A Adana, dans le Sud de la Turquie, Çilem Doğan avait tué son mari qui la vio­len­tait et qui l’avait for­cée à la pros­ti­tu­tion. Le pro­cureur avait demandé la per­pé­tu­ité con­tre elle.

La dernière audi­ence a eu lieu le 8 juin. Les organ­i­sa­tions de la société civile pour les droits des femmes qui ont soutenu Çilem depuis le début, étaient égale­ment présentes. Un com­mu­niqué uni­taire a été lu, mais les mem­bres des organ­i­sa­tions n’ont pas été autorisé(e)s à accéder à la salle d’audience.

 Après l’intervention de ses avo­cats Çilem a pris la parole :

Pour obtenir une déci­sion de pro­tec­tion, j’ai beau­coup arpen­té ces couloirs du Palais de Jus­tice, mon vis­age mar­qué de bleus. Je n’avais plus d’autre choix.

Puis le ver­dict est tombé : elle a écopé de 15 ans de prison.

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cilem dogan drawL’his­toire de Çilem est sem­blable à celle de beau­coup de femmes. En effet, elle avait demandé à maintes repris­es  l’aide à la police. Mais chaque fois ses deman­des étaient restées let­tre morte. Elle a dés­espéré­ment prévenu la police des activ­ités illé­gales de son mari, telles que rakets, cor­rup­tion com­mer­ciale… Elle espérait que l’E­tat qui ne la pro­tègeait pas, prendrait peut être soin pour son pro­pre bien, et que son mari serait arrêté, non pas pour vio­lences, mais pour des dél­its liés au crime organisé.

Résul­tat ?

La police n’a pas trou­vé mieux que de prévenir son mari de la plainte de Çilem. Il est donc ren­tré à la mai­son furieux, il a com­mencé à bat­tre Çilem. Elle a essayé de se cacher dans la cham­bre à couch­er. Il y est entré et a con­tin­ué à la frap­per. La main de Çilem s’est glis­sée sous l’or­eiller, où son mari rangeait son pistolet…

Pen­dant son arresta­tion, un jour­nal­iste lui a demandé « Çilem, regrettes-tu ? », elle avait répon­du tout simplement :

Pourquoi il faut tou­jours que les femmes meurent ? Les hommes peu­vent mourir aus­si un peu.


Lisez aus­si notre arti­cle précé­dent sur Çilem : “Mon cher passé, je te remer­cie pour tes leçons


Cette jeune femme au regard fier est rapi­de­ment dev­enue un des sym­bol­es de la lutte des femmes en Turquie. La peine de prison dont Çilem a écopé, peut être lue comme cela “L’E­tat dit, je ne bouge pas un doigt pour te pro­téger mais si tu te défends, je ne te laisse pas sans peine.” Dans un pays où l’homme qui dit “Je l’ai tuée parce que je l’aimais trop”, béné­fi­cie des réduc­tions,  une femme, for­cée à la pros­ti­tu­tion et qui est sys­té­ma­tique­ment vio­len­tée, tue pour se défendre, et elle prend pour 15 années d’emprisonnement.

Les avo­cats de Çilem, ont annon­cé qu’ils iraient en cassation.

En atten­dant, si vous souhaitez soutenir Çilem voilà deux possibilités :

Çilem> Une péti­tion deman­dant l’an­nu­la­tion de la peine de Çilem, pour légitime défense, est en cours de sig­na­tures, et en a déjà recueuil­li près de 60 mille.

SIGNER ICI

Une cam­pagne de sou­tien par let­tres est lancée. Vous pou­vez, vous aus­si, lui écrire…
Çilem Doğan
Tar­sus Kadın Cezaevi
B Blok, 1/7 Koğuş
MERSIN — TURQUIE


Ajout du 20 juin :

Çilem libérée sous caution

Les avo­cats de Çilem Doğan avaient fait une demande de libéra­tion sous cau­tion de 50 mille livres turques, dans l’attente de la Cour Suprême, sol­lic­itée après la déci­sion de jus­tice qui con­damnait Çilem à 15 ans de prison. Çilem a été libérée.

Si la Cour Suprême casse la déci­sion du tri­bunal, elle sera jugée de nou­veau, et en lib­erté. Dans le cas où la Cour Suprême con­firmerait la peine, elle retourn­erait der­rière les barreaux.


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