Hier 12 juin, c’é­tait “journée mon­di­ale con­tre le tra­vail des enfants”…

En rat­i­fi­ant la con­ven­tion n° 182 de l’Or­gan­i­sa­tion Inter­na­tionale du Tra­vail, les pays sig­nataires se sont engagés à agir immé­di­ate­ment pour inter­dire et élim­in­er les pires formes de tra­vail des enfants. Cette con­ven­tion avait été la plus rapi­de­ment rat­i­fiée de l’his­toire de l’OIT depuis sa créa­tion en 1919.

Par­al­lèle­ment, la con­ven­tion n° 138 de l’OIT a égale­ment été rat­i­fiée par un nom­bre crois­sant de pays. Son objec­tif de long terme est d’obtenir l’abo­li­tion effec­tive du tra­vail des enfants. Au niveau des sig­na­tures, la mobil­i­sa­tion con­tre le tra­vail des enfants ne cesse donc d’aug­menter, mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres et le tra­vail des enfants reste une réal­ité quo­ti­di­enne dans de nom­breux pays ! Cette journée, bien que goutte d’eau dans l’océan, reste une occa­sion de s’en ren­dre compte.

Les chiffres mon­trent que “l’esclavage” n’a pas dis­paru, puisque des mil­lions de jeunes sont asservis ou sont for­cés à tra­vailler. Ces enfants ont sou­vent beau­coup de prob­lèmes pour obtenir de l’aide, non seule­ment parce qu’ils sont jeunes, mais aus­si parce qu’ils ne pos­sè­dent aucun cer­ti­fi­cat de nais­sance ou papiers offi­ciels, et qu’ils sont donc “invis­i­bles” aux yeux des autorités. S’y ajoute la qual­ité de “réfugié” dans des zones du Moyen Ori­ent, et pas des moin­dres comme la Turquie, ou d’ex­ilé économique, comme en Afrique de l’Ouest.

Les formes les plus dan­gereuses de tra­vail des enfants dépassent large­ment nos esti­ma­tions précé­dentes”, s’est alar­mée l’OIT.

Si sept enfants sur dix tra­vail­lent dans des exploita­tions agri­coles, sou­vent pour une pro­duc­tion locale des­tinée à leur pro­pre famille, plus de 10 mil­lions (en Asie, au Moyen Ori­ent, en Afrique, en Amérique du Sud) tra­vail­lent pour une activ­ité d’ex­por­ta­tion, c’est-à-dire, in fine, pour des entre­pris­es occi­den­tales, liées au grand marché finan­cia­risé. Les secteurs les plus exposés à ce genre de pra­tique sont le tex­tile, la fab­ri­ca­tion des tapis, la récolte de tabac ou de cacao à des­ti­na­tion des grands groupes inter­na­tionaux, et, plus éton­nant, ce secteur dit “durable” du “cap­i­tal­isme vert” des pro­duc­tions “exo­tiques”, sous label usurpé de firmes inter­na­tionales de l’a­gro ali­men­taire, épinglées de plus en plus dans des enquêtes documentaires.

Le tra­vail des enfants con­cerne égale­ment les pays dévelop­pés : plusieurs mil­lions d’en­fants y tra­vailleraient. Ce phénomène touche surtout l’a­gri­cul­ture aux Etats-Unis, les ser­vices à la per­son­ne en Grande-Bre­tagne et le tex­tile et le bâti­ment en Europe du Sud…

L’OIT annonçait ce 12 juin : “Cette année, la Journée mon­di­ale con­tre le tra­vail des enfants – célébrée le 12 juin – est con­sacrée au tra­vail des enfants dans les chaînes de pro­duc­tion. Avec 168 mil­lions d’enfants tou­jours vic­times du tra­vail des enfants, toutes les chaînes de pro­duc­tion, de l’agriculture à l’industrie, des ser­vices à la con­struc­tion, courent le risque d’employer des enfants.”

Pour plus d’in­fos, faites un tour sur le site de l’Organ­i­sa­tion Inter­na­tionale du Tra­vail. Vous y trou­verez plusieurs pub­li­ca­tions con­cer­nant notam­ment la Turquie.

Et en Turquie justement ?

En Turquie, les “acci­dents de tra­vail” dus aux con­di­tions de sécu­rité insuff­isantes sont con­sid­érés et dénon­cés par les lanceurs d’alerte et défend­eurs des droits des tra­vailleurs comme : “assas­si­nats de tra­vail”. Dans les per­son­nes qui y per­dent leur vies, il y a aus­si nom­bre d’enfants travailleurs.

Hier, le 12 juin, jour même de la lutte con­tre l’exploitation des enfants, Mehmet Bozkurt, un garçon de 13 ans, qui tra­vail­lait dans un garage, a été grave­ment blessé lors de l’explosion d’un bar­il où les huiles de vidan­ge en déchet étaient récupérées. L’enfant est hos­pi­tal­isé, son état est cri­tique. Son employeur lui, a été mis en garde à vue, accusé d’exploitation d’enfants. Hélas ce n’est pas un cas exceptionnel.

