Quelques jours après les bom­barde­ments du régime de Damas à l’en­con­tre de mil­i­taires turcs, Erdoğan bloque l’aide human­i­taire pour Alep-Est.

Les dis­sen­sions entre Damas et Ankara appa­rais­sent impor­tantes. Au moment où le régime de Bachar Al-Assad lance un assaut de grande ampleur con­tre la par­tie rebelle d’Alep, les civils sont évac­ués vers les quartiers kur­des. Près de 6 000 Alépins ont été évac­ués vers les quartiers kur­des (selon OSDH et la représen­ta­tion du Roja­va en France), les 4 000 autres ont rejoint d’autres quartiers de la ville.

La famine s’ap­proche de plus en plus. Les camions de l’ONU vien­nent dif­fi­cile­ment en aide aux per­son­nes pris­es au piège au sein de la ville Cil­veg­özü. Ils se sont retrou­vés blo­qués à la fron­tière turque. Entre le dic­ta­teur Syrien et le prési­dent turc, la frac­ture appa­raît encore plus pro­fonde. La crise prend une autre ampleur que celle con­nue précédemment.

Seule­ment 75 km sépar­ent Alep, la ville mul­ti­mil­lé­naire, de la fron­tière tur­co-syri­enne. Il s’ag­it d’un sym­bole et l’a­ban­don de la com­mu­nauté inter­na­tionale vis-à-vis d’Alep, à défaut de réponse forte con­tre la Turquie et la Syrie en est d’au­tant plus voy­ante. L’oc­cu­pant du Palais de Beşte­pe refuse toute aide vers Alep-Est, de peur que cette aide tombe entre les mains du YPG. Alep reste un enjeu région­al pour les janis­saires d’AtaErdoğan.

Depuis juil­let, plus aucune aide human­i­taire n’est par­v­enue au sein de la ville mil­lé­naire. La sit­u­a­tion devient de plus en plus préoc­cu­pante. Pour­tant, une solu­tion assez logique appa­raît puisque selon les com­mu­niqués de la représen­ta­tion du Roja­va en France, ce sont les com­bat­tants du YPG qui per­me­t­tent l’é­vac­u­a­tion des habi­tants. Dans un com­mu­niqué du 27 novem­bre 2016, elle déclarait : “l’aide human­i­taire inter­na­tionale est plus que jamais néces­saire” sur leur page face­book. Les Hôpi­taux des quartiers d’Alep-Est sont tous détru­its par le régime de Damas, mais aus­si les bom­barde­ments de Moscou.

Les com­bat­tants du YPG font face aux “mer­ce­naire d’Er­doğan près d’Alep” afin de pro­téger l’é­vac­u­a­tion des civils.

Il faut dire que les forces armées d’Er­doğan bom­bar­dent égale­ment sans relâche le YPG/PYD en Syrie et blo­quent la route vers la libéra­tion de Raqqa. L’un des objec­tifs obscurs dans le nord de la Syrie est pour le gou­verne­ment turc l’an­nex­ion pure et sim­ple (suiv­ant la logique néo-ottomane), mais aus­si la créa­tion d’un cor­ri­dor entre Raqqa et la Turquie.

La sit­u­a­tion d’Alep, dans ces con­di­tions, entre marteau russe et régime de Bachar, et ambi­tions d’Erdo­gan ne peut que s’empirer.

Pierre Le Bec


Image à la une : Camions de l’ONU devant la fron­tière de Cil­veg­özü déjà en sep­tem­bre 2016

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