Les pris­es de paroles con­tre le mou­ve­ment démoc­ra­tique kurde s’am­pli­fient au sein des insti­tu­tions par­lemen­taires turques, et surtout, guide une poli­tique qu’il faut bien qual­i­fi­er comme “épu­ra­tion eth­nique”, en cours au Kur­dis­tan Nord.

Per­son­ne ne pour­ra plus dire, même si ce n’é­tait déjà pas le cas, que cette poli­tique se mène à l’in­su des par­lemen­taires turcs, et totale­ment hors de leurs respon­s­abil­ités, pas davan­tage les par­lemen­taires eux mêmes, que les par­tis dont ils sont issus.

Et, comme si cette poli­tique de destruc­tions, déplace­ment de pop­u­la­tions, assas­si­nats et crimes de guerre, n’al­lait pas assez vite, voilà qu’elle est re-cen­tral­isée offi­cielle­ment, com­men­tée et soutenue au grand jour.

carte-turquie-nusaybinNusay­bin et ses alen­tours, qui font l’ob­jet des attaques les plus lour­des de ces dernières semaines, amène les autorités AKP à définir méthodique­ment avec une pré­ci­sion d’hor­loge le déroulé des “destruc­tions” en cours et à venir.

Deux cents “bâti­ments” réper­toriés vont faire l’ob­jet d’une “destruc­tion”. Selon les rap­ports, cette destruc­tion, par “sécu­rité” se fera à dis­tance, enten­dez par obus et raids aériens, de façon à se pré­mu­nir d’éventuels “pièges”. Toutes les déci­sions de destruc­tion, com­mandées et com­men­tées au plus haut niveau, seront sous la respon­s­abil­ité et le com­man­de­ment direct de l’ar­mée et de ses officiers supérieurs en poste sur le “ter­rain”, avec prise de respon­s­abil­ité poli­tique de l’E­tat, et non plus des “gou­verneurs” locaux.

C’est ce que les auror­ités ont bien voulu trans­met­tre à la presse et aux médias, et ce que pub­lie le quo­ti­di­en turc Hürriyet.

Ain­si, le gou­verneur de la province de Mardin n’a plus aucun pou­voir admin­is­tratif et a été rem­placé par des fonc­tion­naires de l’ar­mée. Selon le même rap­port pub­lié dans le quo­ti­di­en, des désac­cords et des prob­lèmes de coor­di­na­tion entre le gou­verneur et les forces de l’E­tat dans la région, ont con­duit à cette déci­sion qui fera l’ob­jet d’un décret général pour tous les gouverneurs.

On peut lire égale­ment que Nusay­bin avait une pop­u­la­tion d’en­v­i­ron 90.000 per­son­nes, dont près de 60 000 ont été déjà déplacées. 30.000 per­son­nes vivent encore dans les quartiers assiégés. Les “opéra­tions” sont donc tou­jours en cours dans 6 quartiers, avec de très nom­breux civils tou­jours là, comme ce fut le cas lors des sièges précé­dents. On sait que cela a con­duit à des mas­sacres et crimes de guerre, dans le quarti­er de Sur, à Cizre et ailleurs. Des crimes de guerre, dont cer­tains per­pétrés avec util­i­sa­tion d’armes chim­iques, phos­pho­re ou gaz, et qui ne fer­ont peut être même jamais l’ob­jet d’en­quêtes avant des années.

Là, le régime AKP annonce la couleur, ouverte­ment et sans détours, et réor­gan­ise les moyens logis­tiques et de com­man­de­ment, en pleine lumière, et avec le sou­tien appuyé de respon­s­ables par­lemen­taires. C’est donc une “affaire intérieure”, diront les chan­cel­leries européennes.

A Nusay­bin, le régime a décidé de “faire vite et fort”, face à la résis­tance qu’il ren­con­tre, et compte tenu du car­ac­tère frontal­ier de la ville avec la Syrie.

Cette poli­tique de “terre brûlée”, qu’on ne peut qual­i­fi­er autrement que d’épu­ra­tion eth­nique et d’atomi­sa­tion des pop­u­la­tions kur­des, en vue, comme on peut l’en­ten­dre dans la bouche de politi­ciens turcs ultra nation­al­istes ou AKP, “d’as­sainir et de recon­stru­ire la région”, com­mence pour­tant petit à petit à être portée à la con­nais­sance de tous à l’In­ter­na­tion­al, en même temps que la dénon­ci­a­tion de la chape de plomb tombée sur le Pays et le voile qu’y s’y étend.

Les autorités AKP ont cepen­dant peu de réac­tions poli­tiques à crain­dre, les gou­verne­ments européens ayant fait allégeance en sig­nant l’ac­cord UE/Turquie sur les réfugiés, et les Etats Unis se con­tentant d’un dou­ble dis­cours diplo­ma­tique. Le front ouvert côté arménien, dont on ne sait com­bi­en de temps dur­era le nou­veau cessez le feu, implique peut être aus­si, vu le sou­tien ouvert apporté par Erdo­gan à l’Azer­baïd­jan, d’ac­célér­er les proces­sus mil­i­taires au Kur­dis­tan. On sait aus­si que la bonne sai­son n’est pas favor­able à une guerre con­tre les guéril­las pour une armée turque moins mobile dans ses moyens déployés. L’E­tat turc cache égale­ment les pertes en hommes qu’il a subi ces dernières semaines.

Quand on con­state que les mobil­i­sa­tions ultra nation­al­istes de ces jours passés, à pro­pos du con­flit côté Haut-Karabagh, s’emparent aus­si d’une demande d’en finir plus vite avec les Kur­des, y com­pris leur représen­ta­tion par­lemen­taire (vidéo), on com­prend aus­si la volon­té d’Er­do­gan de repren­dre la maîtrise du temps.

Destruc­tions, guerre, con­ti­nu­ité des mas­sacres d’un côté, destruc­tions et expro­pri­a­tions de zones où se sont déroulé les crimes de guerre depuis plusieurs mois de l’autre, voici en résumé le décor de cette pièce à car­ac­tère géno­cidaire, dont le monde entier se con­tente d’être spectateur.

Le dis­cours de Bahçeli leadar du par­ti ultra­na­tion­al­iste MHP : “Ne lais­sez pas pierre sur pierre, tête sur corps !”
[vsw id=“BXRl7KnMP3Y” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]


Traductions & rédaction par Kedistan. | Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.