Mer­al Zin Çiçek est co-prési­dente des rela­tions extérieures du mou­ve­ment des femmes kur­des. A la veille du 8 mars, elle répond à nos ques­tions sur les per­spec­tives du mou­ve­ment des femmes et ses attentes vis-à-vis du mou­ve­ment de sol­i­dar­ité internationale.

L’in­ter­view a été légère­ment mod­i­fiée pour en faciliter la lec­ture, sans altér­er les idées de l’interviewée.

- Quel type de sol­i­dar­ité attend le mou­ve­ment des femmes kur­des des femmes autour du monde ?

Dans le monde entier les femmes du monde vivent une époque his­torique, car aujour­d’hui, les con­di­tions et les besoins vont leur per­me­t­tre d’ac­com­plir la libéra­tion des femmes au XXIe siè­cle. Dans son dis­cours du 08 mars 1998, notre leader Abdul­lah Öcalan a dit que le 19ème siè­cle a été le siè­cle des par­tis bour­geois, le 20ème siè­cle a été celui des par­tis ouvri­ers et que le 21ème siè­cle allait être celui des par­tis plaçant la libéra­tion des femmes en leur cen­tre. Nous pou­vons voir aujour­d’hui cette réal­ité devenir de plus en plus claire. La libéra­tion des femmes déter­mine la libéra­tion de toute la société et de toutes les par­ties de la vie. La con­tra­dic­tion entre les femmes et le sys­tème au pou­voir ou le sys­tème cap­i­tal­iste patri­ar­cal s’accentue, entraî­nant une résis­tance accrue où les femmes élèvent plus haut leur voix con­tre le système.

On observe cela égale­ment au cen­tre du monde cap­i­tal­iste. Par exem­ple, cette année en Europe, dans de nom­breux pays, les femmes font une grève générale. C’est un développe­ment très impor­tant si vous le com­parez à la sit­u­a­tion des femmes européennes il y a quelques années. Dans des endroits comme les États-Unis, sou­vent con­sid­érés comme le cen­tre du cap­i­tal­isme, des mil­lions de femmes élèvent la voix con­tre Trump, affir­mant qu’il n’est pas leur représen­tant. Les femmes noires s’or­gan­isent. C’est donc un fait que la lutte des femmes pour l’é­gal­ité est en train de mon­ter dans le monde entier.

Mais le prin­ci­pal prob­lème est que nous devons trans­former ce poten­tiel impor­tant en une forme de lutte organ­isée. Des mil­lions de femmes à tra­vers le monde se bat­tent pour leur libéra­tion con­tre le patri­ar­cat, le sex­isme, le cap­i­tal­isme, l’ex­ploita­tion et l’op­pres­sion sous des formes var­iées, mais ce n’est pas très bien organ­isé. Nous diri­ons que c’est le prob­lème prin­ci­pal. Nous avons besoin de mécan­ismes com­mun, de dévelop­per des straté­gies com­munes, des objec­tifs com­muns, des tac­tiques com­munes, égale­ment de nous ren­con­tr­er lors d’ac­tions. Nous devons dévelop­per un nou­veau type de cul­ture poli­tique des femmes. Et aus­si une nou­velle com­préhen­sion de la soror­ité. Ain­si on peut par­ler de solidarité.

Nous pen­sons égale­ment qu’il est néces­saire de dévelop­per davan­tage cette notion et ce que nous enten­dons par celle-ci. On la voit sou­vent dans le con­texte de la lutte de classe, de façon très marx­iste-lénin­iste, comme la sol­i­dar­ité inter­na­tionale ou, par exem­ple, l’u­nité des pro­lé­taires du monde entier, pour la soror­ité et la fra­ter­nité de classe. Cette sol­i­dar­ité avait pour but une lutte com­mune. Mais dans la pra­tique, il n’en a pas été ain­si. Une des par­ties estime qu’elle est dans une meilleure posi­tion et a la pos­si­bil­ité de faire preuve de sol­i­dar­ité avec d’autres per­son­nes moins bien loties. Il se crée donc une sorte de hiérar­chie qui repro­duit des rela­tions de pou­voirs. Nous pen­sons que dans le monde d’au­jour­d’hui, aucune femme n’a le luxe de dire: “Je suis dans une meilleure sit­u­a­tion que les autres”. Nous sommes toutes attaquées par le sys­tème patri­ar­cal parce que ce sys­tème est en crise et tente de s’en sor­tir en accen­tu­ant ses attaques sur les femmes. Au Kur­dis­tan, nous sommes con­fron­tées à la forme de patri­ar­cat la plus bru­tale, le fas­cisme turc, ou daesh, qui en est l’expression la plus cru­elle. Nous devons lut­ter ensem­ble, nous devons unir nos forces pour pou­voir vain­cre le sys­tème. Par con­séquent, nous esti­mons qu’il est néces­saire de repenser le con­cept de sol­i­dar­ité et d’internationalisme, en par­ti­c­uli­er quand il s’agit des femmes. Nous devons nous rap­procher de la notion de lutte com­mune pour nous défendre les unes les autres et pas seule­ment pour nous mon­tr­er solidaires.

