Nous avons longueÂment hĂ©sitĂ© Ă pubÂliÂer cette criÂtique de film.
Non pas parce que “Froid de KalanÂdar” ne prĂ©senÂterait aucun intĂ©rĂŞt, mais plutĂ´t parce que l’exÂpĂ©riÂence que nous avons eu de son rĂ©alÂisaÂteur et de sa proÂducÂtrice s’est avĂ©rĂ©e extrĂŞmeÂment dĂ©ceÂvante, voire très dĂ©sagrĂ©able au final.
Le FesÂtiÂval 1er Plan d’Angers accueille très rĂ©gulièreÂment dans ses sĂ©lecÂtions des courts mĂ©trages ou des preÂmiers films turcs.
Sa raiÂson d’être est justeÂment de faire conÂnaĂ®tre et de dĂ©couÂvrir les rĂ©alÂisaÂteurs français et europĂ©ens qui ferÂont le cinĂ©Âma de demain. Y sont donc en comÂpĂ©tiÂtion des films courts, des films d’anÂiÂmaÂtion, de longs et moyens mĂ©trages, des films d’éÂcole ou des preÂmiers films. S’y ajoute une parÂticÂuÂlarÂitĂ©, la lecÂture de scĂ©narios.
C’est donc un fesÂtiÂval oĂą les rĂ©alÂisaÂteurs (triÂces) sont très majoriÂtaireÂment jeunes, invenÂtifs, dĂ©couÂvreurs, et oĂą le pubÂlic qui s’y presse l’est tout autant.
Alors, cinĂ©Âma turc ou pas, ce FesÂtiÂval, dont c’éÂtait cette annĂ©e la 28e Ă©diÂtion, nous est cher, et nous aimons y passÂer quelques jours, chaque dĂ©but d’anÂnĂ©e. D’oĂą l’abÂsence momenÂtanĂ©e de chroniques sur KedisÂtan la semaine dernière.
Le fesÂtiÂval est ausÂsi liĂ© Ă une salle de cinĂ©Âma, « les 400 coups » qui ouvre Ă©galeÂment ses Ă©crans Ă des films d’auÂteurs et des films milÂiÂtants toute l’anÂnĂ©e .(YanÂnis YoulounÂtas et son film « Je lutte donc je suis » par exemÂple y a remÂpli plusieurs fois les salles fin 2015).
Pour l’ocÂcaÂsion, le Palais des ConÂgrès et le Grand Théâtre d’Angers accueille en plus le pubÂlic nomÂbreux, tant pour la comÂpĂ©tiÂtion que pour de mulÂtiÂples rĂ©troÂspecÂtives ou dĂ©bats.
Le fesÂtiÂval fait donc appel Ă des interÂprètes turÂcophÂoÂnes, quand un rĂ©alÂisaÂteur ou une rĂ©alÂisatrice vient y prĂ©senÂter un film.
KedisÂtan, de son cĂ´tĂ© parÂticipe comme web magÂaÂzine, d’auÂtant que sa rubrique cinĂ©Âma se veut une « resÂpiÂraÂtion culÂturelle » bienÂvÂenue. La presse franÂcophÂoÂne ignoÂrant bien souÂvent, hors les tĂŞtes d’afÂfichÂes conÂnues interÂnaÂtionaleÂment, le cinĂ©Âma d’auÂteur turc et kurde, nous apporÂtons Ă©galeÂment ce regard alternatif.
KedisÂtan par exemÂple, sera prĂ©sent cet Ă©tĂ© au fesÂtiÂval de Douarnenez, en aoĂ»t 2016, qui fort Ă proÂpos proÂposera une grande sĂ©lecÂtion de film kurÂdes et minoritĂ©s de Turquie.
C’est ausÂsi pour cela et par ce biais, que des renÂconÂtres avec des cinĂ©astes qui depuis ont fait plus que leurs « preuves » au fil des annĂ©es nous ont apportĂ© amiÂtiĂ©s et relaÂtions prĂ©Âcieuses.
