Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV. Un retour sur la semaine du 10 décem­bre au 17 décem­bre 2016. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trou­verez ici, chaque semaine.

Vidéo et texte en français

Gros titres

  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — 100 vil­lages libérés
  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — Témoignages
  • RÉGION DE SHEHBA — Ville de Bab : mas­sacres per­pétrés par l’ar­mée turque
  • ARMÉE TURQUE EN SYRIE — Des nou­velles recrues
  • KAYSERI — Explo­sion d’un auto­car : 14 com­man­dos tués
  • PURGES POLITIQUES — Nou­velles arresta­tions, nou­velles condamnations
  • URFA — Cen­tre de déten­tion improvisé
  • CONGRÈS DES FEMMES DU DBP — Appel à la lutte
  • ANKARA — Assas­si­nat de l’am­bas­sadeur de Russie Andrey Karlov
  • FRANCE — TURQUIE — Com­pro­mis­sion de la France
  • BELGIQUE –TURQUIE — Com­pro­mis­sion de la Belgique

OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
100 VILLAGES LIBÉRÉS

Les forces démoc­ra­tiques syri­ennes pour­suiv­ent l’offensive pour repren­dre la ville de Raqqa au Daesh. Une cen­taine de vil­lages ont déjà été libérés depuis ce 10 décem­bre, date du début de la deux­ième phase de l’offensive « colère de l’Euphrate »

Abdul Kad­er Hev­idili est un com­man­dant des forces démoc­ra­tiques syri­ennes qui opèrent sur le front de la ville de Raqqa, dans le cadre de l’opération colère de l’Euphrate, une opéra­tion mil­i­taire d’envergure qui en est à sa deux­ième phase pour ren­dre aux habi­tants de Raqqa leur lib­erté et débar­rass­er le nord de la Syrie de ce chan­cre du Daesh.

Selon le com­man­dant, en dix jours de com­bats, les forces démoc­ra­tiques syri­ennes ont repris 97 vil­lages et tué 96 mem­bres du daesh ; 1300 kilo­mètres car­rés ont été libérés. Toute la rive nord du lac Assad est aujourd’hui sous le con­trôle des forces démoc­ra­tiques syriennes.
Quand les vil­lages sont libérés, les habi­tants accueil­lent les forces démoc­ra­tiques syri­ennes avec soulage­ment et grat­i­tude. De nom­breuses nou­velles recrues de ces vil­lages vien­nent d’ailleurs, comme le con­firme le com­man­dant, rejoin­dre les unités des forces démoc­ra­tiques syriennes.
La coali­tion inter­na­tionale est active depuis les airs, et il y a même quelques com­bat­tants de la coali­tion au sol, mais avec l’arrivée des nou­veaux com­bat­tants des vil­lages libérés, les forces démoc­ra­tiques syri­ennes risquent vite de se retrou­ver à court d’armes dans leur com­bat con­tre Daesh.
Les forces démoc­ra­tiques syri­ennes pro­gressent sur deux fronts pour pren­dre la ville de Raqqa depuis l’ouest. Daesh est donc pris en tenaille par le pre­mier groupe armé qui est par­ti de la ville de Qadiriyê, et du deux­ième groupe qui est par­ti de la ville de Ker­dochan. Au nord de Raqqa, les forces démoc­ra­tiques syri­ennes avaient déjà, lors de la pre­mière phase de l’opération, repris toutes les posi­tions stratégiques et mis en place des struc­tures d’accueil pour les civils qui fuient les combats.
Depuis la deux­ième phase des opéra­tions mil­i­taires de l’opération « colère de l’Euphrate », les forces démoc­ra­tiques syri­enne ont per­du 9 com­bat­tants et une douzaine d’autres ont été blessés.

OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
TÉMOIGNAGES

Les com­bat­tants arabes des forces démoc­ra­tiques syri­ennes témoignent pour l’agence ANF de leur volon­té d’en finir avec Daesh dans leur ville de Raqqa.

