Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV. Un retour sur la quin­zaine du 22 au 29 jan­vi­er 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trou­verez ici, chaque semaine.

Vous pou­vez égale­ment vision­ner séparé­ment les quelques vidéos inclus­es dans le texte com­plet du journal.

Vidéo du journal francophone complet et textes en français


Gros titres

  • VICTOIRE DE KOBANI : 2ème anniver­saire
  • KOBANI : Témoignage d’an­ciens combattants
  • JANVIER 2014 : Déc­la­ra­tion de l’ad­min­is­tra­tion autonome
  • SUR LE FRONT DE RAQQA : Pour­suite des combats
  • RÉGION DE SHEHBA  : Nou­velles attaques de la Turquie
  • DANS LES CANTONS KURDES : Une semaine de violences
  • SYSTÈME FÉDÉRAL DE LA SYRIE DU NORD : Tra­vail diplomatique
  • TURQUIE : Vers le référendum
  • GRANDE-BRETAGNE, ALLEMAGNE, FRANCE : Que font les autorités ?
  • PACE-ECHR : Réac­tions

VICTOIRE DE KOBANI
2ÈME ANNIVERSAIRE

Sou­venons-nous : le 26 jan­vi­er 2015, les forces kur­des chas­saient défini­tive­ment le Daesh de la ville de Kobani. Cette journée his­torique a mar­qué la fin des con­quêtes du Daesh. La vic­toire de Kobani a aus­si fait con­naitre au monde entier la résis­tance menée par un peu­ple, un peu­ple dont la con­science démoc­ra­tique et la pas­sion de la lib­erté ont eu rai­son du fanatisme et du culte de la mort de Daesh.

En juin 2014, le Daesh lançait son offen­sive sur la ville de Mossoul. Là, Daesh avait pris pos­ses­sion de tous les arse­naux de guerre rem­plis de matériel améri­cain, et aban­don­nés là par les sol­dats irakiens en déroute.
C’est donc une armée hyper-équipée, forte de suc­cès répétés, qui envahit les cam­pagnes autour de la ville de Kobani un mois plus tard, le 2 juil­let 2014 . De longs con­vois d’armes et de com­bat­tants arrivent de Mossoul, sur des routes déser­tiques, sans qu’aucun avion n’entrave leur pro­gres­sion. Tous les vil­lages autour de Kobani sont cap­turés par le Daesh. Les habi­tants s’enfuient vers la ville ou sont massacrés.
Le 16 sep­tem­bre, Daesh est aux portes de la ville. Le prési­dent turc, Recep Tayyip Erdo­gan, prédit la chute de Kobani en trois jours. Mais de quarti­er en quarti­er, de rue en rue, de mai­son en mai­son, les com­bat­tants kur­des des unités YPG et YPJ accusent le pre­mier choc de la con­fronta­tion. Bien­tôt acculés près du poste fron­tière de Mur­sit­pinar, les résis­tants kur­des vont repren­dre le chemin de l’offensive, après avoir épuisé les forces du Daesh.
Des héros vont s’illustrer, dont une femme qui mar­quera à jamais la volon­té et le courage des com­bat­tantes YPJ ; il s’agit de Miran Arkan. Elle se jette le 5 octo­bre sur un groupe de com­bat­tants de Daesh qui l’avaient encer­clée, et se fait explos­er, tuant net ses agresseurs.
Elle con­fi­ait à un de ses cama­rades, peu de temps avant sa mort, qu’elle n’avait qu’un seul choix : la lib­erté ou la mort. Si elle ne pou­vait pas avoir la pre­mière, alors elle voulait la sec­onde. Car per­son­ne ne pou­vait en faire une prisonnière.
Miran Arkan illus­tre le moral et la men­tal­ité des résis­tants de Kobani. Une résis­tance qui trou­ve sa force dans le pro­jet démoc­ra­tique du leader kurde Abdul­lah Ocalan.
C’est cette volon­té de jus­tice, de lib­erté et d’égalité qui a per­mis de défaire le Daesh, bien plus que toute la tech­nique des armes les plus modernes.

