Le référendum d’avril pour les changements constitutionnels va se tenir sous état d’urgence. L’urgence pour le régime est de se doter d’un “exécutif” sans intermédiaire, dirigeant par décrets présidentiels, comme un état d’urgence permanent.
En somme, avec la suppression du premier ministre et un gouvernement directement aux ordres de la présidence, le parlement devient une chambre d’enregistrements, ce qu’il est déjà de fait depuis un an. La réforme autorisera l’actuel résidant du Palais à se représenter, et ce plusieurs fois jusqu’en 2023, ce qui en l’état n’était pas possible. D’autres “aménagement” concernant le judiciaire entre autres, complètent ce plébiscite pour une démocrature à la turca.
Le parti d’opposition démocratique HDP, dont plus de 10 députés sont incarcérés, sans compter ses nombreux militants et élus locaux, se trouve de fait dans sa campagne pour le NON affaibli, et utilise au maximum ce qui reste d’espace libre sur les “médias sociaux”. Les partis kémalistes de gauche ou le parti kémaliste social libéral CHP, 2e force politique turque, mobilisent également pour le NON, en défense de la République, de la démocratie parlementaire et de la laïcité “turque”.
La question qui se pose est bien sûr celle de la “fraude électorale”, rendue possible dans de très nombreuses mairies confisquées par décret par le régime, et sous tutelle de l’AKP, au Bakur principalement. Cette fraude, déjà massive aux dernières législatives, sera complétée par les “empêchements à voter” du fait des “occupations” militaires de fait, qui perdurent dans certaines régions.
Les partisans du OUI, ont déjà proféré diverses menaces en cas de victoire du NON.
Une mobilisation réelle pour le NON existe et se manifeste.
Par “précaution”, le NON disparaît du vocabulaire dans des cas rocambolesques. Trois exemples : Le satellite Digiturk a enlevé préventivement de ses films en “diffusion” le film “No” de Pablo Lorrain (nominé aux oscars). Ailleurs, à Konya, c’est une campagne pour arrêter le tabac qui a été suspendue… Enfin, la Société Metro a censuré sa propres campagne de publicité, où l’expression “non, ce n’est pas possible” était employée. Le réel dépasse parfois les humoristes.
Image à la une : Montage de Gürcan Gürsel
Couverture du revue satirique Penguen du 14 février 2017
Le Président de la République Erdoğan a dit :
“Ceux qui disent ‘non’ au référendum se placent aux côtés des putschistes.”
Dessin de Nuhsal Işın
- Excusez-moi puis-je prendre votre portefeuilles ?
- Si je dis “non” je vais être un traître ! Je suis obligé de dire “oui” !
Dessin de Sefer Selvi
Premier Ministre Yıldırım :
- C’est parce qu’eux disent “non” que nous disons “oui”.
C’est parce qu’eux disent la vérité que nous mentons…
Couverture du revue satirique Uykusuz du 9 février 2017
La police a battu les les jeunes qui distribuaient des tracts pour le ‘non’ au référendum.
— Pas besoin de sondage. Nous marquons ceux qui vont voter ‘non’.
Couverture du revue satirique Penguen du 9 février 2017
Avec la date du référendum qui se rapproche, les tensions augmentent.
— Veux-tu m’épouser ?
— Non…
— Je te moucharderai !
Dessin de Latif Demirci
- Allons bon, ils ont fait ça quand ?
Panneau : -> Le Pont de ‘Oui de 16 avril’
Dessin de Nuhsal Işın
Bonus vidéo :
De nombreuses vidéo musicales, informatives, ou humoristiques, pour la campagne du ‘non’, en turc ‘hayır’, fleurissent sur les réseaux sociaux. Nous avions par exemple, relayé la chanson du chœur ‘7 Renk LGBT’, publié une chronique sur Hakan Vreskala et sa chanson pour ‘non. Voilà une autre vidéo qui dit ‘non’ avec nostalgie. C’est même une ribambelle de ‘non’ extraits des films turcs des années 70…
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