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Yusuf Yusuf déplore tout d’abord la pro­pa­gande orchestrée depuis la Turquie pour dis­créditer l’effort des FDS. Il rap­pelle que ses com­pagnons d’armes avec lesquels il com­bat sont Kur­des, Arabes, Syr­i­aques, Turk­mènes ; Quant aux autres unités des forces démoc­ra­tiques syri­ennes qui ne peu­vent se join­dre à l’offensive « colère de l’Euphrate «  Yusuf Yusuf explique qu’elles sont mobil­isées sur les lignes défen­sives le long de la fron­tière et dans la région de She­h­ba pour con­tenir l’agression des forces armées turques, du Daesh et des ban­des armées de la coali­tion nationale syrienne.
Mihemmed el Cadir explique que les com­bat­tants des forces démoc­ra­tiques syri­ennes pren­nent toutes les pré­cau­tions pour la sécu­rité des civils. Toutes les offen­sives sont menées avec la plus grande pru­dence. Notre objec­tif, dit encore Mihemmed el Cadir, est de net­toy­er toutes les ter­res de Syrie occupées par Daesh, Ahrar al Sham, le front al Nos­ra, ou encore la brigade sul­tan Murat. Une fois éradiquées toutes les forces occu­pant la Syrie, la vic­toire appar­tien­dra aux forces démoc­ra­tiques syri­ennes et à tous les peu­ples de Syrie.

Kino Gabriel est le com­man­dant du con­seil mil­i­taire syr­i­aque, qui par­ticipe égale­ment à l’offensive « colère de l’Euphrate ».
Pour ce com­man­dant, les FdS sont sans aucun doute la seule force qui représente tous les peu­ples de Syrie, c’est une armée nationale qui repose sur toutes les com­posantes eth­niques et religieuses du pays, ce qui fait de cette force la clé à tous les prob­lèmes de la crise actuelle.
Avec l’établissement des forces démoc­ra­tiques syri­ennes, éval­ue le com­man­dant Kino, ce qui était presque impos­si­ble a déjà été réal­isé. Hol, Tichrine, Shad­da­di, Elin, Cudi et Min­bij ont déjà été libérées, et main­tenant, les com­bat­tants de la lib­erté se diri­gent vers Raqqa, le cœur des ban­des du Daesh.
Le com­man­dant syr­i­aque est égale­ment fort sat­is­fait de con­stater que près de 500 jeunes arabes de la ville de Raqqa par­ticipent active­ment aux opéra­tions mil­i­taires et que la puis­sante tribu arabe des Max­muri a égale­ment rejoint les batail­lons des forces démocratiques.

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Cers pro­pos sont égale­ment con­fir­més par le com­bat­tant syr­i­aque, Zeyd, qui expli­quait à l’agence ANF que si les guer­res sont sou­vent destruc­tri­ces, par­fois, elles peu­vent con­tribuer à ren­forcer la fra­ter­nité à l’intérieur des sociétés.

RÉGION DE SHEHBA- VILLE DE BAB
MASSACRES PERPÉTRÉS PAR L’ARMÉE TURQUE

Dans la ville de Bab, les forces armées turques ont com­mis plusieurs mas­sacres con­tre des civils. On a aus­si appris que les sol­dats turcs qui sont en poste dans le nord de la Syrie sont les mêmes que ceux qui ont détru­it les villes kur­des du Bakur à Cizré, Silopi, Şir­nak ou Sûr. Et de nou­velles unités de sol­dats sont for­mées grâce à l’arrivée de Turcs en prove­nance d’Asie Cen­trale pour pal­li­er aux défec­tions de plus en plus nombreuses.
Selon des infor­ma­tions trans­mis­es à l’agence Anha par des habi­tants de Bab, les forces armées turques ont mas­sacré lors de bom­barde­ments 84 civils, dont de nom­breux enfants.
Dans cer­taines familles, c’est le désas­tre : 13 morts sont déplorés dans la famille El-esfur, 27 dans la famille Selas, et 10 dans la famille Naqo.
A Bab, les ban­des de Daesh ont décidé de ne pas céder le ter­rain comme dans les autres villes du nord de la Syrie, comme à Jarablus, aux ban­des de l’armée syri­enne libre qui accom­pa­g­nent les mil­i­taires turcs. Des com­bats ont donc eu lieu entre sol­dats turcs et mem­bres de Daesh, faisant ce mer­cre­di d‘après les chiffres de l’armée turque, 14 morts et 33 blessés. L’hôpital de la ville a été repris par Daesh, ain­si que la colline Akil qui sur­plombe la ville.
Peu après, dans la soirée, les mil­i­taires turcs tiraient à bout por­tant sur une auto où se trou­vaient 5 civils qui fuyaient les com­bats, tuant encore les 5 occupants.