KOBANI
TÉMOIGNAGE D’ANCIENS COMBATTANTS

Ils sont nom­breux, les com­bat­tants de Kobani qui par­ticipent aujourd’hui encore à l’effort mil­i­taire pour net­toy­er la Syrie de toutes les ban­des de fana­tiques. Par­mi ces héros, des sol­dats arabes, des com­bat­tantes kur­des ou encore des mil­i­tants com­mu­nistes de Turquie. Voici les témoignages de quelques-uns d’entre eux.

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Mihemed Abu Adil est le com­man­dant de la brigade Shams al She­mal ; Il se bat aujourd’hui sur le front de Raqqa, mais il a par­ticipé à la bataille de Kobani.
Il explique que le Daesh jouis­sait d’une supéri­or­ité en armes et en com­bat­tants ; ils attaquaient la ville avec des armes lour­des, des tanks, des pièces d’artillerie et des roquettes. De leur côté, les défenseurs n’avaient que des kalach­nikovs et des grenades. Un moment, les défenseurs étaient repliés sur deux rues, mais jamais Kobani n’est tombé : nous avions, dit le com­man­dant, un esprit d’unité, de sol­i­dar­ité et de sacrifice.

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Cudi Firat, un com­bat­tant issu du MLKP, le par­ti com­mu­niste marx­iste-lénin­iste de Turquie, voulait venir à Kobani, qu’il appelle la forter­esse de la révolution.
Il a com­bat­tu en dessous de la colline de Misht­enur. Avec 6 autres com­bat­tants, il devait défendre une large zone que Le Daesh voulait conquérir.
Pour Cudi Firat, l’Etat turc était dérangé par l’alternative du sys­tème can­ton­al mis en place au Roja­va. Ce sys­tème est une alter­na­tive pour les pop­u­la­tions opprimées et il pour­rait devenir une alter­na­tive pour les peu­ples. C’est la rai­son pour laque­lle l’Etat turc a voulu détru­ire la révo­lu­tion du Roja­va, dans son cœur, à Kobani. Pour y arriv­er, l’Etat turc a soutenu le daesh, le front Al nos­ra ou encore la brigade sul­tan Murat.
Mais la résis­tance menée par les unités YPG et YPJ a été la meilleure réponse à la coloni­sa­tion et à l’occupation de la Turquie, qui ten­tait avec le Daesh de men­er Kobani à la reddition.
Kobani est la meilleure réponse apportée aux dic­tatures réac­tion­naires qui provo­quent depuis des siè­cles des bains de sang au Moyen-ori­ent. Kobani, ce sont des valeurs, c’est l’union des peu­ples, l’union des opprimés, des jeunes, des femmes.