Ligne de front et com­bats dans la région de Sere Kaniye (Ras al ayn), autour du vil­lage de Tel Khanzir, entre les forces kur­des des YPG et les dji­hadistes de l’é­tat islamique. Les femmes com­bat­tantes, les YPJ, con­stituent 35% des forces armées. Pour elles c’est un dou­ble com­bat : pour gag­n­er leurs droits en tant que femmes et pour défendre leur région et leur peu­ple. Sou­vent jeunes, ces femmes sont déter­minées à lut­ter, sachant que l’en­ne­mi ne leur fera pas de cadeaux si elles sont capturées.

- Les femmes mènent la révo­lu­tion au Roja­va. Près de 7 ans après ses débuts, qu’a appris le mou­ve­ment des femmes de son expéri­ence au Rojava?

Nous avons appris beau­coup de choses. C’est tou­jours un proces­sus en cours, et ce n’est pas sans prob­lèmes. Nous ne pou­vons pas le regarder à tra­vers des lunettes roses.

Lorsque nous par­lons du rôle d’a­vant-garde des femmes dans la révo­lu­tion, cela ne veut pas n’est pas une ques­tion de nom­bre. Ce n’est pas une ques­tion de quan­tité mais de qual­ité. Il s’ag­it de trans­former les rôles et les mis­sions. Peut-être que par le nom­bre de femmes au Roja­va ne sont pas en tête. Mais si vous regardez la qual­ité, elles sont à la pointe car elles don­nent au proces­sus du révo­lu­tion­naire une car­ac­téris­tique fémi­nine. Les femmes sont au cen­tre de tous les développe­ments. Elles par­ticipent et sont représen­tées de manière égale dans tous les proces­sus décisionnels.

Kobanê, avril 2018. Ayse Effen­di, co-prési­dente du Tev-Dem à Kobanê.

Qamish­lo. Mai­son du peu­ple, juin 2014. Ces lieux ser­vent à organ­is­er la vie du quarti­er autour et de la com­mu­nauté, en organ­isant des événe­ments soci­aux, faisant remon­ter les deman­des des habi­tants, réglant les prob­lèmes de voisi­nage. Les demande des habi­tants sont remon­tées si néces­saire au con­seil de la ville.

Man­bidj, avril 2018. Fat­ma (arabe) et Has­san (kurde) sont co-prési­dents d’une réu­nion de com­munes de Man­bidj-ouest. Durant la dis­cus­sion, la jeune femme n’hésite pas à s’af­firmer face à son vol­u­bile aîné.

Mais ceci n’est pas fait par des indi­vidus isolés. Il s’agit vrai­ment de la représen­ta­tion de la volon­té col­lec­tive du mou­ve­ment des femmes par le mou­ve­ment organ­isé. Je pense que c’est une ques­tion très impor­tante. Vous n’êtes pas fort en tant qu’in­di­vidu. Même si, en tant que per­son­ne, je suis éman­cipée, c’est parce que je fais par­tie d’une force autonome organ­isée. Je pense que c’est la leçon prin­ci­pale de la révo­lu­tion Roja­va pour nos soeurs dans le monde entier. Il ne peut y avoir de libéra­tion indi­vidu­elle. Il doit tou­jours s’a­gir d’un proces­sus col­lec­tif et d’une dialec­tique entre libéra­tion de l’in­di­vidu et libéra­tion de la société. Je pense que la révo­lu­tion du Roja­va mon­tre cela au monde entier.
Les femmes qui par­ticipent à toutes les struc­tures mixtes de gou­ver­nance, d’au­todéfense, d’é­d­u­ca­tion, de toutes les par­ties de la vie, sont en même temps des mem­bres naturelles du mou­ve­ment des femmes et leurs can­di­da­tures sont soutenues par celui-ci. Cela sig­ni­fie que le mou­ve­ment des femmes décide de toutes les femmes qui seront can­di­dates ou par­ticiper­ont à des struc­tures mixtes. Donc, d’un côté, vous vous organ­isez de manière autonome et de l’autre, vous par­ticipez de manière égale à tous les développe­ments et struc­tures généraux. Cela néces­site un niveau très pro­fond de con­science des femmes, de la con­science de genre. Et cela n’a pas été réal­isé en un jour. Ce fut un très long proces­sus qui se pour­suit encore.

