup d’état”.
Et, non, ce n’est pas Le Gorafi qui le dit.
Le Dr. Mustafa Aydın, Président du conseil d’administration de l’Université d’Aydın à Istanbul, a annoncé la nouvelle sur les ondes, sur la radio “Rusya’nın sesi” (La voix de la Russie). Je ne sais pas ce que c’est que cette radio, je n’écoute pas radio Poutine, donc j’ai eu la chance de ne pas entendre ça en live. Mais comme mes journaux papier en parle, je n’ai pas pu éviter l’info…
Je me trouve encore une fois avec cette étrange sensation, cette hésitation qui me fait vaciller entre larmes et éclats de rire. En recevant cette candidature inouïe, les filles et les gars du comité Nobel vont bien se marrer, eux aussi.
Est-il utile d’ajouter que le Prix Nobel de la paix récompense depuis 1901, « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » dans la lutte pour la paix, les droits de l’homme, l’aide humanitaire, la liberté, Nelson Mandela, Soeur Teresa… C’est ce que j’ai lu en cherchant un peu.
Enfin bon, n’empêche, vu que même Obama a été couronné parce qu’il avait apporté la paix en Irak… Peut-être que la Nation turque a ses chances.
Je ne sais pas non plus ce que c’est que cette université, qui porte le nom de son patron, mais en tout cas le Monsieur Aydın n’a pas froid aux yeux. Il dit texto :
Nous voyons que la Nation turque en faisant des concessions sur ses libertés et en risquant sa vie, afin de préserver la liberté et la démocratie qu’elle laissera comme héritage aux générations futures, a fait bien plus de sacrifices que les personnes et organisations qui ont reçu le Prix Nobel de la paix.
“En faisant des concessions sur ses libertés… afin de préserver la liberté et la démocratie” ? D’accord…
Il continue :
Cet effort, cette volonté et cette façon de penser ne doivent pas en rester là, et doivent être montrés au monde. Ici, un mouvement sacré est né. Les gens, au nom de la liberté et de la démocratie, se sont allongés devant les chars.
Le Monsieur Aydın ajoute donc qu’ils vont solliciter le comité Nobel en septembre et vont appuyer leur demande par des recherches universitaires et des visuels vidéo.
Ce serait amusant de voir la tête de l’équipe Nobel en train de regarder les vidéos, celles où on voit, par exemple, les foules déchaînées et haineuses s’en prenant aux petits soldats appelés “instrumentalisés” dans l’affaire, les tabassant à coups de bâton, les lynchant, essayant de les jeter par-dessus le pont de Bosphore…
Ou encore à Taksim, lors des soirées de “Garde pour la démocratie”, des religieux de je ne sais quelles confréries, faisant “leur tour de garde” en transes et en prières. Parce que tout ce joli monde possède un portable qui peut immortaliser les moments “importants” et faire des selfies de lynchage… et puis les réseaux sociaux sont là, pour exposer ces actes “héroïques” avec fierté.
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Le Monsieur Aydın précise :
Ce prix est un symbole. L’objectif unique de la démarche de l’Université Aydın est de faire connaître ce que la Nation turque a fait. Nous sommes dans l’obligation de tout faire savoir tout au monde entier. Pourquoi la Nation turque s’est sacrifiée, pourquoi elle est descendue dans les rues, pourquoi toute cette population a fait la garde jusqu’au petit matin. En tant que peuple, et organisations de la société civile, nous devons nous approprier cette tâche.
Bon, à chaque jour sa “nouveauté”.
Il doit y avoir de la concurrence, soit pour avoir des postes, puisque tant ont été “libérés”, soit pour garder le sien, puisque tant sont arrêtés.