Voici une traduction de l’article d’Evrim Kepenek publié sur Gazete Şûjin , et réunissant les propos d’artistes femmes, réagissant à l’interdiction qui fut faite à Zehra Doğan d’utiliser et de posséder du matériel de dessin en prison.
Les artistes lancent un appel : “Rendez ses crayons à Zehra Doğan !”
Les artistes ont réagi sur le fait que son matériel ne soit pas donné à Zehra Doğan, journaliste et artiste incarcérée dans la prison de Diyarbakır. “Rendez à Zehra ses crayons !” ont-ils demandé. Pour les artistes, empêcher Zehra de dessiner, est l’équivalent de violer le droit à la vie.
Zehra, journaliste de l’agence Jinha, avait été arrêtée sur la route, entre Diyarbakır et Mardin, placée en garde à vue, et incarcérée ensuite, car sa condamnation avait été confirmé par la Cour d’appel.
L’administration de la prison de Diyarbakır, ne l’autorise pas depuis à avoir son matériel, et les artistes précisent qu’empêcher un artiste de créer, est une méthode de “punition”. “Donnez son matériel à Zehra !”
Les peintures sont les seules respirations d’unE peintre
Başak Şahindoğan, sculpteure, exprime que l’Art ne doit pas être empêché, que Zehra ne doit pas être empêchée de peindre et que les conditions pour qu’elle puisse créer doivent être restaurées. “Pour unE artiste, faire naître une œuvre n’est pas simplement une acte de production. Les mots, les couleurs, les notes, quelque soit le véhicule qui est utilisé pour la création, sont la source de vie la plus intense pour unE artiste.” précise Başak, et elle ajoute“Quand nous observons les œuvres d’unE artiste, nous voyons le lien qu’il/elle tisse avec la vie. Ses peintures, sont, pour unE peintre, ses fenêtres ouvertes sur la clarté, son seul moment de respiration.”
L’Art peut supprimer la violence
Başak continue en affirmant que le fait d’empêcher Zehra de pratiquer son Art, est en vérité, l’équivalent d’ empêcher son droit à la vie, et que ceci est inacceptable. “Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’Art n’est pas une chose dont il faut avoir peur. Comme disait Tolstoï, ‘L’art doit supprimer la violence, et seul il peut le faire’.”
Arrêtez de condamner l’Art et l’artiste
Quant à Yasemin Göksu, musicienne, elle pointe le fait que le pouvoir actuel a pris ses distances par rapport à l’Art et l’artiste, au cours des années qui ont écoulées, jusqu’au point de les désigner comme ennemis. “Car il y a une sérieuse incompatibilité sanguine. Pourquoi ? Parce que l’Art est rebelle. Il ne mâche pas ses mots. Il n’est pas hypocrite et peut extérioriser tous les sentiments et les opinions de l’artiste. Et, il peut même, frapper sur votre visage, toutes les vérités, tel un miroir. C’est pour cela que, depuis des siècles, les structures d’Etat intégristes et bigotes, punissent toutes sortes d’Art et d’artistes, qu’elles trouvent menaçant leurs idéologies et existences.
Et Zehra Doğan, “en dessinant le massacre que le pouvoir actuel a commis, a frappé le crime sur leur visage” dit Yasemin, et elle ajoute “Avec quoi l’a-t-elle fait ? Avec le talent artistique dont elle est dotée, avec sa conscience et avec son matériel de dessin. Autrement dit, si on regarde par les yeux de l’Etat, avec ses ‘armes’ ! Un Etat, qui a pris dans la figure, son propre crime, donnerait-il dans la main de Zehra, les outils qu’il voit comme des armes ?”
Yasemin, souligne que son matériel doit lui être donné immédiatement , et pense qu’en prison, le style de Zehra deviendra plus incisif…
Qu’ils n’aient pas peur des dessins à ce point là
La dessinatrice, illustratrice Zeynep Özatalay, est une autre artiste qui demande que Zehra retrouve son matériel. “Le fait de séparer unE artiste qui dessine, qui peint, de ses peintures, ses papiers est une véritable torture” ajoute-t-elle, “C’est de la priver des seuls outils qui lui donneront la possibilité de respirer entre les quatre murs.
Elle attire l’attention sur le fait qu’ “Il s’agit du même type de punition pratiquée sur Zehra Doğan et Musa Kart. Si unE auteurE peut posséder et utilise un crayon et un papier, les besoins de l’artiste doivent donnés aussi. Il ne faut pas qu’ils aient peur autant, des dessins, des couleurs”.
Evrim Kepenek
English • Kedistan | Artists Demand “Give Zehra Doğan Back Her Crayons !”
Türkçe • Gazete Şûjin | Sanatçılardan ‘Zehra Doğan’ın kalemlerini geri verin’ çağrısı