Le rap­port pré­paré par ISIG (Con­seil de San­té et Sécu­rité des tra­vailleurs) pour le 12 juin, met à jour d’importants constats.

Les employeurs font tra­vailler de mil­lions d’enfants de moins de 15 ans, et hors secteurs autorisés, donc illé­gale­ment, et met­tent leur vie en danger.

Seule­ment dans les pre­miers 5 mois de 2016, 18 enfants tra­vailleurs sont morts et le bilan des dernières 3,5 années se monte à 194 décès. Ces chiffres ne con­cer­nent que les cas déclarés, la réal­ité étant estimée par des organ­ismes con­cernés bien plus grave.

Ces enfants décédés au tra­vail, étaient exploités prin­ci­pale­ment dans les secteurs d’agriculture, bâti­ment, métal­lurgie et com­merce. L’ISIG attire l’attention sur l’importance de morts d’enfants tra­vail­lant dans l’agriculture, et souligne que cela est lié au tou­jours plus de l’agriculture exten­sive, par con­séquent à la dis­pari­tion de l’agriculture famil­iale, et au fait que le tra­vail des femmes et des enfants prend un part impor­tante dans le tra­vail saisonnier.

turquie mort travailleur enfant secteur

La cause la plus répan­due dans les décès d’enfants tra­vailleurs en Turquie est l’ac­ci­dent de route durant des trans­ports du per­son­nel. Les employeurs, sou­vent des sous trai­tants (marchands de main d’oeuvre), rem­plis­sent les véhicules bien plus que le nom­bre de pas­sagers autorisé, par soucis de bénéfice.

turquie mort travailleur enfant causes

Sur 194 enfants décédés au tra­vail, il y avait 31 filles et 163 garçons. Et au moins 2 des enfants avaient seule­ment 6 ans…

turquie mort travailleur enfants age

ISIG pré­cise que la ville d’Adana vient en tête, car l’exploitation des enfants dans le secteur de l’agriculture est très répan­du dans cette région.

turquie mort travailleur enfant villes

Nouvelle source de main d’oeuvre : les réfugiés

En Turquie l’exploration des enfants a pris une autre dimen­sion avec l’arrivée des réfugiés syriens. En 2013, aucun enfant tra­vailleur réfugié n’avait été enreg­istré dans les cas de décès. Durant les trois dernières années 19 enfants syriens sont décédés au tra­vail. (5 en 2014, 12 en 2015 et 2 en 2016).

De nom­breuses organ­i­sa­tions inter­na­tionales de défense et pro­tec­tion des réfugiés, soulig­nent qu’une « généra­tion per­due » qui n’a pas suff­isam­ment accès à l’habitation, la nour­ri­t­ure et l’en­seigne­ment, est en train de grandir au sein des syriens en Turquie, comme dans d’autres pays.

Nous avions abor­dé ce sujet dans des arti­cles précédents :
H&M : des enfants syriens tra­vail­lent chez nos four­nisseurs turcs
Le rêve du petit cireur de chaussures
Le tra­vail for­cé des enfants syriens

Ces réal­ités con­tre­dis­ent totale­ment les pro­pos des autorités européennes, celles-ci, pour ne pas faire face à leurs respon­s­abil­ités poli­tiques face à des pop­u­la­tions où la xéno­pho­bie pop­uliste gan­grène les men­tal­ités, con­sid­érant la Turquie comme “pays sûr”. A ce titre, elles porteront la respon­s­abil­ité de “généra­tions paupérisées” qui se retourneront con­tre la forter­esse Europe à moyen terme.

Alors, journée mon­di­ale hyp­ocrite ou pas, la lutte con­tre l’ex­ploita­tion de la force de tra­vail, par un sys­tème mon­di­al­isé basé sur le prof­it et sa finance, et par­ti­c­ulière­ment celle des enfants garants d’avenir, c’est tous les jours… Et aujour­d’hui, cela passe aus­si par la dénon­ci­a­tion inces­sante des rap­ports économiques iné­gaux Nord Sud, des guer­res menées au nom de la “démoc­ra­tie” comme hier elles l’é­taient au nom de la “lib­erté”, guer­res qui plon­gent des régions entières dans le chaos, pour la sim­ple garantie de con­tin­uer à piller leurs sous sols, et, à l’oc­ca­sion, d’ex­ploiter leur main d’oeu­vre réfugiée.

Pour cette journée mon­di­ale de lutte con­tre l’exploitation des enfants, nous ren­dons hom­mage à ces goss­es, en leur redonnant une iden­tité, face à ce monde cap­i­tal­iste qui les a broyés.

