Les entretiens entre Hollande et le dirigeant iranien Rohani se feront au pain sec et à l’eau.
Rassurez vous, il ne s’agit pas de « mimer » la situation de milliers de prisonniers iraniens en prison.
L’Elysée a juste refusé, paraît-il par « tradition républicaine », d’organiser un déjeuner halal et sans alcool, comme l’avait demandé le protocole iranien.
Y voir là une certaine prise de distance du gouvernement français avec la politique de la corde et du fouet de son « invité » serait aller vite en besogne.
Certes, quelques élus de droite et de gauche ont fait quelques déclarations peu amènes ces derniers temps à l’égard de l’Iran. Sans doute un vieux souvenir du contentieux financier à propos du nucléaire iranien, sans plus pour certains d’entre eux. En effet, il est peut être toujours bon de rappeler que sans certains investissements du Shah à l’époque, le nucléaire français n’aurait sans doute pas décollé. Ce dernier a disparu sans avoir jamais eu ses croquettes en retour. Ses successeurs en ont gardé de la rancune et de fervents partisans ici du nucléaire des souvenirs tenaces.
Car personne ne proteste à propos des rencontres que Rohani aura avec des patrons d’industrie, cornaké par le Macron en personne. PSA, EADS, Accor, Total et Orange seront de la partie. On ignore si le buffet sera halal avec ceux là. Dans l’ordre, bagnoles, armement, tourisme haut de gamme, énergie fossile et communications. Manquent à l’appel la banque et l’assurance, mais ça on sait que c’est plutôt côté Poutine que ça se passe.
Bref, le petit différent sur le déjeuner sera vite oublié, comme le seront les « droits de l’homme » évoqués d’ordinaire entre la poire et le fromage, en trou normand.
Un rassemblement est prévu à Paris, pour ne pas laisser se dérouler cette rencontre de patrons et de larbins politiques sans honneur.
— Il rappellera la condition des femmes en Iran, pour lesquelles un additif vient d’être voté, les obligeant à porter désormais un costume de travail réglementé et bien halal celui-là. Nombre d’entre elles attendent aussi en prison de connaître leur sort funeste.
— Il rappellera tous les cas d’emprisonnement et de brimades contre des intellectuels, leurs diverses condamnations à la prison et au fouet, quand ce n’est pas à la potence.
— Il sera aussi en soutien à toutes les minorités persécutées et discriminées, Kurdes là encore, pour beaucoup mais pas que.
— Il rappellera le chiffre des exécutions publiques, près de 800 en cette fin d’année 2015.
Cette visite dite de « normalisation » des relations fait suite à celle que le président pseudo socialisant du parlement européen a fait en personne il y a quelques jours.
On sait que la diplomatie internationale a toujours fait la part belle aux « marchands de canons » et « aux pétroliers », qu’ils veuillent s’entendre sur le partage de marchés ou sur la meilleure façon de mater des Peuples, mais ça n’empêche pas chaque fois, de rappeler que ce monde là n’est pas le nôtre.
Un G20 se tiendra en Turquie sous peu, sur le même modèle : une ode aux gouvernements autoritaires, aux théocraties et aux dictatures en pointillé, pour la paix des affaires.