Les parents d’Aziz Güler ont enfin pu récupérer la dépouille de leur fils, au bout de deux mois d’attente. Aziz était mort le 21 septembre, à Kobanê, en combattant Daech.
Le corps d’Aziz attendait en Syrie, malgré les efforts de son père, qui s’était pourtant rendu sur place. Son passage était bloqué par l’administration turque sous le prétexte suivant : « Suite à la décision du conseil des Ministres, aucune dépouille en provenance du Rojava ne peut être acceptée. »
Pourtant d’autres cas de figure démentaient l’application de cette décision.
Par exemple, le corps de Burak Yavuz, combattant affilié à Daech, mort lors d’une attaque aérienne russe à Alep, avait été transféré en Turquie sans aucun problème et son décès qualifié de « martyr » avait été relayé largement par certains médias, notamment par Milliyet, quotidien nationaliste, qui, suite aux réactions avait retiré l’article concerné de son site Internet et publié des excuses pour “erreur de frappe”.
Quant à la famille d’Aziz, toujours en attente, elle avait formulé une demande devant le Tribunal Constitutionnel. Leur demande avait été rejetée. Suite à ce rejet, les avocats de la famille avaient fait des démarches auprès du Tribunal des Droits de l’Homme Européen. Par ailleurs une pétition avait été mise en place et avait recueilli 23.738 signatures.
L’acharnement de la famille et ses soutiens pendant 2 mois a enfin trouvé une réponse. La situation a été débloquée finalement par l’approbation de Davutoglu, le nouveau Premier Ministre “tout neuf” depuis le 17 novembre.
La dépouille a été transférée à Istanbul par avion. Elle est arrivée dans la soirée au quartier Gazi où un groupe de 500 personnes l’attendait. Le groupe a accompagné le cercueil avec des flambeaux, applaudissements et slogans, jusqu’au Cemevi, lieu de culte des alévis qui forment majoritairement la population de ce quartier rebelle de toujours.
Ces décisions à la marge, dites d’apaisement, sont davantage destinées à répondre aux quelques “exigences” de façade de la dite communauté internationale qui voudrait bien pouvoir justifier la place de la Turquie dans “sa” coalition contre Daech, sans avoir en permanence à justifier à côté les incohérences. Elle a elle même, cette future “coalition”, tant d’incohérences aussi à justifier, qu’en rajouter lui paraît inutile. Cela ne concerne nullement les attaques sporadiques que mènent l’armée turque en différents points de la frontière, contre Kobanê, bien entendu.