Article de témoignages publié le sur le blog Ne var ne yok.
Vous pouvez également lire : Témoignages en direct #2


Etat de siège à Diyarbakır (partie 1) :

La sale guerre de l’Etat turc s’intensifie”

Depuis juin dernier, l’Etat turc et ses flics – se récla­mant pour un cer­tain nom­bre de Daech – font mon­ter la pres­sion au Kur­dis­tan. Cer­taines villes et quartiers du Kur­dis­tan déclar­ent en effet leur autonomie en écho au mou­ve­ment auto­ges­tion­naire qui voit le jour au Roja­va (Kur­dis­tan syrien) et cela ne plaît pas du tout au prési­dent-dic­ta­teur Erdoğan et à ses col­lègues de la bour­geoisie turque. Leur réponse est la reprise de la « sale guerre » des années 90 que leurs prédécesseurs avaient menée con­tre le peu­ple kurde. Cela se con­cré­tise par des cen­taines de cou­vre-feux de plusieurs jours à de nom­breux endroits, ain­si que le sièges de villes et quartiers. (Un arti­cle sur le site Susam-sokak reprend ça en détail ; voir aus­si Kedistan.fr). Neuf jours de siège à Cizre (120.000 habi­tants) pour y exter­min­er les « ter­ror­istes » kur­des [sic] en sep­tem­bre. Puis Sil­van en novem­bre où les tanks turcs ont détru­its 3 quartiers. Puis Nusay­bin à Mardin,… et Diyarbakır, la plus grande ville du Kur­dis­tan (850.000 habitants)que beau­coup con­sid­èrent comme la « cap­i­tale » du peu­ple kurde… Diyarbakır (Amed en kurde), plus pré­cisé­ment, Sur, le quarti­er de la vieille ville for­ti­fiée, un sym­bole his­torique et l’un des trois « cœurs » de Diyarbakır avec les quartiers d’Ofis et de Bağlar. Sur, sa pop­u­la­tion pau­vre et son labyrinthe de ruelles, coupée du reste de la ville…

Voici un réc­it des journées du 8 au 11 décembre.

nevarneyok-diyarbakir-1

8 décembre : Sur sous les bombes et les balles

Sur, la vieille ville for­ti­fiée de Diyarbakır, est assiégée par les forces armées de l’État turc depuis main­tenant 7 jours con­sé­cu­tifs. Nous voulions nous ren­dre dans le quarti­er comme à notre dernière vis­ite il y a quelques mois. Mais aujourd’hui, impos­si­ble d’avancer plus loin que sur le trot­toir en face de l’historique muraille. Pour qui y a déjà été, les sou­venirs revi­en­nent vite, il n’y a pas à dire ce quarti­er il est dif­fi­cile de ne pas aimer y venir et s’y per­dre dans ses ruelles. On y trou­ve, en temps nor­mal, des vendeurs de racines et leurs char­rettes en bois, des bois­sons chaudes improb­a­bles, des échoppes par mil­liers, des ter­rass­es où l’on boit le thé sans soif ni fin, des femmes marchant avec leur goss­es ou leurs copines bras dessus bras dessous, des vieux en train de glan­der allongés sur l’herbe, des jeunes rigolant en pagaille… Sur !