Nous penÂsions donc ingĂ©nuÂment qu’il en serait de mĂŞme lors de cette 28e Ă©dition.
Le couÂple, rĂ©alÂisaÂteur et proÂducÂtrice dont la criÂtique du film suit, nous a solÂlicÂitĂ© Ă la fois pour les traÂducÂtions, les dĂ©placeÂments, les relaÂtions presse et avec des proÂfesÂsionÂnels du cinĂ©Âma prĂ©sents, avec en plus le dĂ©sir exprimĂ© de conÂnaĂ®tre la ville et le Val de Loire. Quoi de plus norÂmal dans ces Ă©changes, d’auÂtant que le film est attachant. Nous n’avons donc pas mĂ©nagĂ© nos efforts, aidĂ© en cela par d’autres amis turcs angevins. Les relaÂtions furent corÂdiales, soutenues et densÂes. Bref, le KedisÂtan a des traÂdiÂtions d’accueil.
Nous vous passerons les dĂ©tails, visÂites de la rĂ©gion, soirĂ©e autour d’une bonne table, et mĂŞme praÂtique d’un « sport » très Val de Loire, la « boule de fort »… Bref, peu de temps pour Ă©changÂer sur des quesÂtions de fond conÂcerÂnant la Turquie, d’auÂtant que nos hĂ´tes les Ă©viÂtaient soigneusement.
Leur film, d’ailleurs, n’aborÂde pas de quesÂtions d’acÂtuÂalÂitĂ© et est plutĂ´t « natÂuÂralÂiste », avec un brin de fantasmagorie…
Le fait qu’ils boudent quelque peu le vin, dans une rĂ©gion oĂą c’est un bien culÂturel, et dans un fesÂtiÂval oĂą ceux de la rĂ©gion sont Ă l’honÂneur, ne nous avait pas interÂpelÂlĂ©. Nos chats n’avait perçu aucune bigÂoÂterie. Le fait qu’ils se soient comÂportĂ© en enfants gâtĂ©s fut ausÂsi mis sur le compte « artistique ».
Le fait qu’ils annonÂcent Ă des amis, juste avant leur dĂ©part, qu’ils soient de ferÂvents supÂportÂers d’ErÂdoÂgan nous a mĂŞme forteÂment Ă©tonÂné… Le fait qu’ils se soient tus, ne nous aient accordĂ© aucune conÂfiÂance, n’igÂnoÂrant rien de qui nous sommes, prĂ©fĂ©rant tirÂer jusqu’au dernier moment avanÂtage de la sitÂuÂaÂtion, nous a mis en colère. Car bien sĂ»r, lorsque l’on refait le film Ă l’enÂvers, ce sont les rĂ´les d’hypÂocrites, d’opÂporÂtunistes intĂ©ressĂ©s, et de dinÂdons de la farce qui se retrouÂvent disÂtribuĂ©s pour l’occasion.
VoilĂ , c’est dit, nous avons Ă©tĂ© utilÂisĂ© par des AKP de base, memÂbres de la bonne nomenÂklatuÂra ErdoÂgan, jeunes opporÂtunistes Ă souhait, n’ayant mĂŞme pas l’exÂcuse d’être de bons bigÂots musulmans.
Dans un tout autre conÂtexte que celui aujourÂd’hui, des masÂsacres Ă l’Est de la Turquie, de la rĂ©presÂsion conÂstante conÂtre celles et ceux qui les dĂ©nonÂcent, et en parÂtiÂcÂuliÂer des cinĂ©astes, on serait passĂ© lĂ dessus sans sourÂciller. Les “diverÂgences poliÂtiques” engaÂgent lĂ des vies, et se ranger du cĂ´tĂ© des assasÂsins.… Au minÂiÂmum, on peut ne pas le revendiÂquer non ?
Cet artiÂcle qui prĂ©cède est donc tout sauf de la dĂ©onÂtoloÂgie jourÂnalÂisÂtique. Mais les chats ne sont pas ranÂcuÂniers. Le film reste Ă voir.
