affiche-concert-punk-soutien-kobaneCONCERT DE SOUTIEN
à l’As­so­ci­a­tion de REcon­struc­tion de Kobanê

avec
Le Pavé | Blue Void | Les Dead Boobs | Mme Ex

le
8, rue Gode­froy Cavaignac 75011 Paris

Prix libre.
Les fonds seront rever­sés au comité de recon­struc­tion de Kobané.

Evéne­ment Face­book > ICI

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1 / Salut les copains ! Alors on l’aurait un peu dev­iné à son nom, Social Crash Asso est une asso­ci­a­tion punk et anar­chiste. Bon, je ne vais pas faire dur­er plus le sus­pens pour nos lecteurs, vous savez que Kedis­tan sig­ni­fie en turc « le pays des chats », l’Anatolie et une par­tie de l’Irak et de la Syrie étant sa région d’origine de « domes­ti­ca­tion ». Or, l’iconographie pop­u­laire représente sou­vent des « punks à chiens ». Sur Kedis­tan, on essaie tou­jours bien sûr d’éviter les rac­cour­cis et on imag­ine bien que tous les punks n’ont pas for­cé­ment de chiens. Mais ce que nous brûlons de savoir et qui illu­min­erait nôtres journée — d’autant plus qu’on a le moral plutôt au fond des pom­pes depuis la reprise de la guerre civile en Turquie et les deux Suruç et Ankara — c’est de savoir s’il y a par­mi vous des punks à chats ? Est-ce que ça existe ? Et si oui, nom d’un poil de cul de Bak­ou­nine, pourquoi alors per­son­ne n’en par­le jamais ? (Si vous pou­viez me répon­dre indi­vidu­elle­ment en don­nant vos prénoms ça serait cool…).

Niko : Je suis pas punk mais j’ai un chat ! En plus un chat c’est beau­coup plus punk qu’un chien, indépen­dance, lib­erté patati patata…

Greg : Je suis pas punk et j’ai pas de chat. J’ai vu des punks à rats par con­tre, et est-ce que les enfants ça compte comme des animaux ?

Marc : Revenons a nos racines: avant le chien à punk, il y a le sab­o­tage cat! Je n’ai pas de félin en ce moment mais je penche claire­ment de leur coté. 

Mary : J’aime le punk et j’aime les chats ! Beau­coup de points com­muns entre les deux, mon chat est plus punk que quiconque. 

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2 / Bon, trêve de rigo­lade, à lire sur votre site, — arrêtez moi si je dis une con­ner­ie — la mis­sion de votre asso­ci­a­tion SOCIAL CRASH est, et croyez moi bien que je le cite aus­si religieuse­ment qu’un curé à l’autel qui cit­erait les évangiles :« de per­me­t­tre à la cul­ture alter­na­tive de dur­er. ». Pou­vez vous expli­quer à nos lecteurs ail­urophiles (qui aiment les chats) com­ment l’idée de créer cette asso a ger­mée dans vos petits esprits de génies ? Com­bi­en vous étiez au départ, com­bi­en vous êtes main­tenant, ou encore qu’est-ce qui vous a motivé pour créer cette asso, et toutes ces petites choses croustil­lantes qui font que les petites étin­celles allu­ment le chemin pour de grandes aven­tures ? (Faut que j’arrête, ça com­mence vrai­ment à faire curé, là… j’angoisse !)

Niko : Social Crash Asso a désor­mais un peu plus d’un an. Dis­ons qu’on est des habitués des con­certs alter­nat­ifs sur Paris. Nous pou­vons résumer notre démarche en 2 points :  pro­mo­tion, engage­ment. Notre but est de pro­mou­voir les groupes ayant une démarche alter­na­tive tout en appor­tant notre sou­tien à dif­férentes cause qui nous sem­ble impor­tante. Con­traire­ment à d’autre orga de con­cert, chaque événe­ment est organ­isé avec un but pré­cis (sou­tiens de squat, col­lecte pour les migrants, etc …) les inti­t­ulés de nos con­certs sont suff­isam­ment explicites d’ailleurs. Social Crash est une asso­ci­a­tion con­sti­tuée de dif­férents groupes, les pre­miers étant : Side­Walk, Makadam ain­si que The Cru­ci­fied Pen­guins. Désor­mais nous sommes 8 groupes, le dernier nous ayant rejoint étant “Le Pavé”.

