Commission d’enquête sur Suruç et autres attentats

L’Assemblée Nationale turque s’est réu­nie aujourd’hui. Lors de cette ses­sion, sur demande du CHP (démoc­rates), la propo­si­tion de con­sti­tu­tion d’une Com­mis­sion d’Enquête Par­lemen­taire sur les actes ter­ror­istes vécus dans cette dernière péri­ode a été soumise au vote.

La propo­si­tion a été refusée majori­taire­ment par les votes de l’AKP et le MHP (ultra nation­al­istes) réunis.


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En tant que femme tais-toi !

Lors de la ces­sion de l’Assemblée Nationale, le vice-Pre­mier Min­istre Bülent Arınç, con­nu pour ses pro­pos sex­istes tels que « Une femme ne doit pas rire en pub­lic », a sus­cité encore une fois la colère. Cette fois, il a répon­du à Nursel Aydoğan députée HDP, qui lui coupait la parole :

Madame, tais-toi, en tant que femme, tais-toi ! 

La ces­sion étant trans­mise en direct à la télévi­sion, de nom­breux réac­tions sont apparues instan­ta­né­ment sur les réseaux soci­aux, via le hash­tag #Birkadi­nO­larak­Sus­may­aca­giz (en tant que femmes nous n’allons pas nous taire).

Une péti­tion a été égale­ment lancée pour que le vice-Pre­mier Min­istre Bülent Arınç présente ses excus­es ! Pour sign­er » ICI

S’il n’y avait que lui… Les hommes (et les femmes) de l’AKP ont décidé­ment un prob­lème avec les femmes.… Patri­ar­cat, quand tu empris­onnes les cerveaux !

Ajout : *L’info a été pub­liée par la presse française, mais avec une tra­duc­tion approx­i­ma­tive et polie, allez savoir pourquoi… : « Madame, tenez vous tran­quille », ce qui n’a rien à voir avec la bru­tal­ité et le mépris de l’original, qui tutoie et dit claire­ment « tu es une femme donc ta gueule ! ».


Les per­les sex­istes des dirigeants turcs ?
A lire : Quand l’i­mam pète, les ouailles chient”, Une Chronique de Mamie Eyan


assemblee-nationaleLevées d’immunités parlementaires

Le HDP a déposé une demande offi­cielle afin de faire enlever l’immunité de ses 80 par­lemen­taires. Sela­hat­tin Demir­tas le coprési­dent du HDP avait annon­cé leurs inten­tions hier, en pré­cisant qu’ils n’avaient rien à se reprocher et invi­tant à en faire autant, tous les 550 députés de l’Assemblée.

La sur­prise est venue du CHP qui à son tour a annon­cé que la demande de sup­pres­sion de l’immunité par­lemen­taire de ses élus par­lemen­taires serait demandée, s’as­so­ciant ain­si à celle du HDP.

Toutes ces “joutes” par­lemen­taires, se font sur fond de crise depuis les dernières élec­tions, le gou­verne­ment étant tou­jours “pro­vi­soire”.


Enquête sur crimes de guerre

La Cour pénale inter­na­tionale a annon­cé l’ou­ver­ture d’une enquête prélim­i­naire sur Recep Tayyip Erdoğan (Prési­dent de la République), Ahmet Davu­toğlu Pre­mier Min­istre), Efkan Ala (Min­istre de l’Intérieur) et Hakan Fidan (Directeur Ser­vices Spéciaux).

Pour l’instant ce n’est qu’une ouver­ture d’enquête préalable.

Comme il était apparu dans l’actualité mon­di­ale, que la Turquie était accusée d’aider les groupes en guerre en Syrie, en leur four­nissant de l’argent et des armes, de provo­quer la guerre civile, de négoci­er pour la vente illé­gale de pét­role avec Daesh, de fer­mer les yeux sur le pas­sage des groupes ter­ror­istes sur ses ter­res… etc. Le TPI s’est saisi de ces affaires, liées aux accu­sa­tions de crimes de guerre de Daesh.

Par ailleurs, pour tous ces crimes, toute per­son­ne impliquée, des don­neurs d’ordres aux exé­cu­tants, tous les respon­s­ables, ain­si que ceux qui ont inter­féré dans l’affaire en obscur­cis­sant les preuves, comme des juges, pro­cureurs ou agents de ren­seigne­ments peu­vent être menées devant le tribunal.

Le dossier des camions chargés d’armes à des­ti­na­tion de Syrie con­stitue une des pièces les plus impor­tantes de l’enquête. Ces camions accom­pa­g­nés d’agents de MIT, avaient été arrêtés à Adana par la gen­darmerie, puis avaient repris leur achem­ine­ment. Une enquête judi­ci­aire dans laque­lle 25 mil­i­taires et 4 pro­cureurs seront jugés après avoir été mis en déten­tion est tou­jours en cours.

Il y a d’autres doc­u­ments qui peu­vent servir de preuves. Les doc­u­ments four­nis au Con­seil de Sécu­rité des Nations Unies par le gou­verne­ment de Syrie, ain­si que les doc­u­ments sur le com­merce illé­gal de pét­role entre la Turquie et le Daesh, obtenus par les Etat-Unis selon les arti­cles de Mar­tin Chulov du The Guardian, et Alfred Hck­ens­berg­er de Die Welt.

Les années précé­dentes, Besar Caferi, le représen­tant des Nations Unis de Syrie, avait déjà demandé une enquête en accu­sant la Turquie « d’aider les ter­ror­istes à pass­er en Syrie ». Cet enquête continue.

Par ailleurs, La Syrie avait déposé une plainte égale­ment en accu­sant la Turquie d’avoir aidé à Hayao Boumed­di­ene, la femme d’Amedy Coulibaly à entr­er clan­des­tine­ment en Syrie. Cette enquête est égale­ment en cours.

Sur ces deman­des de Syrie, comme sur celle de la Cour pénale inter­na­tionale, il n’est guère raisonnable d’attendre une réponse pos­i­tive du Con­seil de Sécu­rité des Nations Unies dont font par­tie les les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, la Chine et la Russie qui dis­posent d’ un droit de véto.

Le nom­bre de pays qui recon­nais­sent la Cour pénale inter­na­tionale est de 123. La Turquie n’en fait pas partie.

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Source : l’ar­ti­cle de Me. Vur­al Ergül


Comme on le voit, alors que les arresta­tions et sur­veil­lances ne cessent pas dans le pays, alors que les mil­i­taires se posi­tion­nent à la fron­tière, en interne, les manoeu­vres poli­tiques de l’AKP con­tin­u­ent, manoeu­vres aux­quelles le HDP tente de répon­dre tant bien que mal, pris entre le marteau et l’en­clume, et main­tenant mal­gré tout son atti­tude d’ex­i­gence  de “paix” et de non réponse aux provo­ca­tions. Dans ce con­texte, sauf manoeu­vres dila­toires de dernière minute, la Turquie va vers de nou­velles élec­tions, dans un cli­mat de répres­sion poli­cière et de bruits de bottes.


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