JANVIER 2014
DÉCLARATION DE L’ADMINISTRATION AUTONOME

Un an tout juste avant la libéra­tion de la ville de Kobani, les 3 can­tons kur­des de Cizré, de Kobani et d’Afrin avaient offi­cielle­ment mis en place la pre­mière pierre du nou­veau pro­jet poli­tique du Roja­va : la déc­la­ra­tion des admin­is­tra­tions autonomes : Trois ans plus tard, la pop­u­la­tion se sou­vient et célèbre ces journées historiques.
Les trois can­tons kur­des ont lancé le grand coup d’envoi de la démoc­ra­ti­sa­tion des régions du nord de la Syrie en procla­mant offi­cielle­ment, l’un après l’autre, la con­sti­tu­tion d’une admin­is­tra­tion autonome pro­pre à chaque canton.
Le pre­mier can­ton, Cizre, a inau­guré son admin­is­tra­tion autonome le 22 jan­vi­er 2014; le 27, c’était le can­ton de Kobani et le 29 jan­vi­er, le can­ton d’Afrin.
Cette admin­is­tra­tion autonome des can­tons kur­des du Roja­va a per­mis de répon­dre aux prob­lèmes d’ordre économique, social, san­i­taires ou édu­cat­ifs des habi­tants libérés de la tyran­nie du régime.
De nou­velles mesures ont été mis­es en place en ce qui con­cerne la jus­tice sociale, la défense des femmes, le droit des médias. Un des aspects impor­tants de cette admin­is­tra­tion a égale­ment été de répon­dre mil­i­taire­ment aux agres­sions extérieures, qu‘elles provi­en­nent du régime syrien ou des dif­férentes ban­des armées qui sévis­sent en syrie.
Cette admin­is­tra­tion est le cœur de ce qui est aujourd’hui devenu le sys­tème fédéral démoc­ra­tique de la syrie du nord. Les habi­tants peu­vent enfin se pronon­cer sou­veraine­ment sur leur avenir et sur toutes les ques­tions qui les enga­gent directement.
Des comités de quartiers, des comités de femmes, des comités de jeunes sont mis en place, qui comités qui ont le dernier mot en ce qui con­cerne le choix de vie des habi­tants. C’est une démoc­ra­tie com­mu­nale, où le pou­voir est placé au plus près du citoyen.
Un texte fon­da­teur est cepen­dant invi­o­lable : c’est le « con­trat social ». Dans ce con­trat sont repris­es toutes les dis­po­si­tions garan­tis­sant l’égalité des citoyens, quel que soient leur orig­ine, leur langue, leur reli­gion ou leur sexe.

SUR LE FRONT DE RAQQA
POURSUITE DES COMBATS

Les Forces démoc­ra­tiques syri­ennes pour­suiv­ent leur offen­sive pour libér­er la ville de Raqqa, le bas­tion du daesh en syrie. La ville de Suwey­diyé, à l’ouest de Raqqa, a été libérée dimanche dernier.

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Suwey­diyê, c’est cette ville située à l’embouchure du lac Assad, juste au-dessus du bar­rage de Tabqa. C’est dans cette ville que Daesh avait instal­lé son cen­tre pour les attaques à la voiture piégée.
Les com­bats ont fait au moins 85 morts du côté du Daesh. De gross­es quan­tités d’armes et de muni­tions ont égale­ment été saisies.
Le lende­main de la libéra­tion de la ville, une con­tre-offen­sive de daesh a été repoussée par les com­bat­tants des FDS.
Mer­cre­di, une nou­velle attaque du daesh était repoussée, lais­sant sur le sol 12 autres mem­bres du daesh, morts.
Main­tenant, il s’agit comme tou­jours après une vic­toire de sécuris­er les zones libérées et de procéder au démi­nage des ter­res et des habitations.

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Sig­nalons que lors de la reprise de la ville de Suwey­diyê, un com­bat­tant des brigades inter­na­tionales, Pao­lo Todd, surnom­mé Kawa amed, a été tué ce 15 jan­vi­er. Il était orig­i­naire de la ville de los Ange­les, aux Etats-Unis.
Mais les effec­tifs mil­i­taires des FDS ne cessent de croitre. 132 nou­veaux com­bat­tants tous orig­i­naires de la ville de Raqqa ont ter­miné leur for­ma­tion à l’académie mil­i­taire du mar­tyr Abu Ley­la. Ils ont promis lors de la céré­monie qui a mar­qué la fin de leur for­ma­tion d’être fidèles jusqu’à la mort pour la con­struc­tion d’une Syrie démocratique.

RÉGION DE SHEHBA
NOUVELLES ATTAQUES DE LA TURQUIE

Dans la région de She­h­ba, l’armée turque pour­suit ses attaques. La ville de Bab a encore été pilon­née. Les civils fuient en mass­es les exac­tions des troupes turques.

Sous le pré­texte des com­bats menés con­tre le Daesh, l’armée turque réduit la ville de Bab en ruines.
Ce jeu­di, une nou­velle attaque aéri­enne tuait encore dix civils, par­mi lesquels une femme et un enfant. Selon les chiffres de l’observatoire syrien des droits de l’homme, le nom­bre de vic­times civiles tués par les frappes turques depuis le début des opéra­tions autour de Bab, le 13 novem­bre 2016, s’élève à 303, dont une soix­an­taine sont des enfants.
En début de semaine, les autorités du can­ton kurde d’Afrin accueil­laient encore 450 nou­veaux réfugiés qui quit­tent les com­bats autour de Bab.

