Les beaux jours arrivent et le marronnier commercial de «la fête des mères » pointe lui aussi le bout de son nez… En France la connerie est prévue pour le 31 mai, mais en Turquie c’est pour dimanche 10 mai. Plus le jour J s’approche, plus les clichés de Femmes présentées comme frappées de domesticité aiguë imbibent les écrans, pages des médias et panneaux publicitaires.
Cette période de l’année éparpille partout ses confettis d’images rétrogrades collées à la Femme. Les femmes estampillées de « Anne, ana » (mère) sont encore une fois les sujets pour transformer les enfants de tout âge en parfaits petits consommateurs. Des messages insultants pour les femmes et culpabilisants pour leur progéniture, sont bien sur servis habillés de tendresses, d’amour et de bisounours. La devise : « Nos mères méritent la meilleure des choses ! » se doit d’être comprise dans ce contexte comme « Surtout surtout consommez » !
Pendant que les femmes s’organisent et luttent pour l’égalité, pour leur droits, contre la montée du sexisme, de la violence envers la Femme en Turquie… Un beau jour l’opportunité de se faire du fric arrive et toutes les marques, les enseignes s’y mettent. Même ceux qui ne font pas partie de la clique d’Erdogan, qui devraient donc en principe ne pas relayer son discours patriarcal, son idéologie réductrice, et sa dialectique de femme=mère… Bah, rien de surprenant ; devant le fric à se faire, tous les moyens sont bons, et le capitalisme féroce n’a plus d’autres valeurs que le profit.
Le proverbe turc disait : « Le paradis se trouve sous les pieds des mères ». Mais ça, c’était avant…
Allez un petit tour dans le délicieux monde de la publicité turque…
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ISTIKBAL
La maman manque aux fauteuils, aux rideaux, aux assiettes et oui c’est vrai elle manque aussi un peu au mari et au gamin….
Le père : « Ayten où es-tu ? Les fauteuils pour lesquels nous avions eu un coup de coeur sont silencieux, les assiettes sont orphelines, les buffets sont déserts, les chambres n’ont pas ta lumière, parce que tu n’es pas là. Où es-tu allée, regarde comme notre enfant manque d’enthousiasme. Notre bonheur passe devant mes yeux, comme si tu étais là il y a peu de temps. Que ces portes s’ouvrent, que tu reviennes à nous, à notre maison, à notre foyer… »
Ayten (rentre avec son porte monnaie et un pain s’il vous plait) : « Bah, je suis partie de la maison deux minutes, vous êtes tout effilochés ! ».
Le gamin « Mamaaaan ! ».
Celles qui fait d’une maison, une maison, celle qui rend tout précieux, c’est vous. Notre nouvelle collection est un cadeau pour vous. Pour que chaque jour soit rempli d’amour pour vous.
KARACA HOME
Des draps fleuris et les mères… Ces femmes qui ne peuvent pas être heureuses, si leurs enfants ne le sont pas.
La gamine : « Ah, je vais lui faire une telle surprise qu’elle va surement adorer. elle va me prendre dans ses bras. Super, je savais ! ».
Le set de lit des maman de Karaca Home. Avec les sourires de leurs enfants, le plus beaux cadeau qui rendraient heureuses les mamans. Bonne fête des mères. Karaca Home…
VESTEL
Les femmes qui cuisinent tout tout tout à la maison et qui se tracassent pour le budget du foyer ; nos mères.
Ce délicieux hamburger avec des piments verts, des oignons croquant, qui égaye les palais….
La mère « Je ferai le même à la maison ! »
Heu.. ce dessert excitant où les fruits rouges ont rendez-vous avec le yaourt…
La mère « Je ferai le même à la maison ! »
Alors.. ce plat qui réunit le saumon et l’avoc….
La mère « Je ferai le même à la maison ! »
Dans ce cas, cette mozzarellllaaa…
La mère « Je ferai le même à la maison ! »
Mais ça c’est carré !
La mère « Bah, il n’y a pas de plateau rond à la maison. »
Nous souhaitons une bonne fête à toutes les mamans qui font le même à la maison. Vestelllll !
HOTPOINT
Quoi ? Des fleurs pour la fête des mères ? Les fleurs ne servent à rien ! Un fer à repasser tiens ! Le fer à repasser est un besoin important pour nos femmes.
Encore des fleurs ?
Sauvez une fleur, achetez un Hotpoint et facilitez la vie de Valide Sultan (La mère du Sultan dans l’Empire Ottomane)
LAV (marque de verre)
Y a pas mieux que d’être maman, les autres ne peuvent pas comprendre.
Le bébé « Ma.. man… »
Certaines émotions, vous ne pouvez les comprendre que quand vous êtes maman. Chaque jour de la maternité est une nouvelle émotion.
PROFIL
Etre sans maman est une atroce manque de services.
Quand on était à l’école, quand on était à l’étranger, nous avons survécu aux épreuves.
Commence une chanson traditionnelle dont les paroles sont modifiées. La chanson originale parle de la bouche d’une jeune fille qui part dans un autre village pour se marier. Et là, c’est les pauvres étudiants qui ne savent pas comment faire quand la maman n’est pas là…
En résumé les paroles disent : Qu’on ne nous envoie pas à des kilomètres, que nos maisons ne soient pas dans des villes lointaines, qu’on ne s’inscrive pas dans des écoles au loin, qu’on ne laisse pas mourir de faim les chéris de leur maman… Que les oiseaux le sachent ma maman me manque. Ma maman me manque, ma maison me manque, ces belles journées me manquent.
Que notre mère soit toujours avec nous. Que votre fête des mères soit heureuse.
KORKMAZ
Les femmes qui sont en communion avec leur table…
Une voix off mielleuse (de mec bien évidement) : « A cette instant là, l’émotion de la femme était sur la table. Ses joyeuses basiliques sur la table… Sa poêle, sa casserole, son sel, son poivre, la chanson du repas, la chanson de l’amour… Sur la table il y avait la chaleur d’une soupe, la fraicheur d’un pain, la cuisson du riz… C’était une telle table… elle avait réuni la patience de la femme et son impatience, son art, son secret. Après on dit la vie est dure. Que des paroles… Sur la table de la femme, il y avait un grand sourire. »
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Et si on regardait du côté français… On ne doit pas être si mal loti non plus.
Ca vous dirait de faire une jolie petite collection ? N’hésitez pas commenter, partager les liens et votre avis.
Naz Oke pour Kedistan