Français | English
Un court film percutant. Et une forme de clin d’œil à Zehra Doğan…
Douze minutes d’images animées, comme une revanche de la main de l’artiste sur celle du destin.
On oublie souvent “la main du cinéaste” quand on regarde un film. On y pense forcément davantage devant un film d’animation. Et face à Migration, de Sylvaine Jenny, vous n’aurez plus le choix.
Une mère et sa fille fuient les bombes, courent, tombent, se relèvent et marchent, naviguent, s’échouent… Avec des milliers d’autres, elles empruntent le chemin de celles et ceux qui migrent, et en traversent toutes les horreurs. Ça se passe en Syrie, ou peut-être ailleurs, en Irak, au Liban. Ça se passe peut-être maintenant. Ça pourrait être il y a un siècle.
Il y a un désert, puis des montagnes, puis des camps. Pas de parole.
La frénésie du dessin est à couper le souffle. Le suspens installé par la musique et les coups de crayons saccadés tiennent le spectateur en haleine. Et laissent flotter l’inconfortable question de cette main en mouvement, responsable à la fois du sang et des sourires, du naufrage et de la plage.
Libre à chacun d’y voir celle de l’artiste, du despote ou du destin …
Un véritable “dessin animé” très loin des contes de fées, qui interpelle, dénonce et questionne.
Tout comme Miniyamba, de Luc Perez : des traits de pastels, de plus en plus sombres au fur et à mesure que le périple des deux personnages approche des rives de l’Europe… au loin des lumières brillent. D’autres documentaires animés sur l’exil et la migration : Then I came by boat, souvenirs d’un exilé vietnamien, et Al Hurriya, rencontre entre une Calaisienne et ses voisins.
Soutenez Kedistan, FAITES UN DON.