Greg : J’aime pas ce mot, mais on est en pleine crois­sance, dans le nom­bre de per­son­nes impliquées. Au départ, c’é­tait des gens de Makadam genre Wiki et Antoine, et des Pen­guins, plus Niko qui étions le “noy­au dur”. Mais là main­tenant, notam­ment c’est Marc qui porte le pro­jet du con­cert de same­di prochain pour Kobanê, et c’est cool de le voir s’im­pli­quer comme ça, les idées con­tin­u­ent à affluer de partout c’est vrai­ment cool. Per­so, ce qui m’a motivé pour l’as­so, c’est de pou­voir sor­tir de mon trou d’é­tu­di­ant intel­lo, et partager des trucs, tout en rece­vant plein de choses, de réflex­ions, et d’én­ergie. La scène punk, j’ai pas gran­di dedans comme les autres, mais j’ai tou­jours été fan de ce qu’elle représen­tait, l’indépen­dance, la sol­i­dar­ité, tout ça… J’ai un coté aso­cial, en général les groupes, les par­tis, j’ai tou­jours du mal, mais avec les con­certs de punk, t’es pas regardé, t’es pris comme tu es, et c’est vrai­ment rare. La poli­tique, pareil, j’ai été de gauche “spec­ta­teur”, mais dans une scène comme ça, tu reprends goût à la poli­tique, mais la “bonne”, celle du concret.

Antoine : Ça fai­sait longtemps qu’on avait remar­qué que la scène alter­na­tive était mori­bonde. Social Crash c’é­tait aus­si dans le but de rassem­bler toute la jeune scène, et de la poli­tis­er aus­si. En plus des con­certs de sou­tien aux dif­férentes caus­es, on essaye aus­si d’aider les groupes adhérents à financer leurs enreg­istrements. Et puis à force d’aller aux con­certs, et puis d’at­ten­dre qu’on nous fasse jouer, on avait envie d’être plus act­if. On trou­vait qu’il y avait une dépoli­ti­sa­tion et un vieil­lisse­ment de la scène, il n’y avait pas vrai­ment d’as­so “de jeunes pour les jeunes”.

Mary : Social Crash Asso c’est faire vivre une vraie cul­ture alter­na­tive pour la jeunesse, c’est aus­si défendre des valeurs et des idéaux ! Moi j’ai gran­di dans l’u­nivers punk avec mon père et j’al­lais à ces con­certs qui étaient supers mais tou­jours blind­és de vieux, lorsque j’ai décou­vert toute cette bande et que j’ai vu que tout ce délire exis­tait chez des gens de mon age ça a été une grosse bouf­fée d’air et je me suis dit : punk’s not dead, et il a sans doute un avenir. Porter ce pro­jet tous ensem­ble, avec de plus en plus de monde, c’est dire non la jeunesse n’est pas per­due et en plus elle se bouge le cul et comme il faut ! Moi j’aime ça, foutre une claque aux gens qui pensent que t’es un inca­pable parce que t’es un jeune con qui écoute du punk, en organ­isant des con­certs pour soutenir des caus­es et en ayant un réel impact ! Lors du con­cert en sou­tien aux réfugiés on a récolté des fonds mais aus­si des sacs entiers de bouffe et de vête­ments, voilà tout ce qu’on peut faire avec une asso comme Social Crash. 