ARMÉE TURQUE EN SYRIE
DES NOUVELLES RECRUES

Selon Ahmet Takan, du jour­nal turc « Yeniçag », il y aurait pas mal de deman­des de démis­sion par­mi les sol­dats turcs, démoral­isés par leurs échecs sur le sol syrien. Ces deman­des de démis­sion affectent même les unités de bérets bruns.

Pour le jour­nal­iste Ahmet Takan, tous les sol­dats qui opèrent aujourd’hui dans le nord de la Syrie avaient d’abord été affec­tés aux destruc­tions et aux mas­sacres des villes kur­des du Bakur, à Cizre, à Sûr, à Silopi et à Sir­nak, avant qu’ils ne par­tent de l’autre côté de la frontière.

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Pour pal­li­er au mau­vais moral qui règne dans la troupe et aux nom­breuses deman­des de muta­tion, le prési­dent Erdo­gan recrute des tur­coph­o­nes orig­i­naires d’Asie cen­trale, notam­ment du Kirghizstan.

L’une de ces recrues de l’armée turque, Sus­luhan Kork­maz, est prise en pho­to dans les mon­tagnes du Kur­dis­tan ou dans les villes kur­des qui avaient proclamé l’autogouvernement et résisté aux forces armées turques.

Lui et d’autres com­bat­tants issus d’Asie cen­trale sont aujourd’hui employés dans les ban­des turques qui ter­rorisent le nord de la Syrie. Avant d’être enrôlés dans les com­man­dos, ils sont passés par les insti­tu­tions du mou­ve­ment Gülen dans leurs pays d’origine, par­fois aus­si loin qu’en Mon­golie, avant de venir étudi­er en Turquie. Dans ces étab­lisse­ments d’enseignement du mou­ve­ment Gülen, la tur­cophilie et le nation­al­isme sont prêchés, et Erdo­gan n’a plus qu’à récupér­er ces jeunes exaltés pour men­er à bien ses pro­jets d’invasion et de destruc­tion avec de nou­velles troupes.

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Ayhan Bil­gen, le porte-parole du par­ti HDP, a par ailleurs dénon­cé le sort des mil­liers de sol­dats turcs envoyés en Syrie. « Qui gou­vern­era Bab ? » demande Bil­gen. L’armée syri­enne libre sous con­trôle de la Turquie n’est même pas capa­ble de pro­téger les vil­lages qu’elle a cap­turés et elle les rend à Daesh. Pour Bil­gen, les respon­s­ables de l’AKP qui ont nour­ri jusqu’à présent le Daesh deman­dent main­tenant aux forces armées turques de net­toy­er la région, notam­ment à tra­vers des mis­sions de démi­nage. Et Bil­gen d’aller plus loin : si cer­tains de ces sol­dats doivent mourir en mar­tyrs en Syrie, c’est parce que ceux qui déti­en­nent le pou­voir en Turquie ont refusé de pren­dre leurs responsabilités.

KAYSERI
EXPLOSION D’UN AUTOCAR : 14 COMMANDOS TUÉS

Un auto­car trans­portant des sol­dats turcs du 1er batail­lon de com­man­dos de la province de Kay­seri avait été ciblé par une attaque du TAK, il y a 10 jours. Il y avait eu au moins 14 morts. Tous ces sol­dats avaient par­ticipé aux opéra­tions vio­lentes dans les villes du Kur­dis­tan du nord.
Les Fau­cons de la lib­erté du Kur­dis­tan – les TAK- ont revendiqué l’attaque menée sur l’autocar util­isé par les sol­dats d’élite du batail­lon de com­man­dos de Kay­seri, une attaque menée ce 17 décem­bre. Selon le com­mu­niqué du TAK, « tous ces sol­dats étaient impliqués dans la guerre géno­cidaire menée depuis des années con­tre le peu­ple kurde, et ils avaient répan­du le sang de mil­liers de kurdes. »
Et en effet, des vidéo ont émergé cette semaine, mon­trant ces sol­dats de Kay­seri brûler des vil­lages, tor­tur­er des civils à Hakkari et à Cizre ; Une autre vidéo mon­trait ces sol­dats de Kay­seri pré­cip­i­tant deux com­bat­tantes kur­des arrêtées depuis une falaise pour les exécuter.

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Murat Karay­i­lan, du comité exé­cu­tif du PKK, a tenu à rap­pel­er lors d’une inter­view ce mar­di que le PKK n’est aucune­ment respon­s­able des actions menées au stade de Besik­tas ou à Kay­seri par le TAK. D’ailleurs, le PKK cri­tique ouverte­ment de nom­breuses actions du TAK.

