Vous ne con­nais­sez peut être pas ce web mag­a­zine. Même s’il n’est pas né d’hi­er, il donne, comme d’autres, une bouf­fée d’air dans le paysage de l’in­for­ma­tion poli­tique. Et beau­coup le décou­vre aujour­d’hui, pour quit­ter la bulle médi­a­tique qui tourne sur elle même à pro­pos des atten­tats de Paris.

Et comme Kedis­tan n’a pas non plus envie de pra­ti­quer le copié coller, nous leur don­nons la parole, en “invité”.

Lun­dimatin a pub­lié sous forme de let­tre à leurs abon­nés à la fois un texte dont nous parta­geons les ques­tion­nements, et choisi des liens vers des arti­cles qui ten­tent d’y répondre.


Lundi­matin #36 | 16 novembre

Bon­jour,

lun­dimatin n’a jamais pub­lié d’éditorial. Nous n’avons d’ailleurs jamais jugé utile de nous présen­ter. Nous voulions que nos arti­cles et leur agence­ment par­lent d’eux-mêmes, sans coquet­ter­ies ni dis­cours de sur­plomb. Le car­ac­tère excep­tion­nel des cir­con­stances nous accule à déroger, pour une fois, à cette habitude.

Ces trois derniers jours, nous avons, comme tout le monde, par­lé avec nos amis, épluché les jour­naux, écouté la radio, craint pour des proches. Nous voulions savoir ce qu’il impor­tait de dire de tout cela. Nous n’y sommes pas vrai­ment par­venus. Il y a des choses à dire qui sont in entend­ables, des men­songes à pul­véris­er qui sont inébran­lables et des évi­dences suff­isam­ment partagées pour qu’il soit inutile de les répéter.

Notre seule cer­ti­tude c’est d’être en guerre. Tout y accule. Reste à savoir laquelle.

Une guerre implique des par­tis, des pris­es de par­ti, des polar­i­sa­tions. La géo­gra­phie pro­duite par le 13 novem­bre ne nous con­vient pas. D’un côté, nous sommes les « croisés » et les « mécréants » du Bat­a­clan. De l’autre, nous avons tous, à lundi­matin, une fiche « S » pour « sûreté de l’État » qui sem­blerait devoir jus­ti­fi­er notre prochain interne­ment dans des camps.

Ce que nous pro­pose le par­ti du gou­verne­ment, c’est d’abandonner toute per­spec­tive de boule­verse­ment en échange d’une sécu­rité que l’on sait désor­mais bien pré­caire. Ce que nous pro­pose l’État Islamique, c’est la triste gloire d’un nihilisme à la fin par­faite­ment occidental.

« Rejetez les deux par­tis, n’aimez que le reste. »

C’est un temps prop­ice à se noy­er dans les con­sid­éra­tions géopoli­tiques, soci­ologiques, psy­chologiques, et plus générale­ment, de comp­toir. C’est d’ailleurs ce que veu­lent les par­tis en présence : nous acculer à l’absence pro­pre au spec­ta­teur. L’indécision que nous payons aujourd’hui, écartelés entre tant d’aberrations, c’est de n’être pas par­venus à for­muler et partager une per­spec­tive poli­tique moins dégueu­lasse que celle de l’État Islamique et plus viv­able, moins mis­érable que celle de ceux qui pré­ten­dent gouverner.

En réal­ité, nous n’avons pas envie d’être sécurisés et nous ne sommes pas ter­ror­isés. Nous ne serons pas plus pétain­istes que vic­times de l’islamisme. Ce qui nous paral­yse, ce qui nous étouffe, c’est l’absence d’une voie prat­i­ca­ble. Dans cette guerre, c’est ce qu’il va s’agir de con­stru­ire et de faire exis­ter, mal­gré la bêtise et la peur, con­tre la bêtise et la peur.

Cette semaine, nous met­tons à dis­po­si­tion les arti­cles déjà pub­liés qui trait­ent de l’antiterrorisme. Cer­tains lecteurs seront peut-être irrités du ton ou de la teneur de cer­tains. Nous les esti­mons tous de qual­ité, et nécessaires.

Bonne lec­ture !



La guerre véritable

Un sec­ond éditorial

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La guerre sainte

René Daumal

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Tiqqun — Intro­duc­tion à la guerre civile

Depuis vendredi, les dirigeants français sont passés d’une rhétorique de la sécurité et de la prévention à celle de la guerre. L’antiterrorisme n’est plus ce dispositif qui prétend parer les attentats et conjurer la guerre mais l’assomption même de la guerre. Les conséquences de ce changement de paradigme sont immenses. Il s’agit de ne pas se laisser paralyser par l’hébétude et d’essayer de comprendre ce qui va découler des attentats du 13 novembre.

