La plume du grand Yaşar Kemal, nous vous l’annoncions samedi, a cessé d’écrire au rythme des palpitations de son coeur. Le monstre sacré de la littérature turque est parti aujourd’hui, inhumée à côté de sa première femme Tilda au cimetière de Zincirlikuyu, après une cérémonie à la mosquée de Teşvikiye, sous les applaudissements intarissable d’une foule innombrable d’anonymes venus lui rendre un dernier hommage dans les rues d’Istanbul.
La littérature turque est désormais orpheline. Le pays a perdu son platane, presque centenaire.
Des personnalités, auteurEs, écrivainEs, ou politicards opportunistes, mais aussi lectrices et lecteurs étaient présents, tout comme ses amiEs de son village natal Gökçedam (Hemite), et ont suivi son enterrement sur les médias, ou restés au village, tous ensemble.
Can Dündar, journaliste :
“Nous avons eu un maître comme lui. Nous avons eu la chance de le connaitre, de partager le même siècle et marcher sur les mêmes terres. Nous avons été honorés de cela et nous vivrons avec cet honneur. Sur ces terres, il n’y a pas d’écrivain qui suit la vérité, écrire la vérité, se rebeller contre l’injustice et passer des jours difficiles. C’est presque dans la culture de cette terre. Et il a reçu sa part. Mais toujours debout, il a été un exemple pour nous. Nous, ses lecteurs, tacherons de continuer cela.”
Orhan Pamuk, écrivain :
“La mort de Yaşar Kemal m’a beaucoup attristé. Je suis très secoué. Un grand homme. Un grand écrivain. Dans mon enfance, lors de mes années de lycée je lisais ses livres. Adulte j’ai été fier d’être son ami politique et littéraire. Il n’était pas seulement un grand écrivain, mais aussi un grand homme. Il n’a jamais perdu son optimisme même dans les conditions les plus difficiles, sous l’oppression, en prison, sous menaces de mort. Il m’a jamais permis que les conditions sociales tuent l’enfant en lui. Il était toujours optimiste et créatif. Nous faisions longue marches ensemble. Yaşar Kemal était un grand auteur. Je suis fier d’être son ami. Tant que la langue turque vivra ses romans vivront.”