Man­bidj, avril 2018. Sha­dia. “Je suis enseignante et je tra­vaille aux archives. Une fois achevée la for­ma­tion, je compte la trans­met­tre aux femmes qui tra­vail­lent avec moi. J’ai appris qua­tre choses ici : l’éthique, la morale, l’e­sprit de cama­raderie, l’humilité”

Il y a tou­jours une très forte réflex­ion entre les expéri­ences pra­tiques et la théorie. Vous réfléchissez à ce qui se passe dans la pra­tique et vous essayez de dévelop­per une théorie à par­tir de cela. Et ensuite, vous développez votre idéolo­gie et vous la met­tez en pra­tique. Il y a tout le temps un par­al­lèle entre théorie et pra­tique. En dévelop­pant cela, nous avons tou­jours de nou­velles leçons à tir­er du Rojava.
Ce n’est pas que pen­dant 40 ans, secrète­ment, le mou­ve­ment ait éduqué ou autonomisé les femmes, atten­du ce moment révo­lu­tion­naire, puis dis à toutes les femmes de sor­tir et de jouer leur rôle. Ce n’est pas comme ça que ça fonc­tionne. Ces femmes ne sont pas par­faites, elles ne sont pas des mil­i­tantes, des révo­lu­tion­naires par­faites. Elles appren­nent en faisant, elles réfléchissent tout le temps.
Il est impor­tant que les autres sachent que nous sommes con­fron­tées à de nom­breux prob­lèmes. Créer une société com­mu­nal­iste, en par­ti­c­uli­er au Moyen-Ori­ent et en par­ti­c­uli­er dans la société kurde qui est une société opprimée et asservie qui n’a pas pu pen­dant longtemps pren­dre ses pro­pres déci­sions … à par­tir d’une telle société créer un sys­tème com­mu­nal­iste est un dur tra­vail. Mais ce ne sont pas les prob­lèmes eux-mêmes qui sont impor­tants car toutes sortes de prob­lèmes peu­vent sur­venir pen­dant une révo­lu­tion. Le point impor­tant est de savoir com­ment vous les gérez. Quelles sont vos solu­tions, votre atti­tude envers ces prob­lèmes. Cela les résout-il vrai­ment cela ou les aggrave-t-il ? Je pense que l’ensem­ble du proces­sus poli­tique au Roja­va, en dépit de ses dif­fi­cultés, avance, car il développe égale­ment sa com­préhen­sion de la recherche de solu­tions aux prob­lèmes. C’est aus­si cela la révo­lu­tion: trou­ver des solu­tions aux prob­lèmes de la société.

- À pro­pos du Roja­va… pour le mou­ve­ment des femmes, quelles seraient les lignes rouges à ne pas franchir lors des négo­ci­a­tions avec le régime ou d’autres puissances?

L’ob­jec­tif de ces négo­ci­a­tions serait d’un côté de créer un statut pour le peu­ple kurde et de l’autre côté, de l’in­stau­r­er dans un sys­tème démoc­ra­tique pour l’ensem­ble de la Syrie, car il ne s’ag­it pas vrai­ment seule­ment d’une ques­tion kurde. Nous pou­vons le voir ici main­tenant [ndlr : au Kur­dis­tan sud, en Irak]. Après 2003, ils ont créé ici un statut inter­na­tionale­ment recon­nu pour la région kurde, mais sans créer par­al­lèle­ment un sys­tème démoc­ra­tique pour l’ensem­ble de l’I­rak. Nous avons donc encore des rela­tions très prob­lé­ma­tiques entre les Kur­des et Bag­dad. Vous ne pou­vez pas créer de solu­tions sous forme d’îlots. Notre for­mule est la suiv­ante: Roja­va libre, Syrie démoc­ra­tique. Et c’est la même chose pour toutes les régions du Kur­dis­tan. Ce doit être un proces­sus. Sans cela, vous ne pour­riez pro­téger aucun de vos gains. C’est ce que nous avons vu ici après le référen­dum. Nous devons tir­er des leçons de ces expériences.

Pour la Syrie, il ne s’agit pas seule­ment d’obtenir l’approbation de Damas dis­ant “ok, vous pou­vez avoir votre pro­pre gou­verne­ment là-bas”, ce n’est pas une ques­tion d’au­tonomie restreinte. Nous devons utilis­er ce proces­sus, ces négo­ci­a­tions pour la démoc­ra­ti­sa­tion de l’ensemble de l’État afin de créer une Syrie démoc­ra­tique où toutes les per­son­nes qui vivent à l’intérieur de ses fron­tières soient capa­bles de vivre ensem­ble et de se gou­vern­er, d’exister de manière autonome, en se retrou­vant ensem­ble dans ce qui pour­rait être une sorte d’en­tente nationale supérieure regroupant toutes les com­posantes. En faisant cela, vous pou­vez trou­ver une solution.

Quelles seraient les lignes rouges? Ce serait la volon­té du peu­ple. Il n’y a pas de retour en arrière pos­si­ble main­tenant. Com­ment les habi­tants du nord de la Syrie, qui se gou­ver­nent eux-mêmes, pour­raient-ils accepter le retour au statu quo d’a­vant 2012? Cela sem­ble être impos­si­ble non seule­ment pour les Kur­des mais aus­si pour toutes les autres minorités vivant dans cette région. Donc, je dirais que la ligne rouge est vrai­ment l’au­tonomie. L’au­tonomie est la règle du peu­ple, c’est la forme organ­isée ou l’ex­pres­sion de la volon­té du peu­ple. Sinon, je ne peux pas par­ler au nom des gens de là-bas, mais théorique­ment, il pour­rait y avoir coex­is­tence si vous avez des solu­tions, si vous avez des négo­ci­a­tions avec l’É­tat et trou­vez une solu­tion com­mune. L’im­por­tant est que les peu­ples dans un sys­tème démoc­ra­tique puis­sent se gou­vern­er eux-mêmes. Ce ne serait pas seule­ment un mod­èle pour toute la région, mais aus­si pour vain­cre partout le nation­al­isme et le sectarisme.