Et ce que l’on peut voir aujourd’hui est maalesef [mal­heureuse­ment] à des années-lumière de tout ça. Les com­merces sont fer­més, plus per­son­ne dans les rues, impos­si­ble de franchir Dağkapı, une des portes de la vieille ville. Tout accès est blo­qué. La mey­dan, la place, par laque­lle on accède à la vieille ville, habituelle­ment pleine de gens, est vide : un chien errant essaye de trou­ver un pas­sage à tra­vers les bar­rières de police, panique un instant, et parvient enfin à trou­ver à une sor­tie au piège dans lequel il était pris. Les flics en civ­il, kalach’ à la main, font face aux pas­sants qui les regar­dent inqui­ets. D’autres keufs patrouil­lent dans leurs panz­er (blind­és de la police) ou dans leurs toma (canons à eau util­isés au quo­ti­di­en). C’est ce que l’on peut voir du siège de Sur. Tout a bien changé en l’espace de quelques mois : à l’extérieur de la vieille ville, mal­gré une ambiance pesante, les gens con­tin­u­ent de vivre leur quo­ti­di­en qua­si « nor­male­ment », à ceci près que cha­cun entend tirs en rafales, gron­de­ments et explo­sions, cha­cun voit des colonnes de fumée noir­cir le ciel. Les gens qu’on croise et ren­con­tre, racon­tent tous les mêmes choses. Nous en parta­geons les quelques bribes qui nous sont par­v­enues : les forces spé­ciales bal­an­cent en effet des bombes par héli­cop­tère sur les habitant.e.s et les cama­rades qui résis­tent à l’intérieur. Et même une mosquée de Sur, mon­u­ment qui date de plus de 500 ans, a été lit­térale­ment souf­flée par une bombe des flics. Les pom­piers venus pour étein­dre la mosquée en feu, n’ont eu droit qu’à une seul mot des forces spé­ciales : « Lais­sez ! Cette ville de sales bâtards devrait cramer en entier »… Face à cela, des gueril­las et des jeunes des YDG‑H sont venus aider à défendre le quarti­er. On nous dit qu’ils et elles sont à peine 200, mais se relayent par groupe de 10 ou 15 à tenir les posi­tions. Les forces spé­ciales qui font le siège n’arrivent pas à ren­tr­er et se font régulière­ment met­tre à l’amende (blind­és détru­its, keufs blessés ou tués). Les gueril­las ne sont pas les seuls à défendre le quarti­er : des habi­tantes de Sur de tous âges, elles aus­si, aident à mon­ter les bar­ri­cades de sacs de sable et pren­nent les armes pour se défendre.

Aujourd’hui, ce 8 novem­bre, quelques cen­taines d’habitants ont man­i­festé dans le quarti­er d’Ofis pour dénon­cer ce sièges qui n’en finit plus. La foule a for­cé le bar­rage des flics, les jeunes ont dressé des bar­ri­cades et ont attaqué la police. Mais les keufs sont arrivés en mode com­man­do, ont gazé comme des porcs, util­isé leurs canons à eaux, tiré avec leurs flash-ball, et égale­ment à balles réelles : un jeune de 14 ans a été touché par une balle, il est mort quelques heures plus tard. Plusieurs témoignages pré­cisent que les assas­sins du jeune sont des flics spé­ci­aux, sortes de bar­bouzes, sor­tant d’un gros 4×4 noir banal­isé et vit­res tein­tées qui rode sou­vent aux alen­tours des manifs…

Une per­son­ne, habi­tant non loin de Sur, con­clu­ra cette journée : « On s’endort avec le bruit des tirs… Et on se réveille avec le bruit des tirs. »

nevarneyok-diyarbakir-2

9 décembre : le reste de la ville sous les gaz

Comme tous les jours, aujourd’hui encore les avions de chas­se sur­v­o­lent la ville et main­ti­en­nent une pres­sion psy­chologique par le bou­can qu’ils font. C’est aus­si la 8ème journée con­séc­u­tive de siège du quarti­er de Sur. Le fra­cas des explo­sions et le bruit des rafales reten­tis­sent tou­jours, les nuages de fumée mon­tent vers le ciel der­rière les murailles de la vieille ville for­ti­fiée. A midi, en par­lant avec un vendeur de jour­naux à Ofis, nous apprenons qu’une man­i­fes­ta­tion a lieu une heure plus tard pas loin de là où nous nous trou­vons. Nous nous y ren­dons. Les flics sont partout : blind­és, canons à eau, police anti-émeute, keufs en civ­il kalash’ à la main. Il s’agit pour la petite cen­taine de courageuses et de courageux du jour de faire enten­dre les reven­di­ca­tions suiv­antes : la libéra­tion d’Abdullah Öcalan – tou­jours pris­on­nier sur une île turque dont il est le seul rési­dent depuis 1999 et dont plus per­son­ne n’a de nou­velles depuis avril dernier – ; la reprise des négo­ci­a­tions pour la paix ; et la recon­nais­sance d’autonomie for­mulée par les villes et les quartiers du Kur­dis­tan par l’État turc. Autant dire que c’est ten­du et stres­sant, les flics instau­rant là encore une ambiance de petite ter­reur. Le rassem­ble­ment s’ébroue et com­mence à par­tir en manif. La police men­ace en hurlant dans les hauts-par­leurs que man­i­fester est inter­dit (comme en France !) et les blind­és et les casqués se lan­cent illi­co à la pour­suite de la déam­bu­la­tion. Les man­i­fes­tants déci­dent de ne faire qu’un tour de pâté de mai­son pour calmer les ardeurs de la fli­caille, ne pas lui per­me­t­tre de gaz­er, tabass­er et tir­er dans le tas une fois de plus. Une demi-heure plus tard, après sit-in et pris­es de paroles, les man­i­fes­tants se dis­persent. Nous par­tons nous balad­er dans les quartiers alen­tours. Quelques heures plus tard nous avons à nou­veau droit au gaz lacry­mogène. Toutes les rues que nous emprun­tons en sont gavées. Les nom­breux pas­sants – pères de familles, lycéennes, vieilles femmes – pleurent tout comme nous. Per­son­ne ne sait vrai­ment ni où ni pour quelles raisons les keufs ont gazé depuis leurs blind­és. Ce gaz se répand partout, il est invis­i­ble et met du temps à s’évaporer. On nous dira le lende­main que c’est un gaz d’un type nou­veau, et bien plus puis­sant qu’avant : « Ça fait 22 ans que je suis là et que je respire du gaz, celui-ci est pire que les précé­dent… »

