CONCERT DE SOUTIEN
à l’Association de REconstruction de Kobanê
avec
Le Pavé | Blue Void | Les Dead Boobs | Mme Ex
le
8, rue Godefroy Cavaignac 75011 Paris
Prix libre.
Les fonds seront reversés au comité de reconstruction de Kobané.
Evénement Facebook > ICI
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1 / Salut les copains ! Alors on l’aurait un peu deviné à son nom, Social Crash Asso est une association punk et anarchiste. Bon, je ne vais pas faire durer plus le suspens pour nos lecteurs, vous savez que Kedistan signifie en turc « le pays des chats », l’Anatolie et une partie de l’Irak et de la Syrie étant sa région d’origine de « domestication ». Or, l’iconographie populaire représente souvent des « punks à chiens ». Sur Kedistan, on essaie toujours bien sûr d’éviter les raccourcis et on imagine bien que tous les punks n’ont pas forcément de chiens. Mais ce que nous brûlons de savoir et qui illuminerait nôtres journée — d’autant plus qu’on a le moral plutôt au fond des pompes depuis la reprise de la guerre civile en Turquie et les deux Suruç et Ankara — c’est de savoir s’il y a parmi vous des punks à chats ? Est-ce que ça existe ? Et si oui, nom d’un poil de cul de Bakounine, pourquoi alors personne n’en parle jamais ? (Si vous pouviez me répondre individuellement en donnant vos prénoms ça serait cool…).
Niko : Je suis pas punk mais j’ai un chat ! En plus un chat c’est beaucoup plus punk qu’un chien, indépendance, liberté patati patata…
Greg : Je suis pas punk et j’ai pas de chat. J’ai vu des punks à rats par contre, et est-ce que les enfants ça compte comme des animaux ?
Marc : Revenons a nos racines: avant le chien à punk, il y a le sabotage cat! Je n’ai pas de félin en ce moment mais je penche clairement de leur coté.
Mary : J’aime le punk et j’aime les chats ! Beaucoup de points communs entre les deux, mon chat est plus punk que quiconque.
2 / Bon, trêve de rigolade, à lire sur votre site, — arrêtez moi si je dis une connerie — la mission de votre association SOCIAL CRASH est, et croyez moi bien que je le cite aussi religieusement qu’un curé à l’autel qui citerait les évangiles :« de permettre à la culture alternative de durer. ». Pouvez vous expliquer à nos lecteurs ailurophiles (qui aiment les chats) comment l’idée de créer cette asso a germée dans vos petits esprits de génies ? Combien vous étiez au départ, combien vous êtes maintenant, ou encore qu’est-ce qui vous a motivé pour créer cette asso, et toutes ces petites choses croustillantes qui font que les petites étincelles allument le chemin pour de grandes aventures ? (Faut que j’arrête, ça commence vraiment à faire curé, là… j’angoisse !)
Niko : Social Crash Asso a désormais un peu plus d’un an. Disons qu’on est des habitués des concerts alternatifs sur Paris. Nous pouvons résumer notre démarche en 2 points : promotion, engagement. Notre but est de promouvoir les groupes ayant une démarche alternative tout en apportant notre soutien à différentes cause qui nous semble importante. Contrairement à d’autre orga de concert, chaque événement est organisé avec un but précis (soutiens de squat, collecte pour les migrants, etc …) les intitulés de nos concerts sont suffisamment explicites d’ailleurs. Social Crash est une association constituée de différents groupes, les premiers étant : SideWalk, Makadam ainsi que The Crucified Penguins. Désormais nous sommes 8 groupes, le dernier nous ayant rejoint étant “Le Pavé”.
Greg : J’aime pas ce mot, mais on est en pleine croissance, dans le nombre de personnes impliquées. Au départ, c’était des gens de Makadam genre Wiki et Antoine, et des Penguins, plus Niko qui étions le “noyau dur”. Mais là maintenant, notamment c’est Marc qui porte le projet du concert de samedi prochain pour Kobanê, et c’est cool de le voir s’impliquer comme ça, les idées continuent à affluer de partout c’est vraiment cool. Perso, ce qui m’a motivé pour l’asso, c’est de pouvoir sortir de mon trou d’étudiant intello, et partager des trucs, tout en recevant plein de choses, de réflexions, et d’énergie. La scène punk, j’ai pas grandi dedans comme les autres, mais j’ai toujours été fan de ce qu’elle représentait, l’indépendance, la solidarité, tout ça… J’ai un coté asocial, en général les groupes, les partis, j’ai toujours du mal, mais avec les concerts de punk, t’es pas regardé, t’es pris comme tu es, et c’est vraiment rare. La politique, pareil, j’ai été de gauche “spectateur”, mais dans une scène comme ça, tu reprends goût à la politique, mais la “bonne”, celle du concret.