- Quelles sont les per­spec­tives pour le mou­ve­ment des femmes?

C’est d’abord de ren­forcer notre organ­i­sa­tion autonome pour pou­voir jouer notre rôle dans la révo­lu­tion. Ce que nous vivons ressem­ble à une révo­lu­tion à l’in­térieur de la révo­lu­tion. Quand j’ai dit que la révo­lu­tion des femmes déter­mi­nait la libéra­tion de toute la société, il en va de même pour les rela­tions entre le mou­ve­ment des femmes et le mou­ve­ment en général. Si le mou­ve­ment des femmes est fort, le mou­ve­ment général est fort. Si il est faible, alors toute la révo­lu­tion sera faible. C’est comme ça. Pour cette rai­son, il est très impor­tant, en tant que mou­ve­ment des femmes, de nous ren­forcer sur les plans idéologique, pra­tique, poli­tique … pour appro­fondir le niveau d’or­gan­i­sa­tion autonome, de con­nais­sance et de con­science, pour pou­voir jouer notre rôle his­torique au sein de notre mou­ve­ment de libéra­tion nationale et aus­si uni­verselle­ment. Nous pen­sons que nous avons en quelque sorte un rôle his­torique vis-à-vis de nos sœurs dans le monde, que nous avons des respon­s­abil­ités envers elles. Que nous avons aus­si un rôle unique à jouer. Nous devons assumer ces responsabilités.

Nous ne traitons pas le Kur­dis­tan comme une île, comme si ce qui se passe autour de nous ne nous impor­tait pas. Nous devons rem­plir notre rôle au Moyen-Ori­ent et, ce faisant, pour les femmes du monde entier. Main­tenant, pour les qua­tre par­ties du Kur­dis­tan, il est impor­tant de ren­forcer le rôle d’a­vant-garde des femmes dans la révo­lu­tion, non seule­ment au Roja­va, mais égale­ment au Kur­dis­tan Nord dans la lutte con­tre le fas­cisme, car nous pen­sons égale­ment que le rôle des femmes dans celle est très impor­tant, unique. L’une des prin­ci­pales car­ac­téris­tiques du fas­cisme est qu’il est l’en­ne­mi des femmes. Si nous regar­dons ce qui s’est passé dans les années 1930 en Espagne, en Alle­magne et en Ital­ie, nous avons des exem­ples très con­crets mon­trant que la pre­mière chose que le fas­cisme a faite a été de forcer les femmes à repren­dre leurs rôles tra­di­tion­nels. Ils ont traité les femmes comme des mères, des machines à fab­ri­quer de nou­veaux sol­dats fas­cistes pour le régime. Dans la nature du fas­cisme, vous pou­vez voir la misog­y­nie. Pour cette rai­son, en Turquie et dans le nord du Kur­dis­tan, le mou­ve­ment des femmes est la force la plus impor­tante et la plus dynamique. Ce n’est pas seule­ment le mou­ve­ment des femmes kur­des. Le mou­ve­ment fémin­iste turc est égale­ment très fort. Mais main­tenant, il est impor­tant pour nous de nous unir, de for­mer un front féminin pour pou­voir vain­cre le régime fas­ciste qui est vrai­ment anti-femmes.

Au Kur­dis­tan Sud, nous vivons une crise pro­fonde. Il est très impor­tant d’y ren­forcer l’au­tonomi­sa­tion des femmes, car si vous regardez les racines de la crise elle-même, vous con­staterez qu’elle a été créée par des hommes. Mal­heureuse­ment, la représen­ta­tion des femmes en poli­tique n’est pas forte. Par exem­ple, il y a eu beau­coup de dis­cus­sions poli­tiques la semaine dernière en vue de la for­ma­tion du gou­verne­ment. Mais vous il n’y avait pas une femme assise à la table. Que des hommes. La manière dont la poli­tique est faite dans au Kur­dis­tan Sud est très mas­cu­line, elle n’ap­porte pas de solu­tions aux prob­lèmes que nous avons mais les appro­fon­dit. Nous pen­sons qu’ici le change­ment n’est pos­si­ble qu’en dévelop­pant une cul­ture poli­tique démoc­ra­tique. Et que cela ne peut pas être fait par les hommes. Cela ne peut être fait que par les femmes, les exclues, les marginalisées.

