Les morts continuent…
Erdogan utilise ses dons en Euros pour lutter contre le terrorisme, dans le plus grand silence de ses donateurs. C’est sa façon de “contenir” les réfugiés et de “contribuer à la mémoire des victimes de Paris”.
Hier deux jeunes ont encore été tués. Aujourd’hui il y a eu d’autres morts dont un enfant de 11 ans et un homme de 78 ans… Nous avons sur mal à suivre les annonces de décès. Si on écoutait les médias “alliés” pro-Erdoğan ou nationalistes, les glorieuses forces de sécurité “éliminent” des dizaines de “terroristes” tous les jours. Les morts sont des “victoires”.
Nusaybin (Mardin) : 11 quartiers ont rejoint les 4 quartiers sous couvre-feu depuis 8 jours. Finalement, la totalité du centre de la commune est mise en état de siège.
Cizre : La situation s’aggrave.
Les habitants de Cizre s’expriment :
“Les chars sont positionnés dans des endroits dominant la ville. Ils tirent au hasard. Il n’y a pas d’électricité, il fait froid, les enfants ont froid. Nous ne pouvons pas allumer nos poêles, ils mitraillent les maisons quand ils voient la fumée. Nous commençons à manquer de vivres, surtout pour les enfants. Les tout petits pleurent à cause du froid. Les poubelles sont entassées devant les maisons. Il y a des ordures. Les maladies commencent. Les enfants tombent malade et vomissent. La nuit nous avons peur d’allumer les bougies, ils tirent aussi sur les maisons où il y a de la lumière. Faites quelque chose pour arrêter cette guerre. Nous sommes en train de mourir.”
La personne contactée par Hacı Bişkin, journaliste d’Evrensel, précise que ce n’était pas seulement son témoignage mais, qu’elle portait la parole de tout un quartier et ajoute :
“Faites entendre notre voix. Qu’ils réagissent, qu’ils montrent un peu de sensibilité. Arrêtons ces affrontements ensemble. Ce qu’on vit ici n’a rien d’ordinaire. Tout le monde a l’air d’être habitué, mettons une fin à tout cela.”
Des chars sont utilisés en plein ville…
#Bakur #Turquie Le régime d’Assad, pardon, le régime d’Erdogan utilise des chars contre la population de #Cizre pic.twitter.com/ysf5jCDwNf
— InfoRojava-Kurdistan (@info_Rojava) 21 Décembre 2015
Certains immeubles prennent feu…
Li Cizîrê êrişa bi topî bû sedema şewateke mezin. ***Cizre de tanklardan yapılan top atışları büyük yangın çıkardı.
Posté par Memed Drews sur lundi 21 décembre 2015
Les habitants de Şırnak ont décidé de marcher sur Cizre et Silopi pour soutenir les habitants et faire cesser le couvre-feu. Dans la matinée ils ont pris la route. Environ une heure après, les forces de sécurité intervenaient. Le groupe, sous les gaz lacrymogènes, ne pouvant pas continuer sur leur route comme prévu, s’est orienté vers Cudi.
#Bakur #Turquie #Sirnak La marche du peuple kurde vers la liberté,participez à la rédaction d l’histoire!#Solidarité pic.twitter.com/gARN1zo1Rj
— InfoRojava-Kurdistan (@info_Rojava) 21 Décembre 2015
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photo : otekilerinpostasi.org
(journal participatif populaire)
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photo : otekilerinpostasi.org
(journal participatif populaire)
Sur :
Cette photo est troublante. Elle est prise dans une classe d’école à Sur, quartier sous couvre-feu à Diyarbakır. Les enseignants ont été mis en formation forcée, renvoyés chez eux et les écoles sont en “congé” et donc investies par l’armée… Est-ce aussi une façon de considérer que les enfants kurdes peuvent s’en passer ?
La frise sur le mur dit : “Enseignants, la nouvelle génération sera votre oeuvre.” Mustafa Kemal Atatürk.
Sur la nouvelle génération qui grandit dans cette région, lisez l’article “Prendre un enfant par la guerre”
Pendant ce temps là, les médias “alliés” d’Erdogan continuent à diffuser leurs “infos” sur les actes héroïques de l’armée qui “nettoie” la région des cruels “terroristes”. Ici un article relaie l’info sur un enfant mal en point ayant subi des gaz, et “sauvé” par les courageux policiers, en oubliant bien sur que l’enfant avait subi les gaz que ces policiers eux mêmes avaient envoyés… Fuat Yaşar, journaliste (un vrai celui-ci) : “J’y étais pendant la prise de la photo. Je savais que cette info allait paraître dès l’instant où le policier a pris l’enfant [dans ses bras]. Or c’est la police qui a mis le bébé dans cet état.”