Antoine : Ça faisait longtemps qu’on avait remarqué que la scène alternative était moribonde. Social Crash c’était aussi dans le but de rassembler toute la jeune scène, et de la politiser aussi. En plus des concerts de soutien aux différentes causes, on essaye aussi d’aider les groupes adhérents à financer leurs enregistrements. Et puis à force d’aller aux concerts, et puis d’attendre qu’on nous fasse jouer, on avait envie d’être plus actif. On trouvait qu’il y avait une dépolitisation et un vieillissement de la scène, il n’y avait pas vraiment d’asso “de jeunes pour les jeunes”.
Mary : Social Crash Asso c’est faire vivre une vraie culture alternative pour la jeunesse, c’est aussi défendre des valeurs et des idéaux ! Moi j’ai grandi dans l’univers punk avec mon père et j’allais à ces concerts qui étaient supers mais toujours blindés de vieux, lorsque j’ai découvert toute cette bande et que j’ai vu que tout ce délire existait chez des gens de mon age ça a été une grosse bouffée d’air et je me suis dit : punk’s not dead, et il a sans doute un avenir. Porter ce projet tous ensemble, avec de plus en plus de monde, c’est dire non la jeunesse n’est pas perdue et en plus elle se bouge le cul et comme il faut ! Moi j’aime ça, foutre une claque aux gens qui pensent que t’es un incapable parce que t’es un jeune con qui écoute du punk, en organisant des concerts pour soutenir des causes et en ayant un réel impact ! Lors du concert en soutien aux réfugiés on a récolté des fonds mais aussi des sacs entiers de bouffe et de vêtements, voilà tout ce qu’on peut faire avec une asso comme Social Crash.
3 / Vous êtes à priori essentiellement basés sur Paname, et comme toutes les métropoles notre bonne vieille souffre ces dernières décennies d’une pandémie de gentrification. Le prix du demi de bière, on ne le que pas assez, a nous ne le savons que trop atteint sur les grands boulevards un prix vertigineux. C’est dire si avec tous ces lieux alternatifs que l’on a rasé pour remettre des banques, des assurances et autres cages à bourgeois à la place, on imagine mal comment font pour survivre des punks dans cette jungle du grand capital. Pouvez-vous nous parler de la place du milieu alternatif en général, et punk en particulier, à Paname aujourd’hui ? Que reste-il comme bons spots alternatifs que vous conseilleriez à nos lecteurs de passage dans la capitale (de on ne sait plus trop de quoi, mais la capitale…) ?
Niko : La disparition de la Miroiterie a été un vrai coup pour la scène punk parigot mais ça a été un électrochoc, tout le monde s’est trop reposé sur ce lieu pendant trop longtemps. On peut trouver des lieux alternatifs un peu partout dans Paris, cependant il est difficile d’organiser des évènements bruyants partout. Je peux parler au nom de tous en disant que “la petite maison” fait parti de nos squats préférés. Il y’a aussi le bar “La comedia” à Montreuil qui est un super lieu pour le publique et les orga. Pour les personnes de passage je leur conseil d’aller faire un tour sur razibus.net ou pariskiwi.org ces site regroupe presque tout les événements intéressant.
Greg : Je suis pas uber impliqué comme j’ai dit plus haut, mais comme dit Niko, après la Miroite, les gens ont continué à faire du réseau, et une nouvelle génération de squatts a l’air de prendre le relais, le Stendhal, la Petite Maison, la Gare XP… Et mine de rien, les punks sont pas en majorité dans ces endroits, les babos, étudiants, militants et autres viennent facilement dans ces trucs-là. Je t’avoue que j’aime bien l’Entre-Monde sur Aubervilliers, mais c’est grave paumé, faut prendre le BUS tu te rends compte? J’aime aussi la Comedia sur Montreuil, le bar Au Bon Accueil (il existe encore, d’ailleurs?), la Bibliothèque Associative de Malakoff, un lieu autogéré d’où sortent pas mal d’initiatives cool, anti-pub, décroissantes, etc.