nevarneyok-diyarbakir-4

10 décembre : solidarité avec les assiégés

13 heures. Man­i­fes­ta­tion aujourd’hui en sol­i­dar­ité avec les habi­tants et les cama­rades qui résistent

aux assauts de l’État dans Sur. 500 à 600 per­son­nes, à peine, devant la Porte d’Urfa de la citadelle. Gros dis­posi­tif polici­er, comme d’habitude. Mais qui ne suf­fit pas à démo­tiv­er les man­i­fes­tants qui font face. Ça tape sur les rideaux de fer bais­sés, ça sif­fle et frappe dans les mains pour faire un max­i­mum de bruit et se faire enten­dre depuis l’intérieur. Ça ressem­ble qua­si­ment à une manif devant une taule en sou­tien aux pris­on­niers. Beau­coup de jeunes voire de très jeunes, de 8 à 14 ans, qui courent en rib­am­belle. Comme le fait remar­quer un man­i­fes­tant, « Ce sont les mères et les enfants qui nous aident à tenir morale­ment. La vraie force ce sont eux ». Un bon paquet, aus­si, de grand-mère remon­tées par des décen­nies de mas­sacre, de tor­tures, de taules et d’humiliations racistes au quotidien.

Le face à face avec les flics dure bien deux heures : la police men­a­cent régulière­ment d’attaquer la man­i­fes­ta­tion car elle est inter­dite (comme en France !) ; les cocuk­lar, les enfants, s’échauffent et com­men­cent à dépaver et bris­er les briques pour en faire des pro­jec­tiles ; les adultes cal­ment le jeu et appel­lent tout le monde à venir s’asseoir et chanter la gueril­la au plus près des flics. Et dans les temps morts ça dis­cute. Un cer­tain nom­bre de per­son­nes s’énervent con­tre le fait qu’il y a vrai­ment peu de monde, comme le fait ce père de famille : « Mais où sont les autres ? Cette ville est gigan­tesque et nous ne sommes que 500. Que font les autres ? Ils boivent du thé ? » Et c’est vrai que la ques­tion se pose. L’État turc joue la carte de la ter­reur et de l’épuisement : il tente de divis­er le mou­ve­ment en effrayant le plus grand nom­bre. Tous les États procè­dent ain­si, ce n’est pas nou­veau, mais le phénomène sem­ble vis­i­ble de manière cru­ciale en ce moment à Diyarbakır. La plu­part des dis­cus­sions tour­nent autour des ques­tions de la paix et de la guerre. « Faut il atten­dre encore avant d’assumer franche­ment la guerre qui nous est faite ? » ; « La paix, il faut œuvr­er à la paix et ne pas céder aux provo­ca­tions de l’État » ; « D’accord, mais en atten­dant, ils tuent tous les jours plusieurs de nos jeunes » ; « Est-ce que le PKK et les YDG‑H adoptent la bonne stratégie ? L’autodéfense des villes et des quartiers, est-ce que le jeu en vaut la chan­delle ? » ; « Il n’est pas pos­si­ble de baiss­er la tête devant Daech et Erdoğan ! »… etc. Telles sont les dis­cus­sions, les ques­tion­nements, les pris­es de têtes du moment.

Cinq cocuk­lar de 9 à 13 ans lan­cent un chant révo­lu­tion­naire, la foule les reprend en chœur. Puis d’autres jeunes allu­ment deux grands feux à même la chaussée. Vieux fri­gos déglin­gués et autres débris font de bons com­bustibles. Mais ça ne plaît pas aux larbins du Sul­tan. Quelques min­utes après ils char­gent avec canons à eau et blind­és lanceurs de gaz. Nous par­tons en courant dans les petites rues avant de se disperser.

