Le 23 décembre 2022 s’est inscrit comme une date de deuil pour le peuple kurde, une date de plus, trois vies enlevées de trop…
Hommage poétique de Delphine Durand.
Les Kurdes avancent dans leur espoir
Je suis kurde
Sous la neige étouffe la colombe
Elle va mourir pour préserver votre auréole
Je suis en train de rêver que je meurs
Je tiens la mort comme un nouveau-né
Au creux de mon bras
Mon assassin pleure d’avoir été heureux
Et je consens à la joie cruelle
D’être le soleil transpercé
Qui touche l’aube de son front
Mon ventre ouvert par fraude
Déverse le caillot qui fixe l’étoile
Je suis kurde
J’ai un geste de forêt surprise
Foudroyé par l’ordre noir des hivers
Je tombe comme une rose
Dans le cratère de sa corolle
Fleur étrangère
Qui bat dans mes artères
Ceux qui l’ont respirée
Mourront demain
Pour le monde
Il y a longtemps que nous sommes morts
Vous croyez nos voix éteintes
Chacun dans son trou
Nos voix sont si faibles
Trop faibles pour faire courber la tête à une violette
Le sang se retourne sur ses décombres
Nous dansons dans le feu des balles
Comme une feuille encore rattachée à la respiration
Mais détrompez vous
Nous traversons les supplices en souriant
Nous tissons des oiseaux sur nos visages après minuit
Je suis kurde
Mes lendemains sont des promesses éternelles
Mais nos voix sont fortes
Si fortes qu’elles ébranlent le boucher des sorts
Quand la mer revient à mes yeux
Je suis seul à connaitre mon royaume
Delphine Durand
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Image à la Une : Naz Oke — adoptart.net
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