Hors quelques reportages, il n’est pas simple de se faire une idée du quotidien d’unE combattantE des YPG-YPJ au Rojava. Lorsqu’il s’agit de volontaires étrangers, ces reportages prennent parfois des tournures incongrues, dérivant vers la fascination des armes.
Par ailleurs, il est bien évident que des informations d’ordre purement militaires ne peuvent faire l’objet de publications tous azimuths.
Là, des “volontaires internationalistes” nous ont proposé de diffuser leurs notes personnelles prises au jour le jour, pour relayer leur propre carnet de bord. Nous avons accepté, tout en sachant qu’il nous était impossible de vérifier ces informations. Nous vous livrerons donc de façon brute “une chronique de guerre au Rojava”.
Kedistan se fera donc un simple vecteur de publication de ces notes, respectant la subjectivité et le style de leurs auteurs.

Voir chroniques précé­dents ici : Chroniques du front


Cela fait un peu plus de trois mois que nous sommes arrivés au Kurdistan.

Notre aven­ture a com­mencé par deux mois de cours de langue inten­sif afin d’ac­quérir les bases du kur­man­ci, absol­u­ment néces­saire à la vie sociale ici. Les cours se sont bien passés. A not­er quand même que le Kur­man­ci n’est pas une langue insti­tu­tion­nal­isée et que donc sa gram­maire et son orthographe dépen­dent com­plète­ment de celle/celui qui vous l’en­seigne. Il n’ex­iste presque pas de dic­tio­n­naires, les pro­fesseurs n’ont sou­vent jamais été à l’é­cole eux-mêmes, et encore moins pour y appren­dre le kurde (langue qui à été inter­dite dans la plu­part des pays où elle est pratiquée).
A cela on peut ajouter la qual­ité pré­caire du matériel (salle de classe, feu­tre et tableau blanc illis­i­ble, cahiers d’ex­er­ci­ces médiocre etc). Mais l’en­t­hou­si­asme des kur­des qui vous enten­dent par­ler leur langue con­tre­bal­ance large­ment ces petits désagréments.
Donc après deux mois de théorie, il était temps de met­tre en pratique.
Nous avons pris la route du Roja­va afin d’y rejoin­dre les fameux YPG-YPJ.
Après un pas­sage de la fron­tière irako-syri­enne plus qu’ épique (qui mérit­era un texte à lui tout seul), nous sommes finale­ment arrivés à l’a­cadémie mil­i­taire pour les étrangers, pour un nou­veau cycle de formation.

Nous y avons ren­con­tré une bonne ving­taine d’oc­ci­den­taux, dont la plu­part sont d’an­ciens sol­dats de l’Otan (améri­cains, bri­tan­nique, irlandais, israéliens etc).
Ces “occi­den­taux” sont la source de beau­coup de prob­lèmes sur le front. Leurs men­tal­ités de cow-boy en fait de par­faits colons par­fois méprisants et mépris­ables. Ils passent leur temps à se plain­dre du manque de con­fort et de ressources tout en glo­ri­fi­ant leurs passés de sol­dats vir­ils au sein des armées les plus rich­es du monde. C’est sûr que de se retrou­ver sur le front avec une des mil­ices les plus pau­vres du con­flit, les YPG-YPJ , ça change la donne pour ces mer­ce­naires, habitués aux gros salaires et au burg­er king à la caserne.
Fort heureuse­ment, même par­mi ces anciens sol­dats, il n’y a pas que des crétins. Et puisqu’ il y a aus­si des cama­rades qui comme nous ont décidé de venir voir de leurs pro­pres yeux la révo­lu­tion en cours du Roja­va, ça réconforte.
A l’A­cadémie nous avons donc aus­si fait quelques chou­ettes ren­con­tres dont deux ex-légion­naires français, que je salue amicalement.
Notre entraîne­ment s’est ter­miné et nous nous apprê­tons à rejoin­dre notre groupe de com­bat pour par­ticiper aux opéra­tions de ce Printemps.

D.I

À suiv­re…


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