L’arÂtiÂcle qui suit est celui que Naz Oke avait Ă©crit au lendeÂmain de la projection.
DĂ©but NovemÂbre 2015, Mustafa Kara renÂtrait du 28ème Ă©diÂtion du FesÂtiÂval de film InterÂnaÂtionÂal de Tokyo avec deux prix dans ses valisÂes : « Wowow, meilleur film » et « meilleur rĂ©alÂisaÂteur ». Son film a Ă©tĂ© Ă©galeÂment rĂ©comÂpenÂsĂ© au FesÂtiÂval de film d’Antalya : Meilleure interÂprète fĂ©miÂnine, Meilleur interÂprète masÂculin, Meilleure musique, Prix spĂ©Âcial du Jury DirecÂtion Artistique…
Froid de KalanÂdar ou Froid de JanÂviÂer, Ă©tant sĂ©lecÂtionÂnĂ© par le FesÂtiÂval PreÂmier Plans, pour la comÂpĂ©tiÂtion de films long mĂ©trage europĂ©ens, Mustafa est venu en France, dĂ©couÂvrir “la douceur angevine”.
J’éÂtais en serÂvice traÂducÂtion tout au long du sĂ©jour de Mustafa Kara, et de NerÂmin AytemÂiz, sa productrice.
Mustafa et NerÂmin ne renÂtreront pas les mains vides.
Leur film a Ă©tĂ© recÂomÂpenÂsĂ© hier, le 30 janÂviÂer, par une MenÂtion du Jury dans sa catĂ©Âgorie de long mĂ©trages europĂ©ens. MenÂtion qui fut d’ailleurs soutenue au moment de sa remise par le PrĂ©siÂdent du Jury, Arnaud Desplechin. Dans un long entreÂtien Ă la suite de la cĂ©rĂ©Âmonie, il a fait part Ă la fois de sa totale adhĂ©Âsion, et forÂmulĂ© Ă son sujet des remarÂques qui ont reçu l’assenÂtiÂment du rĂ©alÂisaÂteur. Un film remarÂquĂ© donc, et remarÂquable pour les cinĂ©philes.
Expliquons d’abord ce que c’est “KalanÂdar” un mot mysÂtĂ©rieux ausÂsi bien pour les franÂcophÂoÂnes que les turÂcophÂoÂnes. KalanÂdar est le preÂmier mois du calÂenÂdriÂer Rumi (calÂenÂdriÂer solaire). Le 1er kalanÂdar corÂreÂspond au 13 janÂviÂer. Cette date a une imporÂtance parÂtiÂcÂulière dans la rĂ©gion de la Mer Noire (Nord Est de la Turquie), oĂą le film se passe. TraÂdiÂtionÂnelleÂment, le soir de ce jour, les enfants sorÂtent dans la rue et visÂiÂtent les maisons. Ils sonÂnent les porÂtent, chantent et disÂent des poèmes en attenÂdant des cadeaux. Une croyÂance dit que la preÂmière perÂsonÂne qui entre dans une maiÂson porte la chance Ă ce foyÂer… Le FesÂtiÂval PreÂmiers Plans ne se trompait donc pas en traduisant le titre comme Froid de Janvier.
L’histoire se passe dans un enviÂronÂnement oĂą le rĂŞve et la rĂ©alÂitĂ© se mĂŞlent. Le rĂ©alÂisaÂteur essaye d’atteindre les proÂfondeurs de l’être humain et de la nature. Tout est Ă la fois poĂ©Âtique et d’un rĂ©alÂisme Ă©tonÂnant. Mustafa nous emmène au coeur de son hisÂtoire, subÂtileÂment, souÂvent Ă tâtons, en avançant dans l’obÂscuÂritĂ©. Mais la lumière ne disÂparait pas pour autant, comme l’eÂspoir, elle est parÂfois au delĂ d’une entrĂ©e de grotte ou on la voir Ă traÂvers une porte. Elle devient parÂfois l’élĂ©Âment qui rĂ©uÂnit, comme le feu autour duquel la famille se retrouÂve. Nous sommes très rapiÂdeÂment hapÂpĂ©s par l’atmosphère.
