Le 25 juin, un tremblement de terre de magnitude de 4.4 a secoué Yalova. Il a été ressenti à Istanbul, à 94 km de distance. L’inquiétude provoquée par ce dernier séisme a mis de nouveau en lumière l’insuffisance des précautions prises, en cas de catastrophe à Istanbul.
En effet, Istanbul, avec se 17 millions d’habitants se trouve sur la faille nord-anatolienne, la plus active d’Europe, et un important tremblement de terre peut à tout moment frapper la ville.
Le séisme du 17 août 1999, de magnitude de 7.2 sur l’échelle de Richter, dont l’épicentre était à Izmit à 108 km d’Istanbul, a causé en 45 secondes la mort de près de 20 mille personnes, et a fait plus de 23 mille blessés. 10 milles personnes ont été portées disparues et des centaines de milliers de personnes se sont trouvées sans abri.
Notons en passant, que cette catastrophe a mis à la lumière de jour la corruption généralisée dans le secteur du bâtiment : l’utilisation du sable de mer dans le béton et les fraudes sur les quantités des armatures en métal, provoquant l’écroulement de plusieurs immeubles comme des châteaux de cartes avec ses habitants dessous.
Et la prévention ?
Après le bilan d’Izmit, un plan de catastrophe a été mis en place et 493 terrains vides et dégagés ont été désignés comme espaces de sécurité, pour que les habitants s’y rassemblent prioritairement et que des tentes de secours y soient installées. Depuis, presque tous ces terrains ont été “négociés” et bâtis. Sur ces espaces de sécurité se trouvent maintenant des centres commerciaux et des grattes ciels. Dans la mégapole d’Istanbul, identifiée par l’institut allemand Alfred-Wegener, comme une des 10 villes les plus dangereuses pour les catastrophes naturelles, en cas d’urgence, il n’y a plus un seul mètre carré de disponible pour protéger et abriter les habitants.
Cemal Gökçe, le président de la Chambre des Ingénieurs en Bâtiment du TMMOB (Union des Chambres des architectes et Ingénieurs) souligne :
Les terrains de rassemblement sont devenus des centres commerciaux, résidences et grattes ciels. Au lieu d’augmenter, le nombre de ces espaces, ils ont été restreints. Istanbul n’est pas du tout préparé pour un tremblement de terre.
Quant à Tayfun Kahraman, le président du Conseil d’administration des la Chambre des urbanistes d’Istanbul, il précise de son côté :
Ces espaces de sécurité aujourd’hui vendus, étaient définis non seulement en cas de tremblements de terre, mais aussi pour d’autres catastrophes. Il s’agissait de terrains disponibles, des espaces verts d’Istanbul. Avec le pillage de ces terrains, tous les points de refuge d’Istanbul sont anéantis. La bétonisation de la ville ouvre également le chemin à d’autres catastrophes. Quand il pleut, Istanbul est inondé, car il n’y a plus une seule parcelle de terre qui peut absorber l’eau qui tombe. Les travaux sont fait non pas avec raison mais pour le profit.
L’organisation de société civile, KOS — Kuzey Ormanları Savunması (Défense des forêts du Nord) partageait aujourd’hui, avec amertume, la publication suivante sur les réseaux sociaux. Il s’agit de la liste d’une partie des espaces de sécurité de différents quartiers d’Istanbul, qui n’est autre chose qu’une liste de centres commerciaux et de résidences. La publication est précédée du commentaire :
Les ami-e‑s,
s’il y a un tremblement de terre, on ira faire du shopping…