Antoine : C’est sur que dans Paris c’est un peu compliqué, y a pas mal de bars qui acceptent les concerts punk qui sont menacés de fermeture administrative pour le bruit, et puis depuis la fin de la Miroite, il n’y a plus de “QG des punks” mais plutôt plein de petits lieux éparpillés dans la capitale. En banlieue proche c’est plus cool, à Montreuil, par exemple, ça bouge pas mal, y a beaucoup de lieux et puis la bière est moins cher donc forcement ! Je dirais que le milieu alternatif commence à s’exporter dans la banlieue proche. Mais le problème c’est que c’est un peu plus galère pour y aller, et quand tu rates le dernier métro tu te tapes une bonne marche héhé.
Mary : J’crois que le truc sur paname c’est que les lieux alternatifs sont souvent des squats, du coup y a toujours beaucoup de renouvellement, rien de très fixe. Effectivement, La Comedia est un super bar pour les concerts et l’ambiance cool. La P’tite Maison est super sympa aussi. Faut guetter là ou on peut en fait, avec le réseau de pote ou sur internet, les lieux qui ouvrent, les lieux qui deviennent chouettes etc. Après le punk à panam c’est quand même quelque chose de bien installé, les lieux sont moins nombreux mais heureusement il en existe toujours ! Tant qu’il restera des punks pour faire de la musique, et des punks pour faire du pogo, il restera des bars et des squats ou aller boire de la bière avec les copains !
4 / Alors maintenant, j’aimerais un peu que vous nous causiez de votre fonctionnement, parce que ça à l’air de super bien marcher votre petite affaire. A ce que j’ai pu en lire, vous avez déjà fait pas mal de concerts, et apparemment vous rencontrez un public non seulement bon, mais aussi très large. Parlez nous un peu de votre public (tranches d’âge, backgrounds culturels, catégories sociaux pros, etc…) et de votre organisation…
Niko : Effectivement nous attirons à chaque fois un public très éclectique. Entre les personnes qui viennent pour les groupes, celle pour les causes défendues, les copains, et les gens qui rentrent car ils ont vu de la lumière… cela fait un mélange super intéressant où chacun peut apprendre de l’autre.
Greg : C’est ça que j’adore, j’avais peur de rester dans l’entre-soi, mais au final, entre les causes des concerts de soutien, les potes de tel ou tel groupe, les piliers de bar attachés au lieu de concert, c’est vraiment cool ça bouillonne vraiment !
Antoine : C’est vrai que ça se mélange bien et puis on n’a pas fait jouer que des groupes punk. Les concerts qu’on avait fait à l’Attiéké, un squat de sans papiers, où y avait aussi un groupe de musique Kabyle qui a joué, c’était super cool.
Mary : Ca fait parti des choses très chouettes de nos concerts, les gens ne se ressemblent pas ! Ni tranche d’âge particulière, ni catégorie socio-professionnelle visée, y a de tout chez nous, c’est ça qu’est bon, ne pas avoir un public qui soit toujours le même, varié les plaisirs selon les groupes programmés ou les causes défendues.
5 / Il me semble, et c’est ce qui parait extraordinaire, que vous donnez au mouvement punk sur Paname un nouveau souffle. Et pour cela, vous ne proposez pas que des artistes punks ? Quels vers autres genres de musique allez-vous ? Est-ce cela la clé de votre succès ?
Niko : Disons que le punk est notre coeur de métier, cependant toute personne se rapprochant de nos idées peut potentiellement intégrer l’association. La mutliplicité des genres dans notre asso est un sujet extrêmement houleux toutefois.
Greg : Un nouveau souffle ? Bon, disons qu’on est bien tombés, justement à l’époque d’après la Miroite, mais on est pas non plus les seuls à faire ce genre de trucs, enfin je suppose… Et pour les styles, on a fait jouer les Meufs qui font plus de la chanson, May I? qui font… j’ai jamais compris exactement ce qu’ils font, un genre de post punk transgenre noise-funk-jungle; et dans les gens de l’asso Skalymax font du ska, on a des groupes plus marqués rock-metal comme MRG, les Fils Burroughs font du gros rock’n’ roll qui tache, avec mon groupe, les Crucified Penguins, on se rapproche du punk mais on joue un peu trop bien et on a des textes plus absurdes. C’est une question vaste, les styles dans l’asso, et on est pas tous d’accord comme a dit Niko. Pour l’instant le consensus, c’est se limiter au punk, au rock et à ses extensions, parce qu’on se retrouve tous au moins là-dedans. De là à dire que c’est la clé de notre succès, j’en sais absolument rien.