 La dic­tature du chagrin
« La semaine passée nous a appris que le cha­grin pou­vait être utilisé… »

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L’art de la guerre

Cherif Kouachi aurait été financé et envoyé par Anwar Al-Awlaki. Ce nom est bien connu de ceux qui se sont intéressés à la lutte contre le terrorisme de ces dernières années. Le livre « Dirty Wars : Le nouvel art de la guerre » écrit par le journaliste américain Jeremy Scahill lui consacre tout un chapitre.

Le requin, le tigre et les « terroristes »
Le préfet Marx et les maximonstres.

Le fait d’avoir été déclaré ennemi public suffisait à rendre toute procédure inutile ; tout un chacun dans l’empire était dès lors en droit de mettre à mort celui qui venait d’être identifié comme tel par le Sénat.
Anne Daguet-Gagey, « C. Fuluius Plautianus, hostis publicus, Rome 205–208 après J.C. », 2006

Nou­velle loi « sur le renseignement »
Faut-il s’affranchir de la DGSI ?

Ce lundi 13 avril, l’Assemblée Nationale examinera une nouvelle loi dite « sur le renseignement ». Ce texte visant à limiter les effets indésirables du terrorisme national et mondial, aura pour vocation première de faciliter le travail de nos agents du renseignement. Selon le ministre de l’Intérieur B. Cazeneuve, il s’agit d’abord de « légaliser » des pratiques dont les « services » n’usaient jusqu’à présent qu’au risque de poursuites judiciaires mais aussi d’étendre leurs capacités de surveillance, notamment sur l’Internet.

Utilis­er Tor con­tre la Loi Renseignement ?
Répons­es avec Lunar, mem­bre du pro­jet Tor.

Il est d’usage de se dire qu’une des parades contre la Loi Renseignement est l’utilisation de Tor. Pourtant, en lisant les déclarations des ministres de la défense et de l’intérieur lors des débats à l’assembée on peut se demander si Tor sera une des cibles des fameuses boîtes noires. Si Tor est la cible, son usage peut être aussi la solution ? Petite analyse et réponses avec Lunar, membre du projet Tor.

Qua­tre thès­es pour une neu­tral­i­sa­tion préven­tive de l’antiterrorisme
« L’antiterrorisme n’est pas une forme de répres­sion judi­ci­aire, mais un mode de gouvernement. »

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La résis­tance kurde, la Turquie et l’Etat Islamique
Inter­view de Zeki, réfugié kurde.

C’est peu dire que ces quatre-vingt-dix dernières années, les Kurdes n’ont pas eu beaucoup d’amis. Depuis sa création en 1923, la Turquie a consciencieusement dénié à ce peuple les droits les plus élémentaires comme celui de parler sa langue ou de s’organiser politiquement. Depuis 1978, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est le principal représentant des intérêts des Kurdes de Turquie. A l’origine, ce groupe est marxiste-leniniste et pratique la guérilla comme la diplomatie parallèle afin de faire reconnaitre au peuple kurde son droit à l’auto-determination.

Inter­view d’un Ultra du Caire avant son procès pour « terrorisme »

« L’idée de mourir ne nous pose pas de problème en soi, mais celle de mourir dans un match de foot si. Nous ne sommes pas prêts à mourir pendant un match de foot, mais nous sommes prêts à mourir pour défendre ceux qui sont déjà morts, pour la justice. »
La semaine dernière nous interrogions les pratiques politiques des supporters de foot égyptiens. Cette semaine, nous avons interviewé un Ultra du Caire alors qu’il s’apprêtait à être jugé pour terrorisme..

Retour de flammes
Du fait des agisse­ments d’une flic infil­trée (pho­to) Eric avait été con­damné à 19 ans de prison. Sa peine a soudaine­ment été revue à la baisse. Drôle d’histoire pour l’antiterrorisme américain.