Les prob­lèmes pro­fondé­ment enrac­inés aux­quels nous sommes con­fron­tés sont égale­ment présents de façon plus générale en Irak, un État qui n’est pas naturel, qui ne cor­re­spond pas à la réal­ité cul­turelle, eth­nique ou religieuse de la région et qui pro­duit sans cesse de nou­velles crises, con­flits et con­tra­dic­tions entre les sectes et les reli­gions, les eth­nies. Dans cette zone en ébul­li­tion per­ma­nente, il est donc très facile pour des forces extérieures de gou­vern­er, de con­trôler toute la région. Pour pou­voir sur­mon­ter cette sit­u­a­tion qui se répète depuis un siè­cle déjà, il est très impor­tant d’établir et de ren­forcer la posi­tion de leader des femmes. C’est le besoin prin­ci­pal ici. Je dirais la même chose pour l’I­ran et le Kur­dis­tan Est, car ils sont égale­ment dans un proces­sus his­torique. Il y a beau­coup de pos­si­bil­ités. La dernière fois que les femmes en Iran ont pu célébr­er le 8 mars, c’é­tait il y a 40 ans, en 1979. Quar­ante ans après cette dernière grande fête, nous voyons que même dans le Kur­dis­tan Est et dans le pays, en dépit de toutes les formes d’op­pres­sion, de dic­tature … je veux dire, on sait à quel point c’est dif­fi­cile là bas pour les femmes… tant de femmes sont en prison et risquent la peine de mort. C’est très risqué là-bas. Mais nous voyons que de plus en plus de femmes élèvent la voix, qu’elles protes­tent et dis­ent qu’elles ne sont pas d’ac­cord avec ce sys­tème. Cela donne de l’espoir.

Nous avons donc des développe­ments impor­tants dans toutes les par­ties du Kur­dis­tan. Les États qui occu­pent ces régions du Kur­dis­tan met­tent nos vies en dan­ger, car ces régimes mas­culins fas­cistes veu­lent assur­er leur pou­voir. Mais vous voyez partout que les femmes sont le prin­ci­pal espoir, déter­mi­nant la lutte dans tous les domaines. Pour cela, je dirais que le 8 mars de cette année, nous avons aus­si beau­coup de raisons d’être optimistes.

Qandil, Kur­dis­tan. La cul­ture kurde se trans­met aus­si à tra­vers le chant.

- Peut-on dire que le mou­ve­ment des femmes est en quelque sorte garant de la ligne idéologique du mou­ve­ment en général ?

Pourquoi la libéra­tion des femmes est-elle si cen­trale pour le PKK? Cela n’a pas com­mencé avec le change­ment de par­a­digme. À la fin des années 80, Abdul­lah Öcalan a com­mencé sa pro­pre analyse sur cette ques­tion. Une des prin­ci­pales dynamiques qui a con­duit à cela est son mariage avec Fat­ma — nom de guerre. Elle était égale­ment mem­bre fon­da­teur du PKK et, en 1986, elle a quit­té le mou­ve­ment. Elle a été envoyée en Europe après le 3ème con­grès du PKK pour y organ­is­er le mou­ve­ment. Quelque temps après son arrivée là-bas, elle a quit­té le mou­ve­ment. Depuis lors, il n’y a eu aucun con­tact avec elle. Ce n’é­tait pas un mariage habituel, il y avait beau­coup de con­flits. C’é­tait aus­si un mariage d’amour. Pen­dant longtemps il a été décrit comme quelque chose de dif­férent, comme si elle était un agent envoyé par l’é­tat turc pour con­trôler le PKK et des choses du genre. Öcalan a écrit plus tard à ce sujet et déclaré qu’il l’aimait vrai­ment, mais que ça avait été très con­flictuel et que ce con­flit l’avait amené à réfléchir à la ques­tion de la libéra­tion des femmes. Il y est venu de sa pro­pre expéri­ence pratique.

Cela a com­mencé à la fin des années 80. Puis, au début des années 90, lorsque l’Union sovié­tique s’est effon­drée, il a de plus en plus mis la ques­tion des femmes au cen­tre du social­isme, en don­nant au social­isme aus­si des car­ac­téris­tiques féminines, en y appor­tant des répons­es et en pro­tégeant égale­ment l’héritage du social­isme sous cette forme. Quand il cri­tique Marx, il dit aus­si qu’il ne le rejette pas, mais essaie de faire un nou­veau pas en avant. Dans les années 90, après l’ef­fon­drement du sys­tème sovié­tique, il a beau­coup analysé le social­isme démoc­ra­tique. De l’im­por­tance de men­er une lutte démoc­ra­tique au sein du mou­ve­ment révo­lu­tion­naire pour le démoc­ra­tis­er, car vous ne pou­vez pas être social­iste si vous n’êtes pas démoc­rate. Il analyse l’ef­fon­drement de l’u­nion sovié­tique par le manque de démoc­ra­tie. Il y avait un manque de lib­erté, il n’y avait pas de femmes. C’est ain­si qu’il en est arrivé au change­ment de par­a­digme. C’est plus tard, on peut dire 2005 ou même plus tôt, lorsque le livre Defend­ing peo­ple a été pub­lié en 2004. Mais ensuite, en 2005, le con­grès a com­mencé à s’or­gan­is­er selon le con­fédéral­isme démoc­ra­tique, qui a été adop­té comme struc­ture pour l’or­gan­i­sa­tion. Le change­ment de par­a­digme a com­mencé plus tôt, mais c’est à ce moment-là qu’ils ont com­mencé à le met­tre en pra­tique. C’é­tait l’époque où tous les mil­i­tants du PKK lisaient Mur­ray Bookchin pour mieux le com­pren­dre. Abdul­lah Öcalan com­mu­ni­quait avec les mil­i­tants lors de ses entre­tiens avec ses avo­cats. Il dis­ait quel livre il lisait et tout le monde devait le lire. Je me sou­viens qu’il avait par­lé de l’é­colo­gie de la lib­erté en 2002 ou en 2003. C’é­tait à ce moment-là que les gens com­mençaient à lire sur l’é­colo­gie et des choses du genre.

