Le procès inten­té con­tre les Mères du Same­di débutera le 25 mars devant le 21e tri­bunal pénal de pre­mière instance d’İstanbul.

Le com­bat des “Mères du Same­di”, qui se pour­suit depuis plus d’un quart de siè­cle,  est devenu la protes­ta­tion paci­fique la plus longue de l’histoire de la Turquie. Ces mères, qui ne cessent de deman­der quel fut le sort de leur enfants et proches dis­paruEs, qu’il pleuve ou qu’il vente, ont éveil­lé un immense sou­tien en Turquie, mais aus­si au niveau mondial.

Pour plus d’in­for­ma­tion, vous pou­vez lire : 
Mères du Same­di : espoir per­pétuel qui tra­verse un quart de siècle

Sebla Arcan apporte sur cette ques­tion quelques éclair­cisse­ments dans l’ar­ti­cle de Ayça Söyle­mez, pub­lié le 22 mars sur BianetMem­bre de l’As­so­ci­a­tion des droits de l’homme (İHD) d’Is­tan­bul, elle est une des avo­cates dans cette affaire, qui con­cerne la “700e semaine”, semaine où les mères et d’autres per­son­nes qui les sou­ti­en­nent, ont subit une grande vio­lence,  lors de leur rassem­ble­ment. Le procès fut inten­té con­tre elles, deux ans plus tard.

Sebla Arcan note que le 25 août 2018, les mères et leurs sou­tiens s’é­taient rassem­blées comme d’habi­tude sur la place de Galatasaray à Istan­bul, pour exercer “leur droit de réu­nion et de man­i­fes­ta­tion et la lib­erté d’ex­pres­sion garantie par la loi”, comme cela avait été le cas au cours des 699 semaines précé­dentes. “Per­son­ne ne s’at­tendait à une inter­ven­tion poli­cière de cette vio­lence. Parce que pen­dant les 699 dernières semaines, nous avions tenu nos rassem­ble­ments sans aucun prob­lème. En fait, sans même par­ler de prob­lèmes au cours des 499 dernières semaines, notre sécu­rité était assurée, et l’ad­min­is­tra­tion et ceux qui gou­ver­nent l’É­tat recon­nais­saient nos protes­ta­tions. Nous ne nous atten­dions pas à une attaque aus­si soudaine et grave.

Lors de ce rassem­ble­ment de 700ème semaine, la police est inter­v­enue avec des balles en plas­tique et des bombes à gaz, et a arrêté plusieurs défenseurs des droits humains”.

Ce jour là, 46 per­son­nes, dont les proches des dis­paruEs, furent arrêtées.

Un procès a été inten­té con­tre ces 46 per­son­nes, deux ans plus tard, en novem­bre 2020, et juste après une déc­la­ra­tion d’Er­doğan qui avait annon­cé “nous enta­mons une nou­velle mobil­i­sa­tion pour la Jus­tice et la démoc­ra­tie”, suivi par Abdul­lah Gül, alors min­istre de la Jus­tice “lais­sons donc la Jus­tice faire, et peu importe si c’est l’apoc­a­lypse après… C’est ce que nous atten­dons des juges et des mem­bres de la Justice.”

Les 46 per­son­nes sont accusées de “par­tic­i­pa­tion non armée à des man­i­fes­ta­tions et des march­es illé­gales et refus de se dis­pers­er mal­gré un aver­tisse­ment” et une peine de 6 mois à 3 ans est demandée à leur encon­tre pour avoir “vio­lé la loi sur les rassem­ble­ments et les man­i­fes­ta­tions”. Les “preuves” citées dans l’acte d’ac­cu­sa­tion se résu­ment à la date et au lieu des inci­dents, comme pré­cisé dans le rap­port rédigé par la police et un doc­u­ment d’enquête.

Maside Ocak, la fille de Emine Ocak, à 82 ans, fut molestée, arrêtée (pho­to à la une). Elle fait par­tie des accusés. Sont pour­suiv­ies égale­ment Besna Tosun, dont le père Feh­mi Tosun a été enlevé devant leur mai­son à İst­anb­ul Avcılar le 19 octo­bre 1995, alors qu’elle avait 12 ans, ou encore Hasan Karakoç, le frère de Rıd­van Karakoç, “dis­paru” depuis le 20 févri­er 1995, mort sous tor­ture, dont le corps fut retrou­vé au bord d’une route, un mois plus tard, et enter­ré alors comme non identifié…

Sebla Arcan pré­cise “Les procès ne sont plus inten­tés pour des motifs juridiques. Si un motif légal avait été recher­ché, ce procès n’au­rait pas été inten­té en pre­mier lieu. Parce qu’il n’y a aucun acte qui peut être con­sid­éré comme un crime. Nous exer­cions notre droit de man­i­fes­ta­tion découlant de la Con­sti­tu­tion et des con­ven­tions inter­na­tionales, nous ne nous sommes livrés à aucune activ­ité con­sti­tu­ant un crime. Nous avons exer­cé notre droit découlant des lois ; par con­séquent, ce procès n’est pas con­forme à la loi. Cette affaire n’a pas été déposée pour des raisons juridiques, mais pour des raisons poli­tiques ; elle a été déposée en rai­son de l’a­gen­da actuel, elle a été déposée en rai­son de l’en­vi­ron­nement poli­tique actuel.

Ce procès n’a donc d’autres raisons d’ex­is­ter que de dis­suad­er quiconque en Turquie de deman­der des comptes à l’E­tat, pour les poli­tiques de répres­sion mas­sive d’hi­er et d’au­jour­d’hui. Un sou­tien s’impose.

Vous pou­vez suiv­re et trou­ver les ini­tia­tives prévues dans les villes respec­tives sur :

Facebook @cumartesianneleri | Twitter @CmrtesiAnneleri

Mise à jour du 25 mars 2021

Lec­ture de l’acte d’accusation, prise de parole des avo­cats. Demande de prise de con­tact avec les ´accuseEs’ absents. Prochaine audi­ence le 12 juillet…


Image à la une : Arresta­tion d’Em­ine Ocak lors de l’in­ter­ven­tion poli­cière, aux 700ème semaine. Pho­to : Zeynep Kuray.

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