Nous avions demandé à nos lectrices et lecteurs qui suivent la 13ème édition du Festival de Cinéma de Turquie à Paris, de partager avec nous leurs découvertes. Voilà un premier retour sur le film “Suis ma Voix” de Hüseyin Karabey projeté à la soirée d’inauguration le 1er avril dernier.
Le cadre exceptionnel du Louxor a accueilli ce vendredi 1er Avril pour l’inauguration du 13ème festival du cinéma de Turquie à Paris, le film “Suis ma voix”, “Were Dengê Min — Sesime Gel” du réalisateur Hüseyin Karabey déjà couronné de nombreux prestigieux prix cinématographiques.
Un immense ciel bleu azur dominant les montagnes, des bêlements de chèvre au loin et nous voilà en Anatolie de l’Est dans un paysage paradisiaque. Du début jusqu’à la fin, du jour à la nuit, du soleil à la lune, le cadre accompagne l’histoire ou plutôt le conte. Il est vrai que l’ouverture nous laisse un doute lors d’une cérémonie d’aşık (bardes aveugles itinérants) que nous rencontrerons plus tard dans le film. Nous suivons l’histoire tragique de Berfe et Jiyan, qui, un soir se font arracher Temó pour l’une son fils, pour l’autre son père. Des soldats turcs cognent aux portes des villageois kurdes à la recherche d’armes. En dépit d’en avoir trouvé, les soldats décident d’embarquer les hommes qui seront relâchés en échange d’armes remises.
A partir d’ici commence un long périple pour nos deux héroïnes. Pas de haine, juste de l’incompréhension et de la résignation à la fatalité de l’occupation. Très vite, nous nous rendons compte que cette haine est provoquée par le mépris et la différence notamment de la langue. Lors de ces nombreuses fouilles et arrestations les soldats humilient “parle turc sale plouc” ” on ne comprend rien au kurde parlez turc “.
Le plus frappant est la maturité que possède la petite fille tout en restant une enfant avec ses jeux, obligée de traduire pour sa grand-mère du turc au kurde lorsque les soldats s’adressent à elle et de chercher sans relâche l’hypothétique arme qui libérera son père.
Introduit par le réalisateur Hüseyin Karabey insistant sur le fait que son film tourné en 2012 est une ode à la paix afin de promouvoir le vivre ensemble dans un monde à la dure réalité aussi bien en France qu’en Turquie, nous retiendrons cette phrase “Les beaux jours paraissent lointain puisque nous vivons des jours difficiles en Turquie comme en France, j’espère que la paix viendra ici comme pour mon pays, que la période d’entre-deux-guerres durera longtemps”.
Le film se clôt par des applaudissements, avant que le réalisateur ne réponde aux questions. L’émotion palpable, les mains moites… c’est sur les yeux marron de Jiyan plongés dans la contemplation du ciel bleu, l’espoir mêlé à l’insouciance dans son sourire ainsi que la force de vie de Berfe que ce long-métrage nous invite à réfléchir sur la condition kurde dans les villages anatoliens.
Une belle leçon de vie à laquelle le public n’a pu rester insensible.
Althéa Karadağ
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