Pourquoi pou­vons-nous appel­er le mou­ve­ment des femmes le gar­di­en de l’idéolo­gie ? Le par­a­digme lui-même place la libéra­tion des femmes au cen­tre de ses préoc­cu­pa­tions. Comme je vous l’ai dit, cela ne peut être réal­isé que par le rôle d’a­vant-garde des femmes. Elles doivent être les sujets du proces­sus révo­lu­tion­naire. Elles s’or­gan­isent aus­si selon ce par­a­digme. Et ce sont elles aus­si qui réalisent ce par­a­digme par eux-mêmes. Cela leur donne ce rôle his­torique. Et cela a tou­jours été comme ça parce qu’elles sont les opprimées, elles sont les mar­gin­al­isées. Elles lut­tent avec leurs cama­rades, mais à la fin, ce sont des femmes, ce qui les dif­féren­cie et leur con­fère un rôle par­ti­c­uli­er dans la révolution.

- Etes-vous en con­tact avec d’autres organ­i­sa­tions de femmes au Moyen-Ori­ent ? Ont-elles appris de vous, avez-vous appris d’elles ?

Oui depuis le début. Il est impor­tant de garder à l’e­sprit que le PKK a pu com­mencer sa guéril­la grâce de la sol­i­dar­ité et à l’in­ter­na­tion­al­isme des peu­ples au Moyen-Ori­ent. En juil­let 1979 Abdul­lah Öcalan tra­ver­sa la fron­tière pour se ren­dre à Kobané, avec une fausse pièce d’i­den­tité. Il se ren­dit en Syrie et prit con­tact avec les mou­ve­ments révo­lu­tion­naires libanais et pales­tiniens. À cette époque, le PKK n’é­tait pas con­nu. Un grand nom­bre de lead­ers avaient été empris­on­nés dans la prison d’Amed et le coup d’É­tat mil­i­taire du 12 sep­tem­bre allait avoir lieu. Ain­si, dans ces con­di­tions très dif­fi­ciles, sans con­naître l’arabe, sans aucune pos­si­bil­ité matérielle, grâce à la notion de fra­ter­nité, il leur a été pos­si­ble de créer le ter­rain pour le 15 août 1984, date à laque­lle ils com­mencèrent la guéril­la, grâce aux mou­ve­ments révo­lu­tion­naires. au moyen ori­ent. C’est ain­si qu’ils se sont d’abord ren­dus dans les camps mil­i­taires du mou­ve­ment de libéra­tion pales­tinien. Plus tard, ils ont pu créer leur pro­pre camp où ils don­naient une for­ma­tion mil­i­taire, poli­tique et idéologique et for­maient les cadros du mou­ve­ment. Ils n’avaient pas d’ar­gent dans leurs poches. Un grand nom­bre de mil­i­tants du PKK sont morts égale­ment dans la lutte con­tre les attaques israéli­ennes, par sol­i­dar­ité avec les Palestinien.ne.s.

Voici d’où ils vien­nent, cela s’est passé il y a 40 ans. Ce n’est donc pas par la suite que le PKK s’est impliqué à l’échelle du Moyen-Ori­ent. Dès le début, ça a été un mou­ve­ment du Moyen-Ori­ent avec une très bonne com­préhen­sion de l’internationalisme, ce qui l’a empêché de devenir un mou­ve­ment nation­al­iste. Ca a été comme ça pen­dant 40 ans, donc ce n’est pas his­toire que le mou­ve­ment général ou le mou­ve­ment des femmes soit en train d’établir des rela­tions ou qu’il ait com­mencé après la révo­lu­tion de Roja­va, après Kobane. Il y a tou­jours eu des bureaux ou des représentant.e.s selon l’oc­ca­sion, ou tout autre out­il de coopéra­tion, pour une lutte sol­idaire, commune.
Mais pour le mou­ve­ment des femmes en par­ti­c­uli­er, il est très impor­tant d’amélior­er les rela­tions avec les mou­ve­ments de femmes au Moyen-Ori­ent. Ou dis­ons des organ­i­sa­tions de femmes parce que si nous exam­inons la sit­u­a­tion actuelle, il y a le mou­ve­ment des femmes kur­des mais nous ne pou­vons pas par­ler d’autres grands mou­ve­ments de femmes. C’est aus­si un prob­lème que nous devons analyser, pourquoi c’est comme ça. Mais nous voyons beau­coup de luttes de femmes au Liban, en Pales­tine, en Égypte, où les femmes ont joué un rôle très impor­tant con­tre le régime de Moubarak, bien qu’elles aient été vic­times d’agressions sex­uelles, d’attaques, etc., dans des endroits comme la Tunisie où les femmes ont pu gag­n­er beau­coup. Je par­lais de l’Iran et de l’Afghanistan, de nos sœurs qui se trou­vaient là mal­gré toutes les attaques des chefs de guerre et des impéri­al­istes, elles s’or­gan­isent, ce qui représente un très grand potentiel.