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Du côté turc de la fron­tière, on pré­pare l’envoi de nou­veaux occu­pants pour pal­li­er aux dif­fi­cultés des forces d’occupation turques. 450 syriens ont ain­si été for­més par les forces armées turques pour con­solid­er les posi­tions turques en Syrie. Sur ces images, on les voit, dans un des camps mil­i­taires turcs, chanter en rangs « Allah, Allah au nom d’Allah, Longue vie à Erdo­gan, longue vie à la Syrie libre »
Selon les infor­ma­tions du jour­nal Yeni Safak, les autorités turques prévoient la for­ma­tion de 5000 syriens pour les envoy­er dans la région de Bab, sous les couleurs des ban­des armées du Fey­laq al Sham, du Ahrar al Sham, et du Jab­hat al Shamiye.
Du côté de la ville de Min­bij, ce sont plus de 2000 réfugiés qui sont venus à se met­tre à l’abri des attaques du Daesh. Ils sont arrivés par petits groupes et ils ont été accueil­lis par les représen­tants du con­seil mil­i­taire de la ville de Min­bij. Ils ont ensuite été envoyés dans des zones sécurisées de la ville.

Au sud de la ville de Min­bij, le daesh a attaqué pen­dant la nuit de lun­di à mar­di les vil­lages de Til Hodan et de Cib Mexzum. 4 civils ont été tués lors de l’attaque, dont deux enfants. Immé­di­ate­ment, les forces du con­seil mil­i­taire de Min­bij sont inter­v­enues, et ont repoussé l’attaque du Daesh. Au matin, il y avait 14 mem­bres du Daesh tués.

DANS LES CANTONS KURDES
UNE SEMAINE DE VIOLENCES

Tout au long de la fron­tière entre le Roja­va et la Turquie, les forces armées turques et leurs mer­ce­naires locaux mul­ti­plient les agres­sions. Atten­tat à la bombe, tirs sur des réfugiés, frappes d’artillerie, se sont suc­cédés tout au long de la semaine.

Deux bombes posées le long de la route, à hau­teur de Til Hemis, ont explosé lun­di au pas­sage de deux véhicules. Lors de la pre­mière explo­sion, trois civils ont été tués, dont un enfant, et lors de la sec­onde explo­sion, c’est une moto sur laque­lle se trou­vaient deux pas­sagers qui a été soufflée.

Le lende­main, mar­di, les ban­des armées qui tra­vail­lent pour la Turquie ont tiré au canon depuis la ville d’Azaz sur le vil­lage de Kefer Cene, dans le can­ton d’Afrin. 4 obus sont venus per­cuter le cen­tre du vil­lage, y cau­sant d’importants dégâts matériels.

Tou­jours aux abor­ds du can­ton d’Afrin, à Shera, les sol­dats turcs sont entrés sur le sol syrien sur une pro­fondeur de 600 mètres et ils y ont arrachés plus de 200 oliviers.

Mer­cre­di, un groupe de réfugiés arabes ten­tait de pass­er la fron­tière turque à hau­teur du vil­lage de Xizey­il, à 50 km de la ville de Sérikanié. Les sol­dats turcs ont ouvert le feu, tuant deux civils et en blessant 6 autres. Tous les blessés ont été emmenés à l’hôpital de Sérikanié par les com­bat­tants YPG qui gar­dent la frontière.

Et puis, ce ven­dre­di, les sol­dats turcs ont repéré des civils qui se déplaçaient trop près de la fron­tière en voulant rejoin­dre leur vil­lage, à Mezra, près de la ville de Derik. Ils ont donc ouvert le feu, tuant deux autres civils et en blessant 5. Quand les habi­tants ont voulu se porter au sec­ours des vic­times, ils ont eux aus­si été pris pour cible. 4 blessés ont pu être ramenés à l’hôpital de Derik, mais les deux per­son­nes tuées ain­si que le dernier blessé ont dû rester sur place, à cause des tireurs de l’armée turque posi­tion­nés le long de la ligne frontière.

