Un week-end à la fois studieux et fes­tif, dans les envi­rons de Tarnac, durant lequel Kedis­tan mon­tr­era le bout de l’or­eille, en ce début de Print­emps, sur le Plateau des Mille Vaches.


Samedi 8 avril 2017
Au Plateau des Mille Vaches


Dans le cycle « Le visage du monde change, comprendre, prendre part aux bouleversements en cours. »

TURQUIE • KURDISTAN • SYRIE
Tra­jec­toires révo­lu­tion­naires, état d’ur­gence et contre-insurrection…

17h30
DISCUSSION
sur la sit­u­a­tion poli­tique en Turquie et au Kurdistan

en présence des mem­bres du Kedis­tan

20h00
REPAS
Spé­cial­ités kurdes
Entrée, plat & dessert • 10€
Réser­va­tions jusqu’au 5 avril 06 84 55 62 02

22h00
CONCERT • 5€
Groupe Aman Aman
Musique d’Ana­tolie et du Kur­dis­tan et autres vari­antes Rock’n’roll
Sex, drugs & rebetiko 
chan­sons pop­u­laires en grec

Etat d’ur­gence, instru­men­tal­i­sa­tion des réfugiés et répres­sion de l’op­po­si­tion en Turquie

La Turquie d’Er­doğan s’en­fonce chaque jour un peu plus dans un régime poli­tique total­i­taire et para­noïaque. La rhé­torique anti-ter­ror­iste inonde quo­ti­di­en­nement les quelques médias qui parais­sent encore et jus­ti­fie tout, les arresta­tions arbi­traires, la sale guerre con­tre les Kur­des dans le sud-est du pays, la cen­sure, les procès poli­tiques, les rafles d’op­posants… En l’e­space d’à peine quelques mois le régime d’Er­doğan est passé du statut de « bon élève » du Moyen-Ori­ent, can­di­dat plau­si­ble à l’ad­hé­sion à l’U­nion Européenne, à un État Polici­er où la démoc­ra­tie n’est plus que de pure façade. Ce qu’il se passe au Moyen-Ori­ent nous est très proche sous de mul­ti­ples aspects et les effets des boule­verse­ments en cours là-bas se font déjà sen­tir ici. A tra­vers l’é­tat de guerre général­isé et les flots de réfugiés qu’il sus­cite, nos sit­u­a­tions nationales étriquées s’in­ter­pénètrent de mul­ti­ple façons.

2011 avait vu une vague sans précé­dent de soulève­ments con­tre les tyran­nies en place au Moyen-Ori­ent. La Turquie d’Er­doğan elle-même avait été touchée à tra­vers l’oc­cu­pa­tion mas­sive du parc Gezi et les mou­ve­ments qu’elle a entraîné, en 2013. Depuis 2015 ces vagues de soulève­ments ont ren­con­tré une vague symétrique de con­tre-révo­lu­tions, dans laque­lle les états, mêmes con­cur­rents, savent très bien s’en­ten­dre pour écras­er les rêves de lib­erté. Alors que Bachar Al Assad et ses alliés met­taient la Syrie à feu et à sang pour se sauver d’une chute cer­taine, Erdoğan relançait la guerre civile con­tre les Kur­des de Turquie pour sauver son avenir élec­toral. Dans un cas comme dans l’autre on s’au­torise de la « guerre au ter­ror­isme » pour mas­sacr­er et met­tre les pop­u­la­tions en coupe-réglée. Les enne­mis désignés dif­fèrent, les méth­odes, elles, ont une prox­im­ité trou­blante. Le uns et les autres savent tour à tour soutenir les mou­ve­ments d’op­po­si­tion chez le voisin avant que leurs intérêts con­ver­gent dans l’écrase­ment des dites oppositions.

La résis­tance kurde, le PKK et la doc­trine du « con­fédéral­isme démoc­ra­tique » à l’épreuve de la guerre

Aux con­fins de la Turquie et de la Syrie, une expéri­ence poli­tique sin­gulière tente de trac­er sa pro­pre route depuis des années. Les mou­ve­ments poli­tiques kur­des ont fait beau­coup de chemin depuis les années qua­tre-vingt où la ques­tion iden­ti­taire kurde et la lutte anti-colo­niale ont été amenées sur le devant de la scène par une nou­velle généra­tion de mil­i­tants poli­tiques kur­des. En a résulté une guerre civile sans pitié et des opéra­tions de con­tre-insur­rec­tion mas­sives, qui causèrent des mil­liers de morts et des mil­liers de réfugiés dans les années qua­tre-vingt-dix (« la sale guerre »). C’est à cette époque que des réfugiés kur­des sont arrivés notam­ment sur le Plateau, à Peyrelevade.

Le début de l’ère Erdoğan avait signé une ten­ta­tive de proces­sus de paix avec les mou­ve­ments kur­des qui n’a tenu que le temps qu’Er­doğan se rende compte que ses « efforts » n’avaient pas les effets élec­toraux escomp­tés. Dès 2015, voy­ant les expéri­ences d’au­tonomie ter­ri­to­ri­ales kur­des se dévelop­per le long de la fron­tière Syro-Turque, et se sen­tant men­acé à l’in­térieur par le poids crois­sant de par­tis poli­tiques dits « pro-kur­des », il relance la stratégie de la ten­sion dans le sud-est du pays, jusqu’à des épisodes de guerre ouverte avec les fac­tions mil­i­tantes organ­isées dans le cœur des villes à majorité kurde tout au long de l’an­née passée.

Les mou­ve­ments liés au PKK (Par­ti des Tra­vailleurs du Kur­dis­tan, un des pro­tag­o­nistes prin­ci­paux de la guerre dans les années qua­tre-vingt-dix, fondé et dirigé par Abdul­lah Öcalan jusqu’à son arresta­tion et sa mise en déten­tion par l’État Turc en 1999), ont désor­mais un rôle dom­i­nant tant la résis­tance kurde côté Turc que dans les régions à majorité kurde du nord de la Syrie (Roja­va). Suite à un virage idéologique et stratégique opéré au début des années 2000, le par­ti-guéril­la marx­iste et indépen­dan­tiste, développe un dis­cours et un pro­gramme basé sur des fédéra­tions de com­munes, de con­seils locaux ou de tra­vailleurs, de groupes de femmes et d’une armée par­ti­sane. Il a offi­cielle­ment aban­don­né l’idée d’un État-Nation kurde et de la forme État de manière générale. Cette expéri­ence en cours naturelle­ment lim­itée par l’État de guerre général­isé dans la région et par l’his­toire politi­co-mil­i­taire hiérar­chique et autori­taire du PKK sus­cite de par le monde de réels espoirs ain­si que de nom­breuses questions…

D’où les ques­tions que nous nous poserons à l’is­sue de cette présentation

Quelles actions pos­si­bles depuis ici pour soutenir les mou­ve­ments de résis­tance à l’é­tat polici­er en Turquie ?

Quel sou­tien apporter aux mou­ve­ments qui ten­tent de con­stru­ire l’au­tonomie au Kur­dis­tan syrien ?

Com­ment se don­ner les moyens (infor­ma­tion, ren­con­tres, doc­u­men­ta­tion) d’une sol­i­dar­ité cri­tique avec des mou­ve­ments dont les straté­gies com­plex­es sont par­fois peu lis­i­bles depuis ici ?


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