Place Tahrir, 19 juil­let 2013 — com­mé­mora­tion du 10e jour du Ramadan de 1973 et du 30 juin 2013. Cette jeune femme énergique super­vise la par­tie réservée aux femmes, n’hési­tant pas à recon­duire en dehors manu mil­i­tari tout homme qui s’y aven­ture sans autorisation.

Gaza, femmes des brigades armées du FPLP, 2012

Tunis, 13 août 2013 A l’oc­ca­sion de la journée de la femme, une énorme man­i­fes­ta­tion en oppo­si­tion au gou­verne­ment a lieu. Plusieurs mil­liers de per­son­nes, par­mi lesquelles beau­coup de femmes, défi­lent jusqu’au sit in de la place du Bar­do. Plus loin, le rassem­ble­ment pro gou­verne­ment parait bien petit à côté de celui des opposants.

Pour le mou­ve­ment kurde, l’His­toire a tou­jours été un élé­ment très impor­tant et nous pen­sons que le Moyen-Ori­ent, le lieu où nous vivons actuelle­ment, a déjà été le ter­reau de la pre­mière révo­lu­tion sociale, la révo­lu­tion néolithique. Pour la pre­mière fois dans l’his­toire de l’hu­man­ité, les gens ont com­mencé à s’in­staller, à vivre en société et cela a égale­ment été dirigé par des femmes. Ce dont nous par­lons main­tenant, c’est de jeter les bases d’une deux­ième grande révo­lu­tion des femmes au Moyen-Ori­ent parce que nous pen­sons que c’est la seule pos­si­bil­ité de trou­ver une solu­tion pour y met­tre aux crises, mal­gré toutes les guer­res et tous les con­flits en cours, et de créer une vraie démoc­ra­tie et la lib­erté. Cela ne peut être fait que par la révo­lu­tion des femmes. C’est pourquoi c’est d’une impor­tance stratégique majeure pour nous — pas prag­ma­tique, nous sommes pas dans une recherche prag­ma­tique — d’améliorer nos rela­tions avec nos sœurs dans le monde et au moyen-Ori­ent. Et en agis­sant de la sorte, lut­ter effi­cace­ment con­tre la moder­nité capitaliste.

Nous avons tou­jours pen­sé que cela ne pou­vait se faire que sous l’im­pul­sion des femmes, car la moder­nité cap­i­tal­iste, ou dis­ons le sys­tème cap­i­tal­iste, tente de s’or­gan­is­er au Moyen-Ori­ent, en par­ti­c­uli­er au cours des cent dernières années, depuis par­tir de la 1ère guerre mon­di­ale. Ces fron­tières que nous avons aujour­d’hui ne sont pas naturelles. Elles ont été créées par lui. Ces états ne cor­re­spon­dent pas à la réal­ité ici. Ils repro­duisent con­tin­uelle­ment les con­flits, les guer­res, les crises au prof­it du sys­tème de des États cap­i­tal­istes. Pour cela, ils utilisent trois out­ils prin­ci­paux: le nation­al­isme ou le chau­vin­isme, le sec­tarisme et le sex­isme. Ce sont des ques­tions qui divisent vrai­ment les gens, les empêchant de s’u­nir. Si vous regardez la réal­ité kurde, elle est divisée par le nation­al­isme par exem­ple. Si nous voulons vrai­ment trou­ver une solu­tion aux prob­lèmes que nous avons ici, nous devons vain­cre le nation­al­isme, le sec­tarisme et le sex­isme. Et cela ne peut être fait que par les femmes. Par con­séquent, il est si impor­tant pour nous de créer quelque chose qui ressem­ble à une union de femmes du Moyen-Ori­ent, non pas selon des lignes nation­al­istes, eth­niques ou sec­taires, mais unique­ment en tant que femmes. En tant que femmes, nous avons ample­ment de raisons de nous réunir.

- Un dernier mot?

On peut par­ler pen­dant des heures, ce n’est pas un prob­lème, dit Mer­al en souriant.