QuaÂtre scènes ont retenu mon attenÂtion. La magÂnifique et subÂtile scène oĂą le couÂple essaye de se retrouÂver sous la couÂette, penÂdant le somÂmeil des enfants et de la grand mère, dans la petite pièce qui ne leur offre aucune intimÂitĂ©. La scène trouÂblante, attachante oĂą Mehmet et HanÂife se disÂputent en pleurs. Je suis cerÂtaine que de nomÂbreux specÂtaÂteurs qui partageait silenÂcieuseÂment ce moment cinĂ©Âmatographique, s’iÂdenÂtiÂfiÂaient totaleÂment aux perÂsonÂnages du film, par leur proÂpre expĂ©riÂence. J’ai menÂtaleÂment enregÂistrĂ© la scène oĂą les memÂbres de famille sont disÂperÂsĂ©s dans difÂfĂ©rents endroits Ă la cherche du tauÂreau disÂparu. Chaque plan est une soufÂfrance, chaque plan est un poème. Je retiens parÂtiÂcÂulièreÂment la recherche de HanÂife, lors de laqueÂlle, petit Ă petit sa voix se casse, ses bras tombent. Et bien sĂ»r, le dernier remarÂquable et Ă©mouÂvant plan de la fin, dont je ne vous rĂ©vĂ©lerai pas le mystère.
Ce film qui rĂ©uÂnit les quaÂtre saisons, l’huÂmain et la nature dans toute leur sinÂguÂlarÂitĂ© et comÂplexÂitĂ©, est presque envoĂ»Âtant. Il est imposÂsiÂble de ne pas ĂŞtre d’acÂcord avec une des specÂtaÂtriÂces qui disÂait si joliÂment lors d’une renÂconÂtre du rĂ©alÂisaÂteur avec le pubÂlic : “Les rĂ©alÂisaÂteurs du cinĂ©Âma de Turquie sont très peinÂtre et très poètes.”
Mustafa explique qu’il a tournĂ© son film dans le vilÂlage oĂą il a passĂ© son enfance.
J’ai tournĂ© le film dans le vilÂlage oĂą j’ai passĂ© mon enfance. LĂ bas, il y avait un « Oncle ZĂĽhtĂĽ » qui cherÂchait du mĂ©tal. Il arrive Ă ses 80 ans mainÂtenant et il cherche encore. MalÂgrĂ© sa famille, ses enfants qui essayent de l’en disÂsuadÂer, il cherche. Et il pense qu’il trouÂvera. C’est d’ailleurs lui qui a trouÂvĂ© la mine oĂą nous avons tournĂ©. Il accomÂpaÂgne les ingĂ©nieurs comme guide et avec le temps il a appris beauÂcoup. C’est comme une malÂadie, il achète des livres, il lit, il s’en va Ă la monÂtagne, il ne sait plus rentrer.
Quand j’étais enfant, cet homme dont tout le monde se moquait parce qu’il se jetait dans les bras des monÂtagnes, m’ appaÂraisÂsait comme un hĂ©ros.
« C’était cinĂ©Âmatographique » ajoute-t-il. Il a traÂvailÂlĂ© dans la mine quand il Ă©tait au colÂlège. Ensuite en comÂmençant Ă faire du cinĂ©Âma, il a fait un retour Ă l’histoire de ZĂĽhtĂĽ qui l’avait tant marÂquĂ©. Il s’est donc approÂpriĂ© ce perÂsonÂnage qui vit au coeur de la nature, mais quand on regarde bien, avec sa quĂŞte, son envie de se prouÂver, ses dĂ©chireÂments avec sa femme, il n’est pas difÂfĂ©rent d’un homme citadin.
Et quand le rĂ©alÂisaÂteur est tombĂ© sur les comÂbats de tauÂreau, qui se dĂ©roulent Ă Artvin, la pièce manÂquante Ă©tait trouÂvĂ©e, l’avenÂture pouÂvait commencer.