3 / Vous êtes à pri­ori essen­tielle­ment basés sur Paname, et comme toutes les métrop­o­les notre bonne vieille souf­fre ces dernières décen­nies d’une pandémie de gen­tri­fi­ca­tion. Le prix du demi de bière, on ne le que pas assez, a nous ne le savons que trop atteint sur les grands boule­vards un prix ver­tig­ineux.  C’est dire si avec tous ces lieux alter­nat­ifs que l’on a rasé pour remet­tre des ban­ques, des assur­ances et autres cages à bour­geois à la place, on imag­ine mal com­ment font pour sur­vivre des punks dans cette jun­gle du grand cap­i­tal. Pou­vez-vous nous par­ler de la place du milieu alter­natif en général, et punk en par­ti­c­uli­er, à Paname aujourd’hui ? Que reste-il comme bons spots alter­nat­ifs que vous con­seil­leriez à nos lecteurs de pas­sage dans la cap­i­tale (de on ne sait plus trop de quoi, mais la capitale…) ?

Niko : La dis­pari­tion de la Miroi­terie a été un vrai coup pour la scène punk parig­ot mais ça a été un élec­tro­choc, tout le monde s’est trop reposé sur ce lieu pen­dant trop longtemps. On peut trou­ver des lieux alter­nat­ifs un peu partout dans Paris, cepen­dant il est dif­fi­cile d’or­gan­is­er des évène­ments bruyants partout. Je peux par­ler au nom de tous en dis­ant que “la petite mai­son” fait par­ti de nos squats préférés. Il y’a aus­si le bar “La come­dia” à Mon­treuil qui est un super lieu pour le publique et les orga. Pour les per­son­nes de pas­sage je leur con­seil d’aller faire un tour sur razibus.net ou pariskiwi.org ces site regroupe presque tout les événe­ments intéressant.

Greg : Je suis pas uber impliqué comme j’ai dit plus haut, mais comme dit Niko, après la Miroite, les gens ont con­tin­ué à faire du réseau, et une nou­velle généra­tion de squatts a l’air de pren­dre le relais, le Stend­hal, la Petite Mai­son, la Gare XP… Et mine de rien, les punks sont pas en majorité dans ces endroits, les babos, étu­di­ants, mil­i­tants et autres vien­nent facile­ment dans ces trucs-là. Je t’avoue que j’aime bien l’En­tre-Monde sur Aubervil­liers, mais c’est grave paumé, faut pren­dre le BUS tu te rends compte? J’aime aus­si la Come­dia sur Mon­treuil, le bar Au Bon Accueil (il existe encore, d’ailleurs?), la Bib­lio­thèque Asso­cia­tive de Malakoff, un lieu auto­géré d’où sor­tent pas mal d’ini­tia­tives cool, anti-pub, décrois­santes, etc.

Antoine : C’est sur que dans Paris c’est un peu com­pliqué, y a pas mal de bars qui acceptent les con­certs punk qui sont men­acés de fer­me­ture admin­is­tra­tive pour le bruit, et puis depuis la fin de la Miroite, il n’y a plus de “QG des punks” mais plutôt plein de petits lieux éparpil­lés dans la cap­i­tale. En ban­lieue proche c’est plus cool, à Mon­treuil, par exem­ple, ça bouge pas mal, y a beau­coup de lieux et puis la bière est moins cher donc force­ment ! Je dirais que le milieu alter­natif com­mence à s’ex­porter dans la ban­lieue proche. Mais le prob­lème c’est que c’est un peu plus galère pour y aller, et quand tu rates le dernier métro tu te tapes une bonne marche héhé. 

Mary : J’crois que le truc sur paname c’est que les lieux alter­nat­ifs sont sou­vent des squats, du coup y a tou­jours beau­coup de renou­velle­ment, rien de très fixe. Effec­tive­ment, La Come­dia est un super bar pour les con­certs et l’am­biance cool. La P’tite Mai­son est super sym­pa aus­si. Faut guet­ter là ou on peut en fait, avec le réseau de pote ou sur inter­net, les lieux qui ouvrent, les lieux qui devi­en­nent chou­ettes etc. Après le punk à panam c’est quand même quelque chose de bien instal­lé, les lieux sont moins nom­breux mais heureuse­ment il en existe tou­jours ! Tant qu’il restera des punks pour faire de la musique, et des punks pour faire du pogo, il restera des bars et des squats ou aller boire de la bière avec les copains ! 