*

Tou­jours à Afrin, le bureau de répres­sion du crime a décou­vert une fab­rique de drogues et un entre­pôt pour la con­tre­bande de pièces d’antiquités.
Les policiers kur­des ont trou­vé des poter­ies anci­ennes, des pièces de cristal, 33 sacs de per­les. Soit 900 pièces his­toriques qui devaient repar­tir vers le marché turc.
Mahrakan Sheikh Isa, la respon­s­able de la brigade crim­inelle, a inter­rogé l’une des 5 per­son­nes qui tra­vail­lait dans cet ate­lier. Il s’agit d’un homme de 45 ans, qui a expliqué que le matériel des­tiné à la fab­ri­ca­tion de la drogue était fourni par l’Etat turc. Ce sont aus­si, a dit le pris­on­nier, les respon­s­ables de l’Etat turc qui facili­tent le pas­sage des objets d’arts.

SYSTÈME FÉDÉRAL DE LA SYRIE DU NORD
TRAVAIL DIPLOMATIQUE

Après l’échec annon­cé de la con­férence d’Astana, au Kaza­khstan, les représen­tants du sys­tème fédéral du nord de la syrie pour­suiv­ent leurs vis­ites. Des con­tacts posi­tifs ont été noués avec les respon­s­ables de la nou­velle admin­is­tra­tion Trump, et une délé­ga­tion kurde a pu ren­con­tr­er après la con­férence d’Astana le min­istre russe des affaires étrangères, Ser­guei Lavrov.

La con­férence d’Astana, organ­isée sous l’autorité de la Turquie, de la Russie et de l’Iran, a fait long feu. Elle s’est sol­dée par un nou­v­el échec. Il fait dire que les Kur­des n’y étaient même pas représentés.
Et dès jeu­di, la Russie invi­tait des représen­tants du Roja­va à Moscou. Khalid Issa a ren­con­tré le min­istre russe des affaires étrangères, Ser­guei Lavrov. Pour le représen­tant kurde, la con­férence d’Astana n’était qu’une réu­nion de chefs de ban­des avec le régime. L’opposition démoc­ra­tique n’y était pas représentée.
Après la réu­nion, Khalid issa a éval­ué la réu­nion où il s’était entretenu avec les respon­s­ables russ­es. Il y a été ques­tion de la nou­velle con­sti­tu­tion de la Syrie et de la pré­pa­ra­tion de la con­férence de Genève IV.
Cette nou­velle con­férence de Genève aura lieu le 28 févri­er. Il est apparu claire­ment lors de la réu­nion que des négo­ci­a­tions paci­fiques ne pou­vaient se faire sans les Kur­des et sans le par­ti PYD. Et quand les groupes pro-turcs ont com­pris que l’on débat­trait du pro­jet de l’autonomie démoc­ra­tique, ils se sont retirés de la réunion.
Au début, les respon­s­ables russ­es prévoy­aient accorder une autonomie cul­turelle pour la pop­u­la­tion kurde. Une telle posi­tion a été rejetée par le représen­tant kurde, pour qui il faut défendre le pro­jet de fédéral­isme démoc­ra­tique du nord de la Syrie. Ce pro­jet, a rap­pelé Khalid Issa, est bien plus adap­té à la réal­ité mul­ti­cul­turelle de la Syrie.
La réu­nion avec les autorités russ­es s’est con­clue pos­i­tive­ment, quand il a été posé que la paix ne pou­vait revenir dans une Syrie démoc­ra­tique qu’avec le pro­jet fédéraliste.

