La fin et les début des cours sont désormais signalés aux jeunes élèves de Marmaris par une marche. La sonnerie traditionnelle a été remplacée par la “Marche de la démocratie de 15 juillet”. Effet Pavlov à trois bandes.
Züleyha Aydoğan, Directrice de l’Education Nationale de Marmaris explique que cette décision a été prise avec les directeurs de 63 écoles et que c’est une première dans l’histoire de la Turquie : “Nous disons que quand il est question de Patrie, de drapeau et démocratie, nous voulons éduquer des jeunes qui seront prêts à aller à la mort, sans ciller.”
Dans ces 63 écoles en question 13 000 élèves sont scolarisés.
Le premier jour de la rentrée 2016 avait été réservé à “l’enseignement du coup d’état du 15 juillet”, renforcé de brochures spécialement conçues pour les écoles et fournies comme matériel hautement “éducatif”». Dans la brochure se trouvait également un “serment” orné de propos tels que “ces terres que tu arroses de ton sang noble et pur”, “l’épopée sacrée qui prend vie par ton martyre”…
Selon Züleyha Aydoğan ce n’est pas tout, si on l’écoute. « Nos enseignants traitent lors de leurs cours, en continu, de l’importance de la victoire du 15 juillet. Afin d’inculquer l’amour de la Patrie et de la Nation à nos élèves, nous allons passer encore à d’autres projets de ce type, dans la vie quotidienne. Je souhaite pour nos martyrs, de la miséricorde d’Allah Tout-Puissant et j’exprime notre gratitude envers nos combattants blessés.»
Voilà ce que les enfants entendent :
C’était la nuit du 15 juillet, il faisait chaud
Une tentative de trahison a embrasé les cœurs
La démocratie avait pris un coup, la nation était déboussolée
Après cela, soit la liberté, soit l’humiliation
Le Commandant suprême a donné l’orde : descendez dans les rues
Appropriez-vous le drapeau, la sainte Patrie !
A laissé tomber ce qu’il faisait
Du 7 à 70, la Nation a coulé dans la rue
A couru en avant, drapeau dans la main, tekbir (allahu akbar) dans la bouche
Pendant que les traitres distribuent la mort sur terre, du ciel
Nombre de courageux sont tombés en ouvrant le drapeau
En mettant sa poitrine contre les balles
Ils ont arrêté ces veules en donnant leur vie.
Certains vieux, d’autres jeunes, femmes, filles, fils,
Ceux qui ont écrit l’épopée de cette nuit
Nous sommes les témoins de l’épopée de la démocratie,
Nous sommes les martyrs, mort une fois, ressuscités mille fois…
Encore un appel à la mort et au martyre…
Dans la série “roman patriotique national”, turcité imposée, histoire névrotique d’une Nation, on va de surprises en surprises.
Et tout cela sur fond “d’unité nationale” pour les “grands”, d’état d’urgence pour le quotidien des purges, arrestations, répressions contre les protestataires, gardes à vue… et d’une Turquie qui vaque à ses occupations, ses affaires et ses guerres contre le “terrorisme”, y compris sur le sol syrien.
La démocrature prépare ses générations futures en cultivant les névroses du présent, sur fond des refoulés génocidaires d’hier.
La Turquie de 2023 s’annonce radieuse.