“Avec Ismail Hakkı Musa, Tayyip, vous nous avez vraiment gâté”, dira-t-on bientôt dans les prochaines réceptions chez l’ambassadeur de Turquie en France.
Solide comme un roc, fondant comme un courtisan, un frérot turc d’Erdogan, ex directeur adjoint du MIT, en charge du renseignement extérieur, parfaitement francophone, vient d’être nommé à Paris.
La valse des chaises musicales a en effet commencé depuis le changement de Premier Ministre en Turquie, et Erdogan veille à la manoeuvre en adoubant des proches qui lui ont rendu des “services”. Le MIT, dont on retrouve la trace dans nombre de coups tordus de ces dernières années, fait partie de ceux là.
Ismail Hakkı Musa succède donc à Hakkı Akil, qui prend ainsi sa retraite après ses deux années parisiennes.
Né en 1960, à Trabzon, ville du nord-ouest, Ismail Hakkı Musa a fait des études supérieures à Strasbourg, puis à Nancy où il a soutenu une thèse de doctorat en droit, en 2008. On peut dire avec certitude, en ce qui le concerne, que ses diplômes sont réels.
Il connaît donc bien la France et fut même consul général à Lyon entre 2007 et 2009. Ismail Hakkı Musa a été aussi ambassadeur à Bruxelles, avant de devenir en 2015 le directeur par intérim du MIT, en remplacement de Hakan Fidan. Il avait déjà rejoint les « services » dès 2012.
Il est aussi connu pour avoir dirigé une libération d’otages à Mossoul, en septembre 2014. (49 membres du personnel du consulat turc de Mossoul en Irak avaient alors été retenus par Daesh).
Il a travaillé principalement sur les relations avec l’ Europe en dehors d’une nomination à l’ambassade en Algérie durant le stade précoce de sa carrière. Plus tard, il a également travaillé comme consul général à Kazan, en Russie.
Le ministère des Affaires étrangères turc a procédé également à d’autres nominations, mettant fin aux fonctions des proches de l’ex Premier Ministre Davutoglu, écarté par Erdogan. Les autres ministères, dont celui clé de la justice, ont fait aussi l’objet de grand ménage de fin de printemps.
L’actuel vice-ministre, Naci Koru, a été nommé représentant aux Nations unies à Genève et le puissant directeur de cabinet Feridun Sinirlioglu est devenu le représentant de la Turquie auprès des Nations Unies à New York. Ces deux changements indiquent sans doute un durcissement dans les relations internationales.
Pour ce qui est de la France, le « charisme » de l’ancien ambassadeur ne sera regretté par personne. L’ex énarque ne manquera pas.
Rappelons qu’on trouve toujours sur le site de l’ambassade, cette définition surréaliste de la politique étrangère turque : “La République de Turquie a, depuis sa création, suivi une politique étrangère pacifique, réaliste et cohérente, conformément au principe de Mustafa Kemal Atatürk : « paix dans la patrie, paix dans le monde ». La Turquie poursuit une politique étrangère génératrice de sécurité et de stabilité dans sa région et au-delà, et qui repose sur un système démocratique et laïque, sur une économie dynamique et sur une tradition qui concilie modernité et identité culturelle”.
L’arrivée d’un homme du sénacle à Paris, ayant une bonne connaissance des lieux, de la politique et des institutions européennes, annonce clairement qu’il ne se contentera pas d’expédier des affaires courantes, et qu’avec lui, les « pressions » sur le gouvernement français, déjà « grand ami du gouvernement turc » se feront probablement plus pressantes.
Déjà, cette année écoulée, la France avait renforcé sa coopération « policière » et ses échanges de renseignements… De mauvaises langues de chat en déduiront les conséquences…
Reste à la diaspora kurde d’accueillir comme il se doit le « revenant ».
Kedistan leur suggère un lancer de « Ferrero », pour changer des oeufs.