*

A Wash­ing­ton, la co-prési­dente du con­seil démoc­ra­tique syrien, Ilhem Ahmed, avait ren­con­tré la semaine dernière les respon­s­ables du con­grès améri­cain, ceux du départe­ment d’Etat ain­si que l’envoyé spé­cial des Etats-Unis pour la coali­tion glob­ale con­tre le Daesh.
Avec les mem­bres du con­grès, il a été ques­tion du sys­tème de l’administration autonome, de la lib­erté des femmes, et de la néces­sité d’une fédéra­tion qui préserve la fra­ter­nité des peu­ples de la région.
Ilham Ehmed a aus­si évo­qué l’invasion turque du nord de la Syrie, une inva­sion qui vise à désta­bilis­er le sys­tème démoc­ra­tique. Elle a aus­si relevé tous les obsta­cles que le gou­verne­ment d’Erdogan met­tait sur le chemin de la réso­lu­tion de la crise syri­enne. Sous pré­texte de se bat­tre con­tre le PKK, a‑t-elle dit, les forces turques s’en pren­nent aux Kur­des et aux pop­u­la­tions du nord de la Syrie, à ceux-là mêmes qui ont infligé les plus gross­es défaites à Daesh.
Avec Brett Mc Gurk, l’envoyé spé­cial des Etats-Unis pour la coali­tion con­tre le Daesh, la délé­ga­tion du Roja­va a dis­cuté des mécan­ismes de col­lab­o­ra­tion à met­tre en œuvre avec la nou­velle admin­is­tra­tion améri­caine. Le com­bat con­tre Daesh et con­tre Al-Qaï­da en Syrie y a encore été discuté.
Au sor­tir de ces réu­nions, Ilham Ehmed a estimé que l’attitude des améri­cains con­cer­nant la fédéra­tion était positive.

TURQUIE
VERS LE REFERENDUM

En atten­dant le référen­dum con­sti­tu­tion­nel qui aura lieu début avril, les autorités turques con­tin­u­ent d’enfermer les opposants. Les exé­cu­tions extra­ju­di­ci­aires se mul­ti­plient sur fond de crimes de guerre.

Le par­lement turc a adop­té ce 21 jan­vi­er des amende­ments con­sti­tu­tion­nels pour pass­er d’un régime par­lemen­taire à un régime prési­den­tiel. Il ne reste plus qu’à soumet­tre ces change­ments à un référen­dum qui sera organ­isé début avril. Tout est déjà prêt pour que cela soit un suc­cès pour le prési­dent Erdogan.

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Fer­hat Tunç est un chanteur kurde ; La police l’a arrêté à son domi­cile ce mar­di matin. Une enquête est menée pour une pré­ten­due insulte envers un député AKP dans un tweet.

Arzu Demir est jour­nal­iste. Elle a écrit deux livres qui trait­ent de la révo­lu­tion du Roja­va et des com­bat­tantes de la guérilla.
Deux livres… la Cour crim­inelle d’Istanbul a tranché. Ce sera 6 ans de prison ferme.

A Urfa, Mehmet Ok, Ekrem Erdil, Huseyin Erdil, Mus­lum Kahra­man et Abdul­lah Kahra­man ont partagé des doc­u­ments sur les réseaux soci­aux. La police est arrivée jeu­di matin à leurs domi­ciles. Ces 5 hommes ont tous été emmenés à l’unité anti-ter­ror­iste d’Urfa.

*

A Van, quand les forces de la police sont venues le 17 novem­bre pour arrêter le bourgmestre élu et perqui­si­tion­ner la munic­i­pal­ité, les employés com­mu­naux avaient man­i­festé. Sans aver­tisse­ment, les policiers avaient util­isé les gaz lacry­mogènes et les canons à eau. Beau­coup avaient  été hos­pi­tal­isés ce jour-là. Deux mois plus tard, 90 de ces employés qui soute­naient leur bourgmestre sont sous le coup d’une enquête des autorités judi­ci­aires : on leur reproche d’avoir vio­lé la loi 2911 sur les réu­nions et les associations.