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#pourunjihad2proximité

Impossible d’« analyser » froidement les assassinats des 7, 8 et 9 janvier, puis leurs conséquences. Déjà parce que l’étendue de ces conséquences est encore floue ; ensuite parce qu’à trop vouloir comprendre les motivations, les objectifs des frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, et d’Amedy Coulibaly, auteur du meurtre d’une policière municipale à Montrouge, puis de quatre assassinats antisémites, suivis d’une prise d’otage dans le magasin HyperCacher de la Porte de Vincennes (…)

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#occu­py­DGSI

Curieuse mais heureuse initiative. En réaction, au vote de la loi sur le renseignement par le Sénat, il semblerait qu’un certain nombre d’organisations ait décidé de ne pas s’y résoudre. Dimanche 21 juin, c’est devant les locaux de la DGSI que nous sommes appelés à venir fêter la musique. Communiqué.

Pan­dore boiteux

Le 16 décembre plusieurs centaines de policiers intervenaient, notamment à Barcelone, dans le cadre de l’opération Pandora. L’après-midi même plusieurs milliers de personnes descendaient dans la rue. Le 27 décembre une nouvelle manifestation a eu lieu.

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République
Tri­bune d’Éric Haz­an, éditeur.

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Sta­tion­nement gênant
Le « ter­ror­isme » à Saint-Pierre-lès-Elbeuf.

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Apolo­gie du ter­ror­isme et tri­bunal de salle des profs
« Si tu con­tin­ues, je te sig­nale au rectorat ! »

Depuis le 13 novembre 2014, nos législateurs ont décidé de remettre au goût du jour le délit d’apologie du terrorisme. Dans les années 1893 et 1894, les lois dites « scélérates » avaient vocation à poursuivre pour délit de presse tous les organes d’informations soutenant les anarchistes, les communistes et autres mécontents. 120 ans plus tard, le code pénal est donc revu afin de cerner et de punir plus adéquatement les comportements déviants. Depuis les attentats de janvier, on ne compte plus les langues qui fourchent et finissent au commissariat et/ou devant des juges, pour avoir exprimé quelques sympathies pour l’ennemi. Enfants, adolescents et adultes, tous ont pu gouter les limites de la « liberté d’expression ».

Quelque chose de pour­ri au roy­aume du Danemark
À pro­pos des car­i­ca­tures du Jyllands-Posten.

Politique belliciste et ethnocratie constitutionnelle au Danemark. Par Carsten Juhl

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Balisez !

« Pour pouvoir placer une balise GPS sur une voiture, il faut passer par une procédure judiciaire, c’est beaucoup trop lourd ». « Un groupe de 5 personnes fait semblant de discuter derrière le véhicule pendant que le technicien se glisse sous celui-ci ».

Quand les « ter­ror­istes » avaient de l’humour
« L’illégalité n’a rien d’extraordinaire. Ça peut arriv­er à quiconque, comme de marcher sur une merde de chien ». Août 1979.

En août 1979, alors que Jean-Paul Sartre est pris d’une grippe, la revue Les Temps Modernes publie cette étonnante interview de « terroristes » métropolitains de Berlin-Ouest : au moment de l’échange, ces quatre membres du mouvement du 2 juin sont préventivement incarcérés. Le Mouvement du 2 juin, contemporain de la Rote Armee Fraktion, se distinguait essentiellement de celle-ci par son humour. N’hésitant pas à apporter des boîtes de chocolat aux vieilles dames témoins de leurs braquages de banques ou à s’échapper d’un tribunal au nez du juge et avec une barbe correctement taillée, ils refusaient absolument la militarisation de la lutte (qu’ils concevaient néanmoins armée).

Si le ter­ror­isme c’est don­ner son sou­tien à ceux qui sont affec­tés par le prob­lème du loge­ment, alors …”
… nous sommes des terroristes”

Une nouvelle opération antiterroriste a été menée en Espagne contre le mouvement subversif, ce mercredi 28 octobre 2015. Nous avons reçu cette contribution, que nous publions intégralement, de la part de barcelonais qui se sentent directement concernés par cette vague d’arrestations.
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Déjà-vu de presse
« Le but de cette journée est de met­tre un peu plus les Français sous pres­sion ». Retour sur une nou­velle semaine de ter­reur internationale.
Que s’est-il passé depuis lundidernier ?
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Pierre Tor­res. Dernière
La Syrie à la veille de la con­tre-révo­lu­tion (épisode 3/3)

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Piège Daech
Livre de Pierre-Jean Luizard.

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Auteur(e) invité(e)
Auteur(e)s Invité(e)s
AmiEs con­tributri­ces, con­tribu­teurs tra­ver­sant les pages de Kedis­tan, occa­sion­nelle­ment ou régulièrement…