4 / Alors main­tenant, j’aimerais un peu que vous nous causiez de votre fonc­tion­nement, parce que ça à l’air de super bien marcher votre petite affaire. A ce que j’ai pu en lire, vous avez déjà fait pas mal de con­certs, et apparem­ment vous ren­con­trez un pub­lic non seule­ment bon, mais aus­si très large.  Par­lez nous un peu de votre pub­lic (tranch­es d’âge, back­grounds cul­turels, caté­gories soci­aux pros, etc…) et de votre organisation…

Niko : Effec­tive­ment nous attirons à chaque fois un pub­lic très éclec­tique. Entre les per­son­nes qui vien­nent pour les groupes, celle pour les caus­es défendues, les copains, et les gens qui ren­trent car ils ont vu de la lumière… cela fait un mélange super intéres­sant où cha­cun peut appren­dre de l’autre.

Greg : C’est ça que j’adore, j’avais peur de rester dans l’en­tre-soi, mais au final, entre les caus­es des con­certs de sou­tien, les potes de tel ou tel groupe, les piliers de bar attachés au lieu de con­cert, c’est vrai­ment cool ça bouil­lonne vraiment ! 

Antoine : C’est vrai que ça se mélange bien et puis on n’a pas fait jouer que des groupes punk. Les con­certs qu’on avait fait à l’At­tiéké, un squat de sans papiers, où y avait aus­si un groupe de musique Kabyle qui a joué, c’était super cool.

Mary : Ca fait par­ti des choses très chou­ettes de nos con­certs, les gens ne se ressem­blent pas ! Ni tranche d’âge par­ti­c­ulière, ni caté­gorie socio-pro­fes­sion­nelle visée, y a de tout chez nous, c’est ça qu’est bon, ne pas avoir un pub­lic qui soit tou­jours le même, var­ié les plaisirs selon les groupes pro­gram­més ou les caus­es défendues.

5 / Il me sem­ble, et c’est ce qui parait extra­or­di­naire, que vous don­nez au mou­ve­ment punk sur Paname un nou­veau souf­fle. Et pour cela, vous ne pro­posez pas que des artistes punks ? Quels vers autres gen­res de musique allez-vous ? Est-ce cela la clé de votre succès ?

Niko : Dis­ons que le punk est notre coeur de méti­er, cepen­dant toute per­son­ne se rap­prochant de nos idées peut poten­tielle­ment inté­gr­er l’as­so­ci­a­tion. La mut­li­plic­ité des gen­res dans notre asso est un sujet extrême­ment houleux toutefois.

Greg : Un nou­veau souf­fle ? Bon, dis­ons qu’on est bien tombés, juste­ment à l’époque d’après la Miroite, mais on est pas non plus les seuls à faire ce genre de trucs, enfin je sup­pose… Et pour les styles, on a fait jouer les Meufs qui font plus de la chan­son, May I? qui font… j’ai jamais com­pris exacte­ment ce qu’ils font, un genre de post punk trans­genre noise-funk-jun­gle; et dans les gens de l’as­so Ska­ly­max font du ska, on a des groupes plus mar­qués rock-met­al comme MRG, les Fils Bur­roughs font du gros rock­’n’ roll qui tache, avec mon groupe, les Cru­ci­fied Pen­guins, on se rap­proche du punk mais on joue un peu trop bien et on a des textes plus absur­des. C’est une ques­tion vaste, les styles dans l’as­so, et on est pas tous d’ac­cord comme a dit Niko. Pour l’in­stant le con­sen­sus, c’est se lim­iter au punk, au rock et à ses exten­sions, parce qu’on se retrou­ve tous au moins là-dedans. De là à dire que c’est la clé de notre suc­cès, j’en sais absol­u­ment rien. 

