Quelques fuites orchestrées et des bruits de couloirs parviennent de Bruxelles, en direct du sommet de la honte entre dirigeants européens et dirigeants du régime turc.
Il paraîtrait que la Turquie souhaite que l’Union européenne lui verse trois milliards d’euros de plus, en sus des 3 à finir de verser, d’ici à 2018.
C’est ce qui est ressorti du premier passage au guichet du lundi après-midi, aujourd’hui 7 mars. Les chefs d’états et de gouvernements des états de l’UE et Ahmet Davutoglu négocient le cours du “migrant” à l’international.
“Trois milliards d’euros supplémentaires sont en discussion”, a dit le président du Parlement Martin Schulz. “A débloquer d’ici 2018, ils s’ajouteraient aux trois milliards déjà promis fin novembre, en échange de l’engagement, par la Turquie, de retenir au maximum les candidats à l’asile qui entreprennent le voyage vers l’Europe”.
Du coup, Le Premier Ministre turc a proposé de reprendre sur son sol si accueillant des “personnes” dont l’UE n’aurait pas l’utilité, si l’Europe s’engage parallèlement à accueillir le même nombre de réfugiés syriens provenant directement de Turquie, selon un principe de “un pour un”. On pense de suite à la Grèce, qui devrait là devenir le sas de tous les marchandages. On pense aussi fort à Calais et au ministre français Cazeneuve, qui trouverait là un débouché.
On se demande aussi si l’opération de retour vers la Turquie concernerait toutes les personnes arrivées en Grèce ou uniquement les migrants qualifiés d’ ”irréguliers”. Visiblement, personne ne se pose la question de la légalité d’un mécanisme qui traîterait l’humain comme marchandise échangeable dans et hors frontières de l’UE. On a aussi quelques idées sur ce que pourrait être la logistique de tels transferts, les lieux de rétention, de tris, les moyens de transports…
Le gouvernement turc a par contre exigé une accélération de la libéralisation des visas pour ses propres ressortissants. Mais là aussi, “cette libéralisation ne se fera que quand l’accord de réadmission sera complètement appliqué”, a rétorqué un responsable européen.
Comme on le voit, on s’achemine vers un “traitement” financier et logistique des réfugiés de guerre, et au delà de tous les migrants, hors de toutes considérations humanitaires, ou de questionnements politiques sur les responsabilités des uns ou des autres dans les conflits en cours.
Il paraîtrait que Dame Merkel, se serait inquiétée d’un possible reproche qui pourrait être adressé à l’Europe entière, sur la responsabilité de la fermeture des routes de l’exil dans les Balkans, et la catastrophe humanitaire en cours… La population allemande serait bien la seule à se souvenir de temps anciens. Il suffira de modifier quelque peu le texte final “La Route des Balkans est maintenant fermée”.
Entériner la fermeture de la Route des Balkans, “ce serait une décision qui donnerait raison aux forces chauvines et nationalistes en Europe”, a mis en garde le ministre grec de l’Intérieur, Panyotis Kouroublis, un autre qui constate la solidarité qui s’est développée à Athènes.
Des pays européens se sont mis d’accord pour établir des “quotas de migrants” qu’ils laissraient transiter sur leurs territoires vers le nord, comme l’Autriche, qui a établi une limite de 3.200 personnes qu’elle laisserait passer. Vienne a mis en place un quota quotidien de 80 demandeurs d’asile admis sur son territoire. Une politique de laissez-passer n’a pourtant aucune légitimité dans les règles européennes actuelles…
Un Nicolas Sarkozy avait fait l’objet d’une condamnation “morale”, quand il avait parlé des “migrants” comme une fuite d’eau au milieu du salon. On voit que depuis, l’idée fait son chemin, et que cette question est désormais traitée comme un problème de tuyauterie au plus haut sommet de l’Europe. Les plombiers polonais font des émules.
Plus rien désormais, ne devrait donc venir tacher le tapis qui se négocie à Bruxelles.
“Une décision qui donnerait raison aux forces chauvines et nationalistes en Europe”… Faut-il être grec pour s’en rendre compte, alors que des dizaines de milliers de réfugiés arrivent toujours sur leur sol, et que d’autres continuent à couler en mer ?