En parÂlant du parÂcours de comÂbatÂtant Ă la recherche de souÂtiens et financeÂments Mustafa sourit : « Le trait de perÂsonÂnalÂitĂ© tĂŞtu et insisÂtant que je raconÂte dans le film, se trouÂve ausÂsi chez moi. »
RenÂforÂcĂ© par l’expĂ©rience de son preÂmier Hope Island, il met en place le proÂjet avec beauÂcoup de soin. Les Ă©tapes prĂ©ÂparaÂtoires avanÂcent lenteÂment mais sĂ»reÂment. Mustafa choisit les acteurs et actriÂces avec attenÂtion. Il dit que c’éÂtait une très longue pĂ©riÂode de recherche.
Je me demandais comÂment les comĂ©ÂdiÂens entÂhouÂsiÂastes allaient se comÂporter, une fois renÂdus sur les lieux de tourÂnage, perÂdus dans la monÂtagne. Il Ă©tait Ă©viÂdent que les tourÂnages allaient ĂŞtre longs et difÂfiÂciles, car on allait obligÂaÂtoireÂment suivÂre les saisons et le rythme de la nature… attenÂdre la pluie, le brouillard.
Après avoir fait de nomÂbreuses audiÂtions et essais avec des comĂ©ÂdiÂens proÂfesÂsionÂnels, le rĂ©alÂisaÂteur, touÂjours pas conÂvaÂinÂcu, a comÂmencĂ© Ă faire des audiÂtions sur place. Des perÂles se cachaient chez des amaÂteurs. Mustafa a trouÂvĂ© l’ainĂ© des deux enfants de la famille dans un interÂnat. Le jeune garçon triÂsomique n’était pas dans le scĂ©Ânario. En l’obÂserÂvant en famille, le rĂ©alÂisaÂteur a eu envie d’enrichir les perÂsonÂnages et le scĂ©Ânario de son film. HayÂdar ĹžiĹźÂman l’acÂteur prinÂciÂpal (Mehmet) est un proÂfesseur de lycĂ©e, qui fait parÂtie d’un troupe du théâtre amaÂteur. Nuray YeĹźireÂlaraz, dans le rĂ´le de HanÂife, femme de Mehmet, est dans la vraie vie une infirÂmière, Ă©galeÂment comĂ©ÂdiÂenne amaÂteure. Quant Ă la grand mère, Mustafa a pu la conÂvaÂinÂcre pour qu’elle l’acÂcomÂpaÂgne dans cette avenÂture, elle n’est autre que sa maman.
Il y a eu beauÂcoup d’efforts pour les cosÂtumes. Ca ne parait pas comme ça, parce qu’ils ne changent pas beauÂcoup, mais par soucis d’authenticitĂ© nous avons emprunÂtĂ© des vĂŞteÂments aux paysans.
La conÂtiÂnuÂitĂ© Ă©tait très imporÂtante. Les saisons, les aniÂmaux changeait mais la conÂtiÂnuÂitĂ© Ă©tait lĂ . Nous avons prĂ©fĂ©rĂ© prononÂcer les saisons, non pas comme un simÂple fond visuel, mais comme parÂtie intĂ©Âgrante de leur vie, la rĂ©voÂluÂtion de la nature.
D’ailleurs, dans les retours que j’ai pu traduire pour le rĂ©alÂisaÂteur, les specÂtaÂteurs expriÂmaient quaÂsi unanimeÂment qu’ils avaient perçu “la nature” comme un des perÂsonÂnages du film, Ă part entière.
Ca parait hasardeux comme ça, la poule passe, la vache arrive… une scène de vie ordiÂnaire, mais non. Tout Ă©tait traÂvailÂlĂ©. Et en tourÂnant avec des comĂ©ÂdiÂens amaÂteurs, des aniÂmaux, nous avons passĂ© parÂfois une journĂ©e entière pour un plan.