Mary : J’pense que Social Crash Asso même si c’est plutôt punk a surtout pour but de faire vivre une scène alter­na­tive sur paris, du coup dès que des groupes sor­tent un peu des rangs et font une musique rock­n­roll nous on prend ! Je pense que pas mal de gens de l’as­so sont d’ac­cord pour dire qu’on veut pas faire que du punk, que diver­si­fié les sons c’est bien et ça per­met de pas s’en­fer­mer dans un truc. 

6 / A ce stade de l’interview, je dois vous avouer un truc. Con­fi­dences pour con­fi­dences, pour les vieux comme votre servi­teur qui con­nais­sent pas trop le genre, le mou­ve­ment punk, c’est les Ramones, les Clash, Pat­ti Smith, et plus près de nous, les Garçons Bouch­ers, Trust, la Mano Negra, ou encore les Souris Déglin­guées et les Ramoneurs de Men­hir. Pou­vez-vous nous dire ce qu’est la scène punk aujourd’hui ?

Niko : Franche­ment, je reste assez per­plexe, entre les vieux groupes qui tour­nent mal, et les groupes qui n’ont aucun esprit con­tes­tataire der­rière.… On est mal bar­rés ! Mais !!! Y’a aus­si plein de groupes de jeunes, motivés, avec une vraie démarche lib­er­taire, mais sans aucun moyen de pro­mo­tion. Ce sont ces groupes que nous essayons de dénich­er et de faire jouer en priorité.

Greg: Y a plein plein de trucs qui m’im­pres­sion­nent, je serai pas aus­si sévère que Niko, j’adore les mecs qui assu­ment leur côté pop-ren­tre dedans, comme Louis Lingg & the Bombs, ou les Dead Boobs qui met­tent cher à toute la bien-pen­sance de la scène alter­na­tive. Ecoute leur album il est ter­ri­ble. May I?, aus­si, Baffes ou Torgnoles, Mme Ex, je pense que c’est aus­si des groupes qui peu­vent pas mal mar­quer la scène. Elle a jamais été aus­si riche, j’ai l’im­pres­sion, pour info, le punk rock, ça nav­igue entre la oi, le ska-punk, l’a­n­ar­cho-punk, le crust, le grind, le hard­core, post-hard­core, sans compter les échanges entre les nich­es, cer­tains font du skin-oi tein­té de noise, ça peut aller loin dans le délire. Tiens, en par­lant de Noise, ça c’est des musiques que j’adore en tant que spec­ta­teur parce qu’ils ont digéré tout l’héritage du punk, le DIY, l’én­ergie, l’e­sprit de com­mu­nauté, la provoc… Le bon exem­ple, c’est le label Et mon Cul c’est du Tofu qu’a vrai­ment cap­té l’én­ergie, l’en­gage­ment, le regard, tout en pub­liant des trucs vrai­ment out­sider et pétés, allant de la Noise à la musique maghrébine en pas­sant par du col­lage et de la chan­son anar­chiste pre­mier degré. (Désolé suis peut-être trop bavard, hésite pas à couper si je dis trop de conneries) 

Mary : La scène punk aujour­d’hui c’est plein de nou­veaux groupes très motivés et un pub­lic qui en veux ! 