Mais en ce qui con­cerne l’action de Kay­seri, Karay­i­lan recon­nait qu’elle s’est déroulée dans le cadre légal des règles de la guerre.
Et Karay­i­lan de pouss­er plus loin la réflex­ion : pourquoi toutes les puis­sances occi­den­tales qui aujourd’hui con­damnent l’action de Kay­seri ne dis­aient rien quand ces mêmes sol­dats de Kay­seri ter­ror­i­saient les habi­tants du Kurdistan ?
Pour Murat Karay­i­lan, le PKK n’a pas été et n’est pas un par­ti qui souhaite la guerre. Quant à la respon­s­abil­ité des attaques de Besik­tas ou de Kay­seri, elle est à rechercher dans les rangs du gou­verne­ment de l’AKP, qui a délibéré­ment choisi de répan­dre le sang pour con­forter son pro­pre pouvoir.

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Après l’attaque de Kay­seri, des groupes fas­cistes se sont for­més dans l’ensemble du pays pour atta­quer et détru­ire les bureaux du par­ti HDP. A Istan­bul, dans les locaux du par­ti à Bey­likdüzü, ces groupes ont incendié les bâti­ments du HDP en chan­tant des slo­gans racistes. D’autres attaques ont eu lieu dans les autres grandes villes, à Ankara, à Izmir, à Kocaeli, ou à Erz­in­can. Des jeunes femmes de l’assemblée des jeunes du par­ti HDP ont été attaquées à Eskişe­hir, en Ana­tolie cen­trale. Quand les forces de l’ordre turc sont arrivées, ce sont les jeunes femmes vic­times des attaques qu’on a jugé per­ti­nent d’enfermer.

PURGES POLITIQUES
NOUVELLES ARRESTATIONS, NOUVELLES CONDAMNATIONS

La vague de purges qui frap­pent les élus et les cadres des par­tis du HDP et du DBP ne con­nait pas de répit. Les peines exigées par les pro­cureurs pour de sim­ples dis­cours sont exorbitantes.
Pour le per­son­nel poli­tique et syn­di­cal en Turquie, la vie oscille entre arresta­tions et condamnations.
Ley­la Bir­lik, la députée du Hdp de Şir­nak, sera enten­due par la cour de Şir­nak ce 4 jan­vi­er. L’acte d’accusation du pro­cureur pub­lic, Mehmet Pat­lak, requiert con­tre elle de 15 à 37 années de prison sur la seule base d’une dizaine de déc­la­ra­tions faites à la presse et pour sa présence à des funérailles dans sa ville de Sir­nak en 2015 et 2016.

Con­tre le député Abdul­lah Zey­dan, d’Hakkari, le pro­cureur a req­uis jusqu’à 20 ans de prison. Zey­dan aurait eu le tort, pour la jus­tice turque, de tenir des dis­cours lors de 7 réu­nions dif­férentes, d’avoir par­ticipé à des man­i­fes­ta­tions et d’avoir lui aus­si été présent lors e funérailles à Hakkari, à Gev­er et à Sir­nak ces deux dernières années.

Con­tre l’ancien mem­bre de la délé­ga­tion d’Imrali, le député HDP Idris Baluken, le pro­cureur d’Elazig a req­uis une peine de 10 ans de prison. Ce pro­cureur reproche à Idris Baluken de faire de la pro­pa­gande pour une organ­i­sa­tion terroriste.
A cette pre­mière requête du pro­cureur d’Elazig s’en ajoute une deux­ième, intro­duite par le pro­cureur de Bingöl, pour 18 années de prison. Le pro­cureur reproche à cet homme poli­tique d’avoir mené des activ­ités con­tre la struc­ture uni­taire du pays, des activ­ités qui visent à affaib­lir l’indépendance du pays et à rompre l’unité de l’Etat.
Rap­pelons que depuis le mois de juil­let 2015, 8.500 mem­bres du par­ti HDP ont été arrêtés. Les actes de van­dal­isme menés sous la bien­veil­lance des forces de police ont per­mis aux ban­des fas­cistes de s’en pren­dre à 352 repris­es aux dif­férents bâti­ments du par­ti à tra­vers le pays.
A Aksaray, les forces de police qui sont inter­v­enues sur les lieux de l’attaque fas­ciste con­tre les locaux du par­ti Hdp ont final­isé le tra­vail des agresseurs en déroulant un grand dra­peau turc sur les pan­neaux HDP du bâti­ment provincial.
Le pou­voir turc s’en prend aus­si aux syn­di­cal­istes. Cette semaine, Civan Yildirim, du syn­di­cat BES a été arrêté en même temps que le rédac­teur en chef de l’agence DIHA pour Ankara, Kenan Kirkaya et du co-prési­dent provin­cial du HDP Ibrahim Binici.

