Près de 100 familles issues du milieu tsi­gane ont été mis­es à la rue dans le quarti­er d’Ataşehir à Istan­bul tôt ce matin après que les bull­doz­ers de la munic­i­pal­ité aient démolies leurs cabanes. 8 ans plus tôt ils avaient per­du leurs maisons, dû aux pro­jets de renou­veau urbain dans la zone d’habitations.

« Lais­sez les nous pouss­er vers le bord de mer pour se débar­rass­er totale­ment de nous. Quelle dif­férence cela fait-il main­tenant ? » racon­te Nor­man Dalkoparan.

La zone de démo­li­tion était située adja­cente à la citerne d’eau de Kayış­dağı, un com­plexe entouré par des blocs d’immeubles.

La démo­li­tion s’est effec­tuée à 5 heures du matin, heure locale, alors qu’il est rap­porté que les pro­prié­taires des cabanes n’étaient pas autorisés à met­tre à la rue les biens en rai­son des alertes aux tem­pêtes de neige d’Istanbul.

« Ils n’acceptent pas les locataires tsiganes ».

Ner­i­man Dalkoparan a démé­nagé dans cette zone après que sa mai­son fut démolie à Küçük­bakkalköy en 2006.

« Il nous restait une cabane ici. Nous habi­tions là-bas depuis 30 ans, un jour ils ont rasé notre mai­son, dis­ant que nous n’avions pas ses papiers de pro­priété. Nous habi­tions dans celle-ci depuis 8 ans. Je ne sais pas si per­son­ne ne prend de bains dans des con­tain­ers en plas­tique, mais nous le faisons. Main­tenant nous sommes chas­sés. Nous n’avons plus aucuns biens. »

Dalkoparan racon­te qu’elle cherche un apparte­ment depuis plus d’un mois : « Nous avons telle­ment cher­ché, ils n’acceptent pas les pro­prié­taires tsi­ganes. Ils dis­ent soient que c’est loué soit ils aug­mentent les prix ».

500-337
Ensuite, elle a présen­té sa carte d’identité. « Lisez », dit-elle.

« D’où suis-je orig­i­naire ? Istan­bul. Nous sommes des enfants d’Istanbul, mais per­son­ne ne voit les pau­vres d’Istanbul. Ils doivent nous pouss­er à la mer pour se débar­rass­er de nous. Quelle dif­férence cela fait-il maintenant ? »

« Que se serait-il passé si un bébé était resté coincé sous les gravas ? Dieu mer­ci, nous sommes encore en vie… » continue-t-elle.

Nuray Demir, d’un autre côté, racon­te que les cahiers des enfants ont été per­dus dans les débris. L’une de ses filles est diplômée de l’université et ses 5 autres enfants étu­di­ent tou­jours. Elle les a déjà envoyé chez des proches, afin qu’ainsi ils puis­sent rester au chaud. Cepen­dant, ils furent dans l’incapacité de se ren­dre à l’école aujourd’hui. Et per­son­ne ne sait ce qu’il va advenir.

Le gou­verne­ment doit fournir des loge­ments soci­aux 

500-333

Neba­hat Bil­giç, prési­dente d’une asso­ci­a­tion de pro­mo­tion des droits du peu­ple tsi­gane (Anadolu Yakası Roman­ları Yaşat­ma ve Kalkındır­ma Derneği), racon­te à Bianet qu’ils sont en lutte pour fournir des loge­ments soci­aux aux per­son­nes pour 6 mois en ren­con­trant des offi­ciels à Ankara.

Bil­giç a exhorté les offi­ciels à apporter une solu­tion au prob­lème en four­nissant des loge­ments sociaux.

D’un autre côté, les offi­ciels du Min­istère de la Famille et des Poli­tiques Sociales sont venus sur la zone de démo­li­tion, promet­tant des aides loca­tives si les familles trou­vaient un lieu pour vivre. Cepen­dant, ils sont restés incer­tains sur le fait que le gou­verne­ment pou­vait leurs fournir ou non des loge­ments sociaux.

Les tsi­ganes dis­ent qu’ils sont à la recherche d’appartements mais qu’on les leur refuse en rai­son de leur orig­ine tsigane.

Pour la munic­i­pal­ité d’Ataşehir : « Nous ne pou­vons pas empêch­er la démo­li­tion ».

Bianet a aus­si con­tac­té Cafer Özil­han, porte-parole de la Munic­i­pal­ité dAtaşe­hir (NDT : Munic­i­pal­ité CHP, PS turc mem­bre de l’internationale socialiste).

« 24 maisons ont été démolies. Ni la pro­priété, ni les ordres de démo­li­tions sont venus de nous. La police et les équipes munic­i­pales ont été assignées seule­ment pour des raisons de sécu­rité. Une munic­i­pal­ité ne peut légale­ment empêch­er une démo­li­tion. Per­son­ne n’a soumis de requêtes de loge­ments par ailleurs » dit-il.

Finale­ment, les tsi­ganes sont main­tenant à la recherche d’un refuge et de l’aide. Nous savons claire­ment où ils sont, mais où vont ils se retrou­ver reste encore incertain.

Bianet, Istan­bul, 5 jan­vi­er 2015

KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.