7 / Cer­taine­ment con­nais­sez vous le vieux dic­ton du Kedis­tan qui dit « com­ment peut-on se pren­dre pour un rebelle quand on est même pas kurde ? » Et juste­ment, vous vous pro­posez de répon­dre à la ques­tion puisqu’après avoir organ­isé un con­cert pour l’Anarchist Black Cross en sou­tien aux pris­on­niers le 15 mai, vous revenez à la charge avec un con­cert le 24 octo­bre prochain pour la recon­struc­tion de la mythique ville de Kobanê. Alors atten­dez — parce que faut pas pouss­er papy Aurel dans les bran­car­ds — avant de nous par­ler du con­cert, à Kedis­tan, on a l’habitude de rap­pel­er à nos lecteurs pour les aider à décon­stru­ire les rac­cour­cis sim­plistes qui sont fait dans la presse, que dans les rangs des kur­des qui se bat­tent con­tre Daesh, non seule­ment ne se trou­vent pas seule­ment que des kur­des, mais que con­tre l’islamisme rad­i­cal se retrou­ve aus­si majori­taire­ment des musul­mans sun­nites. Alors nous, grands félins indompt­a­bles qui buvons à la source comme on boit du raki sur le Bospho­re, ce qu’on aimerait bien savoir, c’est com­ment vous est venue l’idée aus­si saugrenue puisse-t-elle paraitre aux non ini­tiés, de faire ce con­cert pour Kobanê et pourquoi spé­ciale­ment pour Kobanê ?

Marc : On était plusieurs dans l’as­so à avoir enten­du par­ler de ce qui se pas­sait au Kur­dis­tan syrien, et à voir le silence total sur le sujet des médias main­stream. C’est vite devenu évi­dent qu’on devait faire un événe­ment pour sen­si­bilis­er notre pub­lic à ce qui se passe au Roja­va. On a fini par faire un événe­ment qui met spé­ci­fique­ment l’ac­cent sur Kobané par prag­ma­tisme, la suite à la prochaine question 😉

Greg : Ouais, il fait le mod­este, mais c’est son idée au départ, il a porté ça avec le Pavé et Blue Void. J’avoue qu’au départ je con­nais­sais pas grand chose au Roja­va, j’avais juste vague­ment lu un truc dans le Monde Dip­lo sur les divi­sions entre kur­des, je savais que Erdo­gan était un fils de pute, mais avec tout ce qu’il nous a don­né comme infos„ j’ai potassé le sujet, et je me rends compte que c’est tout un monde qui nous est caché. Quand tu lis l’ac­tu en sachant en détail les prob­lèmes liés à Daesh et aux kur­des, t’as plus le même regard évidem­ment… Et la cul­ture kurde est por­teuse de plein de choses, on n’a qu’à y gag­n­er d’échang­er plus sur, au hasard, la démoc­ra­tie, par exemple ?

Mary : C’est Marc qui a lancé le pro­jet et qui s’est investi tout du long dedans. Moi j’con­nais­sais pas grand chose aux Kur­des et à leur his­toire, mais du coup je me suis ren­seignée et je me suis ren­due compte de l’im­por­tance pour notre asso de soutenir cette cause ! Ce com­bat c’est celui de valeurs et d’idéaux forts, c’est le com­bat pour un vrai sys­tème d’au­to-ges­tion, d’é­gal­ité entre les dif­férentes cul­tures com­posant ce groupe et entre les hommes et les femmes, face à des religieux rad­i­caux débiles et mal­heureuse­ment très armés. Les kur­des doivent résis­ter à la Turquie qui veut pas les voir s’en sor­tir, et à ces con­nards de Daesh, et ils tien­nent bons ! La vic­toire de Kobané n’al­lait pas for­cé­ment de soi, mais si ils ont gag­né je pense que c’est parce qu’ils savent pour quoi ils se bat­tent et que ça en vaut vrai­ment la peine, faut soutenir ça, c’est beau de voir des gens réus­sir à faire des trucs biens face aux hor­reurs des cons. 

8 / Une autre ques­tion indéli­cate du même genre, mais vous com­pren­drez que nous la posions lorsqu’on demande à nos lecteurs de soutenir une cause, c’est de s’affranchir d’en quelle direc­tion va gicler le pognon ? Alors on imag­ine bien que Social Crash Asso, c’est pas l’Arc, les Pièces Jaunes ou le Téléthon, mais en clair, on aimerait quand même bien savoir si vous pensez refiler à une organ­i­sa­tion kurde (si oui laque­lle ?), si vous comptez par­tir là-bas et le remet­tre en main pro­pre, ou si vous comptez plutôt vous tir­er au Bahamas avec le magot pour enreg­istr­er un E.P avec Le Pavé et Kei­th Richards ? (Fuck­ing Night !)