URFA
CENTRE DE DÉTENTION IMPROVISÉ

Et puis, il y a encore tous ces respon­s­ables poli­tiques d’Urfa, pour qui les autorités ne trou­vent tou­jours pas de prison assez grande. 212 per­son­nes sont ain­si retenues depuis ce 12 décem­bre dans un hall sportif, sans même savoir quand ils pour­ront ren­con­tr­er leurs juges.
Par­mi ces détenus, il y a des co-bourgmestres du DBP, comme Zeynel Taş de Bozo­va et Halil Akbaş de Suruç, mais aus­si 9 avo­cats du bar­reau d’Urfa. Dans ce cen­tre sportif trans­for­mé en cen­tre d’internement, il n’y a qu’une toi­lette pour 210 per­son­nes, et le médecin ne vient les vis­iter qu’une fois tous les 5 jours. Ils ne peu­vent bien enten­du pas ren­con­tr­er leurs avo­cats comme la loi le per­met nor­male­ment, à moins d’avoir une autori­sa­tion spé­ciale du procureur.
A Van, 3 nou­velles pris­ons ont donc été con­stru­ites il y a un mois. Ces pris­ons sont inachevées. Il y a là aus­si des prob­lèmes de san­i­taire. Les détenus ne béné­fi­cient pas de soins médi­caux, subis­sent des fouilles cor­porelles, et ne peu­vent pas pos­séder de mon­tre à leur poignet.
Les pris­on­niers poli­tiques sont mélangés avec les pris­on­niers de droit com­mun. Et tous sont men­acés en plein hiv­er d’être enfer­més dans des cel­lules froides et humide.

CONGRÈS DES FEMMES DU DBP
APPEL À LA LUTTE

C’est à Amed que s’est tenu dimanche passé le con­grès des femmes du par­ti DBP. Ce con­grès a tenu à mar­quer tout spé­ciale­ment sa sol­i­dar­ité avec la co-prési­dente du par­ti, Seba­hat Tun­cel ain­si qu’avec toutes les autres femmes qui croupis­sent dans les prisons.
Le con­grès des femmes du DBP a tenu à dénon­cer la per­sé­cu­tion des respon­s­ables poli­tiques des par­tis DBP et HDP comme un coup d’Etat poli­tique pire que celui de l’année 1980, sous le général Kenan Evren.
Le but de ce nou­veau coup d’Etat est de per­me­t­tre à Erdo­gan de met­tre en place un sys­tème prési­den­tiel dans lequel toute forme d’opposition doit être obéissante.
Pour l’assemblée des femmes, les attaques sur le Kur­dis­tan ont aug­men­té après le coup d’état de ce 15 juil­let 201, mais le proces­sus de mise en place de ce coup d’Etat avait com­mencé plus tôt, quand le gou­verne­ment avait rejeté les résul­tats des élec­tions du 7 juin.

L’assemblée des femmes con­state que les poli­tiques intérieures et extérieures de la Turquie sont mar­quées du sceau de l’échec ; l’insistance du gou­verne­ment AKP à pro­mou­voir la guerre a ampli­fié la crise économique et poli­tique d’aujourd’hui.
Rap­pelant le passé autori­taire, nation­al­iste et sex­iste de la scène poli­tique en Turquie, les femmes du DBP ont fait savoir que ni les femmes ni le peu­ple kurde n’accepteraient plus le statu quo. Les décrets d’urgence util­isés par le pou­voir en Turquie privent les femmes de leur emploi, et aujourd’hui, le con­grès des femmes du DBP appelle toutes les femmes du pays à se lever pour la défense de leurs droits et à rejoin­dre la lutte.