*

Quant aux respon­s­ables poli­tiques du par­ti HDP, le par­ti qui mène la cam­pagne du « non «  pour le change­ment de con­sti­tu­tion, ils devraient rester en prison bien après le référen­dum. Idriss Baluken, député du par­ti, ren­con­tr­era ses juges dès demain lun­di. Le pro­cureur général a req­uis con­tre lui une peine d’emprisonnement à vie.
Le co-prési­dent du par­ti HDP, Sela­hat­tin Demir­tas, a été enten­du par ses juges mar­di. Depuis sa prison d’Edirne, où il est jugé par vidéo-con­férence, il a dénon­cé ses pro­cureurs qui ont com­mis un crime en pré­parant leurs charges d’accusation. Il n’a, comme Demir­tas l’a dit à ses juges, fait qu’utiliser son droit à faire de la poli­tique et à représen­ter ses électeurs.
Hier encore, same­di, les policiers ont arrêté la députée HDP d’Adana Mer­al Danış Beş­taş à son domi­cile ain­si que le député d’Istanbul Hüda Kaya dans un hôtel de la province d’Afyon. La députée Mer­al Danış Beş­taş doit répon­dre de dis­cours et de déc­la­ra­tions lors des man­i­fes­ta­tions de sol­i­dar­ité avec la ville de Kobani.

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Pour le corps des électeurs, la tech­nique des autorités pour rem­porter le référen­dum est celle de l’effroi. Comme l’explique le doc­teur Zeki Uzun, le prési­dent de la cham­bre des médecins de Mardin, l’Etat turc com­met à Nusey­bin un crime con­tre l’humanité. Le doc­teur Zeki rap­pelle les bom­barde­ments qu’a con­nus Nusay­bin, les migra­tions for­cées de ses habi­tants, les con­séquences san­i­taires pour les femmes enceintes et les enfants, qui par­fois en sont réduit à devoir con­som­mer de l’eau con­t­a­m­inée et pour qui il n’y a plus de vaccins.
70.000 familles de Nusay­bin ont dû quit­ter leurs foy­ers. 12.000 maisons ont déjà été détru­ites. Et quand les bull­doz­ers démolis­sent les quartiers, des corps émer­gent, des corps que les forces de l’ordre turc lais­sent là, en empêchant les familles de pou­voir les récupér­er. Il y a eu à Nusey­bin entre 300 et 500 morts dans les vio­lences que l’Etat turc a fait subir à la pop­u­la­tion après la déc­la­ra­tion d’auto-gouvernance.

GRANDE-BRETAGNE, ALLEMAGNE, FRANCE
QUE FONT LES AUTORITÉS ?

Les respon­s­ables poli­tiques des pays d’Europe se rabat­tent sur un thème poli­tique fédéra­teur : la lutte con­tre le ter­ror­isme. Mais du dis­cours à la pra­tique, il y a une marge, dans laque­lle la France, l’Angleterre et l’Allemagne s’engouffrent. Le prin­ci­pal sou­tien du ter­ror­isme inter­na­tion­al, la Turquie, est aus­si un grand parte­naire com­mer­cial qu’il faut ménager.

C’est le jour­nal the Guardian qui l’affirme : La grande Bre­tagne a ven­du pour 50 mil­lions de livres ster­ling en armes à la Turquie depuis les purges qui visent l’opposition après le coup d’état du 15 juillet.
La Turquie est classée sur la liste anglaise du départe­ment inter­na­tion­al pour le com­merce comme un marché pri­or­i­taire en ce qui con­cerne les expor­ta­tions d’armes.

En Alle­magne, les autorités judi­ci­aires ont con­damné le politi­cien kurde Ahmet Çelik à trois années de prison. On lui reproche d’être un mem­bre du comité exé­cu­tif du PKK en Allemagne.
Ahmet Çelik com­bat depuis 1986 pour les droits démoc­ra­tiques et cul­turels du peu­ple kurde. Il a tra­vail­lé pour de nom­breuses insti­tu­tions kur­des et il avait été le prési­dent du YEK-KOM, la fédéra­tion des asso­ci­a­tions kur­des d’Allemagne, entre 2008 et 2011.