11 décembre : État de siège et arnaque tactique

Tou­jours être entre guerre et paix. Telle sem­ble être la stratégie de l’État turc et de ses forces spé­ciales. Hier au soir, il annonçait la lev­ée du siège de Sur, mais ce n’était mal­heureuse­ment que de la poudre aux yeux. Comme nous avons pu le con­stater en nous y ren­dant. Tou­jours être entre guerre et paix pour fatiguer, désta­bilis­er et faire ter­gi­vers­er le mou­ve­ment kurde…

Nous nous diri­geons ver Sur, donc. Pour fêter la fin du siège, croyions nous.

Nous arrivons au mey­dan, les grilles de la police bar­rent tou­jours l’accès. Ce pre­mier signe mon­tre qu’il y a anguille sous roche. Et sec­ond signe : fouille à l’entrée, pal­page et véri­fi­ca­tion des iden­tités des per­son­nes qui veu­lent ren­tr­er dans Sur. Passe­port européen, c’est louche, une véri­fi­ca­tion plus poussée. Avant de ren­tr­er, par sim­ple provo­ca­tion, ou sim­ple envie de com­pren­dre leur présence dans un quarti­er où la lev­ée de l’interdiction a été annon­cée : « Pourquoi vous êtes tou­jours là ? » « Nous sommes làcon­tre la ter­reur »… Ah ! Une fois dans les rues où plus per­son­ne ne pou­vait cir­culer depuis des jours, on com­prend rapi­de­ment avec tristesse et colère, en voy­ant la mul­ti­tude des forces de police, que ce n’est pas du tout une lev­ée d’interdiction. C’est juste une « pause » avoueront rapi­de­ment les forces spé­ciales. Toutes les rues sont blo­quées par des tireurs, qui ont le doigt sur la détente, près à tir­er. Des agents cagoulés avec des kalashs à la main. Des tanks, des canons à eaux, et d’autres véhicules blind­és… Si tu veux con­tin­uer à te déplac­er ou emprunter une rue, les con­trôles se font encore. Peu de com­merces sont ouverts, peut-être un sur qua­tre. Les ani­maux enfin sont sans doute un bon indi­ca­teur sur l’ambiance de ces sales derniers jours : des cadavres de chats à même la rue, et les chats sur­vivants sem­blent malades et affamés.

On atter­rit à la ter­rasse d’un café au cœur de la vieille ville. Des femmes arrivent, se posent à côté de nous. Abattues. Elles par­lent en kurde, et nous traduisent en turc leurs dis­cus­sions : « On a enten­du hier soir la lev­ée du siège. On vient voir, et la décep­tion est dou­ble­ment douloureuse. Ça présage rien de bon. Les fouilles, les policiers, les tanks, partout. Quel sens ça donne à cette soit dis­ant lev­ée dinter­dic­tion ? On ne peut même pas ren­tr­er dans Sur. Vous imag­inez ce que vivent les gens encer­clés par les forces de l’État ? Ils sont sans eau, sans élec­tric­ité, sans nour­ri­t­ure depuis neufs jours. Les seuls à se bat­tre ce sont eux, nos jeunes. Et tout les autres ? Où sont tils ? Hein ? Je vous le demande ! Certains veu­lent la paix, la paix sociale, un accord qu’on attend, qui se ferait avec l’État, mais qui n’arrive pas. Et d’autres veu­lent se bat­tre, faire la guerre, pour enfin avoir la paix : nos jeunes. Ilssont plus courageux que bien d’autres. Eux se bat­tent pour nous défendre, pour qu’on puisse exis­ter libre­ment ». Comme d’autres ces derniers temps, elles cri­tiquent le HDP pour la mol­lesse dans leurs pro­pos « La paix avant tout », « Restez chez vous », et soulig­nent que ça casse le mou­ve­ment du peu­ple en le ren­dant plus frileux. Puis les femmes nous embrassent et s’en vont. Nous nous remet­tons en chemin. Et rapi­de­ment nous pou­vons voir des maisons vides où il y eu des affron­te­ments, les vit­res sont brisés, des cen­taines de douilles de balles gisent au sol, et les sacs de sables se font plus nom­breux. Pour celles et ceux qui con­tin­uer à s’aventurer près des zones d’affrontement, le risque de con­trôle est grand. Et ça l’est encore plus pour les étrangers vus comme une réelle men­ace par les forces spé­ciales de la police du Sul­tan – jour­nal­istes, espi­ons, pkk’lı, allez savoir ce que s’imaginent ces crim­inels… Une fouille de sac et ils sont tou­jours plus ten­dus, plus menaçants quand ils tombent sur un appareil pho­to ou un enreg­istreur audio : ça les fait psy­chot­er. Expli­quer le fait d’être des touristes ou sim­ple­ment venu voir la famille n’évacuent pas toute méfi­ance. Heureuse­ment ni pho­tos com­pro­met­tantes ni sons poli­tique­ment pas clairs. Ils hési­tent et deman­dent à coup sûr ce que des yaban­ci, des étrangers, foutent dans les quartiers d’ici. Et bien on a plus le droit de cir­culer ou quoi ! Et si vous avez la malchance d’être français, le chef en cagoule fini­ra par lancer menaçant :  « Vous voyez, en France, votre pays a déclaré 3 mois de cou­vre feu avec pos­si­bil­ité de pro­longer à 6 mois. Ici en Turquie, nous sommes dans un vrai pays de droits. C’est un des pays le plus libre du monde. Tout le monde peut se déplac­er libre­ment. » Et oui, ça don­nerait presque envie d’éclater de rire ! Même si ça peut être éton­nant de voir qu’il con­naît ce qu’il se passe en France et qu’il n’a pas tort.