Mary : J’pense que Social Crash Asso même si c’est plutôt punk a surtout pour but de faire vivre une scène alternative sur paris, du coup dès que des groupes sortent un peu des rangs et font une musique rocknroll nous on prend ! Je pense que pas mal de gens de l’asso sont d’accord pour dire qu’on veut pas faire que du punk, que diversifié les sons c’est bien et ça permet de pas s’enfermer dans un truc.
6 / A ce stade de l’interview, je dois vous avouer un truc. Confidences pour confidences, pour les vieux comme votre serviteur qui connaissent pas trop le genre, le mouvement punk, c’est les Ramones, les Clash, Patti Smith, et plus près de nous, les Garçons Bouchers, Trust, la Mano Negra, ou encore les Souris Déglinguées et les Ramoneurs de Menhir. Pouvez-vous nous dire ce qu’est la scène punk aujourd’hui ?
Niko : Franchement, je reste assez perplexe, entre les vieux groupes qui tournent mal, et les groupes qui n’ont aucun esprit contestataire derrière.… On est mal barrés ! Mais !!! Y’a aussi plein de groupes de jeunes, motivés, avec une vraie démarche libertaire, mais sans aucun moyen de promotion. Ce sont ces groupes que nous essayons de dénicher et de faire jouer en priorité.
Greg: Y a plein plein de trucs qui m’impressionnent, je serai pas aussi sévère que Niko, j’adore les mecs qui assument leur côté pop-rentre dedans, comme Louis Lingg & the Bombs, ou les Dead Boobs qui mettent cher à toute la bien-pensance de la scène alternative. Ecoute leur album il est terrible. May I?, aussi, Baffes ou Torgnoles, Mme Ex, je pense que c’est aussi des groupes qui peuvent pas mal marquer la scène. Elle a jamais été aussi riche, j’ai l’impression, pour info, le punk rock, ça navigue entre la oi, le ska-punk, l’anarcho-punk, le crust, le grind, le hardcore, post-hardcore, sans compter les échanges entre les niches, certains font du skin-oi teinté de noise, ça peut aller loin dans le délire. Tiens, en parlant de Noise, ça c’est des musiques que j’adore en tant que spectateur parce qu’ils ont digéré tout l’héritage du punk, le DIY, l’énergie, l’esprit de communauté, la provoc… Le bon exemple, c’est le label Et mon Cul c’est du Tofu qu’a vraiment capté l’énergie, l’engagement, le regard, tout en publiant des trucs vraiment outsider et pétés, allant de la Noise à la musique maghrébine en passant par du collage et de la chanson anarchiste premier degré. (Désolé suis peut-être trop bavard, hésite pas à couper si je dis trop de conneries)
Mary : La scène punk aujourd’hui c’est plein de nouveaux groupes très motivés et un public qui en veux !
7 / Certainement connaissez vous le vieux dicton du Kedistan qui dit « comment peut-on se prendre pour un rebelle quand on est même pas kurde ? » Et justement, vous vous proposez de répondre à la question puisqu’après avoir organisé un concert pour l’Anarchist Black Cross en soutien aux prisonniers le 15 mai, vous revenez à la charge avec un concert le 24 octobre prochain pour la reconstruction de la mythique ville de Kobanê. Alors attendez — parce que faut pas pousser papy Aurel dans les brancards — avant de nous parler du concert, à Kedistan, on a l’habitude de rappeler à nos lecteurs pour les aider à déconstruire les raccourcis simplistes qui sont fait dans la presse, que dans les rangs des kurdes qui se battent contre Daesh, non seulement ne se trouvent pas seulement que des kurdes, mais que contre l’islamisme radical se retrouve aussi majoritairement des musulmans sunnites. Alors nous, grands félins indomptables qui buvons à la source comme on boit du raki sur le Bosphore, ce qu’on aimerait bien savoir, c’est comment vous est venue l’idée aussi saugrenue puisse-t-elle paraitre aux non initiés, de faire ce concert pour Kobanê et pourquoi spécialement pour Kobanê ?
