Le Premier Ministre Ahmet Davutoglu, exprimait hier, dans un discours : « L’AKP bouscule les tabous et célebre de nouveau la fête des travailleurs. » et précisait : « Toutes les places de la Turquie seront ouvertes le 1er mai. ».
Rappelant les 34 morts du « 1er mai sanglant » de 1977, Place de Taksim, le Premier Ministre n’a cependant pas manqué de mettre en garde les manifestants : « Surtout surtout, ne tombez pas dans le jeu des provocateurs et des groupes marginaux. ».
Pourtant la Préfecture d’Istanbul a belle et bien interdit la place Taksim pour le 1er mai. Pour éviter une manifestation non autorisée, toutes les routes qui mènent à Taksim sont bloquées ainsi que les quartiers Beşiktaş, Şişli, Mecidiyeköy, Okmeydanı, Dolmabahçe, Kabataş, Karaköy. Les transports collectifs seront stoppés à partir de 06h.
La préfecture se soucie beaucoup de la sécurité des manifestants. Une arrêté préfectoral nous explique que : La place de Taksim est inadaptée à des manifestations à forte participation. La circulation y est intense. Il y a une concentration touristique importante. En cas d’impossibilité de contrôle de la manifestation, les participants vivront de graves difficultés lors d’une évacuation, des vies et des biens seront en danger, l’ordre social sera dérangé et la sécurité deviendra impossible à assurer. Pour ces motifs, la Place de Taksim n’est pas autorisée pour la célébration de la Journée du travail et de solidarité du 1er mai.
Depuis 2002, le pouvoir AKP s’entête dans son interdiction de la Place Taksim pour le 1er mai. Il y a toujours eu des violences policières, sauf en 2010, 2011 et 2012, où comme par hasard il n’y a pas eu de « mesures de sécurité » donc pas de problèmes.
L’histoire des 1er mai, Place Taksim, démontre la véracité du principe « Qui dit présence policière, dit provocation, violence, répression ».
Selon la presse turque la Direction de la Sécurité d’Istanbul a suspendu tous les congés au sein de forces de l’ordre. 25 milles policiers seront mobilisés à Taksim et alentours. 62 « Toma » (Canons à eau) dont 2 « Ejder », canons nouvelle génération qui sont capables de lancer des obus d’eau sont entrain de prendre place.
En 2014, 40 milles policiers étaient en place à Taksim et à la fin de la journée 266 personnes avaient été mises en garde à vue à Istanbul, ainsi que 300 dans tout le pays. On avait recensé des centaines de blessés, 90 personnes ont été hospitalisées, dont 4 traumatismes crânien, une oreille arrachée, une fracture au bras, une vingtaine de blessure par grenade lacrymo, une blessure à l’oeil avec le risque de perte de vue. 12 journalistes avaient été blessés par la police et un journaliste était mis en garde à vue.
Malgré l’interdiction, diverses organisations appellent à se rassembler à Taksim. La répression policière sera-t-elle au rendez-vous ?