Vite sor­tir de la souri­cière et de Sur, il y a vrai­ment des flics partout. Ce n’était effec­tive­ment qu’une arnaque tac­tique poli­cière : per­me­t­tre aux habi­tants qui le souhait­ent de par­tir de chez eux, et ain­si, ten­ter d’approfondir la dis­tance entre gueril­la et peu­ple. Direc­tion la sor­tie, donc. Dans la rue qu’on emprunte, une femme par­le fort, avec sa fille qui l’accompagne et dit : « Sur est enÉtat de siège depuis 9 jours, et le gou­verne­ment n’a pas réus­si à avancer d’un pas dans ces rues. Enragé, l’État et sa force arméesont près à tout dévaster pour avoir le dernier mot, il y a qu’àvoir les pho­tos. Ils veu­lent ren­tr­er avec les tanks et les chars, mais la zone est main­tenue par les forces du YDGH et du PKKavec des bar­ri­cades, et des armes. Les habi­tants restant, soignent et sou­ti­en­nent les com­bat­tants. Et là, ils font sem­blant d’enlever l’interdiction, pour vider les habi­tants restants et pour attaqueravec plus de vio­lence Sur. Vous avez rien vu de ce qu’ils ont faitdedans. Allez voir là où ils inter­dissent l’accès. Ils ont tout démolit, et incendié. Que veux l’État ? Nous anéan­tir, en nous faisons pass­er pour des ter­ror­istes ? Je reviens de l’intérieur, j’habite dans ce quarti­er qu’ils ont saccagé avec la même vio­lence et la même men­tal­ité que Daesh. Et ils dis­ent qu’ils sont là pour nous pro­téger. Ils veu­lent nous tuer un par un. Mais on con­tin­uera de résis­ter. Par­don je vous par­le, mais je sais même pas si vous êtes polici­ers ou agents de l’État. Mais ça m’est égal, j’en peux plus. » Elles nous dis­ent qu’elles ont pris des pho­tos de l’intérieur, et qu’elles veu­lent nous les envoy­er, et faire enten­dre à l’Europe la ter­reur de l’État turc sur le peu­ple kurde.

[à suiv­re…]

MANIFESTATIONS partout en France:
Paris: dimanche 20 décem­bre, 13h, Place de la Bastille
Lyon : same­di 17h30 Place de la Comedie
Bor­deaux: ven­dre­di 18 décem­bre, 17h30
Nantes: ven­dre­di 18 décem­bre, 18h
Stras­bourg: same­di 19 décem­bre, 14h
Toulouse: same­di 19 décem­bre, 15 h 30, Mon­u­ments aux Morts
Mar­seille: same­di 19 décem­bre, 13h


Vous pou­vez retrou­ver cet arti­cle et la suite, égale­ment sur le blog nevar­neyok

Auteur(e) invité(e)
Auteur(e)s Invité(e)s
AmiEs con­tributri­ces, con­tribu­teurs tra­ver­sant les pages de Kedis­tan, occa­sion­nelle­ment ou régulièrement…