Greg : Je refuse de répon­dre sans la présence de mon avocat. 

Marc : ( les avo­cats c’est pour les bour­geois ! ) On a passé en revue les dif­férentes solu­tions pos­si­bles pour aider con­crète­ment sur le ter­rain, et on a fini par choisir le comité de recon­struc­tion de Kobanê, pour deux raisons sim­ples : on a un con­tact direct avec leur antenne en Europe, et l’ar­gent servi­ra a (re)construire la société civile, qui est le point sur lequel nous souhaitions met­tre l’ac­cent. Et donc c’est pour cette rai­son que l’événement est naturelle­ment devenu un événe­ment de sou­tien à Kobanê. 

9 / Bon, pas­sons au con­cert main­tenant ! A en croire ce que je lis, y’aura à pri­ori une pro­gram­ma­tion pas dégueu­lasse. Voire même, pas dégueu­lasse du tout. Puisque vous avez invité pour l’occasion à se pro­duire sur la scène pas moins de 4 groupes, et lesquels ! Le Pavé, Blue Void, les Dead Boobs et Mme Ex. Pou­vez-vous les présen­ter à nos lecteurs qui ne les con­nais­sent pas ? Nous par­ler un peu de leurs thèmes de prédilec­tion, des idées qu’ils portent… 

Greg : Blue Void, c’est déjà le groupe de Marc, ils font une espèce de post-punk tein­té de new-wave, mais Marc peut mieux répon­dre que moi. Les Dead Boobs, c’est du oi avec des gros refrains ven­er, mais un regard et une méchanceté dans leurs textes assez dingues, ils arrivent à détourn­er un cou­plet de “L’aven­turi­er” d’In­do­chine pour par­ler de Malik Oussékine, ils se foutent de la gueule des gauchistes et de leurs lieux com­muns… Mme Ex, c’est bien fémin­iste, elles par­lent pas mal d’amour, de mecs qui sont des gross­es merdes, de pul­sions sex­uelles, elles font ça avec une élé­gance et une énergie qui m’im­pres­sionne, moi.

Marc : Chez Blue Void nos influ­ences vont de l’A­n­ar­cho-Punk a la New-Wave. C’est notre chanteuse Ali­cia qui écrit les paroles, ça par­le sou­vent de la con­di­tion de la femme, de droits des ani­maux, de con­tes­ta­tion et de nébuleuses! Le Pavé c’est  du punk chan­son française aux influ­ences divers­es, les textes de Nico sont des témoignages de sa vie de punk ban­lieusard et des reven­di­ca­tions dénonçant un sys­tème cap­i­tal­iste abrutis­sant. Plu­tot Ska-punk à la base, ça s’est un peu métallisé avec le temps. Mais même les grand-par­ents s’y retrouvent !

Mary : Pour vos lecteurs qui con­nais­sent pas, une chose à savoir : c’est du lourd. Come on ! 

10 / Et alors, cerise sur le gâteau, comme non seule­ment vous faites les choses avec amour, mais qu’en plus vous les faites avec intel­li­gence, vous avez prévu de faire entre les con­certs une pro­jec­tion de doc­u­men­taire sur le Roja­va avec un débat et une table d’information. La classe ! Vous avez prévu de faire inter­venir des représen­tants de Kobanê ?

Marc : Il y aura deux inter­venants, un blogueur qui est un des pre­miers à avoir pub­lié des arti­cles de fond en français sur le Roja­va et la ques­tion kurde, ain­si qu’un mem­bre du comité de recon­struc­tion de Kobané, ici en France, et mem­bre des anar­chistes sol­idaires du Roja­va. Ils sont là pour apporter leurs con­nais­sances sur le sujet, mais le but est de faire un moment d’échange “organique”, sans for­cé­ment eux sur une scène qui par­lent, et le pub­lic en bas qui écoute. On va voir si on arrive à faire ça sans que ce soit trop le bordel!

