Toutes les ambiguïtés du camp « démocratique » turc sont contenues dans ce questionnement d’un militant kurde.
« Nous n’avons pas la valeur d’un arbre »
« A Istanbul, on s’est soulevé pour des arbres et là… »
Même si on sait que lors des événements de Gezi, les « arbres cachaient la forêt » et qu’ils furent le début d’un renouveau et d’un renforcement de l’opposition radicale contre Erdogan, ces paroles, contenues dans cet appel au secours, résonnent fortement avec le résultat électoral du 1er novembre.
Car si l’opposition radicale a construit une alliance contre Erdogan, celle-ci est loin, très loin d’avoir dépassé le mur du « nationalisme turc », et se heurte en permanence à la « question kurde ».
Le mouvement de Gezi n’est pas allé jusqu’à la remise en cause du mythe national kémaliste, celui de l’unité du Pays autour d’un leader.
L’idée d’une Turquie mosaïque, riche aussi de ses minorités et de ses consensus démocratiques, capable de rompre à la fois avec son négationnisme historique, et de laisser une autonomie à une de ses composantes majoritaire au Kurdistan, n’a encore pas fait son chemin dans une large partie de l’opposition. Ne parlons même pas des 50% restants.
Cette opposition kémaliste, liée il faut le dire au parti social libéral CHP, se retrouve dans les classes moyennes, comme dans les milieux plus « européistes » des classes aisées, chez les intellectuels laïcs républicains mais aussi prônant la « nation unie ».… Ce mythe républicain kémaliste pourtant chaque jour détricoté par Erdogan, empêche de penser une autre solution politique en Turquie.
Et si l’on a pu un moment espérer que le « mouvement contre la guerre d’Erdogan » allait unir Kurdes , minorités discriminées et l’ensemble de la contestation du régime AKP, il faut bien se rendre à l’évidence : les populations kurdes restent sans soutien réel à l’échelle de l’agression qu’elles subissent.
Déjà, après les assassinats d’Ankara, même si la grève générale durant le deuil avait été un succès, une grande partie du Pays était resté tétanisée.
Erdogan joue la division, les amalgames Kurdes=PKK=fin de la Nation turque. Et une partie de l’opposition reprend le slogan à l’envers Fin du culte kémaliste = PKK= Kurdes.
Le « sauve qui peut » face à Erdogan, doublé d’une démoralisation à la suite des résultats électoraux met en lumière les divisions plus que jamais et permet à Erdogan d’affirmer qu’il « écrasera le terrorisme kurde », qu’il « éliminera jusqu’aux derniers les partisans de la division de la Turquie ».
Non seulement l’isolement des populations à l’Est pose une question humanitaire fondamentale, celle de la protection des populations civiles, des exécutions ciblées ou non, de la reprise de méthodes de terreurs, mais il préfigure un scénario de véritable guerre civile, qui pourrait éclater à très court terme.
Un G20 se tiendra à Antalya sous peu. Même si on sait que ces « sommets » ne décident jamais de rien, sauf à faire un point sur la conduite des « affaires », on ne peut imaginer qu’il ignore cette situation régionale. L’allié turc, qui entretient sa mitoyenneté avec Daech, pourrait être prié de tuer en silence…
Alors plus que jamais, relayons cet appel, simple, direct et combien dénonciateur pourtant.
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“Is it because we are Kurds?“The outcry of Farqin (Silvan) and the Kurdish people in Turkey to a silent world. Listen to the full speech of this young Kurdish man. English subtitles.#Farqin #Silvan #SilvanUnderAttack #KurdsUnderAttack #TurkeyAttackingKurds
Posté par Save Kobane sur mardi 10 novembre 2015
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