Quant à la France, elle a décidé de class­er le dossier du triple assas­si­nat de Paris de jan­vi­er 2013. Sakine Can­siz, Fidan Dogan et Ley­la Sayle­mez avaient été assas­s­inées par Ömer Güney, un tueur à la sol­de des ser­vices secrets de Turquie, le MIT. L’assassin est mort à 34 ans, en prison, mais ses com­man­di­taires ne seront pas pour­suiv­is par les autorités françaises.
Les avo­cats des familles des trois femmes assas­s­inées ont déjà annon­cé qu’ils feraient tout ce qui est en leur pou­voir pour que l’on puisse rou­vrir le dossier.
Le 23 jan­vi­er, jour offi­ciel où aurait dû débuter le procès, les man­i­fes­tants kur­des se sont réu­nis place du Châtelet à Paris pour sup­pli­er l’Etat français de faire la lumière sur cette affaire.
Zozan Ser­hat, du mou­ve­ment des femmes kur­des, l’a encore affir­mé : « L’Etat français est aus­si coupable dans le meurtre des trois femmes kur­des. Nous insis­terons donc pour que l’on fasse la lumière dans cette affaire, et nous pour­suiv­rons nos protestations. »

PACE-ECHR
RÉACTIONS

Le prési­dent de la cour européenne des droits de l’homme et l’assemblée par­lemen­taire du con­seil de l’Europe suiv­ent la sit­u­a­tion en Turquie. Cette semaine, une déc­la­ra­tion du prési­dent de la cour européenne des droits de l’homme, Gui­do Rai­mon­di et un rap­port du comité de mon­i­tor­ing de l’assemblée par­lemen­taire du con­seil de l’Europe ont été plutôt cri­tiques con­cer­nant les con­di­tions de déten­tion d’Ocalan et la mise en place du prochain référen­dum constitutionnel.
Gui­do Rai­mon­di est le prési­dent de la cour européenne des droits de l’homme. Lors de la con­férence de presse annuelle ce jeu­di, il a répon­du à la ques­tion d’un jour­nal­iste con­cer­nant la déten­tion du leader kurde sur l’ile –prison d’Imrali.
Rai­mon­di a recon­nu que l’isolement d’Ocalan et l’impossibilité où il est de pou­voir cor­re­spon­dre par cour­ri­er est une vio­la­tion du 34eme arti­cle de la con­ven­tion européenne des droits de l’homme.
Jeu­di tou­jours, le comité de mon­i­tor­ing de l’assemblée par­lemen­taire du con­seil de l’Europe, a sévère­ment cri­tiqué les réformes con­sti­tu­tion­nelles qui seront final­isées par le référen­dum d’avril, un référen­dum organ­isé en plein état d’urgence.
Pour le comité, la légitim­ité de cette procé­dure de change­ment de la con­sti­tu­tion est remise en question.
Les débats par­lemen­taires ont été menés à toute allure, il y a eu infrac­tion con­cer­nant le côté secret des votes, il n’y a pas eu d’émission con­tin­ue pour ren­dre compte des débats par­lemen­taires à la télévi­sion, aucune con­sul­ta­tion publique n’a eu lieu.
Le comité déplore aus­si que toutes les forces poli­tiques n’ont pas le même accès aux médias, ce qui fait que les citoyens n’auront pas été claire­ment infor­més des enjeux du vote.
154 députés se sont vus dépos­séder de leur immu­nité par­lemen­taire en mai 2016, et 11 députés du Hdp sont tou­jours enfer­més. Ce sont là des restric­tions sérieuses au débat démoc­ra­tique, juge le comité.
Le comité pointe aus­si le cli­mat général­isé de sus­pi­cion et de peur, le manque de lib­erté de la presse.
Pour con­clure son rap­port, le comité de mon­i­tor­ing de l’assemblée par­lemen­taire de l’Europe appelle la Turquie à sat­is­faire à ses oblig­a­tions envers le con­seil de l’Europe, dont la Turquie est un des mem­bres les plus anciens, et à pro­mou­voir la sta­bil­ité démoc­ra­tique et la sécurité.


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