Hors quelques reportages, il n’est pas simple de se faire une idée du quotidien d’unE combattantE des YPG-YPJ au Rojava. Lorsqu’il s’agit de volontaires étrangers, ces reportages prennent parfois des tournures incongrues, dérivant vers la fascination des armes.
Par ailleurs, il est bien évident que des informations d’ordre purement militaires ne peuvent faire l’objet de publications tous azimuts.
Là, des « volontaires internationalistes » nous ont proposé de diffuser leurs notes personnelles prises au jour le jour, pour relayer leur propre carnet de bord. Nous avons accepté, tout en sachant qu’il nous était impossible de vérifier ces informations. Nous vous livrerons donc de façon brute « une chronique de guerre au Rojava ».
Kedistan se fera donc un simple vecteur de publication de ces notes, respectant la subjectivité et le style de leurs auteurs.
Voir chroniques précédents ici : Chroniques du front
26–28 février 2016
Le 26 février est notre dernier jour d’instruction, dernier exercice tactique, dernière marche et cours de Kurde. J’essaierai si j’ai une connexion viable ce soir de vous transmettre sous format .pdf l’ensemble des notes grammaticales et de vocabulaire que j’ai pris durant ces douze jours. (Document pdf : ICI)
Nous avons reçu les félicitations des formateurs. Ils ont appréciés notre tenue au quotidien, notre courage et force de caractère durant tout le séjour ainsi que notre facilité d’adaptation en toutes circonstances. Pour eux nous sommes prêts et faisons dès maintenant partie intégrante des YPG.
C’est notre dernier jour à l’académie ce 27 février. Nous avons eu un tekmil avec le commandant et les instructeurs pour faire connaître nos désidératas. Même congratulations que hier de leur part à notre égard. Ils sont impressionnés par les Légionnaires car il semble que les six camarades qui sont passés avant nous ont laissé une très forte appréciation ainsi que dans l’ensemble, les français venus les rejoindre. Nous dénotons effectivement avec l’esprit des américains qui, depuis leur existence croient être les maîtres du monde et ne sont donc pas très ouverts à la culture des autres.
Tout ce que nous avons demandé, nous l’avons obtenu en guise de remerciement. Nous partons demain pour Qamiṣio pour une durée de quatre jours. Ca nous permettra d’essayer d’avoir dans cette ville un abonnement internet entre autre. Pitt Bull doit faire quelques emplettes telles l’achat d’une montre. De mon côté je voulais rentrer en contact avec une toubib allemande qui monte un projet de formation infirmier et puis, quatre jours de répit avant de rejoindre notre Tabour nous fera le plus grand bien car après, c’est le front et nous avons été informés des opérations à venir.
Nous avons laissé notre passeport ainsi que tout ce qui nous paraissait précieux. Tout a été notifié, signé et mis sous enveloppe. Nous récupérerons cela à notre retour.
Nous avons reçu notre note. Ces fameux messages écrits dont j’avais entendu parler. Pas de moyen sophistiqué pour transmettre les informations, pas de problème d’écoute téléphonique ou de piratage informatique juste un simple bout de papier à remettre l’un au toubib, l’autre à mon commandant de tabour. C’est ainsi depuis plus de soixante ans que les kurdes de la guérilla fonctionnent et se transmettent les données importantes. Ici il s’agit je présume d’une appréciation de l’encadrement à notre encontre. Pitt Bull a la sienne également. Seul le destinataire pourra la lire puisqu’elle est fermée et scotchée. Quand nous quitterons notre tabour nous aurons également une note de la part du commandant de ce groupe pour le prochain responsable et lieu où nous nous rendrons.
Il me reste à préparer mon sac de combat, je laisse ici mes effets civils et tout ce que je n’ai pas besoin pour la prochaine étape de notre séjour et mission au sein des YPG.
Bon week end à tous
C.C.