Comme vous venez de France, je dirai que notre com­préhen­sion de la sol­i­dar­ité inter­na­tionale devrait égale­ment con­sis­ter à rechercher de nou­velles idées. Nous devons établir un mécan­isme avec lequel nous pour­rions éla­bor­er une stratégie, une tac­tique ou, dis­ons, un lan­gage com­mun, une cul­ture com­mune, quels sont nos principes pour les femmes, quels principes pou­vons-nous trou­ver ensem­ble, et ain­si de suite. Nous avons besoin d’une pro­duc­tion théorique et intel­lectuelle et cela devrait être fait ensemble.

C’est un prob­lème très impor­tant pour les femmes en France car je pense qu’il y a un très gros manque en ce moment. Si vous com­parez cela à une époque antérieure, dis­ons la pro­duc­tion social­iste ou même le fémin­isme, on l’im­pres­sion d’un film coupé en France. Peut-être que je me trompe mais nous ne voyons rien venir de France pour le moment. Donc, je pense que pour les Français.e.s, il est très impor­tant de repenser cer­tains con­cepts tels que le social­isme, ce que nous enten­dons par inter­na­tion­al­isme, qu’est-ce que le fémin­isme, ce qu’est la libéra­tion des femmes, le libéral­isme, l’idéolo­gie de la classe moyenne ou la com­préhen­sion de ce qui nous enlève la rad­i­cal­ité de notre lutte et la ren­dent libérale. Je pense que quelque chose comme cela pour­rait se pro­duire en France si vous regardez le poten­tiel de la France, et je par­le du peu­ple, pas de l’É­tat. Un tel poten­tiel et une posi­tion si faible main­tenant. Cela sem­ble être une con­tra­dic­tion pour nous car il y a une tra­di­tion si impor­tante, un grand héritage, à cause de la Com­mune de Paris notam­ment non ? Aujour­d’hui, les gens devraient pro­téger les révo­lu­tions partout dans le monde. Pro­téger les acquis des révo­lu­tion­naires et leur héritage en France con­tre les attaques idéologiques et poli­tiques, notam­ment après l’élec­tion de Macron. Je pense que actuelle­ment beau­coup de choses changent. Par­fois, le sys­tème cap­i­tal­iste le fait d’une manière très fine. Ce n’est qu’après qu’il est agit que nous com­prenons ce qui s’est passé et je pense que la France ayant été rad­i­cale dans de nom­breux domaines, il est impor­tant de pro­téger cela, de le défendre con­tre toutes sortes d’at­taques, en par­ti­c­uli­er les attaques idéologiques qui absorbent notre conscience.

Si je reviens à votre pre­mière ques­tion lorsque vous avez demandé ce que les gens peu­vent faire s’ils veu­lent faire preuve de sol­i­dar­ité, je pense qu’ils devraient avant tout pro­téger leurs pro­pres acquis révo­lu­tion­naires. Ils devraient le défendre, parce que s’ils le défend­ent en France, ils défend­ent la révo­lu­tion au Roja­va en même temps. Si le mou­ve­ment rad­i­cal des femmes pro­tège ses 250 ans de lutte pour la libéra­tion des femmes, il apporte la con­tri­bu­tion la plus pré­cieuse à notre lutte et à la lutte inter­na­tionale des femmes. Ce n’est pas telle­ment que nous devons seule­ment sor­tir dehors et mon­tr­er notre sou­tien. Nous devons le faire de manière dialec­tique. Le défendre à la mai­son mais aus­si le défendre à l’ex­térieur. Si on le fait ensem­ble, je pense que cela pour­rait être la sol­i­dar­ité du 21ème siè­cle. Si on regarde l’His­toire, en com­mençant par exem­ple avec la révo­lu­tion française et la marche des femmes, pas seule­ment Olym­pes de Gouges mais aus­si beau­coup d’autres femmes rad­i­cales qui ont été tuées à cause de leurs posi­tions rad­i­cales, puis plus tard, le rôle de pre­mier plan des femmes dans la Com­mune de Paris, il s’agit d’un très grand héritage. Nous savons que les femmes ont tou­jours lut­té con­tre leurs cama­rades mas­culins égale­ment parce qu’au sein du mou­ve­ment social­iste français et de la gauche, nous savons que le patri­ar­cat a tou­jours été très fort. Ils ne penseraient peut-être pas de même, mais je pense que c’est aus­si une rai­son impor­tante pour laque­lle les révo­lu­tions ont échoué, sou­vent à cause de l’approche des soi-dis­ant hommes social­istes ou révo­lu­tion­naires mas­culins envers leurs cama­rades femmes, ces approches féo­dal­istes très patri­ar­cales. Nous devri­ons tir­er ces leçons de l’his­toire et aujour­d’hui, je pense que le mou­ve­ment en France pour­rait ain­si jouer un rôle impor­tant dans la lutte inter­na­tionale pour la libéra­tion des femmes.

Loez


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Loez
Pho­to-jour­nal­iste indépendant
Loez s’in­téresse depuis plusieurs années aux con­séquences des États-nations sur le peu­ple kurde, et aux luttes de celui-ci.