Marc : On était plusieurs dans l’asso à avoir entendu parler de ce qui se passait au Kurdistan syrien, et à voir le silence total sur le sujet des médias mainstream. C’est vite devenu évident qu’on devait faire un événement pour sensibiliser notre public à ce qui se passe au Rojava. On a fini par faire un événement qui met spécifiquement l’accent sur Kobané par pragmatisme, la suite à la prochaine question 😉
Greg : Ouais, il fait le modeste, mais c’est son idée au départ, il a porté ça avec le Pavé et Blue Void. J’avoue qu’au départ je connaissais pas grand chose au Rojava, j’avais juste vaguement lu un truc dans le Monde Diplo sur les divisions entre kurdes, je savais que Erdogan était un fils de pute, mais avec tout ce qu’il nous a donné comme infos„ j’ai potassé le sujet, et je me rends compte que c’est tout un monde qui nous est caché. Quand tu lis l’actu en sachant en détail les problèmes liés à Daesh et aux kurdes, t’as plus le même regard évidemment… Et la culture kurde est porteuse de plein de choses, on n’a qu’à y gagner d’échanger plus sur, au hasard, la démocratie, par exemple ?
Mary : C’est Marc qui a lancé le projet et qui s’est investi tout du long dedans. Moi j’connaissais pas grand chose aux Kurdes et à leur histoire, mais du coup je me suis renseignée et je me suis rendue compte de l’importance pour notre asso de soutenir cette cause ! Ce combat c’est celui de valeurs et d’idéaux forts, c’est le combat pour un vrai système d’auto-gestion, d’égalité entre les différentes cultures composant ce groupe et entre les hommes et les femmes, face à des religieux radicaux débiles et malheureusement très armés. Les kurdes doivent résister à la Turquie qui veut pas les voir s’en sortir, et à ces connards de Daesh, et ils tiennent bons ! La victoire de Kobané n’allait pas forcément de soi, mais si ils ont gagné je pense que c’est parce qu’ils savent pour quoi ils se battent et que ça en vaut vraiment la peine, faut soutenir ça, c’est beau de voir des gens réussir à faire des trucs biens face aux horreurs des cons.
8 / Une autre question indélicate du même genre, mais vous comprendrez que nous la posions lorsqu’on demande à nos lecteurs de soutenir une cause, c’est de s’affranchir d’en quelle direction va gicler le pognon ? Alors on imagine bien que Social Crash Asso, c’est pas l’Arc, les Pièces Jaunes ou le Téléthon, mais en clair, on aimerait quand même bien savoir si vous pensez refiler à une organisation kurde (si oui laquelle ?), si vous comptez partir là-bas et le remettre en main propre, ou si vous comptez plutôt vous tirer au Bahamas avec le magot pour enregistrer un E.P avec Le Pavé et Keith Richards ? (Fucking Night !)
Greg : Je refuse de répondre sans la présence de mon avocat.
Marc : ( les avocats c’est pour les bourgeois ! ) On a passé en revue les différentes solutions possibles pour aider concrètement sur le terrain, et on a fini par choisir le comité de reconstruction de Kobanê, pour deux raisons simples : on a un contact direct avec leur antenne en Europe, et l’argent servira a (re)construire la société civile, qui est le point sur lequel nous souhaitions mettre l’accent. Et donc c’est pour cette raison que l’événement est naturellement devenu un événement de soutien à Kobanê.
9 / Bon, passons au concert maintenant ! A en croire ce que je lis, y’aura à priori une programmation pas dégueulasse. Voire même, pas dégueulasse du tout. Puisque vous avez invité pour l’occasion à se produire sur la scène pas moins de 4 groupes, et lesquels ! Le Pavé, Blue Void, les Dead Boobs et Mme Ex. Pouvez-vous les présenter à nos lecteurs qui ne les connaissent pas ? Nous parler un peu de leurs thèmes de prédilection, des idées qu’ils portent…
Greg : Blue Void, c’est déjà le groupe de Marc, ils font une espèce de post-punk teinté de new-wave, mais Marc peut mieux répondre que moi. Les Dead Boobs, c’est du oi avec des gros refrains vener, mais un regard et une méchanceté dans leurs textes assez dingues, ils arrivent à détourner un couplet de “L’aventurier” d’Indochine pour parler de Malik Oussékine, ils se foutent de la gueule des gauchistes et de leurs lieux communs… Mme Ex, c’est bien féministe, elles parlent pas mal d’amour, de mecs qui sont des grosses merdes, de pulsions sexuelles, elles font ça avec une élégance et une énergie qui m’impressionne, moi.
Marc : Chez Blue Void nos influences vont de l’Anarcho-Punk a la New-Wave. C’est notre chanteuse Alicia qui écrit les paroles, ça parle souvent de la condition de la femme, de droits des animaux, de contestation et de nébuleuses! Le Pavé c’est du punk chanson française aux influences diverses, les textes de Nico sont des témoignages de sa vie de punk banlieusard et des revendications dénonçant un système capitaliste abrutissant. Plutot Ska-punk à la base, ça s’est un peu métallisé avec le temps. Mais même les grand-parents s’y retrouvent !