11 / J’aimerais aus­si si vous le per­me­t­tez, tant qu’on y est, que vous me par­liez un peu du lieu où se déroulera l’évènement, La Petite Mai­son, et qui se situe au 8 rue Gode­froy Cavaignac dans le 11ème à Paname. L’Evêché de Paris, parait-il, dit que c’est un lieu sataniste, les voisins du quarti­er une mai­son de passe, la mafia albanaise un tripot chi­nois clan­des­tin, et la douane un entre­pôt d’alcool de con­tre­bande. Pour­riez-vous donc éclair­er notre lanterne rouge ?

Greg : C’est un squatt vrai­ment sym­pa, à la fois artiste et mil­i­tant, on a déjà fait plusieurs trucs là-bas, con­tre les vio­lences poli­cières, et au début des expul­sions des migrants depuis la Chapelle cet été. L’en­droit est grand, y a une cour et tout, c’est le con­traire meme du squatt glauque qu’on a tous en tête, et les gens y sont vrai­ment sym­pa et impliqués dans les pro­jets qu’ils accueillent !

Antoine : C’est vrai­ment cool comme squat, ils font vrai­ment plein de trucs dif­férents, y a des scènes ouvertes sou­vent, des expos aus­si je crois, des con­certs de plein de styles dif­férents. Passez‑y si vous pouvez ! 

Mary : C’est vrai­ment un lieu super vivant ! Les gens y sont très sym­pas et les événe­ments sont supers var­iés. Effec­tive­ment c’est tout le con­traire du squat glauque et un peu dégueux, on s’y sent vrai­ment bien, le coté artiste/militant des habi­tants est vrai­ment cool. La Petite Mai­son, c’est vrai­ment un nom bien choisit ! 

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12 / Bon, et bien, je crois qu’on arrive à la fin de cette petite inter­view et ce sera donc ma dernière ques­tion. Au final, le punk d’aujourd’hui, il est ren­tré dans le sys­tème, bosse chez Apple et range son petit cos­tume cra­vate de la semaine pour le tro­quer con­tre une gui­tare de bobo, ou il a gardé son âme de gros matou car­ac­tériel et lib­er­taire ? Punk’s not dead ?

Greg : Je pense qu’il est juste en train de muter, comme les Aliens, à un moment il va sor­tir de ton ven­tre en cri­ant et ça va gicler de partout. Ce sera cool.

Antoine : Le punk n’est pas mort, c’est sûr ! C’est un mou­ve­ment qui évolue, on peut pas le com­par­er avec ce que c’é­tait il y a 20 ou 30 ans, mais il a gardé son âme de gros matou car­ac­tériel et lib­er­taire à mon avis. 

Mary : Le punk il a gardé son âme c’est sur, après je pense qu’il a évolué, per­so je pense qu’on s’en fou de la p’tite vie que mène cha­cun de son coté au niveau du taf et tout. Quand on rejoint les potes ce qui compte c’est qu’ils soient la et qu’on passe un bon moment en écoutant la musique qu’on aime quoi, en vrai c’est trop cap­i­tal­iste de juger quelqu’un sur sa caté­gorie socio-pro­fes­sionelle et son salaire. 

13 / Et bien mer­ci d’avoir répon­du à nos ques­tions far­felues. Je vous laisse le miaou de la fin. Quant à moi il ne reste plus qu’à vous souhaiter bon courage pour la suite et vous dire Oï et Biji Kobanê ! Biji Kedis­tan ! ET VIVE L’ANARCHIE !

Niko : @+ et merci 😉

Greg : Aso­ci­aux de tous les pays, unis­sez-vous, et bot­tons le cul à ces raclures de bidets !

Inter­view par Aurélien Roulland

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