Parce qu’il apparaît, tout à coup, que les visages de Picasso, ceux des civilEs victimes des bombardements de Guernica, ont cette ressemblance cruelle avec ceux que peint Zehra Doğan.Ceux qu’on connaît, et sans doute ceux qu’on ne verra jamais, puisqu’ils ont été confisqués par l’administration pénitentiaire.
Gernika (le tableau), dénonciation engagée du bombardement de la ville de Guernica, ordonné par les nationalistes espagnols et exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes, a vite acquis une portée politique internationale, devenant un symbole de la dénonciation de la violence franquiste et fasciste, puis de l’horreur de la guerre en général.
En 1950, Alain Resnais et Robert Hessens ont voulu en faire un film, avec les œuvres de Picasso, et un texte inspiré d’un poème d’Eluard, lu par Jacques Pruvost et Maria Casares. Les voix graves dressent un macabre inventaire, égrènent les horreurs, dénoncent, accusent.
« Quelque part en Europe et c’est à nos frontières »
Du massacre de Guernika 1937 à ceux de Nusaybin ou de Silopi près de quarante années plus tard, de Picasso à Zehra Doğan, on peut s’autoriser quelques parallèles, prendre cette liberté.
« La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre offensif et défensif contre l’ennemi. »
Picasso
Le peintre cubiste a toute sa vie refusé que le tableau soit exposé en Espagne sous la dictature franquiste. Pendant 2 ans, la célèbre toile a fait l’objet de plusieurs expositions en Europe, puis aux États-Unis, notamment pour lever des fonds pour les républicains espagnols…
Aujourd’hui exposées en Bretagne, on peut se prendre à rêver que les œuvres de Zehra seront un jour installées dans la prison qui les a vu naître, transformée en galerie d’art …
Mais on s’égare.
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