“Serait-ce une manifestation d’Abysse, déesse énigmatique, aux mille formes sous aucune ?” dit la Compagnie S’en Revient, pour présenter leur dernière création : Borderline(s) au Théâtre La Reine Blanche, du 19 au 23 février.
La Cie S’en Revient présente :
Fruit d’une écriture de plateau, teinté de l’imaginaire des comédiens, lui-même nourri par de nombreuses lectures, Borderline(s) nous plonge dans la vie d’Abysse, déesse qui incarne ce fantasme “Hystérique” et qui souhaite que les Hommes cessent de la convoquer. Déesse protéiforme, elle est représentée à travers différents personnages, dans 7 phases de sa vie, de sa naissance à sa disparition, pour ne pas dire son émancipation.
Sur le Mont Cambrius Abysse, nouveau-né, reçoit des attributs de ses parrains et marraine Phallux, Castrox et Utérix : ardeur sexuelle, désir d’in- satisfaction et crainte du corps châtré de sa mère.
Dans une crèche, Abysse, petite fille, est surprise par une puéricultrice en train de s’interroger avec un petit garçon sur leur sexe respectif. Elle l’accuse de perversion.
Dans une fête d’anniversaire, Abysse, jeune adolescent androgyne se fait persécuter par l’organisatrice de la soirée.
En jeune étudiante, Abysse essaie en vain de visionner des vidéos endommagées, que sa grand-mère lui a transmises. Des vidéos qui racontent l’histoire de son arrière, arrière, arrière, arrière, arrière grand-mère Marion, une sorcière qui a été brûlée sur le bûcher, suite à la pratique d’un avortement.
Au sein d’une relation toxique, Abysse, mère de famille, perd peu à peu pied jusqu’à mettre en danger ses enfants. Abysse se retrouve dans un hôpital, où des médecins vont tenter de soigner son mal sans porter intérêt au rêve qui la hante tous les soirs: Lilith chassée du paradis.
Pour finir, sur un plateau télé, journalistes et experts se succèdent pour tenter de comprendre l’apparition de cratères, de trous abyssaux, au niveau mondial.
Serait-ce une intervention d’Abysse ?
BORDELINE(S) • Ecriture plateau — 1h30 |
Mise en scène Selin Altıparmak, Thérésa Berger | AVEC Selin Altıparmak, Thérésa Berger, Alain Carbonnel, François-Xavier Borrel | Scénographie Clarisse Delile, Louise Douet Sinenberg | Création lumière Maxime Denis | Création sonore Guillaume Bonneau | Assistante Costumes Louise Luck | Assistante mise en scène Magalie Dupuis | Apparition vidéo Evelyne Pelletier | Travail corporel Thérésa Berger
A la suite de certaines représentations, la compagnie proposera un débat avec le public, autour des thématiques abordés.
► Le jeudi 20 février : rencontre avec Astrid Nonet, qui fait partie du mouvement Collages Féminicides & est activiste contre les violences sexistes, sexuelles, le patriarcat en général au sein d’un groupe féministe intersectionnel
► Le vendredi 21 février : rencontre avec Laure titulaire d’un master de philosophie, ancienne professeure de philosophie dans le secondaire & créatrice de la chaîne Youtube Game of Hearth, dédiée à l’histoire des idées du féminisme et de l’écologie politique
Réservations : Théâtre La Reine Blanche ou au 01 40 05 06 96 Compagnie s'en revient | Evénement Facebook | Teaser / Borderline(s)
Les mots de Selin Altıparmak et Thérésa Berger, comédiennes.
“Crise, convulsion, contracture, catalepsie, épilepsie, aphasie, tétanie, névralgie, paralysie, hémianesthésie, inertie, léthargie, théâtralité, sur- féminisation, femme-fatale, névrose, excès émotionnels, mythomanie…”
Comme le dit Georges Didi-Huberman dans “L’invention de l’hystérie”, l’hystérie est “une aporie, une douleur mise en contrainte d’être inventée” aux “Mille formes sous aucune”. L’hystérie serait donc un mot fourre-tout, résidu d’une conception patriarcale du corps et de l’image de la femme. Un mot présent encore de nos jours, qui, employé dans le cadre médical ou quotidien, peut nous faire grincer des dents.
C’est justement pour tenter de comprendre pourquoi ce mot fait surgir en nous un sentiment de colère et d’injustice, que nous nous sommes attelées à la recherche d’une définition au travers de la littérature, de la science, de l’histoire, et d’interviews. Notamment les ouvrages de George Didi-Huberman, Freud, Silvia Federici, Nasio, Michel Foucault…
En creusant les sources de sa création et de son évolution, nous nous sommes plongées de fait, dans des méandres teintés de fantasme, de métaphores, de répression, d’incompréhension et de manipulation.
Dans Borderline(s), nous partons donc du postulat de l’invention de l’hystérie comme la création d’un mythe. Tout en jouant avec les proces-sus de déformation de la réalité qui transparaissent dans l’histoire du mot hystérie, cette fiction théâtrale s’inspire de mythes féminins dans un contexte fictif et/ou contemporain.
Gaïa, Lilith, Médée, Les Sorcières… Ce sont des figures de révolte et qui ont pu être apparentées à des définitions ou des visions de l’hystérie féminine.
Ces différentes mises en situation poussent le public à constater le poids de la métaphore et du fantasme sur son interprétation, son jugement, sa prise de position.
Borderline(s) invite le spectateur à remettre en cause cette prétendue “réalité” scientifique, à dépasser le rapport masculin-féminin et à constater que l’utilisation du mot hystérie, fait franchir une frontière délicate, fébrile et dangereuse, pour ne pas dire une position borderline…