Savourez cette vidéo, où les enfants de l’Est de Turquie se mettent en scène avec la chanson “Eşeği saldım çayıra”, “J’ai mis l’âne sur le pré”, dont les paroles sont attribuées à Abdal Kazak poète populaire turc de Romanie. Il est estimé avoir vécu en 17ème siècle et considéré issu du bektashisme, mouvance soufi de l’islam. Comme Hacı Bektaş Veli, philosophe mystique de l’alévisme. Sa poésie singulière et protestataire reste totalement contemporaine, surtout dans le contexte actuel du pays. La chanson est interprétée par l’interprétée par Kıraç. Né en 1972 à Kahramanmaraş, Kıraç est un musicien, compositeur, chanteur dans la mouvance rock anatolien. Il a sorti plus de 20 albums, il compose des musiques de films et séries et ses oeuvres ont été primées plus d’une fois.
Kazak Abdal nutk eyledi Yaktı köyü mahveyledi Sorarlarsa kim söyledi Soranın da avradını… (Bis)
(*) J’ai fait le choix de traduire “avradını” comme “sa mère”, en faisant allusion à “nique ta mère”, c’est la seule équivalence que j’ai pu trouver dans la langue courante en français. Littéralement cela veut dire “sa femme” ou plutôt en argot “sa gonzesse”. Je sais que certain(e)s d’entre vous seront offusqué(e)s de l’utilisation de cette expression dans une chanson contestataire. Alors quelques explications s’imposent.
Oui, c’est à la base une injure sexiste.
Nous ne voulons pas de slogans sexistes, homophobes.
Mais aujourd’hui elle s’est éloignée de son premier degré, et on la retrouve facilement dans la bouche des plus féministes femmes et hommes. Même notre chroniqueuse d’Istanbul Mamie Eyan l’utilise, c’est pour dire… C’est un peu comme on dit “Inchallah” dans le quotidien, même si on est athée convaincu(e), juste pour exprimer “j’espère bien”. Certaines expressions, à l’usure, se vident de leur sens premier. Je pense tout de même qu’avec le temps, le patriarcat, le racisme et la religion disparaitront des “gros mots” utilisés dans la langue turque. Parce que les “gros mots” remplissent la bouche et sont exutoires dans les conversations…
Mais bien sûr, ce n’est pas une excuse. Nous sommes convaicuEs que là aussi, il s’agit d’un terrain de lutte…
Lors de la Résistance Gezi en 2013 où tout le monde pestait et enchainait les insultes de son répertoire, nous voyions passer des tags et affiches qui invitaient les résistants à ne pas utiliser les insultes sexistes en précisant “Nous nous battons femmes et homme aux coudes à coudes”. D’ailleurs je trouve très amusant de voir que les jeunes femmes féministes ont déjà remplacé par réaction, “je nique ta chatte” ou littéralement “je bite ta chatte” par “je chatte ta bite”.
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