ANKARA
ASSASSINAT DE L’AMBASSADEUR DE RUSSIE ANDREY KARLOV

C’est lors d’une expo­si­tion d’œuvres d’art à Ankara que l’ambassadeur de Russie en Turquie, Andrey Karlov, a été assas­s­iné de plusieurs balles tirées dans le dos. Son assas­sin est un polici­er du départe­ment anti-émeute de la police d’Ankara.
Mevlüt Mert Alt­in­taş est un ancien de l’école de police d’Izmir. En poste à a police d’Ankara, il a lâche­ment assas­s­iné l’ambassadeur de Russie à Ankara.
Le par­ti HDP a immé­di­ate­ment dénon­cé dans les ter­mes les plus vigoureux ce meurtre et il a exprimé ses con­doléances à la famille du défunt ain­si qu’au peu­ple russe.
Mais ce crime, relève le HDP, prou­ve mal­heureuse­ment que la Turquie n’est plus un pays sûr, à cause de sa poli­tique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
Cemal Bayik, du KCK, l’union des com­mu­nautés kur­des, a analysé ce crime dans les colonnes du jour­nal Yeni Özgür Poli­ti­ka. Pour Cemal Bayik, le meur­tri­er est un fan du prési­dent Erdo­gan ; et Bayik s’explique :
Juste après le meurtre, les médias proches du pou­voir ont immé­di­ate­ment dénon­cé en chœur l’organisation de Fethul­lah Gülen ; Or, dit Bayik, on ne sait tou­jours pas si oui ou non ce polici­er avait des liens avec une quel­conque organisation.
Ce qui est cer­tain, c’est que ce meurtre se situe dans un cadre idéologique et poli­tique dans lequel l’intolérance envers les dif­férentes formes de foi et d’identité se développe grâce au per­son­nage de Recep Tayyip Erdo­gan. Le prési­dent turc a créé une per­cep­tion sociale ven­ger­esse et colérique à l’encontre des chré­tiens, de l’Europe et des pays étrangers. Il est donc haute­ment prob­a­ble, selon Bayik, que ce polici­er soit un grand fan d‘Erdogan, comme le mon­trent les pho­tos pub­liées dans les médias.
Ce crime con­tre l’ambassadeur ne se com­prend qu’à l’intérieur de ce cadre idéologique et poli­tique. La poli­tique de l’AKP en Syrie a fait de la Russie une cible, et les dis­cours du polici­er démon­trent qu’il a accom­pli son meurtre comme une mis­sion his­torique faite au nom de l’islam.
Autrement dit, dit Bayik, les dis­cours et la poli­tique d’Erdogan sont des incu­ba­teurs fer­tiles pour que des per­son­nal­ités du même type que celle de ce polici­er puis­sent émerger.
Et si la Russie pré­tend aujourd’hui que ce meurtre n’est qu’une provo­ca­tion des­tinée à dégrad­er les rela­tions entre les deux pays, c’est unique­ment parce qu’elle ferme volon­taire­ment les yeux sur cette réal­ité. La Russie se rac­croche à cet argu­ment volon­taire­ment, de manière à pou­voir con­tin­uer à utilis­er la Turquie dans le cadre de sa poli­tique internationale.
Cemal Bayik le prévoit donc déjà : l’enquête rus­so-turque sur cet assas­si­nat ne débouchera sur rien, et pour cause, ce ne sont pas les guleniste qui sont der­rière ce crime, mais bien les dis­cours de l’AKP du prési­dent Erdo­gan, des dis­cours qui s’en pren­nent de façon avilis­sante à toutes les puis­sances étrangères.

FRANCE — TURQUIE
COMPROMISSION DE LA FRANCE

Deux évène­ments majeurs vien­nent de jeter un cer­tain émoi sur le sol européen. En France, le prin­ci­pal sus­pect du crime du 9 jan­vi­er 2013 à Paris est mort à quelque semaines de son procès dans sa prison. Et en Bel­gique, le prési­dent de l’agence de presse kurde ANF a été arrêté sur base d’une demande Inter­pol des autorités turques.
C’était à Paris, ce 9 jan­vi­er 2013, que trois femmes kur­des étaient assas­s­inées à bout por­tant par un homme, Ömer Güney, dont l’enquête déter­min­era très rapi­de­ment qu’il était en lien avec le MIT, les ser­vices secrets turcs.
Les trois femmes, Sakine Can­siz, co-fon­da­trice du PKK, Fidan Dogan, représen­tante du Con­grès nation­al kurde- le KNK, et Ley­la Söyle­mez, une jeune mil­i­tante, ont été assas­s­inées pour 6.000 €. C’est ce que révè­lent des doc­u­ments du 18 novem­bre 2012, des doc­u­ments qui ont fuité sur inter­net suite aux ten­sions exis­tant alors entre güleniste et akpistes au sein des ser­vices turcs. Le doc­u­ment qui a fuité per­met aus­si de pré­cis­er que Güney s’entretenait avec les prin­ci­paux respon­s­ables du MIT sur la pré­pa­ra­tion du crime. Ces respon­s­ables formelle­ment recon­nus sont O. Yüret, directeur de sec­tion au Mit, U.K.Ayik, un autre directeur, le vice-prési­dent du MIT, S. Asal et le prési­dent H. Özcan.

