Pour le 100ème anniversaire du génocide arménien, un livre recueille des articles de journaux allemands, britanniques, danois, norvégiens, américains, russes…
Elif Akgül journaliste de l’agence de presse Bianet, nous informe que le livre intitulé « Front Page Coverage In the World Press » (Les manchettes de la presse mondiale sur la génocide arménien) a été préparé par Hayk Demoyan, Directeur du Musée du Génocide arménien, et révèle le regard de la presse dans une période qui va de la moitié du 19ème siècle à la fondation de la République de Turquie.
Quelques publications appellent à l’aide, tirent la sonnette d’alarme, d’autres se contentent de rapporter des faits avec photos et graphiques. On peut également observer des caricatures sur les alliés des Ottomans, et des propagandes ciblant les pays qui aidaient les Arméniens. Le livre de 213 pages, est édité en arménien et en anglais.
Demoyan explique dans l’introduction que les massacres de Hamidiye de 1894 et 1896, le massacre d’Adana de 1909, et le génocide de 1915 ont trouvé de l’écho tout particulièrement dans la presse anglaise, russe, française et américaine :
“Ces publications donnent des informations précieuses aujourd’hui et aident à la découverte de la réalité historique du génocide arménien.”
“Des journalistes internationaux et des éditeurs utilisent comme sources les témoignages des rescapés du génocide dans l’Empire Ottoman, ainsi que les rapports envoyés par des diplomates étrangers, des bénévoles et missionnaires sur place et d’autres personnes qui furent témoins des massacres. ”
L’image de “Başıbozuk”, a été largement utilisée par la presse occidentale. Le terme “Başıbozuk” était utilisé pour définir les gangs qui attaquaient les arméniens et chrétiens.
- Le Journal Illustré — 1864
- Journal Des Voyages — 1877
- L’enterrement de Pierre Azarian, Patriarche arménien à İstanbul — 20 mai 1899, Le Journal Illustré.
- “Let’s have (a) peace (piece)” [Allez, faisons la paix, et prenons une partie]. Harper’s Weekly, 30 juin 1877
- Le massacre des arméniens à İstanbul, Il Seculo Illustrato, 13 septembre 1896
- Les commerçants qui ferment les portes dans la panique. The Graphic, 28 décembre 1895
- L’article du Gerardstown Times est titré “Kill the Armenians” (Tuez les arméniens), la politique anti-arménienne des Ottomans y est critiquée, 7 décembre 1894
- The Graphic, 7 décembre 1895, des photos d’après massacre.
- Le massacre d’Erzurum, Nove Jllustrovane Listy, journal tchèque, janvier 1896.
- Illustration de Black and White du 22 décembre 1895 représentant une femme qui se jette de la falaise pour fuir le viol, à Samsun.
- Domenica del Corriere, 1909 : “Massacre dans l’Est de la Turquie Adana katliamı : des milliers d’arméniens furent brûlés vifs dans l’église à Adana”.
- L’IIIustration : Enver Paşa, 17 janvier 1914.
- Excelsior : Le cavalier russe avec une orpheline dans les bras. Cette photographie est devenu plus tard, un symbole des russes qui ont aidé les arméniens. 30 juin 1916.
- Les réfugiés arméniens et syriens sous la protection des britanniques. Presse britannique.
- Le journal intitulé “Slave Market News” (Nouvelles du marché d’esclave) parle des femmes arméniennes rescapées du génocide, sous le titre de “Comment les turcs marquent les femmes chrétiennes qu’ils possèdent”, 1925.
- Le portrait d’une arménienne, Orient im Bild, juin 1927.
Ainsi ce livre met clairement à jour le fait que les premiers massacres et le génocide arménien ont été commis sous le regard du monde.
Quand on se questionne sur l’indifférence générale, aussi bien pour le génocide arménien que la Shoah, mais aussi ce qui se passe actuellement pour les réfugiés qui périssent dans la mer sur les côtes de Lampedusa, on peut dire que finalement, les pays qui sont des témoins contemporains de massacres humains, savent, tournent la tête, et ne bougent le petit doigt que si seulement un bénéfice est à en retirer.
Pour ce génocide, de surcroît, le négationisme reste de rigueur en Turquie pour les autorités, les ultra-nationalistes bien sûr, et encore une partie de l’opposition nationaliste. Si un certain nombre d’Etats occidentaux ont, par vote solennel, “reconnu” internationalement le génocide, la crispation du régime turc subsiste, alors que celui-ci est une des clés de compréhension de la Turquie moderne et de ses états de guerre permanents.