Voici leur noms :

Furkan Ateş, Şahin Aytaç, Mehmet Şey­han, Sel­man Mer­taslan, Adem Kum, Behlül Ataş, Özcan Gencer, Abdul­samet Eren, Fer­hat Ali, Ercan Tuğlu, Halil Berke Aygün, Mah­mut Altun­söz, Sefa Doğan Özer, Men­dul Meryem, Osman Yardım­cı, R.Y., Ser­hat Bilmez, Ufuk Özcan, İ.D., Aytuğ Kes­im, Hekim Casım Nebo, Mazlum Can­d­ede, Halil İbrahim Alış, Ömer Faruk Bulut, Bünyamin Buyun, Abdul­hamit Taben, Ahmet Taben, Yusuf Kara, Tuba Nur Ekin­ci, Hayriye Kurt, Eyüp Ağır­man, Benal Temurlu, Furkan Öztürk, Ali Çite, Mehmet Bölük­başı, Sul­tan El Halil, Burhan Tutak, Fer­hat Çalışkan, Furkan Akalın, Ramazan Baş, Bahri Emen, Aziz Mavi, Orhan Aslan, Muham­met Aydemir, Mazlum Turan, İbrahim Kılıçaslan, Ayberk Ayvalık, Ser­dar Yakar, Abdülka­dir İda, Abit Yıldız, Hat­ice Dayanç, Mustafa Koçer, Burak Kaya, Muhammed Hasan, Yasin Tomaç, Yıldırım Öz, Bahat­tin İlet, Ali İbrahim, Burak Aslan, İsl­am Bay­at, Abdul­lah Şek­er, Yunus Emre Sol­maz, Oğuz Uysal, Aysel Gezi­ci, Mehmet Kizir, Basil Ali, Songül Evran, Sal­ih Sak, Hüseyin Karakaş, Malik Şahingöz, Mustafa Şahingöz, Der­sim Hacı, Çağla Yalçın, Recep Kay­nak, İbrahim Otu­ran, Ahmet Toros, Kubi­lay­han Altınışık, Hacı Ölgen, Enis Kök, Ramazan Gür­can, Didem Öztürk, Veli Can Çelik, Harun Demir, Reşat B., Fer­had Ş., Raid Hasan, Dijle Karakaş, Berkan Altay, Yusuf Toprak, Samır Muhammed, Enes Alkan, Bedirhan Ok, İsm­ail Gür, Seda Nur Tatar, Çetin Akdoğan, Zehra Alda, Ayşe Alda, Oğuzhan Çalışkan, Emin Halas­tar, E.P., Nurul­lah Yeşi­lyurt, Kübra Yaşatır, Süley­man Ser­tan Buluş, Nacin Freyş, Hale Çelik, Sedat Yalçın, Furkan Çavuş, Osman Özen, Ali Saltık, Barış Ergin, Yasir Gey­lani, Ahmet Ataş, Yıl­maz İdareci, Hamit­can Aslan, F. Y., Seba­hat Ö., İbrahim Can Duran, Resul Yıl­maz, Hüseyin Demir, Ali Fırat Belder, Ahmet Güney­su, Seyrani Köstü, Emre Aksüt, Abdul Hakim, Yavuzhan Gemi­ci, Harun Efe, Mehmet Öztürk, Ser­dar Özdemir, Osman Avcı, İbrahim Bozkurt, Yücel Arı, Hasan Bak­dur, Muhar­rem Dur­sun, Sal­ih Eroğlu, Orhan Sür­er, Gökhan Örüç, Behzat Özen, Pınar Akbaş, Emine Demirel, Eren Erenoğlu, Fırat Sarıçam, Ser­dar Demir, Faruk Can Güvenç, Sami Kozan, Ali Karkaş, İlh­an Yiğit, Faruk Dumlupı­nar, Vefa Aydemir, Nazar Güvendiren, Mah­mut Ateş, Esma Bağcı, Şifa Bağcı, Rabia Cirik, Ayşe Cirik, İbrahim Yavuz, Ş.Ü., Sabri D., Hüseyin Çelik, Yasin Çelik, Murat­can Turan, Fer­hat İrid­ağ, Mahir Aytaç, Gökhan Kay­alıoğlu, Deniz Esen, Bayram Süzel, Mustafa Tomay, Abdülk­er­im Karadöl, İbrahim Kara, Fer­di Çakır, Yakup Kar­tal, Nezir Akgül, Süley­man Kasar, Volkan Özpa­muk, Saba­hat­tin Donat, Hüseyin Cey­lan, Ökkeş Göge­bakan, Sal­ih Diki­ci, Kübra Şenateş, Kad­er Yalçın, Oya Korkan, Aslı Oruç, Sülay­man Yörük, Son­er Karatut, Bayram Yıldız, Yon­ca Akkuş, Fer­it Güler, Mustafa Demir­ray, Ahmet Yıldız, Serkan Altunay, Murat Güner.

*Image à la une : DHA


Traductions & rédaction par Kedistan. | Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.