Le tireur, Güney, avait cepen­dant été récupéré par les policiers français et emprisonné.
Mal­gré les promess­es véhé­mentes du prési­dent Hol­lande de faire toute la lumière sur cette affaire au lende­main du triple assas­si­nat, l’eau a depuis coulé sous les ponts. Pour­tant le prési­dent Hol­lande con­nais­sait per­son­nelle­ment Fidan Dogan.

Toutes les pistes de l’enquête pour traduire les com­man­di­taires en jus­tice menant en Turquie, et la Turquie ayant tou­jours refusé de col­la­bor­er à l’enquête française, la pro­cureur Jeanne Duyé a clos le dossier de l’instruction en mai 2015.
Et pour­tant… le procès devait com­mencer en décem­bre 2016, et puis, la date du procès a été post­posée au 23 jan­vi­er puis au 12 févri­er 2017, sans aucune raison.
Et pour­tant… les autorités français­es avaient que Güney avait des prob­lèmes de santé.
Et pour­tant… comme l’indique le dossier, l’assassinat a été organ­isé par le MIT.
Et pour­tant… dès 2012, les médias turcs répé­taient à l’envi que le PKK serait élim­iné rien qu’en tuant de 20 à 30 de ses administrateurs.
Pour le KCK, l’union des com­mu­nautés kur­des, la mort de Güney en prison est plus que sus­pecte. Il est fort prob­a­ble qu’il ait été tué pour l’empêcher de s’expliquer devant la cour.
Les autorités judi­ci­aires et poli­tiques français­es n’ont pas voulu expos­er le crime per­pétré par le gou­verne­ment AKP sur le ter­ri­toire français.
Cela aurait entrainé une crise pro­fonde entre la Turquie et l’Europe et remis en ques­tion la présence de la Turquie au sein de cer­taines insti­tu­tions de l’Europe.
Dans son com­mu­niqué, le KCK con­sid­ère que le meurtre de l’assassin Güney juste avant son procès fait de la France une com­plice du triple assas­si­nat. Sakine Can­siz, Ley­la Söyle­mez et Fidan Dogan ont donc été tuées une deux­ième fois, cette fois-ci par l’Etat français.

BELGIQUE –TURQUIE
COMPROMISSION DE LA BELGIQUE

Pour revenir sur l’affaire belge, il faut savoir que le directeur de l’agence de presse ANF, Maxime Aza­di, a été arrêté sur le ter­ri­toire belge suite à une demande d’Interpol émanant de la Turquie.
Maxime Aza­di est un jour­nal­iste établi en Europe depuis le début des années 2000. Il a été arrêté sur base d’une noti­fi­ca­tion d’Interpol intro­duite par la Turquie.
Pour les asso­ci­a­tions de jour­nal­istes IFJ et EFJ, les fédéra­tions inter­na­tionales et européennes de jour­nal­istes, cette arresta­tion pose un dan­gereux précé­dent, un précé­dent à même de men­ac­er la sécu­rité des jour­nal­istes turcs et kur­des exilés en Europe. Les deux organ­i­sa­tions ont donc décidé de dénon­cer cette vio­la­tion man­i­feste de la lib­erté de la presse en Bel­gique auprès du con­seil de l’Europe.
En atten­dant, Maxime Aza­di a immé­di­ate­ment été par­rainé par un comité de sol­i­dar­ité mis en place pour exiger sa libéra­tion, un comité qui a lui aus­si dénon­cé cette arresta­tion comme une honte pour la démoc­ra­tie et pour les lib­ertés dans un pays de l’union européenne. Ce comité avait recueil­li un jour seule­ment après sa con­sti­tu­tion plus de 2500 sig­na­tures sur la péti­tion qui avait été lancée en ligne.