La naisÂsance du veau n’éÂtait pas non plus un hasard. L’équipe avait attenÂdu l’heureux Ă©vĂ©neÂment. Mais l’attaque des loups Ă©tait par conÂtre, inatÂtenÂdue. PenÂdant que l’équipe traÂvailÂlait, un trouÂpeau s’était fait attaÂquer et des mouÂtons avaient Ă©tĂ© tuĂ©s, pas très loin des lieux de tourÂnage. Alors les images ce cette rĂ©alÂitĂ© furent intĂ©ÂgrĂ©es dans le film.
Quelle lecÂture doit on faire des escarÂgots ? Mustafa rĂ©pond :
« Pour cerÂtaines perÂsonÂnes, l’invasion d’escargots est une mauÂvaise prĂ©dilecÂtion, pour d’autres, un signe d’une fin heureuse qui arrive lenteÂment. Pour le film, c’est un signe, qui dit que ce matin lĂ , la famille passe Ă autre chose. »
Avec autant de soin, d’atÂtenÂtion et de voyÂages au fil des saisons , la rĂ©alÂiÂsaÂtion du Froid de KalanÂdar a durĂ© 5 ans.
Le film sera dans les salles, si le brouilÂlard, la pluie et le soleil veuÂlent bien, en juin 2016. Quant Ă Mustafa, il est dĂ©jĂ Ă la recherche d’un nouÂveau scĂ©nario.
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Froid de CalanÂdar | Mustafa Kara
KalanÂdar SoÄźuÄźu | 2015 | Turquie| 2h18
Mehmet vit avec sa femme, sa mère et ses deux enfants dans la monÂtagne près de la mer Noire. Il gagne sa vie en Ă©leÂvant quelques aniÂmaux, et cherche avec pasÂsion et dĂ©terÂmiÂnaÂtion une rĂ©serve minĂ©rale dans les monÂtagnes. Sa famille ne le souÂtient pas dans sa quĂŞte et il finit par perÂdre espoir. Mais il le regagne rapiÂdeÂment lorsqu’il apprend qu’un conÂcours est organÂisĂ© : Mehmet va parÂticiper au comÂbat de tauÂreaux qui se tienÂdra Ă Artvin. Dès lors, il emploie tout son temps Ă entraĂ®nÂer son tauÂreau en vue de la comÂpĂ©tiÂtion Ă venir. Mais Mehmet revienÂdra d’Artvin comÂplèteÂment dĂ©fait, une fois de plus.
Mustafa Kara est nĂ© en 1982. Il est diplĂ´mĂ© en cinĂ©Âma de l’UniversitĂ© de la RĂ©publique de Turquie. Son preÂmier film, Hope Island, est une coproÂducÂtion entre la Turquie et l’Angleterre, en 2006. Il a fondĂ© Karafilm ProÂducÂtions en 2009 avec NerÂmin Aytekin. Après avoir rĂ©alÂisĂ© des docÂuÂmenÂtaires, il rĂ©alise Froid de KalanÂdar, son deuxÂième long mĂ©trage de fiction.
« Froid de KalanÂdar » raconÂte, dans une atmoÂsphère pasÂtorale unique, l’histoire Ă la fois rĂ©alÂiste, pasÂsionÂnĂ©e et senÂsiÂble de Mehmet et de sa famille, qui se dĂ©roule hors de la vie modÂerne, dans un petit vilÂlage de montagne.
InterÂprĂ©ÂtaÂtion : HayÂdar ĹžiĹźÂman, Nuray YeĹźireÂlaraz, HanÂife Kara, Ä°brahim Kuvvet, Temel Kara |ScĂ©Ânario : Mustafa Kara, Bilal Sert | Image : Cevahir Ĺžahin, KĂĽrĹźat Ăśresin | Son : Daniel Bohm, FerÂenc Lukacs | MonÂtage : Umut SakallıoÄźlu, Ali Aga, Mustafa Kara | Musique : Eleonore FourÂniÂau |ProÂducÂtion : NerÂmin Aytekin, Karafilm Productions