foto çekilirken Ordaydım.Polis bebeği aldığında bu haberin yapılacağını biliyordum.Oysa bebeği bu hale polis getirdi pic.twitter.com/YNph1JMCYN
— Fuat Yaşar (@YasarFuat21) 19 Décembre 2015
Cette façon de faire la com, n’est pas un secret. Par contre un document classé « Top Secret », mis à jour aujourd’hui, prouve que l’Etat met toutes les possibilités à sa disposition pour faire la « pub » de sa sale guerre et révèle clairement que derrière il y a toute une stratégie. Enfin… le document ne fait qu’ appuyer ce qui se voyait gros comme une maison…
Le document signé par le Ministre de l’intérieur SelamiAltınok, avait été envoyé aux préfectures de 81 villes, à la Direction Général de la Sécurité et à la Direction de la Gendarmerie et date du mois de septembre 2015.
Le document vise à « organiser » les médias et l’utilisation des réseaux sociaux, « au sujet de la lutte contre le terrorisme, afin d’empêcher la provocation et la désinformation, et d’informer l’opinion publique ».
Selon l’Agence DIHA, et en résumé :
- La chaîne de télévision publique TRT et l’agence d’infiormation AA (Andalou Ajansı) sont chargés d’ « orienter » les médias, en restant en contact proche avec les préfectures, et les forces de sécurité. Un « réseau d’information » sera constitué et les journalistes de l’AA seront privilégiés pour les informations qu’on souhaite mettre à disposition de l’opinion publique. L’accréditation des journalistes étrangers seront contrôlés et ceux qui ne possèdent pas d’accréditation BYEGM seront briefés sur les avantages et seront invités à la demander. Qu’est-ce doc que ce BYEGM ? C’est la Direction Générale de la Presse et de l’Information du gouvernement.
- Les réseaux sociaux, seront également visés par le réseau d’information cité ci-dessus.
- En ce qui concerne les couvre-feux et interdictions, il est notifié clairement « vous êtes priés de ne pas montrer que les mesures sont prises partout, et de préciser leurs limites ».
- Il suggère de mettre les aspects économiques au premier plan, par exemple en chiffrant les dégâts causés par les terroristes dans les villes kurdes.
- En gros, le document invite les concernés à communiquer d’une seule voix sur les opérations appelées « lutte contre le terrorisme », et qui utilisent des chars, des canons et des milliers de militaires et policiers contre des populations en quête d’autogestion : Utiliser des manchettes comme « Opération de balai » « Ménage », et annoncer l’ensemble comme une lutte contre des membres d’organisation terroriste. Les morts doivent être des “terroristes pris et anéantis”.
On l’avait remarqué…
Vous pouvez lire aussi l’article “Le grand ménage” : vocabulaire génocidaire”
Ça réprime également ailleurs…
Dans les grandes villes, lors des rafles ‑au moins- une cinquantaine d’arrestations de “pro-kurdes” pour employer le vocabulaire dévolu désormais…
Didim : la manifestation appelée par la Plateforme de Démocratie avec le mot d’ordre “Donne ta voix pour la Paix” a été violemment réprimée par la police : 21 gardes à vue… Quelque soit l’endroit, la moindre manifestation de soutien subit une intervention, afin d’éviter les autres.
Van : intervention de la police sur une manifestation, 10 blessés, 20 gardes à vue…
Van’da polis yürüyüşe saldırdı: 10 kişi yaralandı 20 gözaltı https://t.co/lAXUzwLKOc pic.twitter.com/NBUVDd5vsl
— Evrensel Gazetesi (@evrenselgzt) 21 Décembre 2015
Bitlis : On annonce une attaque du PKK au commissariat Çeltikli, qui a tué 2 soldats et fait 6 blessés.
Tarsus : On annonce que des affrontements ont commencé. Le décompte des morts là aussi ne saurait tarder.
Cet inventaire de guerre, ces chiffres de morts quotidiens, peuvent vous paraître insoutenables ou inutiles. Mais au vu des mobilisations de soutien du week end dernier ici et de leur “succès” tout relatif, au regard des exigences, il nous semble utile de ne pas s’habituer à la litanie des morts, des blessés, des arrestations, ou pire de dire que “c’est partout pareil”.
Partager massivement ces informations vérifiées, non calibrées et non expurgées de ce qui pourrait choquer une opinion publique ici déjà dit-on “traumatisée” par les attentats, est le minimum que chacun peut faire sur les réseaux sociaux. Le retour en ripoublique de Tapie peut attendre non ?
Alors faites suivre, faites vous le relais de ces informations, pour que les timides reprises dans les médias ici percent le mur du silence.