En Turquie l’ex­ploita­tion des réfugiés syriens, notam­ment des enfants n’est qu’un secret de polichinelle. De nom­breuses mar­ques de prêt à porter tra­vail­lent avec des four­nisseurs turcs qui ne respectent pas les lois internationales. 

Les son­nettes d’alarmes ont déjà été tirées à maintes repris­es sur l’ex­ploita­tion des enfants syriens. Si on y ajoute les his­toires de coton racheté à Daech, le silence sur toutes ces com­plic­ités entre “affairistes”, on peut mesur­er à quel point ce “marché” garde la main der­rière les “avions” envoyés par les dirigeants poli­tiques, et com­ment des déci­sions de réal poli­tique se trou­vent être en adéqua­tion avec la con­ti­nu­ité des prof­its, même de guerre.

Le Cen­tre de Ressources sur les Entre­pris­es et les Droits de l’Homme (BHRRC) situé à Lon­dres a ques­tion­né le mois dernier 28 enseignes, sur les travaux qu’elles mènent con­tre le risque d’exploitation des enfants syriens par leurs four­nisseurs en Turquie.

H&M et Next ont été les deux seules mar­ques qui ont mon­tré un peu d’hon­nêteté pour con­firmer le fait que des “ouvri­ers enfants” sont exploités dans les ate­liers des fournisseurs. 

De mil­liers de syriens dont des enfants de moins de 12 ans, tra­vail­lent avec un salaire bien en dessous du salaire min­i­mum (1300 YTL, équiv­a­lent d’en­v­i­ron 400€). Ceci va à l’en­con­tre des lois et des stan­dards éthiques inter­na­tionaux et nationaux turques et con­stitue une vio­la­tion de l’in­ter­dic­tion de l’esclavage des enfants, du tra­vail for­cé et de l’ex­ploita­tion salariale.

Pri­mark et C&A ont égale­ment con­fir­mé que des réfugiés syriens “majeurs” tra­vail­laient chez leurs fournisseurs. 

Adi­das, Burber­ry, Nike, Puma, et Arca­dia Group qui déti­en­nent les mar­ques Tophop, Dorothy Perkins et Bur­ton ont déclaré eux une absence d’ouvriers syriens chez leurs fournisseurs. 

M&S, Asos, Deben­hams, Superdry se sont abstenus de faire des déc­la­ra­tions sur les ouvri­ers syriens. Quant aux 10 entre­pris­es restantes dont GAP, New Look, Riv­er Island, elles n’ont pas encore don­né de réponse.

BHRRC a demandé à d’autres mar­ques de véri­fi­er le per­son­nel de leurs four­nisseurs. On attend les réponses.

Rien d’é­ton­nant pour­tant, si on se réfère à des déc­la­ra­tions de la dirigeante du FMI, “con­seil­lant” de déroger aux règles sociales de salaires et d’emplois pour les réfugiés syriens, afin de leur “venir en aide”. La porte est ouverte au plus haut niveau pour une exploita­tion en règle, les effets d’aubaine, et, cerise sur le gâteau, une pres­sion sur les salaires et la “réduc­tion des coûts du tra­vail”  dans les pays accueil­lants (le terme est très con­tra­dic­toire). Alors vous pensez bien, des mômes, quelle main d’oeu­vre idéale !

La Turquie accueille aujour­d’hui plus de 2,2 mil­lions de Syriens qui ont fui la guerre depuis 2011. Autour de 250 000 d’en­tre eux sont dans les camps de la zone frontal­ière. La très grande majorité se sont réfugiés dans les grandes villes du pays.  Pré­car­ité, tra­vail au noir, men­dic­ité, voire pros­ti­tu­tion for­cée, sont leurs con­di­tions de vie. Sans compter les ten­sions avec la pop­u­la­tion locale.Selon ce dernier rap­port, entre 250 000 et 400 000 réfugiés syriens tra­vail­lent illé­gale­ment en Turquie.

Depuis la mi-jan­vi­er, en ver­tu de nou­velles lois turques, les réfugiés syriens peu­vent deman­der un per­mis de tra­vail, six mois après avoir obtenu offi­cielle­ment un statut tem­po­raire de réfugié accordé par les ser­vices d’im­mi­gra­tion. C’est le résul­tat des “équili­bres” dis­cutés avec les autorités européennes, mais on peut douter de l’ef­fi­cac­ité de la mesure face à la pres­sion des trafi­quants de main d’oeu­vre et ceux qui en béné­fi­cient de fait.

Une bonne par­tie des 10 000 enfants migrants non accom­pa­g­nés qui ont dis­paru en Europe dans les 18 à 24 derniers mois, (chiffres offi­ciels de l’a­gence de coor­di­na­tion poli­cière Europol), sont prob­a­ble­ment “au tra­vail”, lorsqu’ils n’ont pas péri ici ou là, où  sont exploités sex­uelle­ment, par le crime organisé.

Ain­si peut-on décrire les con­séquences con­crètes de la poli­tique de repli européen, et des “arrange­ments” qui en découlent. Après avoir enfin recon­nu que ces réfugiés “fuient les guer­res”, on organ­ise la sous trai­tance de la mis­ère aux fron­tières, en finançant les régimes “forts”, qui eux partageront les bénéfices.

Fron­tex veille à la bonne marche du sys­tème. Des sanc­tions en dis­cus­sion seront bien­tôt prévues à l’en­con­tre des “aidants” qual­i­fiés d’il­lé­gaux. La “con­fis­ca­tion” des biens des réfugiés ayant réus­si à pass­er accom­pa­g­n­era bien­tôt cette poli­tique européenne dans plusieurs Pays.

Elle n’est pas belle cette Europe solidaire ?


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