Mary : Pour vos lecteurs qui connaissent pas, une chose à savoir : c’est du lourd. Come on !
10 / Et alors, cerise sur le gâteau, comme non seulement vous faites les choses avec amour, mais qu’en plus vous les faites avec intelligence, vous avez prévu de faire entre les concerts une projection de documentaire sur le Rojava avec un débat et une table d’information. La classe ! Vous avez prévu de faire intervenir des représentants de Kobanê ?
Marc : Il y aura deux intervenants, un blogueur qui est un des premiers à avoir publié des articles de fond en français sur le Rojava et la question kurde, ainsi qu’un membre du comité de reconstruction de Kobané, ici en France, et membre des anarchistes solidaires du Rojava. Ils sont là pour apporter leurs connaissances sur le sujet, mais le but est de faire un moment d’échange “organique”, sans forcément eux sur une scène qui parlent, et le public en bas qui écoute. On va voir si on arrive à faire ça sans que ce soit trop le bordel!
11 / J’aimerais aussi si vous le permettez, tant qu’on y est, que vous me parliez un peu du lieu où se déroulera l’évènement, La Petite Maison, et qui se situe au 8 rue Godefroy Cavaignac dans le 11ème à Paname. L’Evêché de Paris, parait-il, dit que c’est un lieu sataniste, les voisins du quartier une maison de passe, la mafia albanaise un tripot chinois clandestin, et la douane un entrepôt d’alcool de contrebande. Pourriez-vous donc éclairer notre lanterne rouge ?
Greg : C’est un squatt vraiment sympa, à la fois artiste et militant, on a déjà fait plusieurs trucs là-bas, contre les violences policières, et au début des expulsions des migrants depuis la Chapelle cet été. L’endroit est grand, y a une cour et tout, c’est le contraire meme du squatt glauque qu’on a tous en tête, et les gens y sont vraiment sympa et impliqués dans les projets qu’ils accueillent !
Antoine : C’est vraiment cool comme squat, ils font vraiment plein de trucs différents, y a des scènes ouvertes souvent, des expos aussi je crois, des concerts de plein de styles différents. Passez‑y si vous pouvez !
Mary : C’est vraiment un lieu super vivant ! Les gens y sont très sympas et les événements sont supers variés. Effectivement c’est tout le contraire du squat glauque et un peu dégueux, on s’y sent vraiment bien, le coté artiste/militant des habitants est vraiment cool. La Petite Maison, c’est vraiment un nom bien choisit !
12 / Bon, et bien, je crois qu’on arrive à la fin de cette petite interview et ce sera donc ma dernière question. Au final, le punk d’aujourd’hui, il est rentré dans le système, bosse chez Apple et range son petit costume cravate de la semaine pour le troquer contre une guitare de bobo, ou il a gardé son âme de gros matou caractériel et libertaire ? Punk’s not dead ?
Greg : Je pense qu’il est juste en train de muter, comme les Aliens, à un moment il va sortir de ton ventre en criant et ça va gicler de partout. Ce sera cool.
Antoine : Le punk n’est pas mort, c’est sûr ! C’est un mouvement qui évolue, on peut pas le comparer avec ce que c’était il y a 20 ou 30 ans, mais il a gardé son âme de gros matou caractériel et libertaire à mon avis.
Mary : Le punk il a gardé son âme c’est sur, après je pense qu’il a évolué, perso je pense qu’on s’en fou de la p’tite vie que mène chacun de son coté au niveau du taf et tout. Quand on rejoint les potes ce qui compte c’est qu’ils soient la et qu’on passe un bon moment en écoutant la musique qu’on aime quoi, en vrai c’est trop capitaliste de juger quelqu’un sur sa catégorie socio-professionelle et son salaire.
13 / Et bien merci d’avoir répondu à nos questions farfelues. Je vous laisse le miaou de la fin. Quant à moi il ne reste plus qu’à vous souhaiter bon courage pour la suite et vous dire Oï et Biji Kobanê ! Biji Kedistan ! ET VIVE L’ANARCHIE !
Niko : @+ et merci 😉
Greg : Asociaux de tous les pays, unissez-vous, et bottons le cul à ces raclures de bidets !
Interview par Aurélien Roulland